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3.93/5 (sur 1975 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Metz , le 02/01/1963
Biographie :

Éric Marchal est un écrivain français.

Après un diplôme de pharmacien, il entreprend une thèse de sciences à l'Université de Nancy.

Il produit et présente en 1995 le magazine de l'actualité des sciences "Polaris" avec France 3 Grand Est.

Passionné par l’histoire de la médecine (il est chercheur en immunologie), il s’est lancé dans le roman historique avec un succès qui ne se dément pas.

Son premier roman, "Les Ombres du ciel" (2009) et le premier tome d'une duologie, "Influenza", a reçu le prix Carrefour du premier roman 2009. "Les Lumières de Géhenne", le deuxième tome, est paru en 2010.

La rentrée littéraire 2018 voit sortir son nouvel ouvrage "Les heures indociles", qui traite entre autre du mouvement des suffragettes en Angleterre.

Il est également l’auteur des livres "Le soleil sous la soie" (Anne Carrière, 2011), qui a fait partie de la sélection 2011 du prix Erckmann-Chatrian, "La part de l’aube" (Anne Carrière, 2013), "Là où rêvent les étoiles" (Anne Carrière, 2016).

Il publie le 3 mai 2019 le roman "Villa Imago".

Éric Marchal vit à Vittel.

page Facebook : https://www.facebook.com/ericmarchal.auteur/

Bibliographie :
LES HEURES INDOCILES
LE SOLEIL SOUS LA SOIE
LA OU REVENT LES ETOILES
LA PART DE L’AUBE
VILLA IMAGO
INFLUENZA T1 LES OMBRES DU CIEL
INFLUENZA T2 LES LUMIERES DE GEHENNE
LE SOLEIL SUIVANT
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Bibliographie de Éric Marchal   (13)Voir plus


Eric Marchal et ses lectures


Quel est le livre qui vous a donné envie d`écrire ?

Pas un livre en particulier, mais deux auteurs : John Irving et Boris Vian. Vian avait un style jouissif et foutraque et Irving irradie une énergie joyeuse au service de personnages décalés. Mon premier manuscrit ressemblait à un croisement hybride entre les deux. Puis Irving l`a emporté.


Quel est l`auteur qui vous a donné envie d`arrêter d`écrire (par ses qualités exceptionnelles...) ?

Aucun, quand un livre m`éblouit par ses qualités exceptionnelles, il me donne encore plus envie d`écrire. Je suis comme un amateur de tennis qui assiste à un match de Federer ou de Tsonga : j`ai envie de prendre une raquette et de jouer ! Le plaisir ressenti est le même quel que soit le niveau de son activité. D`ailleurs, à y penser, je crois que je vais me remettre au tennis !


Quelle est votre première grande découverte littéraire ?

Anna Karénine, trouvé dans la bibliothèque de mes parents. Il y avait des classiques français et russes, une édition avec des couvertures en cuir bordeaux très épais. C`était le premier de la rangée. J`avais hésité avec Carmen... je ne regrette pas.


Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?

Le Petit Prince. A chaque fois, j`y trouve un nouvel angle, une nouvelle facette, de nouvelles notes. J`aime le lire à voix haute. Il est comme une mélodie à la fois simple et complexe, une musique qui, une fois entendue, ne vous quitte plus. On ne lit pas assez à voix haute.


Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?

Aucun, il n`est pas trop tard !


Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?

Les Douze Chaises, de Ilf et Petrov . Un classique de la littérature russe, écrit en 1927, qui décrit avec un humour tout en finesse les travers de la société slave de l`époque, à partir d`une intrigue loufoque. C`est un ami qui connait bien la Russie qui me l`a fait découvrir.


Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?

« le petit chaperon rouge », surtout pour la fin... Plus sérieusement, j`ai l`impression que les réputations sont surfaites du vivant des auteurs et que le temps fait bien son œuvre en matière de tri.


Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?

Fétiche, non, mais je pense à « Nous ne sommes faits que de ceux que nous aimons et de rien d`autre ». J`aime beaucoup Christian Bobin et sa prose poétique à la musicalité et à la force exceptionnelles. Dans chacun de ses livres, on pourrait extraire des dizaines de citations prêtes à défier l`éternité ! « Celui qui est sans argent manque de tout. Celui qui est sans lecture manque du manque »...


Et en ce moment que lisez-vous ?

Les cavaliers de Joseph Kessel, l`Afghanistan d`avant l`Afghanistan. Il faut toujours retourner dans le passé pour comprendre les situations présentes.


L`entretien d`Eric Marchal avec Babelio: Le soleil sous la soie


Pour vos deux premiers Romans de la série Influenza, vous avez choisi de situer l`action pendant la Seconde Guerre Mondiale. Pourquoi avoir choisi cette fois la fin du 17ème siècle ?

Je suis parti de l`idée de suivre la vie d`un chirurgien de campagne à une période où aucun des moyens fondamentaux de la chirurgie n`existait : pas d`anesthésiques, pas d`antibiotiques, pas de transfusions sanguines, aucune connaissance précise des mécanismes de fonctionnement des systèmes et des organes. Et je voulais installer le roman au moment où la chirurgie s`émancipe de la tutelle des médecins, où elle passe d`une simple pratique à l`exercice d`un art. Cette fin du XVIIème siècle se trouvait juste à la croisée des deux chemins.


La rivalité entre médecins de faculté et chirurgiens-barbiers est au cœur de votre récit. Cette rivalité est largement méconnue du grand public. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce long conflit historique au sein de ces professions médicales ?

A l`époque où je situe l`action, les chirurgiens sont encore considérés par les médecins comme des « valets », occupés à des tâches purement manuelles. Comme vous l`écrivez, ils sont chirurgiens et barbiers, et, le siècle précédent, ils étaient aussi perruquiers, avant que ceux-ci ne forment une corporation à part entière. Les médecins étudient dans des livres écrits en latin, langue que ne maîtrisent pas les chirurgiens. Cette barrière les empêche grandement d`étendre leurs connaissances. C`est aussi une période où les chirurgiens ont la possibilité, nouvelle, de pratiquer des autopsies sans avoir à craindre les foudres de l`église. de nombreux traités d`anatomie circulent, dont les planches, dessinées par des artistes, sont parfois de véritables chefs d`œuvre d`art et de précision. Les guerres ont, aussi, fait croître l`influence des chirurgiens face aux médecins, dont le savoir livresque n`avait que peu de place dans l`urgence des champs de bataille. Dans les campagnes, où les médecins et les pharmaciens sont souvent absents, les chirurgiens posent des diagnostics et, par la force des choses, font aussi office d`apothicaire et de soignant. Nous sommes à un moment charnière, l`Académie Royale de Chirurgie verra le jour en décembre 1731 en France, et leur influence ne cessera de grandir, aidé en cela par des opérations réussies sur des patients illustres, comme certains rois de France.


De nombreuses scènes d`opérations de chirurgie sont décrites dans votre roman. Quelles ont été vos sources pour ces scènes d`opérations ? Sont-elles toutes tirées de véritables opérations d`époque ?

Toutes sont des cas réels. Et plus ils semblaient incroyables, plus je prenais plaisir à les intégrer ! En me plongeant dans les archives, je ne pensais pas trouver une telle richesse de compte-rendu opératoires ou de Mémoires de chirurgiens. Un élément fut essentiel dans ces recherches : la numérisation d`ouvrages anciens par de nombreuses bibliothèques et leur mise à disposition via Internet. Parmi elles, la BNF (Bibliothèque Nationale de France) et la BIUM (Bibliothèque Inter Universitaire de Médecine) de Paris, qui ont mis en téléchargement des archives de chirurgie, à commencer par les traités d`Ambroise Paré lui-même. Bien qu`il soit antérieur à cette période, Paré -qui vécut au XVIème siècle- était encore étudié et ses traitements utilisés cent cinquante ans plus tard. J`ai, de même, pu trouver sur le site de la BNF (gallica.fr) des ouvrages sur les accouchements, qui m`ont permis de décrire dans le détail la façon dont ceux-ci se déroulaient. Il y a encore une quinzaine d`années, cette masse de documentation n`était à disposition que dans les bibliothèques, sans possibilité de les emprunter, ce qui rendait leur consultation compliquée et aléatoire. Cette évolution est, pour moi, une des plus belles réalisations d`Internet, sinon la plus belle.


De même, votre roman nous en apprend beaucoup sur l`Histoire. Les scènes sont extrêmement précises, supposant ainsi un long travail de recherche. Comment celui-ci s`est-il effectué ? A quelles ressources avez-vous eu recours pour l`écriture de cet ouvrage ?

Encore une fois, ce furent des livres d`historiens du XVIIIème et du XIX ème siècle, dont la plupart étaient accessibles sur les sites des bibliothèques, ainsi que des thèses. Les archives de Nancy m`ont, elles, permis d`avoir accès à des documents manuscrits de l`époque, très précieux pour appuyer des détails de l`histoire. Dans la partie se situant à Versailles, j`ai eu recours à Saint-Simon et ses fameuses « Mémoires », ainsi qu`aux correspondances de membres de la cour, comme la Palatine (Élisabeth-Charlotte de Bavière, belle-sœur du roi, au style très croustillant !). Les gazettes de l`époque, comme La Gazette de France ou de Hollande, ainsi que les Chroniques de l`Oeil de Bœuf (qui sont postérieures), m`ont apporté des anecdotes -et parfois des rumeurs !- sur la vie de la cour.
Je me suis rendu compte, à la lecture des historiens, que leur vision d`une période de l`Histoire, et des personnages historiques, évoluait au cours des siècles. Ainsi, Léopold, le duc de Lorraine, fut encensé pendant une centaine d`année par ses biographes (tout comme il l`avait été, après sa mort, par Voltaire), avant que les compliments se nuancent, faisant état des points positifs de son règne sans éluder les points plus faibles. le recul nécessaire à l`objectivité demanderait donc un siècle de maturation !
Plus sérieusement, les ouvrages sur l`histoire des rues de Nancy m`ont aidé à comprendre la vie quotidienne de ses habitants et les événements ordinaires et extra-ordinaires qui s`y étaient produits, même si, parfois, les auteurs n`étaient pas d`accords entre eux sur des éléments précis. Ainsi, j`ai butté longtemps sur un décompte animalier particulier : le duc Léopold, lors de son retour au duché, fut accompagné d`une cour hétéroclite, exilés lorrains qui rentraient au pays, soldats Hongrois qui le suivaient, prisonniers de guerre turcs, une armada de chevaux et de mules, ainsi que quelques chameaux pris à l`ennemi. Sauf que le nombre des camélidés variait, selon les biographes, entre neuf et six cents ! J`ai fini par opter pour le premier chiffre après avoir vu plusieurs tableaux représentant ce cortège lors de son entrée dans Nancy : il y en avait effectivement neuf. Je trouve tous les détails aussi importants, voire essentiels, à la véracité d`une fresque que les faits historiques eux-mêmes. Ils sont la chair d`un corps dont l`Histoire serait le squelette.


Une bonne partie du récit se déroule dans le duché de Lorraine. le choix de cette région qui n`était alors pas encore annexé à la France a-t-il une signification particulière ?

A plusieurs titres ! Au moment où débute le roman, la Lorraine est encore sous la coupe de l`occupation française et le duché est exsangue après près de trente années de guerres. Puis le traité de Ryswick de 1697 rend ce petit état à son duc, Léopold, qui est né en Autriche et n`y a jamais mis les pieds. C`est le début d`une ère d`une prodigieuse richesse, pleine de rêves et d`espoirs pour un peuple qui, par dessus tout, ne désirait que la paix qui les avait fui depuis trop longtemps. Commence alors une période de reconstruction, foisonnante, idéaliste, frivole, que j`aime appeler la « parenthèse enchantée ». le duc n`aura de cesse de garder la neutralité de son état, face au Saint Empire Germanique et, surtout, face à la France de Louis XIV, qui n`a qu`une ambition : annexer par tous les moyens une Lorraine qui est telle un insecte sur la patte d`un lion, une enclave étrangère en terre française. le règne de Léopold, une trentaine d`années, fut riche en événements, et le duc se révéla, à travers ses qualités et ses défauts, un souverain d`une grande humanité et un personnage des plus attachants.
La seconde raison qui m`a attiré irrésistiblement vers la Lorraine est que, bien qu`étant lorrain moi-même, je ne connaissais que très mal cette époque. J`y ai appris tant de choses et je suis tombé sous le charme du côté romanesque de ce souverain qui a conduit les destinées du duché. le personnage principal, Nicolas Déruet, rencontre Léopold (qui n`a alors que seize ans et se trouve à la tête des armées lorraines) sur les champs de bataille, quelque part en Hongrie, et rentre avec lui pour reconstruire le duché. Il participera à la création de l`hôpital Saint-Charles, une ancienne maison de charité, et sera de ceux qui espéreront, avec le duc, un avenir radieux pour leur État redevenu indépendant. Cette période et ce lieu étaient le terreau idéal pour mettre en valeur tous ces personnages, ceux que j`ai imaginés et ceux qui ont réellement existé.


L`écriture n`est pas votre activité principale puisque vous exercez un emploi à plein temps à côté. Comment s`opère pour vous le passage de l`un à l`autre ?

Cela a mis du temps avant de trouver mon rythme d`équilibre. J`écris les soirs, environ trois heures. Tous les soirs, car le plus important pour moi est la régularité. J`ai besoin de ne jamais m`éloigner de mon manuscrit, de ne pas subir de « coupure », même de quelques jours, afin de rester imprégné de l`histoire en permanence. Je débute un projet par une longue période de constitution et de lecture de la documentation, environ cinq mois pour Le soleil sous la soie. Puis je commence l`écriture, toujours dans la chronologie de l`histoire, tout en continuant de m`aider de la documentation au jour le jour, en fonction des besoins. Mon travail professionnel m`emmène dans un univers complètement différent (je m`occupe de nutrition dans un centre de R&D à Vittel) et le cloisonnement se fait naturellement. Chaque matin, au réveil, je réfléchis à ce que je vais avoir à écrire, puis je laisse mon inconscient faire le reste dans la journée et, les soirs, les idées sont en général claires sur le chemin à suivre.


Avez-vous d`autres projets d`écriture ?

Cela fait vingt ans que j`écris et certains manuscrits terminés ne sont jamais sortis des tiroirs. Il y en a qui y resteront, pour le bien de tout le monde (sourire) ! D`autres sont en attente d`être édités. Mais j`ai toujours envie de nouveauté et le prochain roman est en début de constitution. L`intrigue se met en place. Changement de période et de lieux, je lis en ce moment beaucoup de documents sur une période plus ancienne, voire très ancienne ! J`y découvre tellement d`informations intéressantes que j`ai très envie de partager. le début d`un projet est toujours un moment important : à la fois excitant et inquiétant, comme le départ d`un chemin de grande randonnée, quand la montagne qui vous nargue de sa hauteur semble inaccessible. Dans ce cas là, j`évite de regarder le sommet ! Chaque pas quotidien suffit à mon bonheur.


Découvrez Le soleil sous la soie d`Eric Marchal aux éditions Anne Carrière.

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Citations et extraits (152) Voir plus Ajouter une citation
Soûle-toi de lecture, tu n'en seras jamais rassasié ni malade.
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Ce n’est pas un secret, je rentre dans la catégorie des acheteurs compulsifs de livres, ce qui fait que les raisons de la présence de tel ou tel ouvrage dans ma bibliothèque sont souvent aléatoires. C'est on ne peut plus vrai pour Le soleil sous la soie. Un petit tour sur le site web de la librairie d’occasion que je visite parfois (enfin, euh... régulièrement... bon d'accord, très souvent...), il est là. Je me souviens d’en avoir vaguement entendu parler, le prix est attractif, je clique, et il intègre ma PAL. Cette même PAL qui siège sur mes étagères (et qui a toujours la fâcheuse tendance à croître, croître, croître sans que je sache vraiment pourquoi, c'est un véritable mystère cette PAL, je vous le dis!) et dans laquelle je plonge régulièrement, juste pour le plaisir de laisser courir mes doigts sur les couvertures. Ils se sont arrêtés sur ce roman. Et je n’ai aucun regret…

Je suis partie en voyage avec Nicolas Déruet et l’ai accompagné sur les chemins de Nancy et jusqu'aux tranchées hongroises. Porté par une écriture très élégante, et aux accents de l’époque (qui m’ont déstabilisée pendant les premières pages pour finalement m’envelopper), ce roman m’a littéralement fait remonter le temps. Le XVIIIe siècle est sur le seuil de la porte, avec lui ses conflits, politiques d'abord –le duché de Lorraine et la France notamment-, sociaux ensuite –l’insertion dans le récit de l’intégration des Roms est d’une habilité déconcertante-, mais également professionnels. La médecine est divisée. Plutôt que de s’imbriquer comme les pièces d’un puzzle et ainsi se compléter, ses différentes branches s’affrontent dans une lutte parfois déloyale.

En plus de s'être livré à une remarquable reconstruction historique (les cas de médecine que rencontre Nicolas sont d'une précision incroyable), Eric Marchal a su créer une intrigue sans vrais temps morts, pimentée d’histoires d’amour et d’amitié qui sont autant de reflets de l'évolution de nos personnages. Marianne? Rosa? Finalement la question n'est pas là. Tout n'est qu'une question de moment. De qui on est. De qui on devient. De ce que l'on veut être. J'ai suivi avec passion le parcours de Nicolas, cet homme en prise avec son époque.

Je me suis surprise à tourner les pages, à lire attentivement les cas de médecine et je me suis immergée pleinement dans ce récit, peinant à sortir de mon apnée pour reprendre mon souffle. Cela faisait très longtemps qu’un roman historique ne m’avait pas captivée autant.

Et comme d’habitude, un lourd dilemme m’adresse un sourire narquois : je n’ai plus de romans dans cette veine dans ma PAL… Elle est encore trop petite…
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Depuis que je suis rentré dans cette guerre, j'ai plus dialogué avec les morts qu'avec les vivants, Nicolas. Des types, j'en ai ouvert des centaines et des centaines. Des Turcs aussi, qu'on essayait de sauver après les avoir grêlés de plomb, des mamelouks, des yayas, des spahis. Une fois passé la peau, on a tous la même couleur à l'intérieur. Rien ne change. Et je n'ai même pas rencontré âme qui vive dans une dépouille. Juste l'odeur de la mort. Cette odeur, elle est sur moi, elle ne me quitte plus. Et crois-moi, ce n'est pas le parfum de Dieu...Je doute mon ami, je doute d'une autre vie que celle qui nous anime ici. Et cela me fait parfois peur.
Nicolas posa ses instruments de chirurgie et s'assit à côté de lui.
- J'ai les mêmes doutes. Mais nous sommes les seuls à voir l'être humain pour ce qu'il est, à essayer de comprendre les mécanismes qui le constituent, comment la vie coule en lui. Le clergé se méfie de nous afin de protéger son Dieu, les médecins se méfient afin de protéger leur institution, tous tentent de nous contrôler de peur que nous percions les ultimes secrets de l'homme. C'est le prix de notre passion.
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Mon coeur ne vous est pas gagné pour toujours : il se gagne tous les jours.
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Tout le monde a besoin d'écrire aux autres, sans se déplacer, même pour les inviter à souper ; aujourd'hui, on ne fait plus une lieue à pied pour prendre des nouvelles de sa famille ou de ses voisins : on leur envoie un billet ! C'est cela le progrès et j'en fais partie, conclut-il, satisfait.
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- Avez-vous remarquez à quel point les opposants au trempage de la tartine ont une vision intégriste de la chose ? Ils ne supportent pas de voir quelqu’un le faire devant eux, cela les dégoûte. Mais de façon radicale. Ils ne cherchent pas à comprendre ceux qui agissent différemment d’eux, ni à se remettre en question. Ils les excluent, car la différence de comportement est pour eux une faute, une faiblesse. On observe la même chose avec la peau dans le lait chaud, les morceaux dans les yaourts, les queues des radis et, plus grave, les glaçons dans le Martini. Savez-vous quel est le nombre d’intégristes du Martini dans la population adulte ?
Raphaël trempa une nouvelle fois sa tartine avant de continuer :
- Cinq pour cent ! Cinq pour cent de gens qui ne supportent pas qu’on glisse un élément étranger dans leur verre d’alcool préféré sous prétexte que la dilution induirait une infamante dégradation de l’arôme original. (...)
Tout le monde restait interdit. Même Mathias ne savait pas quoi penser, Raphaël but une gorgée et poursuivit :
- Je vous le dis, mesdames et messieurs, l’intolérance commence là, le matin, dès le plus jeune âge, quand on impose à ses enfants l’interdiction de tremper son pain frais dans son lait bio. C’est pour cela que l’on observe des conflits partout dans le monde, que la violence est le mode de communication de l’être humain : c’est le syndrome de frustration du trempage qui conduit le monde à sa perte.
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D'Arpheuillette venait de redonner la parole à François. Celui-ci montra à tout le monde l'enveloppe contenant la lettre de Parmentier et l'ouvrit comme s'il venait de la recevoir. Il se tenait au centre de la mosaïque, face au public, et lut :
- [...] Je tiens en haute estime maître François Prost de Royer et son œuvre pour le bien de la communauté publique. Cet homme est la probité même. Je vous prie d'examiner avec le plus grand soin sa demande, qui n'est pas un manifeste contre une corporation. Rassurez-vous, messieurs les boulangers, faites-moi confiance, faites-lui confiance. Vous me connaissez et vous connaissez mes travaux pour l'amélioration du pain avec la farine de pomme-de-terre. Ensemble, nous voulons un aliment dont aucune disette ne puisse altérer la qualité et dont le plus grand nombre pourra avoir les faveurs. Ouvrez vos portes et acceptez qu'une saine concurrence permette de nourrir plus de bouches encore, que plus aucun enfant ne meure de faim l'hiver dans notre royaume. Faisons-le, faisons-le ensemble, et vous serez l'honneur même de votre profession, vous serez ceux qui, en ayant établi le prix le plus juste, pour vous, pour nous, pour tous, auront contribué à la grandeur de notre royaume, c'est-à-dire à votre propre grandeur.
Les mots de Parmentier à travers la voix chaude et vibrante de maître Prost, avaient réussi à captiver la salle, dont l'hostilité avait disparu. Pierre Brac comprit qu'il ne pourrait pas reprendre l'ascendant et ne demanda plus la parole. Tous les regards se tournèrent vers le juge d'Arpheuillette qui sembla surpris, avant de déclarer la fin des débats.
[...] Lorsqu'il entra pour se changer, le juge fut pris d'une impérieuse envie d'uriner et se soulagea dans le pot d'aisance.
- Monsieur le juge... dit une voix dans son dos.
- Votre Honneur, corrigea d'Arpheuillette, agacé par la présence de Pierre Brac qui l'avait suivi.
- Votre Honneur, permettez que je vous entretienne encore du sujet.
Le juge fit claquer le couvercle du pot.
- Il me semble que les débats sont clos, répliqua-t-il après une profonde inspiration.
L'avocat se plaça devant lui pour l'obliger à l'écouter.
- Considérez bien tous les aspects de cette situation. C'est un grand inconvénient que d'accoutumer le peuple à acheter le blé à trop bas prix, dit-il sur le ton de la confidence. Il se fait moins laborieux, il se nourrit de pain à peu de frais et devient paresseux et arrogant.
- J'ai déjà vu cet argument quelque part, grommela d'Arpheuillette tout en retirant sa perruque. Il n'est pas de vous. Dans un ouvrage de cet économiste... François Quesnay, n'est-ce pas ?
- J'ai adopté les idées de ce visionnaire, nous sommes nombreux ici à l'avoir fait. Voyez-vous, les ouvriers sont des gens insouciants et sans prévoyance. Ils mangent et ils dissipent à mesure qu'ils gagnent. Pourquoi leur donner plus ? Ils ne font pas d'épargne.
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Par les fenêtres illuminées, on pouvait distinguer les foyers équipés de l'électricité, à la lumière pâle et d'intensité constante, de ceux qui etaient éclairés à la bougie ou a l'âtre, aux teintes changeantes.
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- Que font-ils ?
- Ils parlent, ils parlent. Beaucoup !
- Mais de quoi ?
- De sa maladie : il a l'encyclopédie ! Il faut l'éviter, le médecin a dit qu'il n'y avait rien de plus dangereux ! Et l'imprimeur l'a attrapée aussi !
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«  Les pierres des façades exsudaient doucement la chaleur que la mégalopole britannique avait avalée depuis l’aube. »
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