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Citations de Emmanuelle Nuncq (29)


C’est beau de se battre pour ce témoignage de l’Histoire, plutôt que de le raser.
(p. 12)
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L'écran de son ordinateur était devenu noir, et il n'y avait toujours aucun usager. Elle s'étira et fit craquer son dos et ses doigts. Le bruit résonna étrangement fort entre les murs. Elle n'eut pas le temps de s'interroger qu'un corps chuta sur elle et envoya sa figure s'écraser contre les touches de son clavier. Sonnée, la main sur son nez en sang, elle se redressa, des étoiles plein les yeux, pour se retrouver en face d'une ado à l'air revêche, toute couverte de poussière bleue, habillée comme un mousquetaire d'Alexandre Dumas, fourreau au côté, épée à la main et feutre empanaché sur la tête.
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- Alors? Comment me trouvez-vous? demanda-t-elle à Christian.
Il hésita.
- A côté de vous, avec mon gourdin, je ne vais pas paraître sophistiqué demain.
En réalité, il aurait bien voulu lui dire qu’habillée de la sorte, il la trouvait ravissante, et qu’il lui aurait bien appris ce qui se passait entre le “ils se marièrent” et le “et ils eurent beaucoup d’enfants”, là, tout de suite, près du feu de camp.
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Emmanuelle Nuncq
"L'aube arrivait sur Rosalie et rendait plus nets encore les contrastes de son visage cadavéreux et gelé. Quand la police arriva, la neige compacte avait fondu dans sa bouche, mais sa mâchoire était restée grande ouverte, comme si un ultime cri, une ultime exclamation étaient resté coincés dans sa gorge. Personne ne comprit jamais rien et ne chercha jamais à comprendre ce qu'il s'était passé. Après tout, ce n'était qu'une prostituée: le dossier fut classé rapidement. Avec son corps sec, son visage comme recouvert du masque de l'effroi le plus absolu et ses mèches courtes hérissées tout autour de la tête, on aurait dit une poupée martyrisée, un pantin désarticulé, un épouvantail effrayé par un trop gros corbeau."
-Extrait-
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Ce qu'il ne savait pas, c'est qu'à Bordemarge, les personnages n'aillaient pas plus loin qu'un baiser, sur lequel était plaqué le mot "FIN"
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Juliet s'approche de moi :
– Qu'aimeriez-vous danser ? me demande-t-elle.
Je cherche une idée dans ce que nous avons répété ces derniers jours, mais une impulsion subite me fait lancer :
– "Mr Beveridge's maggot" !
[...]
– Qu'est-ce que c'est ? me demande-t-elle, très étonnée.
[...] Je lui explique rapidement que c'est sur cette contredanse que les héros de ma série favorite se parlent un peu sérieusement pour la première fois, et comment cette scène est devenue culte pour les futurs fans de Jane Austen. Arthur s'approche de nous, et je lui répète mes explications, m'enflammant au fur et à mesure que j'essaie de leur faire comprendre :
– Mais, ce titre ! Cela n'a-t-il pas de lien avec votre domaine ?
– Pas à ma connaissance, s'interroge Arthur.
Comme lui non plus ne semble pas connaître, je leur fredonne l'air que je connais par cœur. J'ai dû voir cette scène un millier de fois !
– Mais oui, reprend Juliet... Fa, Mi, Fa, Sol, Ré, c'est... dans le recueil de miss Olive Plainsborow !
Amelia nous rejoint et s'amuse :
– Mais c'est un si vieil air ! Nous ne le dansons plus depuis longtemps.
[...]
Ils se concertent tous trois quelques minutes et décident entre autres, au cours de cette conversation à laquelle je ne comprends pas grand-chose, d'un tempo et d'une chorégraphie. [...]
Il ne nous faut que quelques répétitions pour parvenir à connaître la chorégraphie qu'ils ont inventée : avec d'aussi excellents danseurs, il m'est facile d'être douée également ! Mais ce qui est le plus étrange, c'est que ces pas qu'ils viennent juste d'improviser... ressemblent en tous points à ceux que je connais. [...]
Une fois la danse terminée, je me mets à applaudir, mais les autres me regardent bizarrement. Apparemment, cela ne se fait pas ici... Mais Amelia se lève de son clavecin pour applaudir à son tour. L'un après l'autre, les danseurs restants nous imitent !
– Merveilleux ! me complimente la mère des jeunes filles en s'approchant de moi. Était-ce une danse de chez vous ?
– Non, c'est une danse bien d'ici ! Une danse de Beveridge, mais pour laquelle nous n'avons pas réussi à nous mettre d'accord sur le nom.
Et, alors qu'elle n'a pas entendu notre conversation, voilà qu'elle lance :
– Le premier Mister Beveridge aimait, paraît-il, beaucoup danser. Nous pourrions l'appeler "Mr Beveridge's maggot" ?
Voilà que, sans le savoir, j'ai réinventé cette danse, deux cents ans en avance !
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J’ai passé une semaine auprès des Wallingford, partageant mon temps entre les « cours » que m’ont donnés Amelia ou Juliet, parfois Arthur, et la « pratique », lors des soirées où j’ai dû appliquer auprès d’Helena et Penelope ce que j’ai appris dans la journée. J’ai l’impression d’être dans une colonie de vacances ou un stage Erasmus dont le thème serait « La vie en 1804 : dans les pas de Jane Austen ».
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Jamais personne ne s'est permis de me dicter ma loi, et jamais plus personne après toi ne le fera.
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Seulement, un des espagnols aperçut Violette, et avança vers elle avec un sourire mauvais. Elle ne savait pas se battre, et elle n'avait rien sous la main : il allait l'embrocher sans qu'elle puisse se défendre ! Au moment où il s'approcha d'elle, la garde baissée parce qu'il savait qu'elle ne pouvait rien contre lui, elle se rappela soudain une technique de défense que sa mère lui avait répétée cent fois: « coup de genou dans les roubignolles, il se plie en deux, et coup de poing en marteau sur la nuque! » Ce qu'elle fit. L'espagnol poussa un hurlement et s'effondra par terre. Khaltourine, voyant cette attaque peu orthodoxe qu'il n'avait jamais apprise, éclata de rire. Violette pensa un instant que s’il fallait lui trouver une place dans cette histoire, pour cette scène-là, elle était l'élément comique.
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"Le regard triste qu'elle avait eu lui avait fait peur, et il se souvint de toutes les femmes qui étaient passées dans sa longue vie. Toutes, un jour ou l'autre, lui avaient lancé ce regard et il les avaient toutes perdues."
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M. Casimir-Perier avait effectué son septennat complet au lieu des six mois que lui avait prédits la Pythie lorsqu’il avait posé par mégarde la main sur elle, six ans plus tôt. Il avait changé son destin par la force de sa volonté et n’était finalement pas devenu ce président falot qu’il redoutait tant devenir.
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– Le Louvre a été le théâtre de… de toute l’histoire de France, ni plus, ni moins ! Si le phénomène s’intensifie, alors bientôt les visiteurs aussi verront les mêmes choses !
– Quelle horreur ! réalisa Paul. Imagines-tu les mouvements de panique ? Allons-nous revoir les incendies, les guerres que ces bâtiments ont connues ? Tous ces fantômes de rois et de reines morts de manières atroces ? Des bandes de révolutionnaires enragés ?
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Il ne se passa rien pendant près d’une heure et les deux hommes commençaient à se rassurer quand, vers midi, alors que le musée était calme et que les visiteurs privilégiaient l’exposition temporaire, le corps d’un défunt apparut au beau milieu de la salle des Caryatides.
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Votre monde n’a rien de…rien de dangereux, ni d’exaltant d’ailleurs ! Ce qu’il peut m’arriver de pire, c’est de me faire renverser par une carriole en ne traversant pas dans les passages striés, c’est vous-même qui me l’avez dit ! Non mais ! Où va-t-on, je vous le demande, quand chez tout est si…protégé, régi par des lois, surveillé ! Chez moi, les chemins zigzaguent, il y en a même qui ne vont nulle part, et quand on veut entrer dans un endroit gardé la nuit, il y a toujours un passage secret !
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Christian retrouva sa bonne humeur:
— Et toi les amours, comment ça va ?
Violette leva les yeux au ciel. Christian aimait l’embêter, il savait pertinemment qu’elle détestait cette question, digne de l’interrogatoire d’une mamie gâteuse.
— Oh moi tu sais, j’en suis toujours au même point avec Marius, dit-elle en montrant derrière elle le portrait du premier conservateur des lieux, un vieil homme à l’air peu amène, portant fines moustaches blanches, gilet, lorgnons et montre à gousset. Il n’est pas très causant.
— Si tu enlevais de ta tête ce panneau « Attention Violette méchante, ne pas toucher » peut-être que…
Violette l’interrompit :
— Hé ! Traite-moi de coincée aussi !
— Coincée, non ! Mais par contre… Cynique, désagréable, fausse rebelle, dépressive, fêlée, asociale, sociopathe, anarchiste et provocatrice, ça oui !
Violette lui donna un coup de poing à chaque insulte :
— Mais tu as fini ? (Elle se rembrunit.) Et je ne suis pas dépressive.
Christian leva un sourcil sceptique.
— Autant que moi je suis diplômé en physique nucléaire.
C’était une blague entre eux : Christian était effectivement diplômé en physique nucléaire, et il n’avait jamais voulu dire comment il en était arrivé ici, en secteur jeunesse, à faire des animations déguisé en pirate pour les gamins de trois ans.
— Au fait, qu’est-ce qu’il devient, reprit-il, le pauvre type qui t’a laissé le cœur en miettes ?
— Ben, hésita Violette, il empoisonne les limbes de ce qui reste de mon pauvre cerveau fêlé ? Il souffre atrocement dans la prison de souvenirs et de remords que j’ai construite pour lui ?
Christian éclata de rire, et chuchota en voyant les deux usagers se tourner vers eux, visiblement revenus à la vie grâce à son rire communicatif :
— Toujours le sens de la formule, toi. Tu n’aurais pas été poète maudit par hasard dans une autre vie? Que de points communs avec ce cher vieux Marius, décidément…
— Quand tu auras fini de dire des idioties, tu pourrais peut-être me laisser bosser ?
— Bosser, merde, quel grand mot !
Et dans une révérence, il quitta les lieux avec son sac plastique, ses « merde » intempestifs, sa bonne humeur et sa chemise rose jetée sur l’épaule comme une cape de César.
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Désolé? A cause de vous je serai morte dans trois heures et tout ce que vous trouvez à me dire c’est: “je suis désolé”? Je t’en foutrai moi du “je suis désolé”! Vous n’avez même pas levé le petit doigt pour moi, vous vous êtes contenté de me livrer à Silas alors que vous savez que je ne ferais même pas de mal à une mouche, vous avez récupéré votre gros sac d’or en vous servant de moi comme d’un bout de viande, vous avez laissé les gardes me brutaliser et me jeter en prison. Et maintenant vous avez le culot monstre de venir jusqu’ici me narguer et me suis “je suis désolé”?
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Lorsque la petite Gaïa ouvrit les yeux pour la première fois, il ne fallut qu’un instant à ses parents pour savoir qu’elle possédait quelque chose de spécial. Évidemment les parents, à quelques exceptions près, pensent tous que leur enfant est extraordinaire, mais leur fille à eux l’était véritablement. Une certaine lueur dans son premier regard, comme si elle détenait déjà certains secrets connus des seuls anciens, étaya leur certitude.
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"Samuel se retrouva seul dans la galerie presque vide. Les quelques visiteurs présents, hormis le garçon turbulent qui tapotait sur une vitrine, ne se seraient jamais rendu compte de son absence, elle avait raison. D'ailleurs, à part de rares exceptions, les visiteurs ne faisaient jamais attention à lui et avaient plutôt tendance à le confondre avec un porte-manteau."
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Le professeur se mit à sourire. Il venait de s’imaginer assommé, avec la langue pendante et de petites étoiles en cercle au-dessus de sa tête, comme dans les cartoons.
— Je suis à peu près sûr qu’elle ne peut me trouver que quand je traverse une autre époque temporelle, et qu’elle m’y suit.
— Peut-être qu’elle possède également des chaussures temporelles, hasarda Roxane.
— Totalement impossible.
— Pourquoi ça ?
— Il ne reste plus que deux paires de semelles psychotemporelles dans l’univers. Et nous les portons.
— C’est pas forcément des godasses. Peut-être qu’elle a un vélo, ou une voiture, ou une montre temporelle ?
— Totalement impossible. Un vélo temporel ? C’est ridicule. Et pourquoi pas une cabine de téléphone temporelle, tant qu’on y est ?
Roxane haussa les épaules.
— Il a bien fallu que quelqu’un les invente, ces semelles. Elle l’aura retrouvé !
— Ce quelqu’un, c’est moi.
— Il faut qu’on se mette côté jardin, dit-elle pour changer de conversation, vexée. J’ai eu une idée.
Elle avait l’air si sûre d’elle que M. Fertennant ne broncha pas et la suivit.
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- Je vous l'ai déjà dit ! Je n'ai peur de rien, excepté...
- ... de mourir sans avoir réalisé vos rêves, compléta Samuel en décrochant son trousseau.
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