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Critiques de Erling Jepsen (32)
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L'art de pleurer en choeur

Voici un auteur dont je ne connaissais même pas l'existence et que je ne connaîtrais pas si l'on ne m'avait pas offert ce livre et sa suite (Sincères condoléances) à Noël. Et je ne peux que remercier la personne en question car ce livre est un petit bijou. Mais modérons quand même ce propos car il s'agit d'un roman noir, extrêmement noir ! On découvre, à travers un petit narrateur de 11 ans, la vie quotidienne d'une petite ville danoise. Le père tient une épicerie et est confronté à la concurrence puisque Frisk a agrandi la sienne et en a quasiment fait un magasin dans lequel les gens peuvent se servir eux-mêmes. La famille doit donc subir les aléas financiers. Le père du narrateur fait également de belles oraisons funèbres, ce qui, en général, fait fructifier par la suite ses ventes. Jusque-là, le lecteur suit le cours de cette petite famille constituée des parents, du narrateur, de sa soeur, Sanne, et du grand frère qui ne vit plus à la maison, Asger. Pour des raisons qui échappent au garçonnet, ses parents se disputent à cause d'un discours du père. Celui-ci dort alors sur le canapé. Les enfants, qui l'adorent, ne veulent pas le laisser seul, pleurant dans son coin. Sanne le rejoint et se colle à lui, réflexe d'enfant... Mais pourquoi, lorsque son petit frère le lui demande à une autre reprise, ne veut-elle plus dormir avec son père ? Pourquoi se met-elle à trembler de tous ses membres ? Et pourquoi Asger, prévenu, frappe t-il son paternel ?



C'est à cet instant précis que le lecteur se prend une claque magistrale ! Toute cette pudeur, toute cette finesse lui avaient masqué l'essentiel, la noirceur qui se cachait derrière cette famille qui semblait sympathique au demeurant. Et c'est en ce sens que je dis que ce livre est vraiment une perle. Il dénonce ainsi ce mal qui s'insère dans certaines familles, que personne n'a remarqué mais qui brise à jamais, tant sur le plan physique que moral, d'innocents enfants qui ne seront plus jamais les mêmes.
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Sincères condoléances

Cet opus est la suite de L'Art de pleurer en chœur, petit chef-d'œuvre de cet auteur danois. On retrouve le narrateur, Allan, qui est devenu un homme. Il a désormais la quarantaine, est marié, père d'une petite fille. Il est écrivain. On le retrouve au moment où son père est mort. On apprend qu'ils s'étaient disputés. Allan n'a pas revu ses parents depuis quelques années. Il accepte cependant d'aller voir sa mère. On pouvait s'attendre à ce que la mort du père soit un soulagement. Pourtant, il n'en est rien. Si sa sœur, Sanne, et son frère aîné, Asger, semblent prendre les choses avec philosophie, Allan se met à enquêter sur le décès qui ne lui paraît pas normal.



Le premier roman était déjà noir. Celui-ci l'est, à mon sens, encore plus car il montre un être torturé. Allan se bat à la fois contre l'idée de la mort et contre ses vieux démons qui, soudain, jaillissent du placard sans crier gare. On nage en plein malaise. Là où, généralement, le trépas ressoude les familles, on se rend compte ici que c'est l'angoisse, la rage, la haine qui font office de fil conducteur. Le lecteur referme le livre sans plénitude aucune. Ce huis-clos est abouti. Je le répète, je ne connaissais pas du tout cet auteur mais je vais m'intéresser de plus près à ses romans.
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L'art de pleurer en choeur

Quelle étrange atmosphère dans laquelle nous plonge Erling Jepsen.

Comment parler de ce livre ?

Il y a des phrases, des remarques qui font sourire mais ce n'est pas un livre humoristique. Il y a des morts, voire des meurtres mais ce n'est ni un thriller ni un policier.

L'histoire est racontée par le prisme d'un enfant de 11 ans mais ce n'est pas un livre pour enfant. Alors, c'est quoi ? ben je ne sais pas trop. Est-ce que j'ai aimé ? Au début, je n'arrivais pas à me déterminer mais après avoir tout lu, oui je peux affirmer que j'ai beaucoup aimé.

J'ai été surprise de voir comment était traité le sujet de l'inceste et la mort, avec un semblant de légèreté et pourtant ce livre n'est pas léger, loin s'en faut. C'est un livre noir, voilà , j'ai trouvé c'est un livre noir !

L'originalité du livre est de montrer avec force et violence les troubles du père et bien sûr l'impact sur toute la famille.

L'horreur de ce qui se passe dans cette famille est d'autant plus criante qu'elle est narrée et vue par un gamin de 11 ans qui ne comprend pas tout consciemment et qui fait tout pour que son père " ce héros" ne soit pas triste. L'horreur côtoie la candeur. Cet enfant va même jusqu'à pousser tout à fait innocemment sa soeur dans le lit de leur père.

Comment se sortir de cette atmosphère, de ces relations malsaines, tordues où les repères sont distordus ? Fuir ou se réfugier dans la folie, y a t-il une autre issue ?

C'est un livre qui mériterait d'être analysé page par page.
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L'art de pleurer en choeur

Le narrateur est un jeune garçon de 11 ans vivant dans le Danemark rural de la fin des années 60.Il porte sur sa famille un regard affectueux et innocent, empreint de la naïveté propre à l'enfance,mais il ne saisit pas toujours les turpitudes des adultes.Ainsi, il ne comprend pas pour quelle raison sa soeur Shane est prise de tremblements à l'idée d'aller dormir avec son père...Ce qu'il veut lui, c'est que son père, épicier modeste, soit content ! Comme quand il fait pleurer les foules avec ses éloges funèbres lors des enterrements et que les gens affluent dans la boutique !

Très connues au Danemark, les oeuvres d'Erling Jepsen sont pour la première fois traduites en France et la découverte de ce roman est une très bonne surprise. Jouant avec les contrastes et les antagonismes, entre la naïveté de l'enfance et les turpitudes des adultes,entre innocence et perversité,l'auteur donne à la gravité du sujet une dimension loufoque,pleine d'une tendresse et d'un humour ravageurs. Drôlerie et dégoût, rires et crispations se succèdent en un ballet de sentiments contradictoires dans ce portrait de famille totalement irrésistible.

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L'art de pleurer en choeur

Qui connait la littérature danoise?

ah, je vois un doigt qui se lève.....Andersen, oui, Karen Blixen, et...????......

des auteurs de polars, mais on les confond avec les Suédois et les Islandais. Ah, et puis Kierkegaard, un philosophe.

Mais sinon il y en a plein, Jorn Riel, Peter Hoeg, Josefine Klougart, et Erline Jepsen, celui dont nous allons causer.

Son héros fait tout de suite penser au petit Marcel de la Gloire de mon Père, sauf que le Danemark, vous vous en doutez, n'est pas la Provence, avec ses cigales et sa marjolaine. Dans le Jutland des années 50, la vie est rude, le père a la main lourde, l'avenir est encore loin, et en attendant, il faut se protéger du malheur avec Tarzan et l'ange Gabriel au dessus de son lit.

Si vous avez vu Pelle le Conquérant, vous avez compris que les rapports familiaux au Danemark ne penchent pas vers une sensiblerie excessive.

Et pourtant, dans cette famille, on adore pleurnicher, en public ou en privé. On se noie dans des torrents de larmes, et il faut dire que dans cette histoire, il n'y a pas de quoi rire. Sauf que le narrateur n'a pas son pareil pour décrire les faits avec naïveté et un grand sens de ses responsabilités. Car quand tout va de travers, c'est à lui de sauver la situation. Le tragique devient alors cocasse et le sordide, burlesque. Un peu comme du Dickens.

Tout est grave, mais rien n'est désespéré!

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L'art de pleurer en choeur

J'ai beaucoup aimé "L'art de pleurer en chœur". L'auteur nous décrit la petite vie rurale, lisse en surface, mais pleine de désordres, d'un petit village danois dans les années soixante au travers du regard et du langage d'un enfant de 10 ans. La prise de point de vue est très réussie : on n'a aucune peine à entrer dans les fantasmes et la réalité vécue par notre jeune héros, entre ses affirmations sur la vie issues des phrases toute faites serinées par le Père et les raccourcis pris par les pensées d'un jeune enfant.

Erling Jepsen arrive sans peine à nous faire rire de situations horribles (comment faire mourir la riche tante ?) ou sordides, voire tout simplement drôle (cette histoire de lapins, quand même !!!!) et on se reprend à relire un même passage plusieurs fois pour vérifier, au-delà de la vision explicitée pas si candide que ça d'Allan, si l'on a bien compris ce que l'auteur sous-tendait derrière des propos plus ou moins anodins.

Critique des petites villes et de leur fonctionnement, de la famille "unie et heureuse", de la politique ou de la psychiatrie, l'auteur, avec beaucoup de talent, nous fait rire en frémissant (et inversement), tout en dénonçant le mythe de la naïveté de l'enfance au travers de son héros bien moins ange que démon !
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L'art de pleurer en choeur

Quellle curieuse ambiance dans ce drôle de roman!

Erling Jepsen parle d'une famille, apparemment " normale". C'est le plus jeune des enfants qui raconte: Son père est à la fois un homme attachant et violent, très pieux, souvent en conflit avec son épouse. La soeur du jeune garçon semble fragile, dans un besoin constant d'être "protégée" par son père. le grand frère a quitté la maison pour faire ses études. Quand il revient, les choses dégénèrent, il se montre violent avec son père, menace, et puis s'en va!

Le lecteur découvre petit à petit, à travers les propos du jeune narrateur , les véritables raisons du mal-être de la jeune fille.

C'est amer, cruel. J'ai lu le début du roman avec facilité, la deuxième partie est beaucoup plus déroutante, et m'a mise carrément très mal à l'aise.
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L'art de pleurer en choeur

Kunsten ad graede i kor

Traduction : Caroline Berg avec le soutien du Centre National du Livre



ISBN : 978253157663



ATTENTION : SPOILERS ! ;o)



Même lorsque j'ai songé à me procurer, en ce mois de novembre, un livre qui me ferait rire ou, à tout le moins sourire, j'ai choisi, sans le savoir et au seul vu d'une quatrième de couverture - celles-ci mentent pourtant si souvent que, depuis le temps, je devrais avoir appris à me méfier - un livre d'un noir absolu. Certes, le récit étant mené par un enfant de onze ans, dans le Danemark rural du début des années soixante, il nous arrive de sourire mais plus on avance et plus votre sourire entreprend de flirter carrément avec le rictus d'abord gêné, puis écoeuré, et pour terminer carrément indigné et plein de rage. Attention, cependant : le texte est d'une finesse remarquable et l'auteur sait très bien ce qu'il fait. Et il le fait avec un grand talent. Un talent qui pointe d'ailleurs de manière implacable les injustices de l'existence et aussi celles que contribuent à créer les convenances des bien-pensants, toujours si avides du paraître qu'ils y sacrifient l'être sans la moindre manifestation de remords. Car tous, oui, tous, à la fin, ils savent mais cela ne les empêche pas de considérer le père comme un victime et non comme le criminel qu'il est.



Le récit s'ouvre sur une famille danoise de petits commerçants. Le père est épicier et livre le lait. L'une de ses plus grandes fiertés est sa casquette de laitier. Son fils, le narrateur, adore visiblement ce père qui, comme il le dit, positivement extasié, "a le pouvoir des mots." Et, l'espace d'un chapitre, un chapitre et demi, le lecteur un tant soit peut distrait ne perçoit que cette adoration avant de saisir que, derrière elle et aussi la peur de "voir Papa malheureux", se dissimule une autre crainte, bien pire, celle de la violence familiale. Violence à l'égard de la mère, violence à l'égard des enfants, de cela, rien n'est vraiment dit. On comprend simplement qu'il faut laisser à Papa son équanimité. Sinon ...



Par exemple, pour éviter que "Papa soit malheureux" quand il se fâche avec maman, il faut que la grande soeur du narrateur, Sanne, quinze ans, accepte de descendre partager le canapé sur lequel son père s'est vu exilé. Et c'est son frère, qui n'a pas l'air de saisir toute l'horreur de la situation, qui va la supplier pour qu'elle s'y rende. Et il arrive ce qu'il doit arriver : toute la pression qui pèse sur l'adolescente aboutit en un premier temps à des prescriptions de pilules "calmantes" pour soigner ses tremblements nerveux et enfin à l'internement, accepté sans broncher par des parents soulagés - la mère est évidemment complice mais c'est une bien brave femme tout de même, vous savez ... .;o(



Il faut dire que Sanne s'est accusée d'avoir incendié la maison de sa grand-mère et d'avoir assassiné sa tante Didde, tout ça pour permettre à Papa d'avoir de beaux enterrements à honorer de ses discours. Pour parler sur les tombes, le laitier-épicier a un véritable don. Mais encore faut-il, pour avoir une tombe sur laquelle se répandre en sanglots et en beaux discours, que quelqu'un s'engage à aller l'occuper ...



Mais que ne ferait-on pas pour que "Papa ne soit pas malheureux" - et pour que, surtout, la vie à la maison soit vraiment vivable et presque normale, autant qu'elle le peut avec un tel chef de famille à sa tête ? Or Sanne pourrait tout gâcher - y compris l'élection de Papa au conseil municipal, parti des Libéraux - si elle se mettait à déblatérer ainsi en public. Et, avec une folle, sait-on jamais ? ...



Ca fait à peine trois cents pages, ça va son petit bonhomme de chemin tout doucement, tout rondement, ca vous ramène de force en arrière parce que vous vous dites que non, vous avez mal lu, il y a bien quelqu'un qui se rend compte de tout ça dans le village, ou alors le petit narrateur a un grain, lui aussi, comme son père, comme sa pauvre soeur, comme sa mère aussi d'ailleurs après tout - est-ce normal de détourner la tête pour une mère quand elle voit sa fille coucher avec son père ? - ça vous fait ouvrir parfois des yeux grands comme des soucoupes, ça vous sidère et ça vous scandalise, ça vous donne envie de vous cogner la tête contre les murs et ça vous met en rage, ça vous fait sourire et ricaner (mais jamais rire, enfin, je n'ai pas réussi ) et plus que tout, ça vous fait vous poser cette question : "Mais où Erling Jepsen a-t-il pris ces personnages ? Dans sa seule imagination ? ..."



Vous finissez par souhaiter d'ailleurs que ce soit seulement là, que ce type ait une imagination complètement tordue, que ce soit un grand-prêtre du Révulsif et de l'Humour si noir qu'il en devient ... on ne sait trop quoi mais quelque chose qui va au-delà du simple humour noir de bonne facture. Parce que, si Erling Jepsen a trouvé ses personnages dans son enfance personnelle, ce serait vraiment horrible. Un cauchemar merveilleusement transcendé, on ne peut le dénier. Mais un cauchemar tout de même. Atroce. Bien noir. Avec plein de monstres partout. Et des monstres que vous appelez "Papa" " et "Maman" - les pires.



Répétons-le, c'est très, très subtil et Jepsen a l'habileté suprême de donner au père certaines qualités. Jamais - et pourtant, j'en ai lu pas mal, croyez-moi - je n'ai lu de livre traitant de l'inceste sur un ton comparable à celui-ci. Lisez-le, relisez-le, faite-lui de la pub : "L'Art de Pleurer en Choeur" le mérite. Néanmoins, on peut redouter que les lecteurs non concernés directement par les sujets traités - inceste et violence familiale, père de famille irresponsable qui cache bien son jeu et qui sera toujours "LA" Victime et non le Bourreau, ce qu'il est en réalité au plus profond de lui-même - n'y voient qu'une histoire loufoque et plus ou moins malsaine. Les autres comprendront tout de suite et iront jusqu'au bout, fascinés par cette descente aux Enfers de deux enfants. La soeur finit en foyer d'accueil et le garçon, lui ... Le garçon n'a-t-il pas, lui aussi, sombré dans la folie ? Pourra-t-il avoir une vie normale ? Réussira-t-il à admettre que son "Papa qui ne devait pas être malheureux" n'était qu'un monstre et que sa mère, même si elle savait très bien faire réciter les prières du soir, ne valait guère mieux ?



"L'Art de Pleurer en Choeur", du Danois Erling Jepsen : un livre unique, un livre rare parce que la manière d'aborder les thèmes choisis, le portrait des personnages, la façon de placer les petites phrases là où il ne le faudrait pas ou, au contraire, d'"oublier" de les placer, sortent vraiment de l'ordinaire. Un merveilleux tour de passe-passe né cependant de l'horreur au quotidien et une question qui demeure, lancinante et irrésolue, inspirée par un passage, très court, que l'on se rappelle quand tout est fini, un passage où le fils et le père sont seuls dans la voiture familiale et où l'auteur a bel et bien l'air de suggérer que le père, pour se sentir "heureux", va demander à son fils de onze ans de lui faire une petite fellation. Âmes sensibles et bisounoursistes acharnés s'abstenir bien sûr parce que, comme le dit notre petit héros, "quand Papa ne va pas bien, c'est toute la maison qui trinque." ;o)



NB : je viens de découvrir qu'il existe une "suite" à ce livre, intitulée "Sincères Condoléances." Je vous tiens au courant car je vais le lire, vous vous en doutez. ;o)
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L'art de pleurer en choeur

Fin des années 60, dans le sud du Jütland, une région rurale du Danemark, le narrateur de ce livre est un jeune garçon de 11 ans Allan qui nous raconte avec naïveté et candeur sa vie quotidienne au sein de sa famille. Son père et sa mère tiennent une épicerie qui se trouve confrontée à la concurrence des premières grandes surfaces. Le père est parfois dépressif, il cherche la reconnaissance et fait tout pour devenir un notable dans le village. Son comportement avec ses enfants est assez dérageant. La mère est assez en retrait, elle est pieuse et elle laisse faire son mari. La sœur Sanne âgée de quatorze ans est un peu rebelle, le frère aîné Azger est absent de la maison, il est parti faire des études à Copenhague.

[...]

Ce livre est une belle et originale découverte !

Il existe une suite à ce roman avec « Sincères condoléances », qu'à l'occasion je serai curieuse de découvrir.
Lien : http://aproposdelivres.canal..
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L'art de pleurer en choeur

Nous sommes au Danemark. Le narrateur, un garçon de onze ans, est fier de son père un petit épicier qui a du mal à gagner de l'argent avec son commerce d'épicier. Mais le père a le pouvoir des mots, lors des enterrements, il fait des oraisons qui font pleurer les gens et permettent de compléter ses revenus. Après ça, le garçon l'a remarqué, le père va mieux. Et quand il va mieux, toute la famille va bien... Même si ça n'est pas forcément le cas !

L'ambiance de ce livre n'est pas très joyeuse mais en se mettant dans la tête d'un garçon de onze qui raconte et interprète les choses à sa manière, l'histoire de cette famille en pleine détresse en devient presque comique. S'il n'y avait pas ce drame qui s'y déroule... Un livre touchant par bien des façons.

Un roman que je recommande ! Pour ma part, je lirai bien la suite Sincères condoléances...

P.S. : J'aime beaucoup l'image de la couverture du livre de poche, elle reflète tout à fait "l'esprit" du livre...

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Sincères condoléances

Dans ce roman, on retrouve Allan le narrateur de « L’art de pleurer en chœur » à l’époque, il était âgé de onze ans. Aujourd’hui, il est adulte marié à Charlotte et papa d’une petite Frida. Il est devenu auteur de pièces de théâtre, ses écrits mettent en scène la vie de son enfance au grand damne de ses parents. Son père enrage que son fils étale ainsi au grand public son comportement de père violent, incestueux et suicidaire, par lettre il lui demande de ne plus venir les voir. C’est ainsi que pendant neuf ans Allan et sa sœur Sanne ne revoient plus leurs parents. Seul l’aîné Asger est resté près du nid familial. Jusqu’au jour où Allan apprend le décès de son père par une nièce. Il décide avec sa sœur d’envoyer des fleurs et une carte de « sincères condoléances » à sa mère. Très désireuse de renouer des liens avec ses enfants, la veuve lui téléphone et lui demande de venir la voir. Les retrouvailles vont permettre aux uns et aux autres d’éclaircir nombre de points d’ombre de leur vie. Les circonstances du décès du père sont floues, la mère et le frère aîné cachent des choses, des doutes s’insinuent sur le rôle qu’ils ont joué dans la mort du père. Au cours de son séjour, Allan va découvrir sa mère sous un autre angle, elle se révèle bien plus venimeuse que celle qu’il a connu dans son enfance ! Le décès du père est l’occasion pour tous de mettre leurs différents à plat, ce qui donne des situations tendues, absurdes, cocasses. La prouesse de l’auteur est de laisser le lecteur constamment dans le doute, l’ambiance est burlesque, parfois on ne sait pas trop si l’on doit rire ou pleurer, culpabiliser ou se réjouir. C’est diaboliquement subtil, il y a une scène dans un cimetière absolument désopilante. C’est un roman inattendu qui ne pourra pas plaire à tout le monde car l’auteur ose le comique dans des situations tragiques. Chaque famille a ses histoires un peu loufoques, mais il est vrai que celle-ci est particulièrement gratinée !
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L'art de pleurer en choeur

Nous sommes à la fin des années 60 dans une région reculée du Danemark. Notre petit narrateur, âgé de 11 ans, est très fier d'avoir pour père un épicier qui vend et encaisse à longueur de journée. Malheureusement la période n'est pas propice au commerce, toute la famille est dans le rouge et notre héros voit donc son père cravacher pour gagner son pain. Survient la mort accidentelle d'une écolière et, dans le village où tout le monde se connait, il est de bon ton de participer à tous les événements de la vie locale. Ainsi le père prononce l'oraison funèbre de la fillette et... c'est le succès !

Il faut dire que le cher Papa est terriblement éloquent lorsqu'il emploie ces bons mots qui font pleurer. Le gamin (jamais nommé) n'est pas dupe et comprend illico presto qu'il y a une ficelle à tirer de ce genre d'intervention.

Car oui, de cause en conséquence, l'épicerie ne désemplit pas depuis l'oraison si magistrale.

Le fils souhaite donc ardemment que son père refasse son apparition dans une église. Peu importe que la personne décédée soit une vague connaissance, il est nécessaire de "tirer profit" des deuils récents.

Alors notre garçonnet, qui a de la suite dans les idées, cherche les potentiels futurs morts et dresse des listes, fait des pronostics et pense être à l'origine des meurtres en chaîne dans son entourage.

Il faut dire qu'il est louche le gamin, qu'il sait discerner les situations qui l'arrangent ou qui peuvent arranger les siens, mais qu'il ferme les yeux sur des choses bien plus importantes. Car j'ai évoqué la petite relation père/fils mais je n'ai pas évoqué la mère qui semble s'effacer dans le huis clos familial. Quant à la sœur, Sanne, elle tourne peu à peu à la folie. Son frère est d'ailleurs en colère lorsqu'elle ne descend pas rejoindre leur père le soir dans le canapé commun en bas. On sent bien qu'on est loin de la famille unie pour qui tout roule. Il y a une sorte de coalition entre hommes et les femmes sont soit absentes, soit consentantes.

Quelle drôle d'ambiance que celle décrite dans ce livre-là ! Car le ton léger et innocent du gamin contraste énormément avec toute la gravité des faits. Et on se surprend à comprendre parfois les réflexions de l'enfant, à sourire avec lui de toute cette noirceur qu'il dépeint sans le savoir...



Un livre tout à fait surprenant et somme tout très, très plaisant ! Il est dépaysant et plein d'humour noir, à moins que ce ne soit une réalité qui dans la bouche d'un adulte lambda aurait, en temps normal, tout pour déplaire.
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Sincères condoléances

Cela faisait déjà un petit moment que j'avais fini "L'art de pleurer en chœur" et dans ma tête trottait l'idée de lire la suite intitulée "Sincères condoléances". Récit qui parait bien authentiquement autobiographique, comme le premier, Erling Jepsen nous emmène dans le sud du Jütland, au Danemark, où réside une partie de sa famille.



Allan est un écrivain à succès qui, à la quarantaine passée, a un vide dans sa vie. En effet, depuis 9 ans, il n'a pas revu ses parents, s'étant brouillé avec son père. Au début du roman, il apprend la mort du paternel et décide d'envoyer un message aux endeuillés : sa mère, son frère aîné (Asger). C'est donc en deux petits mots, à la fois simples et solennels, qu'il fait part de sa compassion (sincère ou simple prétexte?). C'est le début d'une relation que se renoue entre une famille qui avait complètement éclatée avec les années. D'un côté il y avait les parents et l'énigmatique Asger, de l'autre il y a avait Allan et sa sœur abusée, Sanne. C'est d'ailleurs après avoir dénoncé les faits dans son roman (L'art de pleurer en chœur), qu'Allan s'était attiré les foudres de son père qui ne lui avait, dès lors, jamais plus adressé la parole.



Reprise d'une relation dite harmonieuse entre ceux qui restent, autour du défunt père qui a laissé une ombre planer chez les siens. C'est qu'il en imposait le papa ! Maintenant qu'il n'est plus là, la fratrie est plus détendue, les projets fleurissent. Déjà, c'est une première, Allan retourne séjourner dans la demeure familiale, laissant femme et enfant derrière lui. De là naissent les soupçons sur ce qui aurait pu sembler être une délivrance : comment le père est-il mort? Comment se fait-il que la mère soit si peu larmoyante? La mort est-elle vraiment naturelle? Allan se met donc en quête d'une vérité dans une investigation minutieuse où il interroge famille et personnel hospitalier. Effectivement les éléments concordent dans le sens d'un événement fâcheux où le père aurait été victime. De qui? D'une machination?



J'ai une fois de plus dévoré ce second volet d'un héritage familial décidément lourd à porter. Les personnages sont tout autant névrosés que dans le premier : la mère vénale, le fils aîné influençable, la fille complètement dévastée par les abus subis dans l'enfance. Elle n'est pas nette cette famille et c'est tous les travers qu'on suit avec délectation. D'une part on compatit aux interrogations d'Allan qui sont tout à fait fondées, d'autre part, on assiste à la "résurrection" de la mère, heureuse de retrouver ses enfants mais aussi, étrangement, très empressée de déménager.



La plume d'Erling Jepsen est toujours aussi tonitruante et triomphante. On sourit à quelques répliques bien senties, à sa liberté de ton qui nous décontenance autant qu'elle nous enchante. C'est que les liens qui unissent chacun paraissent bien complexes. Il est tout à fait certain qu'une famille comme celle-là, il vaut mieux ne la voir que dans des romans.



A recommander, une fois de plus !
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Sincères condoléances

Allan a coupé tous liens avec sa famille depuis des années. A tel point que ses parents ne connaissent ni sa femme ni sa fille. Et c’est le décès de son père qui lui donne l’occasion de rendre visite à sa mère. Sa sœur Sanne, fragile psychologiquement, est également du voyage. Au fil des pages, on découvre ce qu’a été leur enfance. Alors que leur mère devrait être triste, elle semble vivre son veuvage avec beaucoup de sérénité, voire même de soulagement. Le père était-il un tyran comme le croit Allan ? Une victime ? Comment est-il mort ? Pour découvrir la vérité, il va voir les soignants de l’hôpital. Livre très sombre lu à un moment donné où j’avais plutôt besoin de légèreté et de douceur.
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L'art de pleurer en choeur

Avec, L'art de pleurer en chœur, Erling Jepsen nous entraîne dans le territoire du " rire jaune ", celui que l'on utilise pour cacher une colère ou une souffrance. La vie d'une bourgade rurale danoise, avec la religion et la politique omniprésentes, dans les années 1960 est vue par les yeux d'un enfant de onze ans qui constate que l'activité de l'épicerie familiale progresse après chaque enterrement, car son père a le talent de faire pleurer en chœur l'assistance à travers les oraisons funèbres qu'il prononce. Avec sa sœur, ils imaginent d'augmenter le nombre de décès pour rétablir la joie à la maison, ou règne un climat pesant, lié à un lourd secret. Tout d'abord, le lecteur sourit, aux paroles anodines, puis à l'idée saugrenue de provoquer des décès, ainsi qu'aux passions de l'enfant qui associe Tarzan et l'archange Gabriel, pour en faire " Monsieur Tabriel ", dont il fait son dieu et qui lui dicte ses actes. Progressivement, le rire s'efface pour laisser place à la stupeur, lorsque l'on découvre la souffrance de Sanne, la fille, victime de l'inceste, une mère, qui feint d'ignorer et se réfugie à la cave, un fils ainé, qui a frappé son père lorsqu'il a compris, puis a quitté la maison, pour ne pas avoir à dénoncer et l'enfant narrateur qui sait que ce n'est pas normal que sa sœur dorme avec son père sur la canapé, mais est tenaillé entre son l'amour pour elle et celui pour son père et fait ce qu'il peut pour sauver tout son monde. Le choix de raconter cette histoire avec les paroles d'un enfant, permet à Erling Jepsen de faire une peinture caustique de la société danoise, et de traiter d'un sujet tabou sans tomber dans le pathétique.
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Sincères condoléances

Med Venlig Deltagelse

Traduction : Caroline Berg, avec le soutien du Centre National du Livre





ISBN : 9782253163039



ATTENTION ! SPOILERS ;o)



Dans "L'Art de Pleurer En Choeur", on pouvait s'autoriser quelques menus sourires parce que le récit était mené par un narrateur de onze ans. Mais, dans "Sincères Condoléances", le petit Allan a trente-quatre ans de plus, est lui-même marié et père de famille et, détail qui a son importance, le récit est écrit à la troisième personne. Sans oublier que, cette fois-ci, nous pouvons puiser à foison dans l'esprit (enfin ce que lui en sert) de Margarethe, la "mère", désormais veuve de son époux, ce cher laitier, qu'elle laissait dans sa jeunesse tambouriner des heures à la porte de sa chambre avant de l'expédier sur un certain canapé rouge où finissait toujours par le rejoindre leur fille, la petite Sanne.



C'est d'ailleurs le décès de celui-ci qui remet en contact Allan avec sa "famille." En effet, devenu écrivain, Allan avait eu l'idée d'écrire sur son enfance. Et dame, comme toujours dans les cas d'enfance de ce genre, ça devient vite obsessionnel. Obsessionnel pour l'écrivain mais passionnant pour le lecteur. Les ponts ont donc été rompus et jamais, selon cette chère et si sincère Margarethe, le père ne fut aussi content que le jour où il put lire une critique qui comparait l'oeuvre de son fils à de l'urine de chat. Celle-là, il la conserva, paraît-il, dans ses papiers.



Un point important dans ce livre est la mise-en-garde traditionnelle de l'auteur : avec soin et prudence, il affirme ne s'être en rien inspiré de sa propre famille. Le croira qui veut, bien sûr. Quoi qu'il en soit, on retrouve bien, dans "Sincères Condoléances", mais à un niveau encore plus glauque, tous les doutes, toutes les interrogations, et le malaise immense qui tourmentent le lecteur de "L'Art de Pleurer En Choeur." C'est que nous sommes carrément passés dans le monde des adultes. Plus de regard "enfantin" pour nous protéger un peu - si peu mais tout de même, cela fonctionnait. Dans "Sincères Condoléances", ce sont des adultes qui règlent leurs comptes entre eux au nom d'une enfance massacrée.



Il y a Allan, bien sûr, asthmatique et bourré de haine jusqu'à la garde, mais si facile au fond à culpabiliser maintenant que le père est mort. En somme, si le laitier a été si malheureux durant toute la fin de sa vie, c'est Allan le responsable, Allan et ses écrits évidemment mensongers et qui ont tourné en ridicule et transformé en monstre un homme qui fut le meilleur des père.



Il y a Sanne ensuite, bourrée pour sa part de médicaments jusqu'à ne plus savoir très bien combien elle en prend, mais qui a survécu. Sans mari, sans amant, sans enfant, certes : mais elle a survécu et elle vit très bien, Sanne, entre ses longues, très longues siestes médicamenteuses, ses internements ponctuels et ses sorties avec des types ramassés dans les bars. Sanne qui a capitulé, qui s'est résignée : le père est mort, pourquoi continuer à parler de tout cela ? (Et puis, si ça se trouve, c'est vrai ce que raconte parfois sa "mère" : c'était elle, Sanne, qui le provoquait en se promenant à demi nue devant lui.)



Il y a Asger, le fils aîné, dont, dans le premier volume, on espérait encore quelque chose. Mais il s'est marié et, le confort moral appelant le confort moral, il s'est résigné, lui aussi. Il a choisi de ne plus songer aux menaces de lancer une enquête de police qu'il avait un jour jetées à la tête de son père au sujet de l'inceste avec Sanne et à la raclée magistrale qu'il avait ce jour-là assené au "vieux". Il veut bien, lui aussi, culpabiliser son petit frère qui a trop bavardé : il aurait mieux fait de se taire - ou plutôt de n'écrire aucune ligne.



Et puis, il y a Margarethe, la "mère", quatre-vingts ans maintenant et un dentier redoutable. A part ça, elle a toujours sa silhouette fine et elle fait du vélo. Depuis le temps que son mari était tombé malade (thrombose sur thrombose), elle avait pris et repris de l'assurance. A Allan qui lui demande comment elle a pu tolérer pour Sanne, elle répond froidement que, de toutes façons, "il fallait bien qu'elle dorme." C'est glaçant, c'est terrible et cela fera grincer les dents de celles, de ceux qui ont déjà entendu cela dans la bouche de leur propre mère. Mais ça sonne si vrai ...



Et puis, il y a Svend, l'amoureux de Margarethe. Un petit nouveau, si l'on veut, qui a "aidé" Margarethe pendant toute la fin de vie du laitier. Lui aussi a détourné les yeux ... sur les sévices qu'infligeait une Margarethe désormais toute puissante à un homme qui se mourait et qui n'était plus, enfin, lui aussi, qu'un objet.



Et puis ...



Et puis, je m'arrête là. Je vous laisse la joie grinçante et le malaise indicible de découvrir cette suite de "L'Art de Pleurer en Choeur." Vous ne sourirez pas un seul instant (sauf au fond de vous-même, peut-être), vous ne rirez pas plus (sauf au fond de vous-même mais c'est que, vraiment, chez vous, le fond est très mauvais ;o) ) mais vous vous direz que, assurément, l'auteur n'a pas pu pêcher ses modèles dans sa seule imagination. Ces gens-là, le laitier et son épouse, sont bien comme ça. Il y en a des millions de par le vaste monde, des monstres qui se dissimulent derrière la parentalité pour traiter en objets, sexuels ou pas mais en objets, toujours, ceux qu'ils nomment, avec une onctuosité qui ferait honte à un ecclésiastique, leurs "chers enfants" avant de, avec les années et les révoltes desdits enfants, les traiter de menteurs, de malfaisants, de coupables surtout (oh ! le beau mot, pour ces "parents"-là, pourvu qu'on ne le leur applique pas à eux qui, bien sûr, sont des parangons de vertu), d'ingrats, etc, etc, etc ...



Quelques petites questions encore et, promis, je vous laisse : à votre avis, cette égocentriste outrée de Margarethe, qui a manipulé tant de gens et qui est bien partie pour continuer, a-t-elle, oui ou non, "aidé" son non moins narcissique époux à gagner un monde meilleur ? ... Si oui, a-t-elle eu ou non des complices et les a-t-elle manipulés ? ... La morale sera-t-elle respectée, surtout et les vrais coupables punis ? ...



En tous cas,



1) si vous aimez l'humour très, très noir,



2) si vous n'êtes ni de la race des Asger, ni de celle des Sanne,



3) bref, si vous êtes plutôt de celle des Allan,



vous adorerez ces deux livres d'Erling Jepsen.



En particulier, si vous avez connu, dans votre famille (ou chez votre voisin, par ailleurs si sympathique) l'équivalent du laitier et / ou de son épouse. Bref, comme l'a si bien chanté Pierre Perret mais dans un tout autre contexte : "Merci, Papa ! Merci, Maman !" ;o)

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Sincères condoléances

un livre qui aborde avec humour un sujet difficile (et que l'auteur a semble-t-il déjà abordé dans son premier roman du point de vue du même Allan, alors âgé de onze ans, dans L'Art de pleurer en chœur). Ce n'est pas que le comportement du père qui est dénoncé, mais aussi celui de la mère qui, pour ne pas voir ce qui se passait sur le canapé du salon entre son mari et sa fille, s'enfermait dans sa chambre. Ou celui de celle-ci lorsqu'elle se venge sur son mari, vieillissant, en le maltraitant (on hésite quand même, dans la scène de la douche où elle le lave brutalement puis l'abandonne pour qu'il remonte seul l'escalier de la cave où est la douche, à compatir, le père ayant tout fait pour avoir besoin de ce sérieux lavage). Les conséquences des écrits à succès d'Allan, qui ont détourné les voisins du laitier... Et la position ambivallente d'Allan, il hait son père, mais est choqué quand il découvre à l'hôpital qu'il a été hospitalisé de multiples fois et sans doute victime de maltraitance. Merci aux bibliothécaires d'avoir acheté ce livre et de l'avoir mis en valeur, ce qui m'a permis de le découvrir à mon tour... et de partager cette lecture avec vous!
Lien : http://vdujardin.over-blog.c..
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L'art de pleurer en choeur

J'ai beaucoup aimé ce roman danois presque burlesque écrit par un romancier et dramaturge largement connu dans son pays. Le récit est écrit à la 1ère personne par Allan, un garçon de 11 ans qui nous raconte avec candeur et désinvolture des épisodes de sa vie quotidienne au sein de sa famille.



Le mot "dérangeant" a été exprimé dans plusieurs des critiques faites sur ce roman et il faut avouer que le décalage entre les révélations naïves que nous fait le jeune narrateur et ce que nous décodons avec notre regard d'adulte instaure une tension souvent dramatique autour de sujets graves.

En effet, c'est au travers de différents épisodes contés par Allan que nous apprenons à connaître sa famille et l'on se rend assez vite compte que l'on évolue au cœur d'une famille complètement dysfonctionnelle. Allan met tellement d'énergie à préserver l'harmonie et le fonctionnement de sa famille qu'il en est touchant bien qu'il contribue directement à maintenir voire à encourager les névroses de ses parents.

C'est un petit garçon qui se sent responsable du bonheur des siens et qui s'évertue à les satisfaire en tout point avec une touchante naïveté et avec une authenticité irrésistible.

C'est aussi le portrait d'une époque, d'une société rurale plutôt fruste dans la fin des années soixante.



Ce roman est une excellente découverte!

Erling Jepsen lui a donné une suite dans "Sincères condoléances" (Allan est devenu adulte) que j'ai hâte de découvrir!

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Sincères condoléances

Ce livre n'est réellement intéressant que si on a lu et apprécié «L'art de pleurer en choeur». J'étais impatiente de le découvrir. Je voulais savoir l'après de ces enfances brisées. Surtout que dans le premier livre, Allan ne souffre pas vraiment. Ce n'est pas lui le plus à plaindre. Son père et lui partagent encore une certaine complicité, et le garçonnet d'alors ne voit pas vraiment le mal commis autour de lui. Ce roman raconte que par la suite, lui aussi pâtit de la tyrannie du père.



L'ouvrage explore différentes façons de réagir à un événement à la fois attendu et redouté. La mère (Margret) veut oublier le père. Quant à Sanne, on dirait que l'événement la fait revivre, la libère, même si ensuite, elle a d'autres crises. Allan gratte les blessures, cherche des explications, veut aller au fond du problème. L'auteur décrit bien les sentiments de chacun. Pour moi, Allan est celui qui réagit le plus sainement. C'est pour lui une espèce de catharsis. Il sait qu'il doit en passer par là avant de pouvoir espérer avancer plus sereinement.

Cependant, sa relation à son père restera ambiguë, ce qui est normal. C'est résumé par l'attitude qu'à Allan vis-à-vis de la casquette du défunt. Tour à tour désirée (au point de provoquer une dispute, et de faire faire un acte extrême à l'un des personnages), chérie, puis dédaignée, elle représente cette relation étrange qu'Allan n'a jamais pu vraiment rompre, mais qui au fil du temps, ne lui a apporté que chagrin.

[...]

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L'art de pleurer en choeur

Le narrateur est un garçon de 11 ans qui vit dans une petite bourgade du Danemark dans les années 60. Il raconte son quotidien en apparence fort banal, mais qui au fur et à mesure du récit révèle une ambiance bien malsaine dont il n'a pas conscience car il aime son père un être dépressif, pervers et avide de prestige social. C'est un roman psychologique dérangeant, on est à la fois dégoûté et fasciné par l'innocence de cet enfant. L'auteur a l'art de nous mettre mal à l'aise tout en démontrant ce que l'on est capable d'endurer pour l'amour de ses parents. Mais ça laisse un sentiment étrange !!!
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