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3.36/5 (sur 11 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : VRAIGNES (Somme) , le 12/06/1838
Mort(e) à : CHAMPIGNY SUR MARNE , le 18/11/1911
Biographie :

Ami de Victor Hugo, cet agent des ponts et chaussées fut auteur de poésies, dont les plus curieuses sont d’une modernité qui annonce Laforgue et Henry Levet. de romans et de pièces de théâtre.


Source : Wikipédia
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Bibliographie de Ernest d` Hervilly   (11)Voir plus

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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
"Rien ne creuse l'estomac comme la mer, de quelque manière qu'on la goûte."
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- Alors, lieutenant, demanda un des passagers en plaisantant, il n'y avait pas un chat à bord ?
- Pardon, fit le lieutenant, pardon, cher monsieur, et c'est ce qu'il y a de plus fort : il y en avait un.
- Un chat ? Pas possible !
- Oui, un chat, messieurs ; CHAT, chat.
- En chair et en os ?
- Oh ! plutôt en os qu'en chair, la pauvre petite bête !
- Et comment l'avez-vous découvert ?
- Le malheureux, à moitié mort, s'était traîné sur le toit de la dunette, et, en nous voyant arriver, il s'est mis à miauler à fendre l'âme.
- Et qu'avez-vous fait ?
- Mais ce que vous auriez fait à ma place : je l'ai pris et amarré dans le canot, et je l'ai offert tout à l'heure au lieutenant Coquillard, qui se plaint toujours des rats. Pour le moment, il mange et il boit de façon à effrayer le chat de Gargantua lui-même, s'il vivait encore, messieurs !
- Nous l'avons appelé Tom, ajouta le lieutenant.
- Et c'est ainsi, à ce que fit remarquer quelqu'un, qui était très fort en
mythologie, qu'un chat, qui aurait pu être fort maltraité par la déesse de la mer, fut sauvé par le dieu des ondes, son mari, et échappa à la colère d'Amphitrite, grâce à la bonté de Neptune.
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Ernest d' Hervilly
LE ZÈBRE

Le zèbre pétulant aux ruades bizarres
Me fait l'effet d'un âne ôté vivant d'un gril
Quand le fer l'eut marqué d'ineffaçables barres
Et qui se souviendrait de ce cuisant péril.

Il a des soubresauts d'être fuyant la flamme
Et des hennissements étranges de brûlé.
Les bons anciens croyaient et de toute leur âme
Qu'on ne le domptait pas. Quel beau rêve envolé !

Le zèbre - un oublié de la faune héraldique -,
Le zèbre n'est pas plus indomptable que vous
Et moi. Sous le harnais il blanchit, tout l'indique.

Tout l'indique à présent que devenu très doux
S'acclimatant au plus rafraîchissant usage,
Le zèbre attelé traîne... un tonneau d'arrosage.
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Ernest d' Hervilly
À CAYENNE


Midi. Pas d’ombre. Un ciel d’acier, pulvérulent.
La terre, brique sombre, au soleil se fendille.
Par moments, une odeur lointaine de vanille
Flotte, exquise, dans l’air immobile et brûlant.

Là-bas, longeant la mer huileuse qui scintille,
S’alignent les maisons aux murs bas peints en blanc,
En rose, en lilas tendre, en vert pâle, en jonquille,
De la Ville, où chacun sommeille pantelant.

Sur la plage, qu’un fou traverse à lourds coups d’aile,
Seul , et nu comme un ver, flâne un négrillon grêle,
Au gros ventre orné d’un nombril proéminent ;

Ouvrant sa lèvre rouge où la dent étincelle,
Heureux comme un poisson qui nage, il va, traînant
Un crapaud gigantesque au bout d’une lîcelle.
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Puérilités


Ô polkas ! — Je devins son esclave ordinaire
Un soir de « sauterie ». « Amo, dis-je, ergo sum ! »
Depuis lors, en l’honneur de cette pensionnaire,
Tu fus fleuri de vers, Gradus-ad-Parnassum !

Une étoile daignait sourire au ver de terre !...
Deux nattes frétillaient, châtaines, sur son dos.
Un bonbon, une fleur, donnés avec mystère,
Étaient pour nos cœurs neufs les plus tendres cadeaux.

Tandis qu’elle écorchait, avec foi, les sonates
De quelque malheureux pianiste européen,
Je baisais du regard ses lèvres incarnates ;

Et, parfois me baissant, — bonheur élyséen !
J’effleurais le ruban pommadé de ses nattes
De ma bouche d’imberbe et maigre lycéen.
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— Anatole est furieux. Pour tout de bon il est furieux. Le grand Anatole, vous le connaissez bien ? Anatole de la rue Fontaine ! l’Anatole à Nana ! Mais vous ne connaissez que lui. Un grand jeune homme avec des cheveux roux et une poitrine bombée comme une cuirasse ! Anatole Jubeau, celui qui a exposé l’année dernière un tableau si drôle : le Diable dans un bénitier ! Anatole enfin !

— Connais pas du tout.

— C’est singulier. — Eh bien ! le grand Anatole est furieux. Il devait envoyer au Salon une Vénus ; et d’après les discours de Banet, son rapin, que je viens de rencontrer avec des larmes grosses comme des poires sous les yeux, il est furieux ; il ne peut pas achever sa Vénus.

— Pas possible !

— C’est comme cela. Il est furieux. Banet est renvoyé. Il ne sait plus où coucher.

— Pauvre Banet, il est donc coupable ?

— Coupable ? Oui et non. C’est comme l’utilité des corsets. Il n’a pas fait exactement son devoir, voilà tout. Mais, entre nous, il n’y a pas de sa faute. Que voulez-vous qu’il fit ? Quand une femme a quelque chose en tête, bien fort est l’homme qui la détournera de son dessein.

— Mais quelle est donc cette histoire ?

— Ah ! voilà. Jubeau, je veux dire Anatole, avait trouvé l’année dernière après le Salon, une fille superbe, un modèle à tout casser. Parfaite. Elle posait l’ensemble depuis peu de temps. Anatole, je veux dire Jubeau, la rencontra dans un atelier, chez Hangot. Vous connaissez Hangot ? Hangot de la place Pigale ! Celui qui vit avec Titine. Hangot ! vous ne connaissez que cela. Un petit, avec une barbe noire, pas de cheveux et des mains comme un bossu qui aurait confié sa bosse à Mme Delpech (de Montauban). Vous ne vous rappelez pas Hangot, toujours souriant, toujours content ?

— Connais pas.
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Ernest d' Hervilly
Le Phoque


Lorsque j’étais petit, aux baraques des fêtes,
Bouche ouverte, j’allais admirer le boa.
Et la femme sauvage enlevée à Goa,
Le veau polycéphale et le singe poète.

Mais j’adorais surtout le Phoque, étrange bête
Qu’un faux Anglais montrait en vous disant : moa !...
Avec l’accent des bords de la Bidassoa.
Un phoque, c’est un chien dans un sac, hors la tête.

Hier je crus le voir, là-bas, au boulevard.
« Il pince, me dit-on, du théorbe avec art ».
J’entrai. — Las, mes amis, ce n’était plus le même.

C’était bien son grand œil à la tendresse extrême,
Et sa moustache longue en héros de roman,
Mais il ne disait plus ni papa ni maman.
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XXIV.
LES SYRINGAS.


En écrivant ces vers où mon âme soupire,
O mon doux compagnon de joie et de douleur,
Un parfum pénétrant des syringas en fleur
S'exhale lentement dans l'air que je respire;

Et je pense à ce soir, complètement heureux,
Où ma main caressait ta petite main blanche,
A ce soir tiède et pur d'un ravissant dimanche,
Où nous marchions gaîment par des sentiers pierreux.

Cœurs tranquilles et francs que la rude souffrance
Avait longtemps broyés entre ses doigts de fer,
Nous allions, comme deux échappés de l'enfer,
Au sein d'un paradis ouvert par l'Espérance :

Ton bras se suspendait à mon bras. — Oh ! cher soir !
Et moi je me baissais jusqu'à ta lèvre fraîche,
Comme dans Bethléem la Vierge sur la crèche ;
Et nos baisers d'amour chantaient sous le ciel noir !

Enfant, rappelons-nous toujours ce pur dimanche
Où nous fûmes heureux, complètement heureux ;
Souvenons-nous toujours de ces chemins pierreux
Où ma main caressait ta petite main blanche ;

O mon doux compagnon de joie et de douleur,
Quel que soit le foyer qui nous chauffe en décembre,
Ce souvenir fera s'exhaler dans la chambre
Le parfum pénétrant des syringas en fleur.

p.61-62
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C’était à bord du steamer Neptune.

Nous avions le cap sur le Havre, venant de New-York.

Un jour, au coucher du soleil, nous nous trouvions alors à 200 milles de la côte française (le mille marin, mes enfants, vaut 1,852 mètres ; calculez), le matelot en vigie signala :

— Navire à tribord !

À ce cri, tout le monde regarda par-dessus les bastingages, à la droite du Neptune.

À l’œil nu, il était difficile de rien distinguer sur l’immense surface circulaire, très houleuse, au centre de laquelle nous nous trouvions.

Mais, avec les lunettes, on voyait effectivement à tribord, c’est-à-dire sur notre droite, une masse sombre que les plus inexpérimentés des passagers, parmi lesquels je me hâte de me compter, n’auraient sans doute pas hésité à reconnaître du premier coup pour un bâtiment en détresse, tout comme le faisaient les plus petits mousses du Neptune, si cette lointaine masse noirâtre, qui semblait à chaque instant s’enfoncer pour jamais dans la mer, avait eu seulement un pauvre petit mât.

Mais il n’avait ni petit ni grand mât, le navire annoncé à tribord !

Il n’avait plus que des tronçons brisés qu’apercevaient seuls les yeux experts des marins.

Et c’était l’épave errante et déserte d’un brick désemparé que son équipage avait abandonné à son triste sort, à la suite de quelque tempête, cinq ou six jours auparavant.

Nous apprîmes cela, deux heures après la découverte du vaisseau perdu, de la bouche même d’un officier du Neptune que notre commandant, bien que sans grand espoir, avait aussitôt envoyé, avec un canot armé de tout ce qui est nécessaire en pareille expédition, pour s’assurer de l’état du bâtiment inconnu et pour recueillir les malheureux qu’il pouvait peut-être contenir encore.

— Alors, lieutenant, demanda un des passagers en plaisantant, il n’y avait pas un chat à bord ?

— Pardon, fit le lieutenant, pardon, cher monsieur, et c’est ce qu’il y a de plus fort : il y en avait un.

— Un chat ? Pas possible !

— Oui, un chat, messieurs ; CHAT, chat.

— En chair et en os ?

— Oh ! plutôt en os qu’en chair, la pauvre petite bête !

— Et comment l’avez-vous découvert ?

— Le malheureux, à moitié mort, s’était traîné sur le toit de la dunette, et, en nous voyant arriver, il s’est mis à miauler à fendre l’âme.

— Et qu’avez-vous fait ?
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Ce que c’est que de nous ! Je devrais commencer par la pomme. C’est évident. Tout m’en fait un devoir. L’ancienneté de sa race d’abord, qui précéda de longtemps la race moins savoureuse des magistrats. En effet, quelques personnes se rappellent encore, sans doute, le rôle que joua une pomme, il y a de cela fort longtemps, dans un singulier fait divers qui eut pour théâtre le premier Jardin d’acclimatation connu. Dans l’endroit boisé en question, une pomme calville, peut-être, mise en coloris par un serpent sans délicatesse, fut gagnée et mangée par une jeune dame préhistorique mariée depuis peu à un homme qui dormait toujours. Chose singulière, entre parenthèse, cette pomme croquée, dont une descendante, en tombant quelques siècles plus tard, fit concevoir à un géomètre anglais le système de la gravitation universelle, n’inspira cette fois au Jardinier en chef du Paradis qu’une violente colère qui se traduisit par la mise à la porte du mari somnolent et de son épouse trop éveillée. Etrange et évidente supériorité du créateur sur la créature.

Donc, la pomme date de loin, de beaucoup plus loin que les magistrats (à moins qu’on ne fasse de Jéhovah un premier juge), et c’est par la pomme que je devrais commencer mon ouvrage. Mais non ! C’est par le magistrat, inamovible d’ailleurs, que j’entamerai mon récit.

Il faut toujours prendre le taureau par les cornes, c’est le proverbe qui le dit, bien qu’il soit tout aussi incommode et tout aussi dangereux de le prendre par la queue. Mais passons.

Je prends donc mon magistrat par la tête.

Figurez-vous une tête de grenouille… méridionale, je veux dire pourvue d’un teint basané, posée sans précaution sur un petit, très-petit corps humain, vêtu de noir correctement.
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