Et, petit à petit, les doutes se sont insinués en moi. Ils ont fini par s'infiltrer et par ruisseler en profondeur. On ne s'aperçoit de rien sur le moment. Tout se passe si loin, en soi ; on ne soupçonne pas qu'un glissement de terrain se prépare. Je me suis mis à lire ce qu'on écrivait contre la Corée rouge. Je m'autorisais la prose de «l'ennemi». Au-delà de la mer du Japon ne s'étendait plus le paradis terrestre que je m'étais imaginé. Il s'y jouait une pièce de théâtre interprétée par vingt millions de figurants, une tragédie au terme de laquelle celui qui se trompait de réplique était supprimé dans les coulisses.