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Critiques de Ernest Hemingway (1185)
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Paris est une fête

De quoi sont faits nos souvenirs

ET

qui s’en soucie ?





“Paris est une fête” n’est pas un roman à thèse. C’est un livre qui se prétend autobiographique et qui décrit ces années, juste après la première guerre mondiale, que Hemingway avait passé à Paris. L’auteur ne nie pas avoir largement retravaillé la réalité.



Il s’agit d’une collection de vignettes décrivant des conversations, des séances d’écriture au café, des repas parfois mémorables, toujours très arrosés, des vacances prises en Suisse ou à la Côte d’Azur,avec sa femme et leur bébé : le cheminement qui mène le journaliste-écrivain à abandonner le journalisme et sa précarité toute relative pour tenter l’aventure de l’écriture, connaître une franche misère, mais, peu à peu, se construire une certaine aisance. Nous sommes encore loin des parties de pêche en haute mer et des safaris en Afrique !



Paris, même s’il n’est pas un personnage au sens balzacien du terme, est toujours présent à l'arrière-plan: le Luxembourg, le boulevard Saint-Michel, l’église St. Etienne-du-Mont, voir la librairie Shakespeare & Company ou la Brasserie Lipp. Paris, qui change, virevolte, tournoie, surprend mais reste toujours elle-même. Quelle meilleure scène pour cet homme curieux de la vie, affamé d’expériences, mais surtout obsédé d’écriture ? Il y croise bon nombre d’auteurs, de peintres et de rédacteurs, observant chacun, parlant avec tous, se protégeant derrière un humour sec comme le gin le plus pur. Souvent, il les juge, en mettant quelques balles dans le mille.



Hemingway lui-même se montre en homme calme, quoique colérique, sûr de son talent, de sa force, des succès à obtenir, de son couple même. Rien ne peut le dévier de sa trajectoire : “ tu as écrit, tu écriras encore… “ se dit-il quand l’inspiration vient à manquer.



L’auteur écrit ces lignes à l’autre extrémité de sa vie. “Paris est une Fête” montre déjà un Hemingway passablement alcoolisé. Dans les dernières vignettes, on descend un ou deux verres de rhum le matin, en travaillant, puis le déjeuner est précédé d’un ou deux apéritifs , arrosé d’une ou deux carafes de vin par personne, vous prendrez bien un petit digestif, l’après -midi on se promène, on rencontre des amis, on passe au café, un petit whisky par ci, un cognac par la, et puis il y a le repas du soir et d’éventuelles sorties. Dans la mesure où les finances le permettent. Les finances, justement, vont de mieux en mieux. Quand Hemingway écrit “Paris”, plus de trente années plus tard, c’est un homme à la santé chancelante. Un homme qui souffre, aussi, d’une dépression sévère. A tel point qu’on lui a prescrit des électrochocs. Vers cette fin des années cinquante, c’est une thérapie qui efface progressivement la mémoire à long terme, et qui aplanit les émotions. Exactement ce dont vit un écrivain.Ainsi est-ce l’Hemingway du crépuscule qui nous conte les aurores de sa vie d’auteur, telles qu’il veut s’en souvenir. Un testament ? Non, sans doute une série de contes plus ou moins véridiques, comme le sont nos souvenirs du bon vieux temps.













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L'Adieu aux armes

Splendide. C'est la manière dont c'est écrit qui m'interpelle. Le personnage principal raconte et pourtant le rendu est froid, comme s'il assistait sans participer. Une étrange impression. Pendant la première guerre mondiale, cet américain, ambulancier dans l'armée italienne, rencontre une infirmière, écossaise. Cette impression étrange d'irréalité était d'autant plus renforcée que je trouvais cette soignante tellement lisse, comme détachée de la réalité, avec un vocabulaire mielleux, rond, tout en surface. J'ai beaucoup apprécié ce roman car Hemingway ne m'emmenait pas où il aurait été facile de m'embarquer. La surprise était d'autant plus intense, et je m'enfonçais dans leur bulle à eux, un couple hors du temps, deux âmes égarées.

"J'avais fait une paix séparée" moi aussi, parce que "le monde brise les individus" "mais ceux qui ne veulent pas se laisser briser, alors, ceux-là, le monde les tue."
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Paris est une fête

Paris est une fête, est un hymne à la vie, à l’amitié, à la création et un magnifique hommage rendu à Paris.

Le dernier film de Woody Allen « Midnight in Paris » m’avait amenée à relire cet excellent auteur qu’est Ernest Hemingway. Ici il s’agit d’une œuvre mineure, mais qui laisse éclater tout le talent de son auteur.

Ici il évoque son premier séjour à Paris dans les années 20, en compagnie de sa première femme Hadley.



Un séjour difficile financièrement, pauvre en revenus mais ô combien riche en joie de vivre, en découvertes, en amitié.

Nous voyageons à travers le temps pour découvrir la vie nocturne dans le Paris des « années folles », les causeries à la Closerie des Lilas, la trépidante Gertrude Stein et son cercle brillant, des écrivains connus comme Ezra Pound, James Joyce et Scott Fitzgerald, moins connus comme le poète irlandais Ernest Walsh.



Son amitié avec Scott Fitzgerald est une amitié rare qui mêle envie, admiration et franchise.

Les personnages féminins ne sont pas laissés de côté et le portrait de Gertrude Stein et de Zelda Fitzgerald sont particulièrement vivants et attachants. Deux dames au caractère bien trempé, issues de milieux très différents, sudiste pour Zelda, juif new-yorkais pour Gertrude Stein.

Un livre divertissant qui nous fait voyager à travers le temps en bonne, en très bonne compagnie.

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Le vieil homme et la mer

LE VIEIL

HOMME

ET LA

MER



Hemingway

Ernest

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Une voile gonflée voguant sur l'océan éternel ; bon vent, vieil homme, et grâce à lui, l'éternité océane...





L'on a déjà tout dit sur ce livre et même trop, trop doctes à mon humble avis. Alors que le vieil homme est là et las dans ses pensées, pour sûr il rêve...



Quand ai-je pensé en le lisant à ce reportage sur la vie du scarabée poussant au plus loin de ses forces une boule de sable mélangée à son mucus ? Pour lui, je me rappelle, c'était vital. Cette boule énorme et le scarabée sans relâche de continuer. La tâche était immense, au point remarquable que les anciens Egyptiens vénéraient des amulettes de scarabée d'or. "Dors petit scarabée !", lui disais-je le voyant épuisé. Mais il ne m'entendait pas...





Le livre, lui, reposait depuis des années dans une bibliothèque, chez mes parents. Celle d'en haut, c'est dire. C'est là qu'après tant et tant d'années j'ai fini par le pêcher. Pas que je n'avais tenté, très jeune, jeune, moins jeune. Combien de fois m'en suis-je approché ? Jusqu'à mettre la main dessus, caresser sa couverture avec la mer en photo dans cette version le livre de poche ; le titre en jaune, cinglant au vent. Du vieil homme, point de trace. Occasions manquées, encore, mais je revenais encore. Peut-être son papier jauni me poussait-il vers d'autres rivages ? Des livres plus récents où j'échouai. Obstinément je repassais cependant, faisais coulisser la glace et me disais : "un jour, un jour sûrement !" Et ce jour là est arrivé, dès que je l'ai ouvert je sus que les conditions étaient bonnes, plein d'espoirs je l'attrapai. Je sentais le moment enfin venu.





"Petit livre que l'on promène partout. Où donc ont-ils pu t'emporter ?" Ah ces pages rugueuses, brûlées par le soleil, crissantes comme le sable, elles ont dû en voir. Ces pages maintenant couleurs vieil or, devenues un écrin pour le texte. Elles souffrent quand je les tourne, par manque de souplesse. Sur certaines des taches de son, ô vieillesse ennemie ; je prends grand soin de ne pas les froisser. Sur certaines l'encre est jetée, d'autres semblent vouloir s'effacer discrètement. Mais malgré leur grand âge, elles se tiennent, aucune ne part à la dérive. Alors je continue jours après jours.





Dans la lecture il y a et il n'y a pas de hasard ; des choses doivent se faire, des rencontres, ou elles ne se feront jamais. Or donc me voilà dans mon cinéma de quartier d'art et essai, parti dans la vague intention de voir The square, je me laissai porter par mon intuition et optai en fin de compte pour L'échappée belle (dont je préfère le titre anglais The leisure seeker) de Paolo Virzi. Oui je me laisse emporter au loin, mais je connais le coin et dans cette traversée tout soudain : "Il était une fois un vieil homme, tout seul dans son bateau, qui pêchait au milieu du Gulf-Stream. En quatre-vingt-quatre jours, il n'avait pas pris un poisson. Les quarante premiers jours, un jeune garçon l'accompagna; mais au bout de ce temps..." c'est Donald Sutherland qui récitait à une serveuse. Oh ses yeux quand il récite et ses yeux à elle ; moi sans surprise j'ai reconnu, il faut dire que je n'avais lu que le tout début. Et puis quand la mémoire du vieux professeur flancha, c'est la serveuse qui enchaîna : "Dans la cabane, là-bas, tout en haut, le vieux s'était endormi. Il gisait toujours sur le ventre. Le gamin, assis à côté de lui, le regardait dormir. Le vieux rêvait de lions." Quelle ellipse ! Et leur plaisir à l'écran... beau à voir.





L'on dit que les ardennais sont têtus, j'en suis, il n'y a pas qu'eux assurément.



"Mais souvent, je me souvenais de ce crabe que j'avais vu avant de partir. Il s'était retrouvé dans un petit trou de sable trop grand pour lui. Sans cesse il montait et, au moment de parvenir à la surface, retombait sur le dos. Il passait énormément de temps à se retourner puis, inlassablement, attaquait la pente de sable [...] Je compris à quel point l'essentiel n'était pas l'objectif mais la persévérance dans le chemin qui y mène."

Moussa Ag Assarid





Du vieil homme je ne vous dévoilerai ici ni son nom, ni son prénom, ne voulant pas comme un de ces grands requins lui arracher tout ce qui lui reste : sa part de mystère. Mais vous, du gamin, vous en pensez quoi ?
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L'Adieu aux armes

Nous voilà avec ce magnifique roman d’Ernest Hemingway, prix Nobel de littérature s’il est nécessaire de le rappeler. C’est un roman partiellement autobiographique qui se déroule pendant la première guerre mondiale et dans laquelle Hemingway s’est réellement engagé sous la bannière de l’armée Italienne, alors que les Américains ne sont pas encore entrés en guerre.



Comme à son habitude le rythme est calme et doux même si le sujet est la guerre, et on parle également comme souvent avec Hemingway des femmes et de l’amour... on suit ici notre soldat qui tombe amoureux d’une infirmière qui deviendra suite à sa blessure au combat son infirmière particulière ainsi que sa passion amoureuse. Les affres de la guerre sont sans aucune influence sur cet homme jeune et amoureux, on y ressent cette immortalité apparente propre à la jeunesse et que l’on retrouve aussi chez Romain Gary dans la promesse de l’aube.



C’est un très beau roman dans un style littéraire extrêmement classique où le lyrisme prime sur l’action.



(A noter l’ahurissante quantité de nourriture et surtout d’alcool ingérés par les protagonistes!)
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Le vieil homme et la mer

L’anecdote même dont est issu ce livre – l’aventure héroïque d’un vieux pêcheur cubain- a été donnée à Ernest Hemingway via une chronique locale. Il s’agissait de la lutte d’un vieil homme avec un gros poisson.

Pêche au gros, au cours de laquelle le pêcheur doit traquer le poisson et attaquer au bon moment. Se bagarrer avec l’animal (pouvant peser près de 500 kg) et qui n’est pas de tout repos car sa puissance est étonnante sous l’eau. Un véritable combat se déroule alors : le pêcheur mouline, tire, se cambre, se redresse et remouline encore et encore. Si le poisson est robuste, cela peut durer plusieurs heures.



Mais, dans Le vieil homme et la mer (1936) et au-delà de ce simple fait divers et d’un savoir technique, Ernest Hemingway nous livre bien plus qu’une lutte « ordinaire » contre un gros poisson.

Il nous raconte l’histoire d’un vieux pêcheur, Santiago, qui, seul sur son bateau, partit capturer un espadon fabuleux au milieu du Gulf-Stream.

En 130 pages, il nous donne à lire un récit à la fois mythique, épique et lyrique, écologique, philosophique et mystique.



Dans la dimension MYTHIQUE, il est question de lutte, d’affrontement entre l’homme et les forces de la nature, peuplée de monstres marins.

Pendant longtemps les profondeurs sous-marines sont restées une énigme pour l’homme. Ce monde vaste et inconnu, donc terrifiant, a fait naître d’innombrables récits peuplés de créatures étranges et menaçantes, sorties tout droit de l’imaginaire collectif.



La dimension EPIQUE ET LYRIQUE transforme ce récit en un véritable poème de la mer et de l’aventure humaine : une Odyssée de trois jours dans un espace infini, beau, puissant, riche en espèces animales et végétales mais potentiellement dangereux, où l’homme et la nature sont sublimés.



La dimension ECOLOGIQUE dans laquelle Ernest Hemingway nous propose une image idéale du pêcheur alliant les nécessités alimentaires, la connaissance profonde du milieu naturel et le respect de ses équilibres, la reconnaissance de l’interdépendance des êtres vivants et des éléments. D’où la nécessité pour l’homme d’avoir une attitude responsable dans son quotidien, à l’égard de son univers de vie.



La dimension PHILOSOPHIQUE où il est question de la lutte d’un homme contre la nature, contre son corps vieillissant, contre sa condition, contre lui-même.

Seul dans sa barque, au milieu de la mer immense, Santiago nous confie ce qu’il perçoit, ressent, pense ; mais aussi ce qu’il devine grâce à son sens de l’observation et son expérience ; et enfin, ce qu’il voit en imagination quête, défaite et victoire. Il affirme ainsi, à la fois, son humanité profonde, pétrie de faiblesse, et son héroïsme.



La dimension MYSTIQUE fait jour lors de l’attaque des requins. Le pêcheur affirme son sentiment de fraternité avec l’espadon car il a le sentiment de partager un sort commun : « Je regrette bien d’être allé si loin poisson. Ca nous a perdu tous les deux ». Faut-il en conclure à la défaite. Non car il déclare courageusement : « Un homme, ça peut être détruit, mais pas vaincu ». Leçon ultime empreinte d’acceptation de soi, de sérénité et de sagesse.



Au final, un récit bref mais dense, d’une résonnance universelle et intemporelle.

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Paris est une fête





Hemingway est choqué quand Gertrude Stein lui jette à la face, en parlant de façon générale : « Vous êtes une génération perdue. Vous avez fait la guerre, vous ne respectez rien, vous vous tuez à boire. »

Génération perdue, moi, médite-t-il, oui, j’ai fait la guerre, et alors ? et je la respecte, d’ailleurs elle vit avec une autre femme, alors, c’est réglé et puis je bois trop, moi, MOI , et il s’arrête à la Closerie pour boire une bière.



Paris, alors qu’il n’a pas d’argent, sauf quand il réussit à vendre un conte ou un essai, lui offre une vie facile, du vin, blanc de préférence, vraiment beaucoup de vin, la bibliothèque de prêts gratuits de « Shakespeare and Cie » de Sylvia Beach, un peu de boxe avec Ezra Pound, des champs de course de chevaux, où il joue, il perd et il gagne.

Il est jeune, il est libre, sa femme Hadley est une adorable femme toujours contente, parfois ils n’ont rien à manger, c’est bon signe, c’est instructif et pousse au travail, incite à économiser pour pouvoir aller en Espagne, parfois il lui ment en disant qu’il sort de table, et, quand l’argent arrive, alors, ce sont les gueuletons qu’il décrit avec gourmandise.



Ce que Paris offre, en plus du muscadet, des huitres, des fritures de goujons et des escargots, en plus du bonheur de vivre qui s’expose à chaque page, c’est que c’est l’endroit, dit-il, le plus propice à l’écriture.

« Découvrir tout ce monde nouveau d’écrivains ( Tolstoi, Stendhal), et avoir du temps pour lire, dans une ville comme Paris où l’on pouvait bien vivre et bien travailler, même si l’on était pauvre, c’était comme si l’on vous avait fait don d’un trésor ».

Attendre de relire le lendemain pour savoir si le travail a été bon.

Oublier le récit une fois fini, et avant la relecture du lendemain.

Se promener en essayant d’observer le monde alentour, prendre des idées, travailler et travailler encore.

Chaque jour où il ne peut pas écrire, en particulier dans sa relation avec Scott Fitzgerald, est un jour perdu. Car Scott, éperdu d’amour pour Zelda, ne prend pas conscience qu’elle est jalouse de son succès - il est arrivé à Paris en 1924 avec la gloire d’avoir écrit « Gatsby le magnifique »-et qu’elle le pousse à boire pour qu’il arrête d’écrire.

« Scott n’écrivit plus rien jusqu’au moment où il sut qu’elle était folle ». dit Hemingway.

Qui boit, mais ne se laisse pas séduire par les jeux mondains, la perdition dans l’alcool de cette génération perdue,( à ce moment de sa vie) de ces années folles, ni la perversion d’une Zelda, qui détruit Scott en lui disant qu’il ne pourrait jamais rendre une femme heureuse.

C’est une question de taille, ajoute-t-elle méchamment.

La taille, pour Ernest, n’est apparemment pas un problème, et son aptitude à jouir ( de la vie, de la ville, de son écriture) non plus.



Il a déjà reçu le prix Nobel en 1954 lorsqu’il remet au propre, dans sa villa de San Francisco de Paula à Cuba 30 ans après, ses notes oubliées en 1928 dans une malle Vuitton à l’hôtel Ritz, où il nous conte ses premières années magiques à Paris, sa liberté dans les rues, ses rencontres avec d’autre écrivain( exit Scott : lorsqu’on lui demande de parler de lui il parle de Karen Blixen, dont il aurait voulu qu’elle ait le prix Nobel à sa place) la vie avec sa gentille femme Hadley, leur bébé qui ne pleure jamais et qu’un chat vient surveiller et prendre dans ses bras de chat encore mieux qu’une baby-sitter, et l’écriture, toujours.

Dernières pages encore plus touchantes, l’aveu de sa liaison avec Pauline, la meilleure amie de Hadley, le chagrin de celle-ci et le sien : « Je souhaitai être mort avant d’avoir aimé une autre qu’elle », pourtant il est pris par la vie, l’amour, l’autre femme qui l’a séduit.

Paris avec la deuxième femme ne sera plus jamais le même, puisque il a changé.



LC Thématique septembre : Etat des lieux

Challenge Nobel

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Le vieil homme et la mer

Un livre lu à l’adolescence et qui m’a marqué - lors de mon inscription à Babelio, je l’ai intégré d’office à ma sélection de livres pour une île déserte.

Plusieurs décennies plus tard, je viens de le relire et le charme opère toujours !



J’aime la ténacité et le courage de ce vieil homme ainsi la dignité qu’il garde alors que son combat titanesque ne débouche sur aucun avantage.

J. ’ai aimé la connivence entre le pécheur et le jeune, ils ont une vraie complicité



Et quelle économie de moyens dans ce court récit, on ne connaît quasi rien de la vie du gamin, très peu du vieux ; les dialogues sont vrais, et malgré cette simplicité, la tension reste palpable jusqu’à la fin



Un superbe récit épique !

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Pour qui sonne le glas

Ernest Hemingway ? Pour qui sonne le glas ?

Que dire sur ce grand auteur de la littérature américaine ? Que dire sur ce roman "Pour qui sonne le glas " ? Je dirai tout d' abord merveilleux !

Ernest Hemingway est à la fois écrivain ,journaliste et correspondant de guerre .

Le roman publié à la fin des années 1930 , est salué aussitôt par un succès populaire .Ce livre reflète les convictions politiques de l' auteur .Hemingway est en adéquation avec ses convictions car pour lui l' artiste doit s' engager dans le monde .Et justement son roman ,"Pour qui sonne le glas ? "est un message dans ce sens .

Ce roman raconte en quelque sorte deux histoires :

1/ Il y a l' histoire de la guerre civile espagnole entre les républicains et les hommes du général fasciste Franco .

2/ Il y aussi une histoire d' amour très belle et émouvante , où les deux

amants se sont rencontrés en quelques sortes grâce à cette guerre et se

quitteront à cause de cette guerre car le jeune homme, Roberto ,va être tué.

- Roberto ( Robert Jordan ) est le héros .Il s' agit d' un jeune américain idéaliste .

-Maria est une femme jeune et belle . Elle amoureuse de Robert Jordan

-Pablo est un gitan . C' est un excellent chef de guérilla , loyal à la république .

Je n' ai cité que quelques protagonistes car il en y a d' autres .

Robert Jordan est un spécialiste des explosifs , il a été envoyé dans un maquis de la région de Ségovie . Il est chargé de faire sauter un pont pour

empêcher qu' il y ait du renfort qui puisse passer . Il y perdra la vie .Cette

histoire se passe pendant la guerre civile espagnole .

N.B : Reste que je me suis intéressé au titre " Pour qui sonne le glas ".Ce

dernier a été emprunté par l' auteur à John Donne , le théologien anglais

qui , du haut de sa chaire , prononçait il y a trois siècles :"nul homme n'est

une île en soi . Nous faisons tous partie d' un continent et chaque fois que

tu entends sonner le glas , ne demande pas pour qui il sonne , il sonne pour toi ".

( Source : Wikipédia ) .

Ce roman est triste par ce qu'il y a une très belle histoire d' amour qui cache l' horreur de la guerre , mais à la fin du récit , le jeune héros meurt

et l' on ressent vraiment la tristesse que doit éprouver Maria .

C' est grâce à ce roman que Hemingway a obtenu le prix Nobel de littérature le 28 octobre 1954 .

L' audience et l' impact du roman se sont accrus lors qu' il fut adapté au

cinéma : Ingrid Bergman et Gary Cooper étaient dans les premiers rôles .

Les livres d ' Ernest Hemingway sont considérés comme des classiques de la littérature américaine .Pres qu' une

dizaine de romans ont été adaptés au cinéma .







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En avoir ou pas

L'homme qui ne voulait rien regretter

OU

les émotions fortes et l'alcool, c'est fait pour ça.



Henry Morgan était le nom d'un des plus féroces “frères de la côte”, corsaire,amiral de sa très gracieuse majesté britannique, et gouverneur de la Jamaïque ! Pas mal, hein ? Harry Morgan… est sa version contemporaine. La version HLM. C'est que la vie manque de brio, de piment, d'audace, pour ceux de la génération perdue, dont Hemingway.



Pourtant Harry a, lui aussi, un bateau. Une grosse chaloupe motorisée. Il l'a d'abord utilisée pour transporter du rhum de Cuba jusqu'en Floride, car nous sommes aux temps de la prohibition. Réinvestissant une part des profits, il l'a équipée de matériel pour la pêche sportive. Ainsi, il emmène des clients fortunés pêcher le marlin ou l'espadon. L'un de ceux-ci, maladroit et malhonnête, démolit le matériel et disparaît sans laisser un sou. Harry n'a pas de quoi réequiper son bateau et reprend le trafic d'alcool. La prohibition touchant à sa fin, les affaires ne sont plus ce qu'elles étaient, et il doit accepter des courses plus dangereuses, dont il ignore les aspects les plus sombres. C'est ainsi que les vies, somme toute bourgeoises, d'Harry et de sa femme Marie vont connaître le drame …



Des connaisseurs d'Hemingway affirment que sa vie a été marquée par une enfance malheureuse. Partagé entre une mère dominante qui voulait voir en lui une fille, et un père qui l'emmenait vivre de longues vacances dans la nature, Hemingway semble avoir détesté la première, et opté pour le second. Une fascination pour la nature, la solitude, la mort, se serait développée sur ces bases. La mort donnée par le chasseur ou le matador, et aussi la mort que le suicidaire se donne à lui-même, sont des thèmes récurrents. S'y ajoutent ceux de la génération perdue des vétérans de la première guerre mondiale ( si Hemingway n'a pas participé aux combats il a néanmoins été blessé près du front): des hommes désabusés, aliénés de la société et de toutes ses normes, souvent alcooliques, toujours bagarreurs. Ces ingrédients se retrouvent dans le personnage public qu'a construit l'auteur : écrivain flamboyant, buvant sec, chasseur, boxeur, passionné de corrida, collectionnant maisons, bateaux et femmes. Bien sur, Hemingway vit ce personnage public, et recycle des éléments autobiographiques dans ses personnages littéraires, tels Harry Morgan. La vente de ses livres finance le vécu dans la réalité… Autant dire que l'homme et son oeuvre sont difficiles à démêler.



Le style est celui qu'on lui connaît : sobre, dépouillé, presque télégraphique. Pourtant, les milliers de pages de brouillons contenues dans les musées qui lui sont voués attestent du souci maniaque que Hemingway avait de son écriture. Et il y a les stéréotypes, racistes et sexistes, qui sont poussés au point où l'on a envie d'en rire. le mythe du Grand Chasseur Blanc, sa femme s'accrochant à ses genoux, les africains et les asiatiques apportant leurs offrandes au porteur de civilisation. On se demande comment il a pu être du côté des républicains en Espagne et des Alliés pendant la seconde guerre mondiale. Mais il l'a été.



Un homme tourmenté, compliqué, vivant une histoire à la fois publique et privée, dont il jette quelques reflets dans ses livres, livres qui financent le style de vie qu'il s'est choisi ? Jusqu'à se rendre compte, comme Harry, que “ l'homme seul est foutu d'avance” ? Et se tirer un coup de fusil à 61 ans, miné, usé, à bout. Pour certains, un héros tragique ?











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Le Soleil se lève aussi

On savait déjà que Paris est une fête. Mais tenez-vous bien, Hemingway is back pour rajouter que le soleil se lève aussi ……. À Pampelune, si señor !



C'est une lecture euphorique où une profusion de mots fait exploser les images, l'écriture est saturée et parfois un peu dense.

Hemingway nous donne à voir en long et en large cette belle génération perdue, qui navigue en trompant l'ennui dans l'ivresse de la fête.

On fait des tournées de bars de Paris et entre deux vapeurs alcoolisées, on découvre les personnages avec toujours un peu de flou sur les bords.



Du charme de la vie parisienne aux corridas à Pampelune, on suit cette sorte de fuite en avant pleine d'amertume et de désillusions, qui fout un peu le cafard, soyons francs !



Derrière les allures grandiloquentes et guignolesques de ce roman, Hemingway nous laisse deviner la brièveté de nos vies et la fragilité de nos belles années assassinées par le temps.



Entre deux beuveries l'auteur américain glisse des notions de confiance et introduit cette vérité accablante qui consiste à comprendre qu'on a beau trouver refuge dans les paradis artificiels, on ne pourra jamais échapper à soi-même.





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Pour qui sonne le glas

Avec Pour qui sonne le Glas, Hemingway nous plonge dans la Guerre d'Espagne, un conflit qu'il connait bien pour y avoir participé. le roman est largement composé de dialogues permettant d'en apprendre sur les personnages, ils ‘sonnent ‘ comme s'ils avaient été écrits en espagnol puis traduits par Hemingway en anglais. Ils nous en disent beaucoup, même parfois de manière implicite, sur les différents protagonistes. Entre les dialogues, des pauses en prose relèvent le plus souvent du descriptif dans un style relevant du journalisme. le tout nous offre un ensemble très dense avec une histoire qui s'étire lentement.



Nous suivons durant trois jours la vie d'un groupe de révolutionnaires rejoint par un Américain spécialiste en explosifs. Ce laps de temps est le reflet d'une guerre prise dans son ensemble. Nous touchons du doigt ce que sont la guerilla, la survie dans les montagnes, le pouvoir, le sens du sacrifice, la peur face au danger et à la mort, la trahison, l'exécution sommaire sans jugement. L'auteur nous offre de très belles lignes, décrivant la découverte d'un amour qui ne pourra pas survivre à la guerre.



La lecture de ce roman m'a très souvent ramenée aux images du film Il était une fois la Révolution, par Sergio Leone, qui nous raconte un autre conflit. Mais les choses sont-elles si différentes ? Ce combattant étranger au pays qui voit tous les espoirs placés dans la révolution s'évaporer, nous offre une philosophie sans appel. Mèche courte.





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Le vieil homme et la mer

"Now is no time to think of what you do not have. Think of what you can do with what there is."



Je le relis de temps en temps. Par plaisir...



"Le vieil homme et la mer" est une vague sur l'océan calme, une plume d'oiseau tombée du haut, une dune de sable qui glisse doucement dans le désert aride.

"Le vieil homme et la mer" est un rêve, volatile et insaisissable, comme la vague, la plume ou la dune...

Une lettre d'adieu d'Hemingway, devenue immortelle avant sa mort.



Cette courte nouvelle est un manuel d'humanité, une philosophie de la relation homme-nature, mais aussi un diamant qui résiste au temps qui passe, et qui creuse les entailles dans nos coeurs de glace, qui en polit les bords et lisse les surfaces, pour, peut-être, les transformer aussi en oeuvres d'art....



Il n'est pas difficile de comprendre l'histoire d'Hemingway, mais en observant le monde, il est peut-être moins aisé d'en tirer une leçon.

En ce qui me concerne, j'envie de vous dire que vous ne trouverez pas un miroir plus lisse et plus droit...

... et je dis merci pour les livres qui ont la profondeur et l'atmosphère unique comme "Le vieil homme et la mer".
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Le vieil homme et la mer

Une musique, déhanchement de cubaines, des lumières de la ville, couleur de La Havane, je pénètre dans l'antre humide du Sex on the Bar, un bar d'ivrognes et de pêcheurs, Seigneur priez pour leurs âmes, cloaque puant de foutre, de pisse et de souvenirs. Accoudé au comptoir, le verre de rhum ambré au bord de mes lèvres, la serveuse les seins au bord de son décolleté, je passe une nouvelle nuit, torride humide, à Cuba. A coté de moi, mon regard se pose sur une femme, seule à sourire devant son verre de bière Cubanisto. Je lui demande si elle ne voudrait pas un truc plus fort, un verre de rhum. Elle me jette un regard, acquiesce d'un magnifique sourire et en échange décide de me conter l'histoire de ce vieil homme, un mythe dont son âme flotte encore autour de ce comptoir. C'est une histoire que j'avais déjà entendu parler, mais de sa bouche je suis tout ouïe, je rapproche mon tabouret du sien, prêt à lui caresser la main ou à sentir son parfum jasmin. Après tout, je connais si peu de chose de la vie, de la mer et du vieil homme. Je suis d'ailleurs déjà un vieil homme au fond de moi dans le fond d'un bar, aux lumières tamisées, qui rêve que la mer me prenne...



Au petit matin, il y a quelques années, le vieil homme, miséreux et misérable, s'embarque sur sa petite barque. Il vit déjà dans ses mémoires, celles qui l'entraînent sur les flots sauvages là où les poissons sont aussi longs que son aviron. Le dos fourbu par tant d'années de travail, les mains et les pieds caleux, il pose tranquillement ses lignes au petit lever du soleil, se laissant emballé par les embruns, le regard porté sur son île, sur sa ville, La Havane. Il se rince le gosier, une gourde d'eau, une fiole de rhum, quand ça mord à l'hameçon... Et là, j'imagine déjà la suite, tel un roman d'aventure. Un gros poisson se dit-il un espadon, un requin peut-être même, qui tire sur sa ligne et embarque sa barque, qui file au large. Pourvu que la ligne ne casse pas. Le plus gros poisson jamais pêcher... Le soleil se couche, le poisson n'est toujours pas fatigué et continu ses vagabondages maritimes, toujours plus loin. Au loin, il aperçoit les premières lumières de La Havane s'illuminer, mais le poisson tire toujours. Pourvu que la ligne ne casse pas. Le vieil homme a soif, le vieil homme a faim, le vieil homme est fatigué, mais il tient toujours la ligne, le poisson encore vif. Dans cet état d'épuisement, seul dans la nuit, mais est-on vraiment seul en pleine mer quand les étoiles te tiennent compagnie, il commence à divaguer, il se souvient de ses femmes cubaines, il commence à halluciner, il essaie de récupérer un tonneau de rhum qui flotte en perdition sur cette mer d'huile... Ah les femmes, ah le rhum, c'est ça la vie d'un homme. Et les souvenirs, quand il ne reste plus que ça, en plus des cicatrices de sa vie. Pourvu que la ligne ne casse pas, ce serait trop triste pour une fin de vie.



Je commande à la serveuse deux nouveaux verres de Cuba Libre, un pour la brune, un pour moi. Ce n'est pas tous les jours que l'on se voit conter un tel mythe ambré.
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Les neiges du Kilimandjaro, suivi de Dix in..

Douze nouvelles, pour retrouver Ernest Hemingway quitté depuis quelque quarante ans!

Douze récits d'amour, de mort, de chasse, de pêche... D'espoir et de nostalgie, de même. Du tragique, aussi.

Un plaisir retrouvé pour Horusfonck, dans ces voyages en Afrique, en Europe et aussi en Amérique du nord: Des trains qu'on attend, un homme qui reste, un enfant malade, une peur qui s'en va... Hemingway est divers et raconte avec ce sens aigu du détail et de l'observation (la détonation d'un gros fusil ou un buffet de gare, par exemple).

Je sors de chez Ernest Hemingway avec des images neuves et quelque chose qui me poigne mais sans excès.

Je rend aussi hommage à Marcel Duhamel, le père de la Série Noire, qui traduisit magnifiquement ces douze récits.

.. Et je n'attendrai certes pas quarante autres années pour me replonger dans le monde d'Ernest Hemingway!
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Le vieil homme et la mer

Je remercie Flaubauski pour cette pioche (Janvier), c'était ma première incursion dans le style d'Ernest Hemingway. Je n'en attendais rien de particulier et j'en ai très apprécié la lecture. Petit bouquin récupéré lors d'une foire aux livres dont je ne suis pas mécontente de l'achat, pour une fois.



Comme je disais, je n'en attendais rien de particulier, contrairement à ma lecture précédente (« L'Atlantide » de Pierre Benoit). Du coup, je me suis laissée prendre à sa lecture et à son papy mélancolique né « pécheur ». Les 150p de ce petit bouquin sont donc passées très vite (3 jours) et j'ai aimé suivre les aventures de ce papy mélancolique jusqu'au bout. Il nous montre comment un vieil homme comme lui arrive encore à être tenace dans ce qu'il entreprend même s'il perd de temps en temps la tête en se parlant tout seul sur sa barque au milieu de nulle part. Il nous montre également le courage de ceux qui ont envie de quelque chose et malgré sa folie douce, il est un bon exemple de courage et de ténacité pour le jeune garçon, qui l'aime comme un membre de sa famille.



Comme vous l'aurez compris, j'ai très apprécié la découverte de ce roman, il m'a ainsi permis de découvrir le style d'Hemingway et m'a donné envie de fouiller un peu plus sa bibliographie. J'ai « Le soleil se lève aussi » dans ma PAL et comble d'ironie, il m'a été pioché pour Avril. Donc dès que je le retrouve, ma bibliothèque n'est pas encore finie, je le lirais avec grand plaisir. J'essaierais également d'en trouver d'autres de cet auteur atypique. L'histoire était simple mais agréable à suivre, ne serait-ce que pour savoir la fin du périple maritime de ce vieil homme. Si vous êtes amateurs de lectures détente, ressemblant fort à un classique avec les enseignements qui vont avec, je vous conseille très fortement de découvrir cet agréable petit roman plein de sagesse.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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L'Etrange contrée

Ayant vu récemment la pièce de théâtre "Zelda et Scott" (très bonne pièce d'ailleurs avec Julien Boisselier) dans laquelle il est question de Francis Scott Fitzgerlag mais aussi d'Ernest Heminqway, j'ai eu envie de mieux connaître ce dernier et d’approfondir mes lectures de cet immense auteur que je connais très mal.



Dans cette courte nouvelle, qui se lit donc par conséquent très vite, le lecteur découvre un homme, Roger, qui sillonne les routes américaines, de la Floride avec toujours cette obsession de rouler toujours plus. Pour aller où ? Nul ne le sait, si ce n'est qu'il a décidé de s'orienter vers l'Ouest. Voyage-t-il seul ? Non. Il est accompagné d'une jeune femme, Héléna, beaucoup plus jeune que lui mais qu'importe quand l'amour vous tient. D'ailleurs, est-il réellement question d'amour ? Le narrateur lui-même ne le sait pas encore, il doute mais elle, elle veut qu'il y croit. Dans leur voyage, ils parlent de choses et d'autres mais surtout d'écriture car Roger est écrivain. Il serait d'ailleurs grand temps qu'il se remette à écrire, il se l'est promis mais les jours passent et il se fait sans cesse d'autres promesses que le lecteur ne sait pas si il tiendra un jour. Ayant déjà un passé derrière lui, avec femme et enfants, il se dit aussi qu'il a tant de choses à apprendre à celle qu'il appelle "ma fille" bien qu'elle partage sa couche.



Le lecteur suit donc les aventures de ce couple hors du commun et ne s'en lasse pas une seule minute. Un style à la fois simple et raffiné,chose rare car l'auteur emploie à merveille la langue (anglaise bien sûr, d'où le talent incontestable du traducteur, ne l'oublions pas) et sait dire toutes les choses qui sont propres à l'acte charnel de manière poétique, le suggérant parfois simplement (j'adore). A découvrir !
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Paris est une fête

Dans les années 20 lorsqu’Hemingway arrive dans la capitale accompagné de Hadley, sa jeune épouse, il n’était pas nécessaire d’être très argenté, pour faire de chaque instant un moment unique.

Que ce soit en déambulant le long de la Seine à la rencontre des bouquinistes ou dans les bistrots de Montmartre, l’auteur nous invite à la découverte de ce Paris bon marché, bruissant de fêtes où il était facile de rencontrer les célébrités pour peu que l’on ait un peu de bagou et beaucoup d’audace.



Il fait son apprentissage d'écrivain en côtoyant d'autres Américains expatriés comme lui : Francis Scott Fitzgerald, Gertrude Stein, Ezra Pound, ainsi que l'Irlandais James Joyce.



Ma connaissance de l’auteur se limitant à « Pour qui sonne le glas » et « le Vieil homme et la mer », j’ai pris beaucoup de plaisir à la découverte de ce texte plein de nostalgie, présenté comme des instants de vie.



J’ai essayé en lisant ce livre de faire abstraction de la résonance particulière qu’il a pris après les terribles évènements du 13 novembre.





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Le Soleil se lève aussi

Lu directement après Cent ans de solitude et L’Aveuglement, Le soleil se lève aussi, première rencontre avec Hemingway, m’est apparu une œuvre médiocre. L’histoire y est sans intérêt, les mêmes personnages tout au long du roman, absence de réflexions profondes, pas de style merveilleux. On peut pardonner cela lorsqu’on sait qu’Hemingway l’a écrit à vingt-sept ans. Or il faudrait bien voir ce roman autrement pour en ressortir la grandeur.



Que peut faire un homme au sortir d’une guerre atroce dont il fut témoin, ayant perdu toute son humanité (même sa virilité) que boire et voir la corrida allant de bar en bar, buvant en expert des liqueurs accompagnés d’amis eux-mêmes perdus et d’une femme infidèle. Pour ce héros au sort douloureux qui ne peut même pas se suicider se comportant en public en vrai stoïque impassible, le soleil se lève aussi chaque jour, le même, sans nouveau, sans bonheur, que de paradis artificiels. Le style même de ce roman dénué de toutes beautés correspond avec l’intransigeance de cette époque d’après-guerre pleine de désillusions.



Les dialogues sont réalistes, ce réalisme de Hemingway dont parle Kundera dans ses Testaments trahis, ce réalisme qui peint merveilleusement le moment présent, les dialogues dans un présent insaisissable. Par ailleurs, le lecteur ressent parfaitement cette monotonie et cet ennui des personnages.



En somme, il s’agit ici d’une lecture qui n’est pas du tout agréable, mais je crois que la lecture comme l’écriture est un acte qui n’a rien d’agréable, elle est comme un médicament, amer mais salutaire.

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Le Soleil se lève aussi

Sec. Decharne. Cassant. Mais pas dessechant pour autant. Bien au contraire.

Sec comme un jerez bien sec, une "manzanilla". Mais il ne boit pas de jerez en Espagne, si deja, du brandy de jerez, du Fundador. Apres quelques bouteilles de rioja sec.

A Paris pourtant il a toujours un siphon a portee de main pour son whiskey, et la fine est toujours a l'eau, mais le vin reste sec, qu'il soit piquette ou Chateau-Margaux.





Il boit sec et il ecrit sec. Il, c'est evidemment Hemingway, mais c'est aussi son heros, Jacob (Jake) Barnes. Un journaliste qui hante, avec des amis aussi assoiffes que lui, bars et bistros du quartier latin et des deux rives. De Montparnasse aussi. Des americains comme lui. Ecrivaillons pour la plupart. Des anglais des fois. Et une anglaise. Une. Unique. Lady Ashley. Brett, a la coiffure de garcon. Qui s'entiche vite, qui passe des bras de l'un aux bras d'un autre. Par amour? Mais non! Engouement peut-etre. Besoin d'escorte, de cortege. Jamais aux bras de Barnes. Et pourtant... Mais c'est impossible. Ils se sont connus pendant la guerre, elle infirmiere benevole, lui blesse. La mauvaise blessure, une qui les empeche de materialiser leur amour. Depuis ils se tournent autour et il suit, avec un calme force, ses liaisons.





Le lecteur tourne longtemps avec eux a Paris jusqu'a ce qu'ils decident de partir en bande en Espagne, pour pecher la truite, et surtout pour la fete de San Fermin a Pampelune. La Fiesta! Los Sanfermines! Les taureaux courant dans les rues jusqu'aux corrales, les enclos des arenes, de la plaza de toros. La foule dechainee courant au devant d'eux. Et les corridas! le ballet des toreros et l'odeur du sang dans l'air! Et 8 jours de festivites, de feux d'artifice, de chants et de danses, de bandes de danseurs de jotas, de bandes de fifres et de tambours! Pour la bande de Barnes ce seront 8 jours de reve et de cauchemar. 8 jours d'ivresse ou ils exploseront. Ils s'insulteront, ils se battront, toujours pour les - ou a cause des - beaux yeux de Brett, qui, affirmant sa pose inconstante, les quittera, quittera l'anglais de service qui devait la marier pour suivre un beau toreador de 19 ans. Inconstance? Constance plutot, dans un amour qu'elle sait impossible, irrealisable. Et c'est ainsi que la fin du livre ne peut que nous ramener a son debut, en une sorte de loop sans issue, sans espoir, sec, sec pour empecher les larmes d'eclore:

" -- Oh Jake, dit Brett, nous aurions pu etre si heureux ensemble!

Devant nous, un agent en kaki reglait la circulation du haut de son cheval. Il leva son baton. le taxi ralentit brusquement, pressant Brett contre moi.

-- Eh oui, dis-je. C'est toujours agreable a penser."





Une ecriture tres seche. Des descriptions et des dialogues. Sans passages introspectifs. Sans explications psychologiques. Et ca donne un livre emouvant. C'est le secret de "l'ecriture iceberg" d'Hemingway: elle revele ce que l'on voit, et le lecteur pressent l'enorme masse d'emotions qui se cachent sous la surface. D'aucuns y ont vu une description, de l'interieur, de la celebre "generation perdue" des americains exiles a Paris, d'autres une ode a l'hedonisme. Moi j'y ai vu peut-etre le contraire: un cri d'alarme, un appel au secours, et surtout, surtout, une merveilleuse histoire d'amour. Impossible bien sur, pour la plus grande compassion, pour le plus grand emoi du lecteur. Et si on veut a tout prix parler de generation perdue, c'est peut-etre toute la generation de l'apres-guerre, de l'apres premiere guerre mondiale, de l'apres horreur des tranchees, mais c'est justement a elle qu'Hemingway dedie le titre de son livre (apres avoir essaye de l'intituler Fiesta): The sun also rises, le Soleil se leve aussi. Apres la nuit vient toujours le jour. le Soleil se leve, chaque jour, et nous donnera toujours lumiere et espoir. Precaire, pas assure, mais espoir quand meme.





Je vais me repeter, et vous me le pardonnerez: c'est surtout, surtout, une merveilleuse histoire d'amour.





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