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Citations de Ernst Gombrich (59)


Dans une lettre d'Arles, Van Gogh parle de ces instants où les émotions sont si fortes qu'on travaille comme sans s'en apercevoir, où les touches se suivent d'une façon cohérente comme les mots d'une phrase ou d'une lettre. La comparaison est révélatrice. A de tels moments, Van Gogh peignait comme d'autres écrivent. De même que l'écriture d'une lettre, enregistrant le geste de son rédacteur, peut nous révéler qu'il était alors sous le coup d'une forte émotion, de même la touche de Van Gogh nous révèle quelque chose de son état d'esprit.
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Le besoin constant de révision n'est-il pas précisément un des stimulants essentiels dans l'étude du passé ?
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Nous avons une certaine tendance à n'admettre comme vraies que des formes et des couleurs parfaitement conventionnelles.
Qu'un enfant prête aux astres une formes géométrique en étoile, il n'y a pas là de quoi nous surprendre.
Mais vouloir absolument que dans un tableau, le ciel soit bleu et l'herbe verte, c'est si l'on y réfléchit un tant soit peu, raisonner à peu près à la manière de cet enfant.
Au lieu de se fâcher en voyant ciels ou prairies traduits par d'autres couleurs, il vaudrait mieux s'efforcer d'oublier tout ce que nous croyons savoir et de voir le monde comme s'il s'offrait pour la première fois à nos regards.
Si nous faisons cet effort avec une entière bonne foi, nous pourrons fort bien découvrir que les choses sont sujettes à se présenter sous les couleurs les plus surprenantes.
(p.26-27)
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Mais ceux qui s'initient à l'art butent souvent sur une autre difficulté. Ils veulent admirer avant tout la maîtrise de l'artiste à représenter le monde visible et recherchent des tableaux qui ressemblent de très près à la réalité. Je ne songe pas un seul instant à nier la légitimité d'une telle conception. La patience et l'habileté qu'implique un rendu fidèle de la « réalité » sont certes choses dignes d'admiration. De grands artistes du passé se sont appliqués à des ouvrages où chaque détail est soigneusement fixé. L'aquarelle de Dürer représentant un lièvre (fig. 9) est un des exemples les plus fameux de ce zèle patient. Mais qui pourrait dire que l'éléphant dessiné par Rembrandt (fig. 10) est moins remarquable par le seul fait qu'il comporte moins de détails ? Rembrandt était un tel magicien qu'il a su nous donner, en quelques traits de pierre noire , la sensation de la peau ridée de l'éléphant.
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L'exemple le plus illustre de cette alliance naturelle entre l'art et la connaissance est évidemment celui de Léonard de Vinci. Quelle distance il semble y avoir entre les procédés géométriques de Villard et son lion héraldique et cette quête incessante de Léonard à la recherche du secret de la forme organique - et cependant, dans l'un et l'autre cas, il s'agit encore d`un même type de recherche qui se tourne vers les "universaux". Un exemple devrait suffire à le montrer. Léonard, à l'évidence, n'était pas d'accord avec la méthode qui était communément employée pour dessiner des arbres. Il en connaissait une meilleure. "Rappelez-vous, recommandait-il, que lorsque la branche se divise le rameau s'amincit en conséquence, de sorte que, si vous tracez un cercle autour de la couronne de l'arbre, l'ensemble de toutes les sections des rameaux devrait correspondre à l'épaisseur du tronc". Je ne sais pas s'il s'agit la d'une loi scientifique que l'on pourrait éventuellement vérifier. Il ne me semble pas à première vue qu'elle soit tout à fait exacte. Mais cette remarque de Léonard revêtait une importance considérable en tant que suggestion sur la "façon de dessiner les arbres". En formulant cette sorte de loi de la croissance, il donne à l'artiste la formule de représentation de l'arbre et il peut encore avoir l'impression d'être lui-même le créateur, "Seigneur et Maître de toutes choses", qui connaît les secrets de la nature, et qui saura "créer" des arbres, comme il espérait pouvoir créer un oiseau qui sache voler.
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Table des matières
Introduction (L'art et les artistes)
1. Mystérieux débuts (Peuples préhistoriques et peuples primitifs ; Amérique ancienne)
2. un art pour l'éternité (Égypte, Mésopotamie, Crète)
3. Le grand éveil (La Grèce du VIIe au Ve siècle av. J.-C.)
4. La terre de la beauté (La Grèce et le monde du IVe av. J.-C. au Ier siècle de notre ère)
5. Conquérants d'empires (Romains, bouddhistes, juifs et chrétiens, du Ier au IVe siècle de notre ère)
6. Bifurcation (Rome et Byzance du Ve au XIIIe siècle)
7. Regards vers l'Est (L'Islam et la Chine du IIe au XIIIe siècle)
8. Le creuset de l'art occidental (L'Europe du VIe au XIe siècle)
9. L'Église militante (Le XIIe siècle)
10. L'Église triomphante (le XIIIe siècle)
11. Gens de cour et bourgeois (Le XIVe siècle)
12. La conquête de la réalité (Les débuts du XVe siècle)
13. Tradition et innovation 1 (La fin du XVe siècle en Italie)
14. Tradition et innovation 2 (Le XVe siècle dans les pays du Nord)
15. La perfection de l'harmonie (Rome et la Toscane au début du XVIe siècle)
16. Lumière et couleur (Venise et l'Italie du Nord au début du XVIe siècle)
17. La Renaissance au nord des Alpes (L'Allemagne et les Pays-Bas au début du XVIe siècle)
18. Une période critique (L'Europe vers la fin du XVIe siècle)
19. La diversité dans la vision (L'Europe catholique. Première moitié du XVIIe siècle)
20. Le miroir de la nature (La Hollande au XVIIe siècle)
21. La puissance et la gloire 1 (L'Italie, seconde moitié du XVIIe siècle et XVIIIe siècle)
22. La puissance et la gloire 2 (France, Allemagne et Autriche, fin du XVIIe siècle et début du XVIIIe siècle)
23. Le siècle des Lumières (France et Angleterre au XVIIIe siècle)
24. Rupture dans la tradition (France, Angleterre et États-Unis, fin du XVIIIe siècle et début du XIXe siècle)
25. La révolution permanente (Le XIXe siècle)
26. A la recherche de critères nouveaux (La fin du XIXe siècle)
27. Un art d'expérimentation (La première moitié du XXe siècle)
28. Une histoire sans fin (Le triomphe du modernisme ; Un changement d'attitude ; Un passé sans cesse à redécouvrir)
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Il vaut beaucoup mieux tout ignorer de l'art que de posséder cette sorte de demi savoir qui fait le faux connaisseur et le snob. [....] je voudrais que [ce livre] aide les yeux a s'ouvrir et non les langues a s'agiter. (p.17)
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[Il ne faut pas confondre] le changement continuel qui caractérise la vie de l'art et la notion de progrès constant. Il est exact que chaque artiste a l'impression d'avoir surpassé la génération précédente et qu'à son point de vue il est en progrès sur tout ce qui a été fait avant lui [...] Mais il nous faut rester conscient que tout gain, tout progrès dans une certaine direction, entraîne une perte dans une autre et qu'en dépit de son rôle, ce progrès tout subjectif ne correspond pas à un véritable perfectionnement des valeurs artistiques.
(Préface, p10-11)
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Il vaut beaucoup mieux tout ignorer de l'art que de posséder cette sorte de demi-savoir qui fait le faux connaisseur et le snob.
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A la vérité « l’Art » n’a pas d’existence propre. Il n’y a que des artistes. En des temps très lointains, ce furent des hommes qui, à l’aide d’un morceau de terre colorée, ébauchaient les formes d’un bison sur les parois d’une caverne : dans l’intervalle, ils ont fait pas mal de choses. Il n’y a aucun inconvénient à nommer art l’ensemble de ces activités, à condition toutefois de ne jamais oublier que le même mot recouvre cent choses diverses, se situant différemment dans le temps et dans l’espace, à condition aussi de bien comprendre que l’Art pris comme une abstraction, l’Art avec un grand A, n’existe pas.
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Le Christ a prêché aux pauvres, aux affamés, aux affligés, et la pauvreté, la faim, la détresse n'ont certes rien de particulièrement beau. Encore faut-il s'entendre, évidemment, sur le sens du mot beauté. Un enfant trouvera le bon visage ridé de sa grand-mère plus beau que les traits réguliers d'une jolie femme, et cela n'est-il pas tout à fait naturel?
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Au cours du [XIXème] siècle, un fossé se creusa [...] entre les artistes qui, par principe ou par tempérament, ne répugnaient pas à aller au-devant des désirs du public et ceux qui mettaient leur gloire à travailler dans un superbe isolement. Cet état de choses s'aggravait du fait de la révolution industrielle, du déclin de l'artisanat, de l'avènement d'une nouvelle classe moyenne, le plus souvent dépourvue de culture, de la production croissante d'une pacotille à bon marché, prétendument "artistique", et l'inévitable abaissement du goût qui en était la conséquence.

(p. 378)
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C'est une vérité toute simple que nos sentiments influencent la manière dont nous voyons les choses et plus encore le souvenir que nous en gardons. C'est une banalité que de noter combien le même site nous semble différent suivant que nous sommes heureux ou malheureux.
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Mais dans leur amour un peu maniaque de la "réalité", ce n'est pas seulement l'exécution rapide et sommaire qui choque beaucoup de gens. Ils sont bien davantage heurtés par des oeuvres qu'ils considèrent comme dessinées d'une façon incorrecte, et cela particulièrement lorsqu'elles se rattachent à une époque relativement récente, époque où l'artiste "aurait dû en savoir plus long". En fait, il n'y a nul mystère dans ces déformations de la nature qui reviennent si souvent sur le tapis dans les discussions sur l'art moderne. Quiconque a vu un dessin animé ou simplement des caricatures sait bien qu'il est souvent juste de dessiner les choses différemment de ce qu'elle paraissent, de les modifier, de les déformer d'une manière ou d'une autre. Si Mickey Mousse ne ressemble pas à une vrais souris, à la manière d'une photographie d'un album de famille, qui songerait à s'en plaindre? Aussi bien, ceux qui se laissent aller au charme des créatures de Walt Disney ne songent guère à l' "Art". En regardant ses films, ils laissent à la porte les préjugés dont ils aiment à s'encombrer lorsqu'ils visitent une exposition d'art contemporain. Et si un artiste moderne se permet de dessiner quelque chose à sa façon, il sera vite considéré comme un barbouilleur incapable. Pourtant, quoi que nous pensions des artistes modernes, nous pouvons en tout cas leur accorder le minimum de savoir nécessaire pour réaliser un dessin "correct". S'ils s'en écartent, ils ont pour cela leur raisons, et ces raisons s'apparentent à celles d'un Disney ou de tel ou tel caricaturiste. La planche 11 montre une illustration d'une Histoire naturelle illustrée par un des plus grands artistes contemporains, Pablo Picasso. Personne ne songerait à critiquer cette charmante image d'une poule et de ses poussins. Mais pour dessiner un jeune coq (pl. 12), Picasso ne s'est pas contenté du simple rendu de la silhouette de l'animal. Il a voulu mettre en relief son caractère son caractère agressif, son insolence stupide. En somme, il a eu recours aux procédés de la caricature. C'est bien une caricature qu'il a faite, et d'une force singulière. Aussi, lorsqu'une peinture ou un dessin ne nous paraît pas correct, nous devrions toujours nous poser deux questions. D'abord, l'artiste n'a-t-il pas eu ses raisons d'apporter quelque modification aux apparences? Sur ce chapitre, les choses nous paraîtront de plus en plus claires à mesure que nous suivrons le récit de l'évolution des arts. D'autre part, avant de condamner une oeuvre pour son dessin incorrect, il faut encore nous demander si nous sommes bien sûrs d'avoir raison, si nous sommes bien sûrs que le peintre a tort. Nous avons tous tendance à décider sans aucune réflexion que les choses "sont, ou ne sont pas, comme ça".
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Le véritable artiste est celui qui dialogue avec son oeuvre; l'imposteur dialogue avec le public.
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La seule chose que les aventuriers espagnols voulaient connaître d'eux était la provenance de bijoux en or que certains portaient au nez.
Du doigt, les Indiens leur montrèrent l'Ouest. C'est ainsi que le continent américain fut découvert.
Page 203
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Dans l'œuvre d'Uccello, la présence du schéma se fait encore très fortement sentir. On dirait qu'il a d'abord réalisé une maquette de bois pour obtenir géométriquement les raccourcis de l'éloignement. Mais l'artiste de la Renaissance, qui désirait que sa scène soit librement peuplée de toutes sortes de personnages et d'êtres animés, ne pouvait se fier à des méthodes aussi manifestement indirectes. Il lui fallait améliorer sa connaissance des universaux et acquérir la maîtrise de la structuration des choses, afin d'être capable de les visualiser dans n'importe quel contexte spatial.
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Les Égyptiens dessinaient ce qu'ils savaient exister, les Grecs ce qu'ils voyaient ; l'artiste médiéval apprit à exprimer ce qu'il éprouvait.

(p126)
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Et portant ces peintures sont beaucoup moins réalistes qu'elles ne le paraissent à première vue. Nous ne savons pas à quelle distance de la maison se trouve le temple et si le pont en est proche ou éloigné. Nous serions incapables de dessiner un relevé topographique de l'endroit. En effet, les artistes hellénistiques ignoraient ce que nous appelons les lois de la perspective. Ils ne savaient pas faire fuir vers l'horizon une colonnade ou une allée d'arbres, comme on le fait aujourd'hui, au lycée, en classe de dessin. Les artistes dessinaient les sujets lointains plus petits, les objets proches ou importants plus grands, mais la loi de la diminution progressive, à mesure que grandit la distance, l'armature géographique où nous installons nos tableaux étaient choses inconnues de l'antiquité classique.
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Pour la première fois depuis Brunelleschi, on proposait aux architecte européens un style entièrement nouveau. Rien d'étonnant à ce qu'on ait qualifié ces inventions d' "Art nouveau".
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