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Citations de Emmanuelle Richard (164)


STÉPHANE: « Je considère que rien n'est normal dans le sexe. Et qu'il ne faut jamais comparer ce que les gens projettent avec sa propre intimité. La situation que je vis me touche de façon personnelle, par rapport à mes désirs à moi, pas par rapport aux désirs que la société voudrait que j'aie.»
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L'été éclatera bientôt. Et avec lui déjà le raccourcissement des jours, déjà la fin de la saison qui s'annonce, avant même d'avoir débuté. Ou si peu. J'ai toujours ce sentiment d'inachevé, d'inaccompli avec l'été. J'ai toujours ce sentiment que quelque chose n'est pas à la hauteur, quelque chose de latent et de grand, sur le point d'advenir sans doute, mais qui reste dans le fossé, sur le côté, et ne se révèle finalement pas. Je n'ai malheureusement jamais su quoi. L'hiver et l'automne me sont indifférents, car ils ne me déçoivent pas. Je les préfère.
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" J'étais hantée par la question professionnelle depuis mes neuf ans.
Elle m'était une angoisse sans nom.....
J'étais obsédée par les rapports de force.
Je ne voulais pas exercer d'autorité ni en subir et je ne voulais pas de pouvoir, j'étais obnubilée par l'idée de trouver une profession qui me positionnerait à la fois ni au - dessus ni au- dessous .
Je croyais que la question de la reconnaissance ne m'était rien, mais quand j'ai vendu le journal dans la rue, les gens s'étaient adressés à moi comme si je faisais la manche et je n'avais pas aimé ça ....."
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Je vivais avec les moyens du bord. Je ne baissais pas les bras (...) Je courais toujours après une vocation professionnelle ou quelque chose à moi et je multipliais les expériences, j'étais chez moi partout sans jamais être à ma vraie place et j'avais l'air instable. En réalité, je continuais de chercher cette chose qui serait rien qu'à moi et me rendrait le monde habitable, cabane portative. (p. 152)
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"Ecrivant ceci, je me pose cette question : comment passe-t-on de l'indifférence au mépris à la curiosité, puis au désir, et enfin au sentiment amoureux ? A quel moment ai-je commencé à regarder E. ? A quel moment E. a-t-il commencé à me plaire ? A quel moment ai-je eu l'impression foudroyante de "le" voir en entier, et d'en être bouleversée ?"
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Je rêvais à un avenir où je trouverais enfin une place à laquelle je me sentirais bien, autorisée à être, plus séparée des autres ou moins. Je ne sais pas ce que je veux mais je veux pas les mêmes choses qu'eux. (p. 32)
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Je ne veux plus chercher à savoir pourquoi me tenaille la nécessité de fixer ce en quoi il me bouleversait, à son insu et souvent à l'encontre de ce que lui croyait, tout comme les lieux où se sont produites et révélées à moi, progressivement ou subitement, ces aspérités qui me laminaient d'émotion, de désir, me touchaient comme si il était un jumeau. (...)

Je me suis demandé si j'étais folle, si j'avais rêvé le temps commun passé, si j'avais rêvé les gestes, les mots, le trouble, l'émotion réciproques, l'empêchement maladroit, l'évidence, la tendresse des étreintes, la fragilité de certains moments suspendus, la joie, le bien que l'on semblait se faire ensemble, notre envie commune d'avenir, la vie que l'on s'est égarés à rêver et dont jamais nous ne prendront le chemin. (...)
Je ne sais pas si je pourrai un jour revenir habiter dans cette ville où je voulais vivre, d'abord sans toi, avec toi ensuite, ou si les amours nous font perdre des villes en même temps que nous-mêmes, en même temps qu'elles nous fondent, nous déconstruisent, nous précisent, nous accouchent, nous révèlent, nous brisent, nous changent et nous subliment.
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Des gens passaient à l'appartement. Leur langage m'était autant étranger qu'abscons. (...) Ils disaient des phrases dans lesquelles ils conjuguaient " je ne pourrais" à tous les temps et à tous les modes, affirmaient que l'on a toujours le choix; tout ce qui n'était pas la grande ville leur était la province profonde ; à propos de n'importe quel sujet ils avaient les mots pour le dire ; le RER était pour les gens moches. Ils riaient fort, s'accompagnaient de gestes amples. Ils semblaient n'avoir jamais peur d'occuper l'espace ou le temps. Ils ne paraissaient pas non plus connaître la honte, l'indignité, l'inquiétude ou pour le moins le doute. (p. 72)
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Arriver en retard est le signe de soumission le plus crasse au cliché voulant que la femme se fasse désirer, donc attendre. Afficher un retard délibéré au départ est un gage de sujétion aux codes les plus éculés de l'hétérosexualité. Je suis contre la stratégie du désir. Celle-là en tous cas. Je la trouve idiote.
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Quand elle était petite, elle ne pensait pas à son corps. Il n'existait tout simplement pas. Quand elle était petite, il était là, efficace et suffisant, huilé et confortable, et ça roulait, tout roulait, il n'y avait pas besoin d'y penser ou de réfléchir à ce que l'on portait, de se surveiller et de se regarder faire, de s'observer et de contrôler son image en permanence. Elle était un tout et non pas une dissociation, pas encore une séparation consommée de son esprit avec son corps, l'un passant son temps à scruter l'autre pour le juger. ..... Avant c'était avant. Tout à coup elle a un corps qui ne fait plus un avec ce qu'il y a dans sa tête, un corps dont elle a conscience et qui ne la représente plus, un corps encombré dont tout le monde se met à parler et que tout le monde se permet de jauger, d'évaluer, mesurer et elle ne peut rien y faire, il est là et elle doit se mouvoir avec ça, avec tout ce qu'on en dit et qui ne lui plaît pas.
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Ils perdent leurs moyens devant l'absence de peur, son apparence. Ils débandent dès qu'ils ne dominent plus.
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L'érotisme et la libido ne décroissent pas à l'approche de la cinquantaine, ce qui décroît c'est la patience et la capacité à se laisser emmerder.
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La colère, sœur de la haine, pulsa en moi et m’offrit son cœur noir.
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Que vous a-t-il fait ? Il ne m'a jamais rien fait à part peur.
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(....) j'ai toujours eu l'aversion la plus profonde pour la soumission et la mendicité dans mon système qui est peut-être inapte ou inefficace et contre-productif mais demeure néanmoins le mien, car c'est ainsi que je me suis construite, ai appris à me protéger des injures et des coups et du reste et de tout, en général, avec l'idée qu'il y a toujours les seigneurs et les maîtres, les dominants et les dominés, quel que soit le champ des possibles ou d'études qui nous préoccupe, et que parmi les réflexes de survie les plus élémentaires il y a celui de ne jamais être en demande, de ne jamais rien laisser poindre de ses besoins et manques et inassouvissements les plus intimes, les plus à vif, sauf lorsqu'il s'agit de déclarer sa flamme avec superbe et courage, de se battre pour l'être aimé. L'amour est le seul lieu où les questions de dignité ne devraient plus avoir cours (...) (p. 12)
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Le sexe incarnait à mes yeux un territoire pur et simple, évident et intact, le lieu entre tous d'une possibilité d'abandon sans calcul. C'était le lieu où les participants offrent la vulnérabilité de leur nudité à un autre, inconnu, potentiellement dangereux, l'endroit à la fois de la confiance et de la merci. Mais j'avais beau y percevoir les rapports de domination qui pouvaient s'y jouer, j'étais quand même persuadée qu'il fallait être idiot ou tellement premier degré, ou bien totalement dépourvu d'humour, pour les prendre au sérieux et se laisser enfermer par la norme, les codes, les schémas et la partition de ce qui peut et ne peut pas se faire et au bout de combien de temps, selon que l'on se situe dans la case « fille » ou la case « garçon ». Le sexe était pour moi cette chose naturelle et banale, même si elle était encore rarement satisfaisante lors de sa réalisation, une terre nouvelle et incroyable à arpenter, et le désir, ce fixatif que j'avais toujours recherché, un état panique, une sensation extraordinaire qui consumait, brûlait, rendait intensément vivant, joyeux en même temps que présent au monde, même si le désir était souvent plus grand que le plaisir. Il s'agissait, avec les livres, du dernier endroit à l'intérieur duquel je me sentais entièrement bonne et non entravée. Le seul fait d'être désirée par un autre me comblait. J'étais reconnaissante d'être regardée de cette façon.

[…] Je ne faisais donc pas galérer six mois les garçons avec qui je couchais, je n'en voyais pas l'intérêt (s'ils me trouvaient facile, c'était leur problème, pas le mien). Quand il s'agissait de conclure, quand ce qui m'apparaissait comme un miracle, à savoir que cette envie et cette chose circulait de manière réciproque entre deux personnes, je ne me considérais pas comme un trophée et je ne voyais pas non plus le fait de partager cela avec quelqu'un comme un enjeu grave ni ultime, mais au contraire comme un imprévu très heureux (pp. 98-99, 100).
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Elle, la professeure, avait choisi un texte différent des autres fois. Elle avait pris une voix haute et belle et basse, vibrante, que les élèves ne lui connaissaient pas. Une mer lointaine s'était dessinée et une vedette était passée dessus. C'est là qu'elle avait "entendu" cette vedette trouer le silence de la mer dans la tension d'un cours de piano, immobile et flottant, ouvert sur une baie de l'autre bout du monde. La fin d'après-midi de leur journée de juin, pas encore l'été, s'était mêlée à l'éclatement du soir du texte. Elle avait pu "voir" les mains de l'enfant de ce cours de piano, avec cette expression de fleur, incroyable et folle, pour les qualifier. Il s'était passé quelque chose de physique qui lui avait donné envie de pleurer. Elle était sortie de cours. Elle avait cherché quelqu'un à qui parler mais il n'y avait personne. Elle avait cherché, quelqu'un, peut-être, dans le collège, dans la cour, dans la rue, mais il n'y avait personne. Personne alentour, personne dans la ville, personne dans aucune de toutes les vies à venir.
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C'est juste un homme, me suis-je dit. Juste un homme de plus à exposer son désir sans préambule ni temps mort, ni le moindre souci du contexte - comme ils font presque tous toujours, enfantins, décomplexés, centrés sur leurs pulsions sexuelles, méduses banales à satisfaire comme des nécessités -, rien qu'une énième ration de rouge, un énième steak sanguinolent posé sur la table entre nous après mille autres avant lui, portion de viande hachée beaucoup trop rapide et si peu subtile en se foutant totalement des conséquences ou de ce que je voulais moi - sans se poser ne serait-ce qu'un dixième de seconde la question -, quand je ne rêvais que de fougères. C'était toujours la même histoire.
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La médaille avait son revers : rien n'était jamais totalement gratuit. Autrement dit, il n'est rien de plus cher que la gratuité.
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J'aimais jusqu'à ta façon de parler aux gosses et aux animaux comme à des êtres très importants, à notre visiteur du soir qu'était ce grand chat de gouttière sans collier. J'aimais jusqu'à ton strabisme divergent de l’œil gauche quand tu mangeais des huîtres. Je te trouvais très beau puis très détruit puis de nouveau très beau. Je tentais d'imaginer que je puisse me lasser de toi. Je n'y parvenais pas. Je te disais ce que je pensais de toi au début, que tu ne me plaisais pas, que je me méfiais, que j'étais sur mes gardes. Tu avais l'élégance, rigoureuse à un point que je n'avais jamais observé, de ne jamais regarder ni effleurer des yeux les autres femmes. Je ne cherchais plus de justification à la futilité de vivre, je trouvais un plaisir vif dans les choses les plus infimes, tourner mon visage vers le soleil, flâner, se faire un restaurant, essayer des vêtements dans les magasins, dès lors que c'était avec toi. Je respirais mieux. J'avais l'impression d'être enfin moi-même. Tous les moi-même je pouvais les vivre avec toi. Il me semblait que c'était vrai aussi dans l'autre sens. Tout devenait si facile et si gai. Tu étais un accident, une rencontre complètement improbable et encore plus à ce moment, tu étais un accident mais tellement heureux. Je me sentais bien. Je me sentais libre (p. 119).
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