Eric Anceau

Cet ouvrage permet de bien comprendre que le concept de laïcité trouve ses origines dans les idées gallicanes ; ces dernières naissent inconstestablement avec les diverses actions de Philippe le Bel à l’encontre des désirs du pape, au début du XIVe siècle. Éric Anceau passe en revue les mesures typiquement laïques prises en France de la Révolution française à nos jours, ainsi peut-on découvrir que l’on procéda à trois actes de Séparation de l’Église et de l’État, respectivement en février 1795, sous la Commune et en 1905.



On voit par ailleurs que si la laïcité française est un concept bien particulier, à un moment ou un autre tous les pays européens ont produit des actes d’un esprit laïc. Notons que c’est à l’initiative des militants de l’UNSA/SE que l’Inspecteur d’académie du Doubs alla décrocher en 2004 le dernier crucifix présent dans un village français d’un département non concordataire.



Les rapports complexes entre l’islam et la laïcité sont développés dans un chapitre entier où on trouve mention notamment des efforts de rationalisation de l’islam accomplis tant au IXe siècle avec le mutazilisme qu’au XXe siècle par l’Égyptien Ali Abderraziq, l’Indien Mohammed Iqbal ou le Syrien Sadik Jalal-al-Azm. Globalement l’intérêt de cet ouvrage est de permettre d’approcher exhaustivement à la fois l’idée de laïcité dans ses multiples déclinaisons en France et à l’étranger, de décrypter comment la laïcité est intrumentalisée par des gens qui ne la respectent pas dès qu’ils la jugent comme combattant certaines valeurs catholiques et d’autre part de montrer que certaines conceptions de l’islam sont tout-à-fait compatibles avec la laïcité à la française.

On s'attaque ici à un phénomène universel : les impôts.



De l'Egypte des pharaons au mouvement des Gilets jaunes, une histoire millénaire, racontée par grands thèmes économico-philosophiques, de façon claire et fluide, avec une masse d'événements violents ou cocasses, une passionnante analyse des mots et des innombrables mécanismes de taxation mis en oeuvre – pas toujours avec succès – par une puissance publique à l'inventivité infinie et parfois bien maladroite.



Au cours du temps, les guerres, les croisades, les rançons, la folie des constructions somptuaires provoquent une insuffisance chronique des revenus du pouvoir central. de tous temps, partout. Impôts directs, indirects, la volonté d'échapper à l'impôt est aussi ancienne que l'impôt lui-même et stimule l'imagination des assujettis.



La colère contre le fisc et à travers lui contre l'Etat et les élites dirigeantes remonte elle aussi à l'Antiquité, aggravée par les difficultés économiques.

Car la question fondamentale est celle de la légitimité de l'impôt et de son consentement par les contribuables, via ses représentants élus. C'est la base du système démocratique, depuis l'octroi de la Magna Carta en 1215 en Angleterre.



L'ouvrage passe en revue les multiples révoltes qui le plus souvent aboutissent à de sanglantes répressions – des Maillottins sous Charles VI à Pierre Poujade en 1956 qui envoie 56 députés à l'Assemblée nationale - sauf à quelques rares processus d'indépendance comme pour les colonies américaines.



Les mille et une formes d'évitement sont aussi très intéressantes … et toujours aussi actuelles quand on pense à la fraude fiscale et au marché des cigarettes de contrebande. Quelle créativité là aussi !



Nécessité du consentement à l'impôt et à sa juste répartition : c'est le sens de la Révolution française. le processus est récurrent à travers les siècles et civilisations.



Dans une France où aujourd'hui l'impôt sur le revenu représente 23% des recettes et les impôts indirects plus de 52% dont 38% pour la seule TVA, les citoyens réclament toujours plus de protection et de dépenses publiques et « en même temps » toujours moins d'impôts, on mesure à travers cet ouvrage le risque encouru par la puissance publique à initier un nouvel impôt pour faire face au déficit budgétaire.
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La démarche de ce livre est originale. Et je dois reconnaître que cela ne m'a pas déplu.



La vingtaine de portraits dressés donne pile la bonne quantité d'information sur chacun d'entre eux. J'ai beaucoup apprécié le fait d'avoir la quintessence de qu'il faut connaître sur les vingt personnages abordés dans ce livre. On le termine avec une vision large que je trouve plus parlante, plus percutante, que celle d'un manuel d'histoire "normal" alors qu'on en garde la rigueur scientifique. C'est aussi un excellent moyen de faire le plein d'anecdote croustillante tout en gardant en ligne directrice les enjeux majeurs, fondamentaux de cette période.

Mariée pendant 55 années à un membre du corps préfectoral issu de l'ENA rencontré sur les bancs de Sciences Po, je ne pouvais éviter cet ouvrage qui retrace la sociologie, les origines et le positionnement des élites françaises, depuis l'Ancien régime jusquau au grand confinement.



C'est-à-dire, comme l'indique le titre de son premier chapitre, l'évolution de « Trois cents ans de défi et de défiance ».



L'élite est-elle nécessaire ?



Un constat : l'impossibilité pour les masses de se gouverner elles-mêmes. Ainsi, tout système, aussi démocratique qu'il soit, tend à produire une élite qui, progressivement, intègre ses contestataires à sa masse pour se maintenir au sommet ; à l'opposé on trouve la théorie marxiste des classes, et on voit aujourd'hui à quels débordements elle peut aboutir.



L'ouvrage est un survol de l'histoire de France à travers ses successifs régimes politiques, ses désastres militaires, ses crises ministérielles, ses clivages électoraux, sa gouvernance et la formation de ceux qui en émergent, l'ossature de son administration issue de la méritocratie post révolutionnaire après l'abolition des privilèges.



On perçoit de grandes tendances rémanentes dans les origines du personnel politique : la résilience de la noblesse, favorisée par la longue pratique du suffrage censitaire – en 1846, sur plus de 35 millions d'habitants, les électeurs ne sont que 240000 (hommes) et les éligibles 56000 – expliquant la phrase de Guizot refusant d'abaisser le cens : « Enrichissez-vous » … pour atteindre le niveau d'imposition requis.



Le divorce entre l'élite – parlementaires, haute administration, chefs d'entreprises, intellectuels, journalistes – et le peuple est une constante dans notre pays depuis 300 ans. Il est d'autant plus vif après les grands cataclysmes : 1870, 1940, la perte de l'Algérie, qui voient un renouvellement des élites mais le fossé entre gouvernants et gouvernés perdure. Chacun propose alors ses remèdes, en particulier la formation des élites pour les mieux préparer à leur rôle : les lycées de Bonaparte, l'Ecole libre des Sciences politiques en 1872, l'ENA en 1945 (mais une tentative de création avait fait long feu en 1848, vite supprimée par Napoléon III), sa récente suppression ...



Car le peuple exige beaucoup de ses élites, en contrepartie de sa domination sociale : oeuvrer pour le bien commun, faire preuve de compétence et d'intégrité, savoir entendre les doléances du peuple … Et les multiples scandales de prévarication, de trafic d'influence, de népotisme et de moeurs dissolues, sitôt exploités par la presse, ont un pouvoir dévastateur sur l'opinion.



Conclusion de ce travail passionnant : la « société des héritiers » survit malgré les alternances politiques, le personnel politique français n'est sans doute pas de la meilleure qualité que l'on pourrait en attendre. Cela qui saute au yeux aujourd'hui au vu des débats récents à l'Assemblée nationale.



La démocratisation des élites a tout de même progressé sur la période même si elle demeure incomplète – soulignons cependant l'émergence récente des femmes - mais surtout, l'Administration demeure solide et irréprochable dans son écrasante majorité.



Un défi immense demeure pour les élites : retrouver le chemin de la confiance. Et, du point de vue de l'auteur, ce n'est pas gagné.
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Faites impérial !

Un livre un peu atypique. Nous n'avons pas ici une biographie (Eric Anceau a d'ailleurs publié une superbe biographie de Napoléon III qui en fait un concurrent sérieux de Milza) mais toute une série de courtes biographies de personnages importants du Second Empire. C'est passionnant, enlevé et l'auteur continue de brosser un tableau passionnant d'une période redevenue semble-t-il un peu à la mode. On suivra donc avec un vif intérêt les parcours, par exemple, de la Princesse Mathilde, de Pasteur, de Morne ou de Prosper Mérimée.

J'ai beaucoup appris dans ce livre que je recommande à tous les passionnés de cette période.

Petit livre pour présenter un grand personnage historique. En fait, c'est ce que je recherchais car sur le sujet " Napoléon " je dois dire que j'ai énormément de lacunes.

Je voulais avant de m'attaquer à plus "costaud" avoir une notion de la chronologie, évaluer le personnage, connaitre quelques noms importants des protagonistes et de certains lieux incontournables pour que cela résonne après plus facilement.



L'écriture est simple, facile à suivre. Un effort a été réalisé pour rester simple mais précis.



Ce petit livre a fait son travail, des repères clairs, des chapitres chronologiques, pas d'explications détaillées de la stratégie des batailles (ce qui j'avoue ne me gêne pas du tout !!), pas de révélations pour dire si Napoléon a été empoisonné ou pas.

En gros il y a l'essentiel, pas d'explications compliquées mais un minimum d'aide pour comprendre quand il faut, un juste milieu assez idéal.



Ravie de cette lecture qui va me permettre de m'attaquer le mois prochain au Napoléon de Jean Tulard.



NB : gros plus de ce livre de 96 pages, il est à 3€ ce qui reste très accessible. En revanche, dommage que ce soit imprimé sur la couverture ...

Eric Anceau a côtoyé Napoléon III durant deux décennies avant de s'autoriser à en publier une biographie. Elle est résolument centrée sur l'homme pris dans son époque et est très structurée.

On y découvre l'ascension de ce prince jusqu'à la présidence de la République puis la transformation de son pouvoir présidentiel en pouvoir impérial et enfin, vient le temps de la restriction puis la disparition de ce même pouvoir.

Eric Anceau a placé à la fin de cet ouvrage une bibliographie très conséquente.

Une histoire des politiques fiscales depuis cinq mille ans, riche en anecdotes extravagantes.
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..

Beau livre sur une période trop peu connue, trop peu enseignée. Si l'on connait bien le premier empire, le "tome II" napoléonien semble dans l'ombre de son prédécesseur. Pourquoi ? Peut-être moins de conquête, moins de faste, moins d'aventure, moins de fascination ?

L'auteur de ce livre, par la forme de petits portraits bien ciselés, nous fait revivre les principaux personnages de cette époque impériale. S'y croise les constructeurs et les destructeurs de l'Empire. De nombreuses personnalités sont évoquées (Mérimée, Pasteur, Haussmann, ect).

Avec une écriture fluide, riche et accessible, l'historien permet aux lecteurs de s'approprier la richesse de cette période.

Une belle lecture que je recommande à tous ceux voulant connaître davantage de cet épisode de l'Histoire de France.

Revenant sur « trois cents ans de défi et de défiance » entre les élites françaises et le peuple, Éric Anceau brosse le portrait de ceux qui nous dirigent des Lumières jusqu’au confinement de 2020.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..