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Citations de Ernst Lothar (51)


Avec la haine, on raccourcit tout, même la vie.

Arthur Schnitzler
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L'Autriche est une communauté obligée, ça ne t'avait jamais frappé? Une cohabitation d'éléments disparates! Les Tchèques détestent les Allemands, les Polonais les Tchèques, les Italiens les Allemands, les Slovènes les Slovaques, les Ruthènes les Slovènes, les Serbes les Italiens, les Roumains les Ruthènes. Et les Hongrois tout ce qui n'est pas eux - extra Hungariam non est vita et si est vita, non est ita! Ce que tu as concocté dans ce devoir de baccalauréat dont tu es si fier est complètement absurde ! Qu'est-ce que ça veut dire finalement "l'Autrichien"? Ca n'existe pas! C'est une appellation inventée par les Habsbourg pour justifier leur pouvoir ! Quand l'Autrichien parle allemand comme toi et moi, il se considère comme l'Autrichien par excellence et s'imagine que le Tchèque, l'Italien et le Polonais ressentent la même chose et vénèrent comme lui la ville impériale, le Prater des polichinelles, la valse, les guinguettes, le célèbre "cœur des Viennois" et les tra-la-la-i-ou des tyroliennes! Idiot, le Polonais de Przemysl, l'Italien de Trente et le Tchèque de Budweiss passent, eux, leur vie à se demander comment ils vont bien pouvoir sortir de cette fichue prison où leur propre langue n'a pas le statut de langue officielle mais d'infâme petit-nègre et où on leur prouve du matin au soir qu'ils sont des individus de troisième catégorie, tout en exigeant, néanmoins, ben voyons, qu'ils fassent trois ans de service militaire pour les Viennois de la première catégorie et paient des impôts leurs vie durant!

page 288
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Les yeux exercés de Madame Sacher observaient et supputaient. Sur le compte de l'Italien, elle fit à Jean quelques observations biens senties : un de ces parasites que Vienne attirait comme des mouches depuis la signature de la paix, ils débarquaient des quatre coins du monde pour pomper à la ville son reste de sang et vivaient royalement depuis que la monnaie autrichienne s'effondrait chaque jour davantage et qu'on obtenait pour une poignée de devises étrangères des sommes astronomiques de couronnes autrichiennes. Mais cet idiot de gouvernement prétendait que ces gens représentaient l'étranger et qu'il fallait se les concilier à tout prix pour obtenir des prêts et des vivres. Elle les vouait aux gémonies. "J'espère que vous vous sentirez bien chez nous", dit-elle aux nouveaux clients.

Page 406 - La "sachertorte" cela vous parle? La recette est tenue secrète et il vaut mieux aller la déguster chez Sacher à Vienne (chocolat et abricot)! Terrible!
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Ce n'est pas un hasard si la musique de l'âme vient d'Autriche. Ce n'est pas un hasard si Mozart est né à Salzbourg et Schubert à Vienne, c'est l'expression organique de ces villes qui ne sont pas pétrifiées mais sont restées des paysages autrichiens.
On peut vivre sans Mozart et Schubert? Non !
On a besoin du symbole qu'ils incarnent et qui toujours se réincarnera en d'autres génies _pour vivre et pour mourir.
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Agrippé des deux mains à la balustrade du petit pont supérieur, l'émigré de retour voyait resurgir la côte d'ù il était partie dans l'incertain, huit ans auparavant. Il se souvenait de tout.
De douces collines. Des maisons. Lui avait-on dit que Le Havre n'était plus ? Il était là. Le Havre avait toujours été le lieu où commençaient et finissaient les voyages dans l'inconnu.
Le "Brésil" avait réellement ralenti. Ce n'étaient plus de vagues contours qu'on voyait maintenant mais la réalité. Elle lui sauta à nouveau à la figure, brutalement cette fois. Et il vit les premières traces de la destruction. Jusque-là, il les avait vues dans des films ou en photos, à présent elles étaient sous ses yeux. Le Havre n'existait plus. Le plus terrible est qu'il semblait tout de même encore là. Sa silhouette y était. Elle se dessinait dans des ruines de murs et de fenêtres calcinées derrière lesquelles béait le néant intégral. On avait vu ces images au cinéma ; les reporters avaient écrit un tas d'articles, on avait reçu des lettres qui tentaient de les dépeindre, mais tout cela restait bien en deçà de cette réalité indescriptible. Apercevoir des gens devant les ruines proprement dégagées et une voiture rouler là où il n'y avait pas de route rendait le tout encore plus sinistrement irréel.

page 74
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Depuis longtemps il soupçonnait la culture de ne pouvoir être sanctionnée par un examen, un bulletin scolaire ou des études, mais de devoir rester à l'état de quelque chose d'indicible qui n'effleurait même pas les gens dits "cultivés", il pensait qu'elle servait aussi surtout à reconnaître ce qui est obsolète dans la tradition et à accéder à de nouvelles avancées.
Et il faisait la pénible expérience que la plupart des gens "cultivés" érigeaient leur culture en barrière contre l'avenir.
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Ernst Lothar
Même quand c'est un clown qui met le feu au monde, le monde brûle.
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Mais en Autriche, la folie procède de la méthode. L'Autriche est une communauté obligée, ça ne t'avait jamais frappé ? Une cohabitation d'éléments disparates. Les Tchèques détestent les Allemands. Les Polonais les Tchèques. Les Italiens les Allemands. Les Slovaques les Tchèques. Les Slovènes les Slovaques. Les Ruthènes les Slovènes. Les Serbes les Italiens. Les Roumains les Ruthènes. Et les Hongrois tout ce qui n'est pas eux... Qu'est-ce que ca veut dire finalement "l'Autrichien" ? Ca n'existe pas. C'est une appellation inventée par les Habsbourg pour justifier leur pouvoir.
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Seuls les Juifs s'en souvenaient, mais on le savait, il n'y en avait plus beaucoup à Vienne. En ce moment, l'antisémitisme rentrait encore ses griffes et se drapait dans une équité de façade en distribuant ici et là quelques postes à des non-Aryens ; mais les Juifs ne décrochaient pas les postes-clés. Lui-même avait eu une conversation éclairante avec un fonctionnaire, un chef de section nommé Pauspertl, un de ces messieurs se souvenait peut-être de lui ? On ne l'avouait pas officiellement, mais on n'avait pas la moindre envie de voir resurgir les émigrés, encore moins des noms réputés. On voulait rester entre soi et ménager sa plus ou moins mauvaise conscience.
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Car je songe à la beauté crée par Dieu, à laquelle les hommes n'ont absolument aucune part si ce n'est pour la célébrer. La beauté qui survit aux dictatures des fous de pouvoir, des machines, de l'argent et du nivellement. Si le monde mécanisé se condamne à la stérilité de l'utilité absolue, seul pourra l'en délivrer le monde de notre frère Mozart. C'est là que réside la mission éternelle de l'Europe, même si l'Amérique ne voir en elle maintenant - non sans raison - qu'un cimetière pour ses fils. Car l'esprit de l'Europe se nomme Platon, Erasme et Mozart, et non Napoléon et Hitler. Et parce que la force ne cède qu'à la force, c'est la force de Mozart qui arrachera définitivement son inhumanité à la puissance des machines et à la logique de pouvoir.
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Gouverner signifie donner aux gens un présent et - surtout - un avenir ! Or tout ce qu'on nous donne, c'est, au mieux, un passé galvanisé !
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... les fondements de l'éternel autrichien. Ils ont de toute éternité pour nom: Joseph II ou la religion de la tolérance, Mozart ou l'élévation de l'âme, la forêt viennoise ou les bienfaits de la beauté.
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Jusqu'ici j'ignorais que j'étais juive.
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Travailleur ou pas, pourquoi ne pas se défendre ardemment quand tout ce qui vous importe est en jeu? [...] On ne peut pas vivre quand on vous prive de l'air que vous respirez, de l'être ou de la liberté qui font partie intégrante de vous-même! L'autorité de l’État ? Elle perd tous ses droits quand elle vous contraint à une situation indigne.
p. 515
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Un jour il lui demanderait, et cela se dresserait ensuite toujours entre eux : Qu'as-tu fait le 14 mars 1938, quand ils ont traîné dehors madame Polatschek, ta voisine de soixante-quatorze ans, pour lui faire effacer neuf heures d'affilée les croix potencées du trottoir ? Tu étais à ta fenêtre et tu regardais. Tu t'es même dit : « C'est bien fait pour cette vieille pimbêche ! » Qu'as-tu fait, quand le vieux Dr Emil Geyer, l'ancien directeur du théâtre in der Josefstadt, a couvert son étoile jaune de sa main en te croisant, gêné, dans la Singerstrasse, et qu'un voyou lui a ôté sa main et son chapeau ? Il t'a crié comme pour t'appeler à l'aide : « Bonjour, mademoiselle Wagner ! », et tu as fait comme si tu ne le voyais pas (…). Qu'as-tu fait, quand Feldmann, l'oto-rhino qui t'avait sauvé la vie quand tu avais onze ans, t'a implorée de cacher sa sœur chez toi une quinzaine de jours ? Tu lui as donné asile deux jours, puis tu es partie chanter à Cologne. Et ils l'ont trouvée et ils l'ont gazée.
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L'Autriche était plus qu'un pays. Elle incarnait cette idée du supranational qui avait fait cohabiter jadis sous un même toit douze nations différentes: les Etats-Unis d'Europe, unis non par la langue, la géographie ou le régime, seulement par la vie. Et aussi par la vie des contraires: de la haine, de l'amour - toutefois par la vie, donc par la nature.
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Henriette était le pur produit d'une époque où le sentiment de parfaite sécurité éveillait le désir du danger, et même de la souffrance... Ces jeunes gens esclaves de leurs sentiments n'avaient nullement conscience qu'ils surestimaient les sentiments en ne vivant que pour eux.
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Au diable les amplitudes américaines ! Quand il faisait chaud, c’était l’étuve ; quand il pleuvait, le déluge. Toujours les extrêmes. À Salzbourg l’été n’était pas des plus secs, mais avec un imperméable et un parapluie on était à l’abri du désastre.
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Depuis l'entrée de Hitler, la ville était dirigée en son nom par un certain Bürckel natif de la Sarre, pour qui Vienne avait à peu près l'importance d'une colonie d'outre-mer. Le nom d' « Autriche » avait été effacé par l'Autrichien qui prétendait l'avoir « libérée » : le pays millénaire s'appelait maintenant la « Marche de l'Est ». Ce n'était pas un délire dû à la fièvre. Mais un fait dont tout le monde avait pris bonne note.
P649
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page 288 Fritz Alt , frère de Hans, opine ainsi…D’accord, ailleurs qu’en Autriche on dirait que c’est de la folie ! Mais en Autriche, la folie procède de la méthode. L’Autriche est une communauté obligée, ça ne t’avait jamais frappé? Une cohabitation d’éléments disparates ! Les Tchèques détestent les Allemands. Les Polonais les Tchèques. Les Italiens les Allemands. Les Polonais les Tchèques. Les Italiens les Allemands. Les Slovaques les Tchèques. Les Slovènes les Slovaques. Les Ruthènes les Slovènes. Les Serbes les Italiens. Les Roumains les Ruthènes. Et les Hongrois tout ce qui n’est pas eux…Ceci donne une idée du rempart qui a constitué l’Autriche face à tant d’identités différentes, sans compter que l’Autriche est une frontière occidentale de l’Europe.
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