L'un des mauvais côtés de mon expédition, c'était de dire continuellement adieu à des amis. Je ne restais jamais assez longtemps dans un endroit pour goûter les joies de l'amitié, et je trouvais cela frustrant. Je rencontrais quelqu'un de sympathique et, en un jour, nous pouvions devenir de grands amis. Souvent, je repartais le lendemain. Mais cette situation avait aussi des avantages. Le fait de savoir que je m'en irais bientôt rendait nos relations plus authentiques.
Docteur Braem me donna un exemple de ce qui peut arriver, en Allemagne, lorsque quelqu'un tente de sauver une population d'orchidées sauvages. Une femme de Francfort avait découvert que le tracé d'une nouvelle route allait détruire une population d'orchidées endémiques qui poussait près de sa maison. En tant que collectionneuse d'orchidées et protectrice de la nature, elle prit donc sa pelle pour déplacer les plantes menacées vers une zone proche, loin du danger des pelleteuses. Mais elle fut interpelée par la police alors qu'elle menait son opération de sauvetage et condamnée à verser 10.000 deutsche mark pour déplacement illégal d'espèce protégée. En accord avec la loi, elle aurait dû laisser les plantes là où elle poussait afin qu'elle fussent détruites par les bulldozers lors de la construction de la route. Ainsi, laisser détruire des plantes pour faire place à une route est légal, tandis que déplacer les plantes vers un endroit plus sûr est passible d'une amende.
Avec l'alcool, la drogue, les femmes, la nourriture, les voitures, il est possible de s'en sortir. Mais une fois pris au piège des orchidées, c'est terminé. Avec les orchidées on ne peut jamais s'en sortir... jamais !