En fin de semaine dernière, le garde des sceaux Eric Dupont-Moretti a présenté son plan d'action pour réformer la justice. 60 mesures ont été annoncées : elles visent, selon ses termes, à simplifier et à moderniser le système judiciaire... Quels sont les changements promis ?
Pour en parler, Guillaume Erner reçoit Thomas Clay, professeur à l'Ecole de droit de la Sorbonne, Université Paris 1.
#justice #politique #reforme
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Les innocents se défendent souvent plus mal que les coupables. D'abord parce que les coupables ont une longueur d'avance: ils connaisent la réalité des faits et, dès lors, sont potentiellement capables de la contourner ou de la dissimuler. L'innocent, qui se sait injustement renvoyé devant les assises, sent que le moindre mot, le moindre clignement d'yeux peut être interprété à son détriment. La peur de l'innocent est plus grande que celle du coupable.
La question qu'on me pose régulièrement -" Mais comment pouvez-vous donc défendre un assassin?" - n'a aucun sens. Primo : nous autres pénalistes, ne faisons pas de morale, mais du droit; reprocherait-on, par exemple, à un chirurgien d'opérer un malade du foie pour lui sauver la vie, au motif que s'il est mourant c'est parce qu'il buvait de trop? Pour l'avocat, c'est la même logique: sa robe est au service de celui qui la demande, à condition qu'il ne me demande pas de plaider une absurdité. Secundo: beaucoup d'accusés reconnaissent avoir commis le crime dont ils répondent, il ne s'agit pas d'entonner le grand air de l'acquittement en dépis du bon sens. Tertio: Si personne ne défend les assassins, il n' a plus de justice, seulement une vengeance légale.
La justice se fourvoie quand elle perd de vue ce pourquoi elle a été organisée : faire du droit, pas de la morale.
La cour d'assises est une arène, un théâtre violent, un âpre lieu de parole au sein duquel un balbutiement peut faire basculer le verdict d'un côté ou de l'autre.
Au cours d'un procès, aux assises du Tarn-et-Garonne, à Montauban, je m'accroche avec le président. Celui-ci me dit : "Je suis impartial."
Moi : "Je me trouve très beau."
Le magistrat, bien sûr, est tout interloqué. Je lui explique alors - je l'explique surtout aux jurés - que l'impartialité, c'est comme la beauté : il faut laisser aux autres le soin d'en juger.
Je ne vais pas faire semblant de chanter les louanges de la magistrature : je me méfie de son corporatisme, de sa frilosité, de la détestation qu'elle voue au Barreau. Pourtant, il existe de grands juges; c'est le troupeau qui est petit.
Si, comme l'a dit Robert Badinter, le crime est "le lieu géométrique du malheur humain", la cour d'assises, qui juge les criminels, est un lieu de combat autant que de douleur. La machine à juger, telle qu'elle a été conçue au fil des siècles, oblige la défense, si elle veut se faire entendre, à imposer un rapport de force - le sien.
Tout le monde ment, même les honnêtes gens.
J'ai davantage confiance dans la cuisine de mon pays que dans sa justice !
in : Le dictionnaire de ma vie .
( lettre C, page 31 )
Je peux défendre un révisionniste mais je ne défendrais jamais le révisionnisme.