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3.68/5 (sur 209 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , le 29/05/1930
Mort(e) à : Paris , le 07/02/2015
Biographie :

Éric Jourdan, né Jean Roger Éric Gaytérou, est un écrivain français.

Son nom pour l’état civil est Jean-Éric Green après son adoption à l’âge adulte par l'écrivain Julien Green (1900-1998) avec lequel il vécut jusqu'à la mort de ce dernier.

Il est l'auteur, en 1955, du roman "Les Mauvais Anges" qui connaît la frappe de la censure en raison de son thème de l’amour charnel entre deux garçons adolescents.
Il sera deux fois interdit pendant 29 ans, ce qui n’empêcha pas des éditions de luxe et notamment la première traduction anglaise sous le titre Two par Richard Howard. Le livre est ressorti à La Musardine en 2001, et connaît depuis un succès constant.

Il a également publié d'autres romans: "Charité" (1985), "Révolte" (1991), "Sang" (1992), "Sexuellement incorrect" (1995), "Trois cœurs" (2008), "Le Jeune Soldat" (2009), ainsi que des contes et nouvelles malveillants pour enfants.

A la Musardine sont édités "L’amour brut" (1993) et "Saccage (sous le titre "Détresse et Violence") (1956), ainsi que des nouvelles inédites, "Portrait d'un jeune seigneur en dieu des moissons", en septembre 2010.

Éric Jourdan est aussi l’auteur de nombreuses pièces de théâtre dont une seule, "Drapeau Noir", a été jouée à Clichy en 1987 (35 représentations) puis au Festival de Taormina, traduite par Sandro Segui.

Il a longtemps caché son âge véritable, a changé plusieurs fois d'identité et a écrit sous plusieurs pseudonymes qu'il n'a jamais révélés. Il a également collaboré à l’œuvre de Julien Green, dont il était l’amant, qui l’a adopté et en a fait son héritier, sous les noms de Didier Mesnil et Giovanni Lucera.
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Source : http://www.heteroclite.org/2015/04/eric-jourdan-ecrivain-mort-20107
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Aurielle Marlier, qui signe avec le mystère du domaine Catterton son premier roman jeunesse (à partir de 9 ans), a répondu à quelques questions pour celles et ceux qui n'ont pu se déplacer pour la rencontrer à la librairie Une page à écrire (Janville, 28) samedi 21 avril 2018. À 26 ans, la talentueuse Belge par ailleurs attachée de presse des Editions Jourdan a déjà remporté un franc succès auprès de ses jeunes lecteurs...

Citations et extraits (53) Voir plus Ajouter une citation
J'essayai de le voir avec d'autres yeux que ceux d'un copain, après sa déclaration d'amour contrarié. Si j’avais été amoureux de la beauté des hommes, (…) Mais l’amitié n’avait-elle pas suivi les mêmes critères ? L’amitié, c’était tout sauf le lit, sauf les gestes d’amour dont le seul but était une possession fugitive, l’amitié c’était la possession sans fin d’un regard, d’un sourire, d’une attitude, des paroles, tout, sauf les abandons d’un corps en proie à son délire. Dans l’amitié, l’autre existait à côté de moi, pour moi ; l’amour, c’était le meurtre de l’autre à tout prix, tuer dans la douceur. Je n’avais aucune raison physique de vouloir ce meurtre avec un garçon, toutes avec une femme. Tuer ce qui m’était contraire, posséder comme pour mettre mon propre démon dans cette chair qui me resterait toujours étrangère et inconnue, quand elle sortirait des étreintes désordonnées de l’amour.
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Refaire sa vie ailleurs, c’était comme de tuer les autres lâchement, quand ceux-ci n’étaient qu’amour pour le disparu.
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« Qu’as-tu, me répétait-il, pourquoi ces larmes, parles-moi, je t’en supplie. » Mais je m’enfonçai dans la solitude par à-coups comme un noyé. Il eut beau supplier, se faire câlin, exiger, je restai muet. J’aimais la chaude impatience des larmes.
Au moment où il me redisait : « Qu’as-tu ? » dans un souffle, je lui jetai ma raison de souffrir : « Je t’aime, c’est tout. »
Il parut ne pas comprendre. Je savais bien qu’elle était impossible à décrire cette peine faite de trop de bonheur. L’amour est un désastre.
Pierre pouvait m’adorer, Pierre pouvait me poursuivre jusqu’au cœur du sommeil, Pierre pouvait me vouloir comme on veut un corps qu’on admire, il ne réussirait pas à me rejoindre si seulement je fermais les yeux pour songer à la nuit, au vent dans le jardin, à la mélancolie d’une promenade nocturne. Un mur de chair était entre nous, et dans ce mur l’amour se refugiait avec son cri d’oiseau blessé comme le rouge-gorge des murailles.
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La peur était mon drame : j’avais peur de vieillir. Non pas perdre le velouté de notre peau, la fraîcheur de la jeunesse, mais peur de ce que nous allions devenir. Le monde ne m’intéressait pas : la société et toutes ses intrigues ne menaient à rien, ne signifiaient rien, en somme n’étaient que riens. Je m’évadais dans l’amour, et la mort était dans chacun de mes actes. J’étais environné par elle, une fenêtre, un tube de soporifique, un couteau me l’offraient. Ma vie était faite de morts refusées. Cela donnait le prix de mon amour. Pierre le savait sans que je lui en eusse parlé. Mes paroles l’enivraient, il me suppliait de demeurer calme, mais lorsque je l’étais, il craignait à son tour le silence. Ainsi je devais parler à Pierre d’avenir, de passion, de cette vie partagée, et il me cachait la mort et les abîmes de l’amour étaient là contre les abîmes du vide…
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Un déluge de lumières de plus en plus agressives tombait sur cette masse d’adolescents agités et hurleurs, comme les lanières d’un fouet immobile. Tout un tas restait debout au pied de la scène, les oreilles bouchées des inévitables pastilles noires de leurs petites boîtes à musique. Il leur fallait se défoncer de toutes parts, se faire éclater les tympans toujours plus comme s’ils voulaient se remplir de tout le bruit du monde, avaler l’univers, se transformer en ce vacarme, s’y diluer avec les autres dans la fausse communion idéale des sensations fabriquées, incapables d’être autre chose, de penser ou de naître d’eux-mêmes, sans démon intérieur.
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"Tu as reveillé mes désirs. La nuit est longue quand tu dors, mais je t'ai plus vrai qu'au grand jour. L'amour, c'est la violence. Je suis jaloux de ce qu'ont fait les autres."
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"Pourquoi m'attaches-tu? Je ne peux plus te fuir, si tu m'ouvrais les yeux, tu t'y verrais toi-même. Ton coeur contre mon coeur, sans se dire qu'on s'aime. Je veux entre tes bras mourir de trop jouir. J'ai crié, tout éclate et mon âme ravie monte dans un abîme... Il faut prendre ma vie. Tu me rends immortel quand tu crois me tuer. Viens, je suis ton désert sans oasis ni terme, je rêve de t'y perdre et j'ai pour abreuver toutes tes soifs mon sang, ma salive et mon sperme."
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Là-bas, elle eut d'autres liaisons tout de suite, se grisa d'une vie futile dont les heures tournaient autour d'une piscine, de garden-parties, de chambres obscures. Elle fut entourée, connut l'abrutissement des journées au soleil, l'asservissement des mâles aux façons des riches Américaines, et tout cela servit d'abord à éloigner une seconde fois le jeune Français ; pourtant, peu à peu, il fut impossible de ne pas le comparer aux autres et ainsi le juger sans rival. Elle lutta longtemps, puis les premières lettres de Didier lui parvinrent, car elle avait demandé qu'on les fit suivre en grand secret, mais, s'il voulait son adresse, qu'on le décourageât. Elle les lisait à la piscine, ou plutôt elle les faisait lire par l'amant passager, pour se montrer qu'elle n'y attachait aucune importance. Les jeunes gens trouvaient cela drôle d'ailleurs, les lettres d'amour d'un autre garçon : la vie autour d'eux, l'eau ensoleillée, la table couverte de cocktails et de glaces, les autres corps allongés rendaient cette lecture irréelle, le monde dont la lettre parlait n'existait pas, il était trop loin. Mais le jour où il n'y eut que deux mots, le nom d'Ellen répété deux fois au milieu de la page, le cri traversait la mer, réduisait l'espace, se riait de toutes les difficultés de l'air et du jour, et Didier soudain était là, près d'elle, qui se leva troublée. Elle resta plusieurs heures enfermée, puis l'orgueil fut le plus fort : en quittant sa chambre, elle avait mis sur pied le plan qui pouvait blesser le plus un amour dont elle ne voyait pas la fin. Elle donna l'adresse de Didier à des amies qui partaient pour l'Europe, leur vanta les mérites du petit Français, leur conseilla d'en user à leur guise, surtout de ne le croire en rien : c'était en sorte un garçon de joie ; qu'on lui transmette les amitiés d'Ellen ; oui, elle l'avait bien connu, c'était un bon souvenir, comme des Baux elle gardait celui d'une volaille aux truffes, et de Vienne le goût des longs verres de vin pâle où trempaient des fruits glacés. Mais lorsque les autres voyageuses lui envoyèrent des cartes affectueuses de Paris, Ellen se sentit traquée.
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L’amitié aussi a son cordon ombilical. Je ne dis presque rien, j’étais prêt à lui tendre les ciseaux pour le libérer de cette tendresse qu’il voulait tout entière reporter sur elle.
J’avais l’habitude de me retrouver seul, et il s’en irait comme tous les copains, la vie les prendrait, ils auraient leur nouveau monde, ils voyageraient, ils feraient des enfants, auraient d’autres passions, mais toujours ils reviendraient en secret aux heures mystérieuses où l’univers tenait dans une discussion, une bagarre, des découvertes communes.
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Soudain quelqu’un entra. J’entendais une des voix qui m’avait fait battre le cœur et qui l’avait fait s’arrêter. J’eus l’impression que son ombre cachait le jour. Nicolas dit que ce n’était pas possible, je ne pouvais pas être mort. Mais il avait voulu que je sois mort, il était seul à le savoir. Je ne lui en voulais pas. On est si bête quand on est mené par les sens et par eux seulement. Puis de nouveau Adam alla vers la porte.
-Entre Renaud, dit-il. N’aie pas peur, on est entre nous.
Soudain j’eus sur les mains un visage humide. Il me serra dans ses bras. J’avais gagné. J’entendis qu’il me demandait pardon devant tous les autres. Une seconde j’imaginais lui et Nicolas liés par mon secret et se livrant leurs corps en souvenir de celui qui n’était plus. Mais ça ne se passe jamais comme ça. Et puis tandis que mon corps se déferait dans la pierre, pourrissant et se desséchant, ne gardant plus rien de ma beauté terrestre, je serais vivant pour eux dans leur cœur, un Tom idéal, le Tom qu’ils avaient eu dans les bras et qui demeurait inchangé dans leurs rêves, Peut-être le retrouveraient-ils un jour à jamais jeune comme ils l’avaient aimé, car l’amour ne connaissait pas la mort.
J’avais envie d’éclater de rire, mais sans doute ça ne se faisait pas. On m’aurait encore collé des adjectifs comme pas sérieux pour m’apprendre à vivre et à vouloir me mettre tout le monde dans la poche. Mais c’était trop tard, cette fois.
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