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4.4/5 (sur 24 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : Posen , le 3/05/1895
Mort(e) à : Princeton , le 9/09/1963
Biographie :

Ernst Kantorowicz (Posen, aujourd'hui Poznań, le 3 mai 1895 - Princeton, le 9 septembre 1963) est un historien allemand naturalisé américain, spécialisé dans l'étude des idées politiques médiévales et de la sacralisation du pouvoir royal. Son ouvrage majeur, Les deux corps du roi (1957), est devenu un classique de l'histoire de l'État.

D'origine juive mais probablement athée, c'était un conservateur proche des nationalistes allemands dans les années 1920. Refusant de signer un serment d'allégeance au nazisme, il émigra aux États-Unis en 1938. Enseignant d'abord à Berkeley, il démissionna sous le maccarthysme en refusant à nouveau de signer, au nom de la liberté de l'enseignement, un serment de loyauté, puis travailla à Princeton, où il rédigea Les Deux corps du roi. Une étude de la théologie politique médiévale.

Auteur d'une biographie de Frédéric II (1927), son œuvre demeure aujourd'hui encore d'une rare érudition et écrite d'une plume brillante.
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Bibliographie de Ernst Hartwig Kantorowicz   (4)Voir plus

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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Dante, en détachant l’intellect de son ancienne unité avec l’âme, et en séparant les vertus intellectuelles de leur unité avec les vertus d’inspiration divine, a dégagé le pouvoir de l’intellect, désormais libre. Il l’utilisa pour unifier, pour la recherche du bonheur en ce monde, la communauté mondiale composée de tous les hommes, qu’ils fussent chrétiens ou non. Certes, la foi chrétienne universelle était commune à tous les chrétiens ; l’intellect humain, cependant, et la raison naturelle humaine étaient communs à tous les hommes. Et, alors que le salut de l’âme individuelle n’avait de sens que pour ceux qui croyaient au salut par le Christ, la perfection purement intellectuelle et l’autorédemption philosophique dans le paradis terrestre étaient à la portée de tous les hommes – y compris les Scythes et les Garamantes mentionnés dans la Monarchie.

Il est évident que Dante, dans l’ardeur de sa tentative pour prouver l’indépendance du monarque séculier par rapport au pape, dut « emprunter à l’Eglise son idéal d’une Chrétienté universelle et le laïciser » – le laïcisa en substituant la notion d’ « humanité » à celle de de « Chrétienté ». Ses contemporains, les philosophes dits averroïstes à l’université de Paris, prônaient la béatitude intellectuelle du philosophe en ce monde plus ou moins comme le but ultime de l’individu humain. Dante, cependant, sans jamais prendre la félicité terrestre comme but ultime, transféra beaucoup de leur doctrine aristotélicienne radicalisée de l’individu à l’universitas humana, préconisant une béatitude philosophico-intellectuelle en ce monde, non seulement pour l’individu ou le total des individus, mais plutôt pour le collectif plus large en tant que tel, le corps incorporé de l’Homme. (pp. 340-341)
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Ce n'est pas à Palerme, mais à Iesi, petite ville romaine des marches, près d'Ancône, que Constance [reine de Sicile] mit son fils au monde. Devenu empereur, Frédéric II a célébré le lieu de sa naissance dans un curieux texte. Il y appelle Iesi sa « Bethléem » et il place la « mère divine » qui lui donna le jour sur le même plan que la mère du Sauveur. Pas son paysage, la marche d'Ancône appartient vraiment aux régions les plus sacrées de l'Italie de la Renaissance, et le peuple italique, à peine s'était-il réveillé, reconnue et consacra comme telle cette sanctus regio. A partir de 1294, cent ans exactement après la naissance du petit Hohenstaufen, la maison de la Vierge ne se trouvait plus à Nazareth mais dans la marche d'Ancône, et Loreto, où finalement elle demeura, devint un des pèlerinages les plus célèbres d'Italie.

3145 – [p. 13]
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Les grands hommes ont tous attribué à l'Orient une signification différente mais chez l'empereur Hohenstaufen ce fut une admiration sans limite pour l'esprit arabe qui domina les autres sentiments. Frédéric II vivait en effet à une époque où l'Orient était pour les Européens la source de tout savoir, de même que l'Italie et la culture romaine l'avaient été pour les Nordiques, ou l'Hellade, l'art et la philosophie helléniques pour les Romains eux-mêmes. L'esprit occidental de cette époque était prisonnier du formalisme de l'Eglise médiévale et seule la science arabo-hellénistique, science consistant principalement en la connaissance des lois de la nature, aurait pu la libérer de ses entraves. Plus qu'aucun de ses contemporains Frédéric II s'efforça d'amener l'Occident à sa source.
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Le droit romain, bien entendu, était rempli d’éthique patriotique. Les juristes ne pouvaient pas manquer de tomber, dans les Institutes, sur ce passage où il est affirmé que « ceux qui sont tombés [dans la bataille] pour la respublica vivront éternellement per gloriam », et de commenter ce passage dans lequel la renommée ou la gloire éternelle prennent de façon si frappante la place de la béatitude éternelle ou lui sont associées. Ils ne pouvaient pas non plus manquer de rencontrer dans le Digeste cette loi formulée par un jurisconsulte du temps d’Hadrien, qui déclarait que, pour l’amour de la patria, un fils pouvait tuer son père et un père son fils. Les juristes médiévaux, dans leur interprétation de cette loi, soulignaient qu’une action considérée comme un parricide était un acte louable quand elle était commise au nom de la patria seulement, toutefois, si elle était commise en légitime défense. Ils ne se grisaient pas de l’idée de massacre patriotique comme le faisaient à l’occasion des humanistes – par exemple Coluccio Salutati, qui s’exclamait :

« Tu ne sais pas combien est doux l’amor patriae ; si cela était utile à la protection et à l’agrandissement (sic !) de la patrie, il ne semblerait ni fâcheux, ni difficile, ni criminel de fendre d’une hache la tête de son père, d’écraser ses frères, d’arracher par le glaive le fœtus du ventre de sa propre femme. »

Ce type de folie sanguinaire d’intellectuel et de patriotisme de bureau exacerbé n’était pas, dans l’ensemble, du goût de juristes à l’imagination plus sobre, qui auraient contredit Salutati sur presque tous les points. Cependant, des atrocités justifiées au nom de Dieu et de la patria ont toujours existé et existeront toujours. Balde pouvait parfaitement soutenir qu’un soldat tuant un ennemi au nom de la patria accomplissait une œuvre divine, mas oins, car il offrait un sacrifice au Créateur. Et cela était fait au nom de la caritas – non plus, certes, la vertu évangélique de la Charité, expression d’un amour fraternel actif, mais sa contrepartie séculière : une publica caritas, comme l’appelait Balde, pour la protection de la naturalis patria. (pp. 180-181)
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Nous ne parlerons pas ici des multiples événements qui ont empli la vie d'Innocent III. Il vit se prosterner devant lui les rois d'Occident venus recevoir les terres qu'il leur conférait en fiefs. Dans l’intérêt de la vraie foi, il mena contre les Albigeois une guerre semée d'atrocités. Après la prise de Byzance par les croisés, qu'il excommunia d'abord, il fonda sous l'égide de l'église romaine, son Empire latin d'Orient.

3204 – [p. 42]
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