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Citations de Emmett Grogan (17)


- Ou t'as attrapé toutes ces taches de rousseurs ? demanda-t-elle.
- C'est pas des taches de rousseur, bébé, c'est des baisers d'ange, répliqua Kenny.
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Le temps passait, ou restait immobile. Pas de différence. Le cadran de la pendule, la position des aiguilles ne signifiaient rien. Une seconde, une minute, une heure, un jour, une semaine, un mois ou un an, ou deux, ça n’a pas d’importance. Il n’y a plus de calendrier. Tout reste pareil. C’est le temps de la drogue. Le réveil sonne uniquement dans les moments de panique, quand la filière s’est perdue dans la nature, ou quand un pépin arrive qui tarit la source de la marchandise dont le type a besoin pour oublier la vie. Ou la mort.
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« La théorie de l’échec… Ne possédant rien, tu n’as strictement rien à perdre. »
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Les anges de Frisco voulaient remercier la population de Haight qui avait aidé à payer la caution de leurs frères, et envisageaient de donner une grande fête. Pete l'Ange en parla à Emmett. Ils décidèrent d'organiser ça dans le parc, pour le Jour de l'An. Ce qu'ils firent. Les Anges payèrent la bière et la sono, et Emmett trouva un grand camion à plate-forme pour servir de scène. Comme c'était un dimanche et qu'il n'était guère que midi, il dut aller réveiller Big Brother et la Holding Company, ainsi que le groupe des Grateful Dead. Pearl le maudit et le traita de tous les noms, et Jerry Garcia lui conseilla d'aller jouer à la roulette russe avec un automatique, mais ils vinrent tous, et il joua merveilleusement de la guitare, et elle chanta de toute son âme pour le peuple.
Ce fut une sacré journée et une sacrée fête, le premier festival rock gratuit qu'on ait jamais vu dans un parc. Quand le soir tomba, tout le monde était heureux et épuisé et en pleine vape. Les flics rappliquèrent, virent que tout le monde était à plat, et se tirèrent en marmonant vaguement qu'on avait pas demandé d'autorisation. La foule salua leur départ en chantant : " Le parc appartient au peuple ! Le parc appartient au peuple !"
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Il respirait difficilement, et il sentit à peine l'aiguille percer la veine. Du sang monta dans le compte-gouttes. Il le regarda un moment, puis il dénoua le garrot et injecta tout le liquide dans son bras. La chaleur se répandait déjà dans tout son corps, avant même qu'il retire l'aiguille. L'héroïne le détendit, il avait envie de dormir, mais il fut soudain pris d'une nausée et rejeta dans les W.-C. tout ce qu'il avait mangé et bu dans la journée. Ça n'avait pourtant rien de désagréable, ça arrivait à tout le monde la première fois, et Kenny s'y était attendu. Il nettoya enfin son matériel, replia les bords du papier, rentrant les coins de chaque côte, et enveloppa le tout dans du papier des cabinets ; il cacha le petit paquet derrière le panier à linge. Puis il essuya le sang de son bras avec un Kleenex et s'assit sur le rebord de la baignoire en se demandant combien de temps il lui faudrait surmonter la phase de la nausée. Il alluma une cigarette, qui lui parut meilleure que toutes celles qu’il avait fumées jusqu'alors et comprit qu'il allait devenir un camé de première classe, maintenant qu'il venait de voler en solo, de prendre son premier vrai shoot.
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Dès le départ, le Birdland devint un de ses lieux favoris. Il allait toujours seul au club de la 52e Rue. Il payait deux dollars au caissier, au pied de l'escalier, après s'être bigorné avec un nabot à peau noire au sujet de son âge, puis il allait s'installer au bar ou s'asseyait dans la galerie pour boire du Cutty Sark en écoutant les musiciens : des gars comme Bobby Timmons, Cannonball et Nat Adderly, Charles Mingus, Stang Getz, Jackie Mac Clen, Miles Davis, Dizzy Gillepsie, James Moody, Herbie Mann, Philly Jo Jones, Leroy Vinegar ou Horace Silver qui était son préféré.
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Au bout d'une heure, Kenny était en pleine vape. Les objets inanimés et les pensées fugaces se confondaient et se libéraient, et tourbillonnaient en cataractes d'apparences. Des souvenirs surgis du passé explosaient en gerbes kaléidoscopiques de spirochètes lumineux, dansaient en une cascade chaotique, nostalgique et hors du temps, comme les pensées d'un homme qui se noie. Tout se déplaçait à la vitesse de la lumière, avec le soleil d'hier luisant dans une direction et celui de demain dans une autre. Le passé et l'avenir devenaient le présent. Il voyait une lueur, scintiller au plus profond de son être, et il comprit immédiatement que s'il cédait à l’angoisse ou à la panique, il raterait l'éblouissement de sa propre mort qui faisait partie de sa vie. Il s'envola, se plaça sur orbite et au moment où il craignait d'y rester toujours et pensait que ça suffisait comme ça, tout se termina et il commença à redescendre. Il avait mal dans les riens.
Après l'orage psychédélique, les pensées de Kenny se calmèrent. Il savait que la plupart des gens étaient mal dans leur peau parce qu'ils craignaient ce qu'ils étaient. Il comprenait qu'il aurait beau chercher à savoir s'il serait le héros ou la victime de sa propre vie, jamais il ne pourrit découvrir son destin.
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Le Ringolevio nous préparait à la vie. À la violence, aux iniquités, à la pauvreté, aux guerres. On apprenait à baisser la tête, on apprenait la rapidité et la ruse, les deux conditions essentielles de la survie. On pouvait être un cancre en maths, mais on réussissait.
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C’était un aspect du Ringolevio qui plaisait aux joueurs, et qui faisait de ce jeu un élément permanent de la tradition culturelle des rues de New York. Tôt ou tard, au cours de la partie, chaque joueur devait s’interroger sur lui-même et prendre conscience de ses limites physiques ou morales. Quand un gosse avait disputé quelques parties, il commençait à se connaître, il découvrait sa valeur et ses défauts en se comparant aux autres ; et quand il se connaissait bien, il se rendait compte qu’il possédait une qualité unique, personnelle, et il la développait jusqu’à ce qu’elle finisse par être connue des autres et respectée, et jamais il ne risquait sa réputation en se laissant aller à des fantaisies. Qu’on le veuille ou non, que ça plaise ou non, inévitablement, on apprenait à se connaître soi-même.
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Le temps passait, ou restait immobile. Pas de différence. Le cadran de la pendule, la position des aiguilles ne signifiaient rien. Une seconde, une minute, une heure, un jour, une semaine, un mois ou un an, ou deux, ça n’a pas d’importance. Il n’y a plus de calendrier. Tout reste pareil. C’est le temps de la drogue. Le réveil sonne uniquement dans les moments de panique, quand la filière s’est perdue dans la nature, ou quand un pépin arrive qui tarit la source de la marchandise dont le type a besoin pour oublier la vie.
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C’est ce qu’il y a de plus irritant dans le manque : l’attente. La plupart des drogués abandonneraient leur vice s’il n’était pratiquement impossible de supporter les souffrances et les lenteurs de la guérison. Le temps varie, de huit jours à huit semaines ou huit mois, selon la mentalité et la physiologie du gars. C’est pourquoi personne ne prend volontairement le chemin de la guérison, mais uniquement contraint et forcé, en cas d’arrestation et d’emprisonnement.
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On peut soudoyer l’adversaire, mais il est interdit de tricher.
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Quand on devient une menace pour quelqu’un, ce quelqu’un finit toujours par vous supprimer. Et c’est ainsi que les camés qui ont de la classe s’entre-tuent. On appelle ça un coup fumant parce que ça vous brûle, ça vous élimine, alors que tout le monde se figure que c’est simplement un cas banal d’overdose, un de plus.
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Les commerçants chinois, plus calmes, se contentaient de proclamer qu’ils vendaient ce qu’il y avait de plus beau sur terre et, après tout, Formose était aussi le nom d’une ville de l’Arkansas.
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Ce livre est l'autobiographie de l'auteur, qui a mené une vie de petit délinquant assez futé et intelligent. Les deux premières parties sont très prenantes, entre son séjour en prison, ses cambriolages et son épopée en Europe. La dernière partie est fort longue (sur les Diggers) et peut être lue assez rapidement si l'on veut ne pas décrocher complètement.
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Grogan est à Londres, où il rencontre Alexander Trocchi, un ancien situationniste qu'il admire. Il participe à un débat sur la "dialectique de la libération". Il est en compagnie d'intellectuels minables qui se prennent pour des grosses têtes. Il fait alors un discours vibrant, qu'il a tout simplement copié sur un discours d'Hitler, très démagogue sur la révolution, le socialisme, la vie communautaire etc. C'est une ovation. Il ne lui reste alors plus qu'à révéler la supercherie.

(...) Le discours entier dura plus de dix minutes et, quand Emmett se tut, toute l’assistance se leva pour lui faire une extraordinaire ovation. Il resta immobile derrière le micro alors qu’il gesticulait comme un fou et soulignait chaque mot quelques instants plus tôt, il ne bougea pas, il ne salua pas, ne s’inclina pas, ne remua pas les lèvres pour dire « Merci, merci, merci. ». Non. Il attendit, impassible et immobile, que la foule se calme, pour pouvoir enfin lui dire ce qu’il avait réellement à lui dire. Il fallut au moins deux minutes pour que le tumulte se calme enfin. Alors Emmett approcha sa bouche du micro et parla posément. – J’apprécie votre enthousiasme, je comprends vos applaudissements sincères, mais pour être franc, je ne puis les prendre à mon compte. Je n’ai pas écrit ce discours, et je ne suis pas le premier à le prononcer. Je ne sais pas au juste qui l’a écrit, j’en ai une vague idée, mais je n’en sais rien. Cependant, je puis vous dire qui l’a prononcé en premier. Il s’appelait Adolf Hitler, et ces mêmes phrases sont sorties de sa bouche au Reichstagg, en 1937, je crois. Je vous remercie. Au revoir, et merci encore.

Pendant au moins trente secondes, un silence de mort plana dans l’immense salle. Personne ne bougeait. Et puis, tout à coup, la colère explosa, la rage d’un millier de gens prenant conscience qu’ils avaient été possédés, refaits, doublés ! Leur fureur visait Emmett, qui se tira de là prestissimo, et puis ils devinrent dingues en plein, ils cassèrent la baraque, démolirent les chaises, mirent le feu à l’estrade, et puis ils envahirent la rue pour passer leur colère sur ceux, bien rares, qui pensaient qu’Emmett Grogan venait de leur démontrer superbement à quel point ils se laissaient avoir par la rhétorique gauchiste.
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On ne perd pas forcément son temps en prison et qu’un tas de gens en sortent avec un métier.
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