AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Ernst Theodor Amadeus Hoffmann (178)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


L'Homme au Sable

L’Homme Au Sable est un conte (ou une nouvelle) fantastique, allégorique voire aussi philosophique et psychologique.

On y rencontre Nathanaël, un étudiant gai, intelligent, volontiers écrivain, certes un peu romantique et rêveur à ses heures, mais qui a tout pour séduire une jolie Clara, venue vivre avec son frère Lothaire dans la maison familiale de Nathanaël.

Le jeune homme, qui est parti du foyer pour étudier à la ville, écrit un jour une missive à Lothaire dans laquelle il lui confie son trouble à la vue d’un mystérieux marchand italien de baromètres...

Ce drôle de personnage a évoqué à Nathanaël la vision d’un personnage de son enfance qui lui avait suscité grand peur et qu’on désignait parfois comme étant l’homme au sable...

Cet homme inquiétant autant que mystérieux était l’objet d’une peur quasi panique chez le jeune Nathanaël et ses frères et sœurs. On lui racontait que s’il ne se couchait pas prestement, cet homme lui jetterait des poignées de sable plein les yeux.

Mais, en grandissant, Nathanaël comprit que cet homme n’était pas qu’une légende ou qu’un expédient commode pour envoyer les enfants se coucher. Un véritable homme, de chair et d’os, du moins lui semblait-il, montait quotidiennement rendre visite à son père dans son cabinet particulier.

Que faisait l’homme auprès de son père ? Pourquoi ce dernier mourut un jour si subitement ? Pourquoi l'homme au sable semble reprendre vie sous les traits du marchand de baromètres ? Qu’adviendra-t-il de l’histoire d’amour de Clara et de Nathanaël ? Résistera-t-il à la distance et à la durée de la séparation ? Quelle rivale pourrait bien avoir à craindre la belle Clara ? La santé mentale de Nathanaël saura-t-elle résister à la rude mise à l’épreuve que constitue ce retour en scène des terreurs de son enfance ?

Autant de questions auxquelles je me propose de ne pas répondre de peur de vous gâcher l’envie d’y trouver vous-même des réponses.

Un dicton dit : " Les yeux sont le miroir de l'âme. " Ceci semble vrai ici aussi. Outre le personnage de l'homme au de sable, déjà très évocateur en soi, qui jette des poignées de douleurs dans les yeux, la symbolique des yeux est très présente et très exploitée dans tout le conte. Il semble y résider la vie et la quête de l'œil (ou l'absence de regard) est un marqueur fort du code de compréhension de l'ouvrage.

Au travers de ce conte allégorique, E. T. A. Hoffmann nous invite à réfléchir à notre propre potentiel de nuisance psychique ou morale, au fait que beaucoup de nos blocages, de nos frayeurs, de nos déraillements, de nos dissonances cognitives proviennent de nous seuls. Ils peuvent certes s’expliquer ou trouver leur(s) source(s) dans des événements, des causes ou des personnes extérieures, mais que le principal artisan du mal, tout bien considéré, c’est nous, nous, notre pire ennemi...

Intéressant ce point de vue, et rien que pour cela, je trouve que ce conte vaut le détour, mais ce n’est là qu’une considération très personnelle et subjective, rien de plus qu'une poignée de sable jetée en l'air, c’est-à-dire, pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          921
Le Chat Murr

On connaît Hoffmann grâce, notamment, à ses contes et à ses opéras. Ce roman, Le Chat Murr, est une de ses œuvres principales. C'est le félin lui-même qui est le narrateur de ce qui se veut être un roman autobiographique. Jusque-là, rien de nouveau sous le soleil. Mais une seconde histoire vient s'imbriquer : celle du maître de chapelle, Johannès Kreisler, sorte de musicien fou que l'on pourra retrouver par ailleurs dans d'autres textes de l'écrivain.



Murr, véritable prénom du chat d'Hoffmann pour l'anecdote, a appris à lire et à écrire chez son maître, Abraham. Dès qu'il le peut, il s'enthousiasme donc sur son quotidien dans de grandes envolées lyriques. Pour Kreisler, ce n'est pas si simple. Johannès est un ami d'Abraham. Il lui fait donc part de tout ce qui l'accable, et notamment son amour pour Julia, jeune fille pure, jeune, trop jeune. Les récits du maître de chapelle sont décousus, difficiles à suivre, tout comme les affres qu'il subit.



Mais que vient faire cette histoire, en parallèle à ce que raconte le chat ? On apprend dans l'avant-propos que le chat a écrit sur des feuillets arrachés à un livre appartenant à son maître : " lorsque le chat Murr se mit à écrire ses considérations sur la vie, il arracha sans plus de façons les pages d'un livre imprimé qu'il avait trouvé chez son maître ; et il en employa innocemment les feuillets, tant comme sous-mains que comme buvards. Ces pages restèrent dans le manuscrit et... on les imprima à la suite, comme si elles eussent appartenu à l'ouvrage. C'est avec un sentiment de mélancolique humilité que l'éditeur se voit forcé d'avouer que cet affreux entremêlement de deux sujets étrangers est dû à sa seule légèreté : il devait évidemment, avant de donner le manuscrit du chat à l'impression, l'examiner d'un bout à l'autre." L'ironie apparaît donc déjà, ironie qui ne quittera pas la plume/patte de ce matou rêvant de reconnaissance et de gloire !



Ce roman, bien que demandant de la concentration, est très intéressant. Surtout lorsque l'on sait qu'à travers le chat et Kreisler, on retrouve les deux facettes d'Hoffmann qui ne se gêne pas pour critiquer la société, la politique etc...


Lien : http://www.lydiabonnaventure..
Commenter  J’apprécie          636
L'Homme au Sable

Le Marchand De Sable, également très connu sous la traduction L’Homme Au Sable est un conte (ou une nouvelle) fantastique, allégorique voire aussi philosophique et psychologique.

On y rencontre Nathanaël, un étudiant gai, intelligent, volontiers écrivain, certes un peu romantique et rêveur à ses heures, mais qui a tout pour séduire une jolie Clara, venue vivre avec son frère Lothaire dans la maison familiale de Nathanaël.

Le jeune homme, qui est parti du foyer pour étudier à la ville, écrit un jour une missive à Lothaire dans laquelle il lui confie son trouble à la vue d’un mystérieux marchand italien de baromètres.

Ce drôle de personnage a évoqué à Nathanaël la vision d’un personnage de son enfance qui lui avait suscité grand peur et qu’on désignait parfois comme étant le marchand de sable ou l’homme au sable.

Cet homme inquiétant autant que mystérieux était l’objet d’une peur quasi panique chez le jeune Nathanaël et ses frères et sœurs. On lui racontait que s’il ne se couchait pas prestement, cet homme lui jetterait des poignées de sable plein les yeux.

Mais, en grandissant, Nathanaël comprit que cet homme n’était pas qu’une légende ou qu’un expédient commode pour envoyer les enfants se coucher. Un véritable homme, de chair et d’os, du moins lui semblait-il, montait quotidiennement rendre visite à son père dans son cabinet particulier.

Que faisait l’homme auprès de son père ? Pourquoi ce dernier mourut un jour si subitement ? Pourquoi le marchand de sable semble reprendre vie sous les traits du marchand de baromètres ? Qu’adviendra-t-il de l’histoire d’amour de Clara et de Nathanaël ? Résistera-t-il à la distance et à la durée de la séparation ? Quelle rivale pourrait bien avoir à craindre la belle Clara ? La santé mentale de Nathanaël saura-t-elle résister à la rude mise à l’épreuve que constitue ce retour en scène des terreurs de son enfance ?

Autant de questions auxquelles je me propose de ne pas répondre de peur de vous gâcher l’envie d’y trouver vous-même des réponses.

Un dicton dit : " Les yeux sont le miroir de l'âme. " Ceci semble vrai ici aussi. Outre le personnage du " marchand de sable ", déjà très évocateur en soi, qui jette des poignées de douleurs dans les yeux, la symbolique des yeux est très présente et très exploitée dans tout le conte. Il semble y résider la vie et la quête de l'œil (ou l'absence de regard) est un marqueur fort du code de compréhension de l'ouvrage.

Au travers de ce conte allégorique, E. T. A. Hoffmann nous invite à réfléchir à notre propre potentiel de nuisance psychique ou morale, au fait que beaucoup de nos blocages, de nos frayeurs, de nos déraillements, de nos dissonances cognitives proviennent de nous seuls. Ils peuvent certes s’expliquer ou trouver leur(s) source(s) dans des événements, des causes ou des personnes extérieures, mais que le principal artisan du mal, c’est nous, nous, notre pire ennemi.

Intéressant ce point de vue, et rien que pour cela, je trouve que ce conte vaut le détour, mais ce n’est là qu’une considération très personnelle et subjective, c’est-à-dire, pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          605
L'Homme au Sable

Je découvre la collection Étonnants Classiques avec cette nouvelle de Hoffmann.

Apparemment il s’agit d’une collection pour les écoles vu l’allure du dossier. J’ai bien apprécié la chronologie mettant la biographie de l’auteur en regard des événements historiques. J’ai été surpris qu’Hoffmann ait été fonctionnaire en Pologne mais cela se comprend car ce pays avait été découpé en rôti et la Prusse s’était accaparé un bon morceau. Il perd son poste quand les Français prennent le relais suite aux victoires napoléoniennes.



L’homme au sable a été publié en 1817. Cet homme, c’est notre fameux Marchand de Sable qui vient endormir les petits, mais vêtu d’une réputation autrement plus inquiétante que celui dont je me souviens ; quelque chose comme Nounours en Père fouettard.

Il traumatise durablement le héros, Nathanaël, alors enfant. Et c’est le départ d’une histoire qui emmêle en un écheveau inextricable le fantastique et la psychanalyse. Car on n’a toujours du mal à décider si les faits sont véritablement surnaturels ou le fait d’un esprit sombre particulièrement imaginatif. Sa douce amie Clara est le penchant rationnel qui essaie de ramener Nathanaël au monde physique. L’incessante oscillation est très bien rendue et plutôt fascinante.



Un autre thème moteur est celui de l’automate. C’est le début de cette littérature qui s’inquiète de la création par l’homme d’une « vie artificielle ». Ici c’est l’apparence humaine qui génère cette « vie » ; on est à la même époque que le Frankenstein de Mary Shelley. On peut aussi ajouter Le Mécanicien Roi d’Étienne-Jean Delécluze, L'homme le plus doué du monde d’Edward Page Mitchell et pourquoi pas La Vénus d’Ille de Prosper Mérimée. Au vingtième siècle, c’est l’intelligence artificielle qui sera moteur de cette inquiétude (2001 de Clarke, Les marteaux de Vulcain de Dick, etc.). Je pense aussi au très bon Automate de Nuremberg de Thomas Day.



Ce flirt avec le fantastique et la folie est très efficace ; de quoi vous glisser un petit frisson. La fin en est très hitchcockienne.

Commenter  J’apprécie          413
Romans terrifiants

Romantiques, gothiques et terrifiants! Mais comment peut-on aimer les romans qui font peur?



Jouer avec la peur, on apprend ça au biberon. Le tout petit que son papa lance en l’air a vraiment peur, mais il apprend à se sentir en sécurité et le jeu suscite le rire aux éclats.



On jouera ensuite avec la peur dans les contes de fées. On ne se rend pas toujours bien compte de leur aspect terrifiant. Je me souviens qu’après avoir lu le « Petit Poucet », mon fils inquiet m’a demandé : « Mais nous, Maman, on n’est pas pauvres? » Quoi de plus terrorisant pour un enfant que d'imaginer qu’il pourrait être abandonné dans la forêt par ses parents trop pauvres? Et tous ces autres contes qui cultivent la peur avec ces ogres, dragons et sorcières (sans compter le monstre en dessous du lit…)



Même l’éducation religieuse a contribué à l’horreur, avec ses démons et ses visions d’enfer, sans compter les revenants et autres créatures de l’au-delà.



Le bébé devenu grand retrouvera la peur physique dans les manèges des parcs d’attractions. Le lecteur pourra aussi passer tout naturellement des contes de fées aux romans d’horreur.



Ce volume rassemble des textes fondateurs du genre, des romans du 18e et du début du 19e siècle.

• « Le château d’Otrante » d’Horace Walpole (1764), dont on dit qu’il est le premier roman noir.

• « L'Italien ou le confessionnal des pénitents noirs » de Ann Radcliffe (1797), romancière gothique qui a influencé son époque, de Jane Austen à Balzac.

• « Le Moine » de Matthew Gregory Lewis (1797), qui illustre la lutte contre la perversion.

• « Les élixirs du diable » de Ernst Theodor Amadeus Hoffman (1816), un romantique allemand

• « Melmoth ou l’homme errant » (1820) de Charles Robert Maturin, œuvre qui fascina Balzac au point qu’il écrive une suite « Melmoth réconcilié » en 1835.



Une brique de 950 pages, un papier fin et jauni, tout pour créer un ton glauque. Une atmosphère gothique, des drames d’amour et des frayeurs mystiques ou surnaturelles, dans un décor historique. Des œuvres qu’on lira pour leur contribution littéraire et l’une introduction du recueil et ses notices biographiques aident à en situer l’importance.



Sur le plan de l’émotion, c’est un peu plus difficile d’entrer dans ces histoires, de s’identifier à ces héros et d’en ressentir la terreur. Je préfère les romans où il s’agit de jouer avec sa peur… mais en conservant le petit doute : et si c’était vrai?
Commenter  J’apprécie          360
Casse-Noisette et le Roi des Rats

Le soir de Noël, la petite Marie et son frère Fritz attendent patiemment qu'on les autorise à découvrir leurs nombreux cadeaux. Ils savent d'expérience que la surprise viendra du parrain Drosselmeier, le conseiller à la Cour d'Appel si agile de ces mains qu'il sait réparer les mécanismes d'horlogerie les plus délicats et fabriquer les jouets les plus réalistes. Et, en effet, une fois la porte franchie, ce n'est qu'émerveillement ! Des poupées, des robes pour Marie ! Toute une compagnie de hussards en plomb pour Fritz ! Et, point d'orgue de ce Noël magique, le magnifique château animé fabriqué par le parrain Drosselmeier ! Si Fritz se lasse vite du mouvement répétitif de cette véritable oeuvre d'art, Marie est irrésistiblement attirée par un petit bonhomme de bois qui ne paie pas de mine. Le conseiller lui explique qu'il fait partie de la famille des casse-noisettes et lui en confie la charge après que son frère ait tenté consciencieusement de le détruire. Quand Marie reçoit l'autorisation exceptionnelle de veiller un peu devant la vitrine des jouets, elle couche Casse-Noisette dans le lit de sa poupée préférée. Mais loin de dormir, le blessé prend vie aux douze coups de minuit pour combattre le terrible roi des souris. Marie n'en croit pas ses yeux et, au matin, quand eelle raconte l'épique bataille à sa famille, nul ne la croit...



Un merveilleux conte de Noël qui fait la part belle au monde de l'enfance, au rêve et à l'imagination. Dans une langue magnifique, HOFFMANN passe de la tension dramatique à la féérie d'un monde enchanté pour un voyage onirique et fantastique.

Casse-Noisette a le charme désuet d'une époque idéale où les enfants sont sages et respectueux, où un pantin de bois et quelques soldats de plomb suffisent à créer une bulle de rêve et d'évasion, où les vieilles histoires racontées au coin de feu enflamment l'imaginaire.

Un conte à partager avec grands et petits le soir de Noël.
Commenter  J’apprécie          270
Le Vase d'or

Ce conte est comme une suite de visions, tirées des rêves les plus profonds, avec les rythmes, tantôt lents et mélancoliques, tantôt puissants et saisissants, d'une symphonie. Est-ce une simple allégorie qui célébrerait l'art et la connaissance, ou bien un conte initiatique plein des effluves magiques que déploierait un vieux grimoire avec ses signes étranges et parfois inconnus ? Anselme, un jeune étudiant quelque peu fragile et misérable, se croit, après avoir renversé, dans sa précipitation, les pommes d'une vieille mégère qui ressemble à une voyante ou une sorcière, et donné en échange le fond de sa bourse, accablé par le malheur. Il se promène sous les feux du couchants sur les bords déserts de l'Elble et trouve refuge sous l'ombre d'un sureau qui jaillit d'un mur. C'est là qu'il voit apparaître trois petits serpents d'or, dont les voix tintent comme des cloches de cristal, et l'un d'eux, Serpentine, le pénètre de ses deux yeux splendides. Il sent alors comme une étonnante brûlure et le cours de son destin qui semblait voué à une médiocrité bourgeoise va suivre d'autres chemins... Il se retrouve à copier des manuscrits chez un vieil archiviste à la demeure qui a parfois des allures de serre tropicale et de ménagerie et où il semble trôner, en habit de brocart, comme le prince des esprits. Après maints combats dans des ténèbres terrifiantes et son union avec Serpentine consacré par la possession d'un vase d'or, Anselme accède à un monde supérieur, à une infinie félicité résonnant comme un choeur triomphal, à une pensée qui pénétrerait tous les secrets, ayant retrouvé les voies de l'harmonie.
Commenter  J’apprécie          270
Contes fantastiques

Les contes d'hoffmann ont, malgré un lyrisme profond et un amour de l'art qui les élève, des accents sombres et inquiétants : ils peignent les vices et les tourments de l'âme humaine et l'on croit y déceler parfois les yeux étincelants d'un démon. Ils sont à l'instar d'une tragédie grecque truffés de prémonitions fatales et de rêves sanglants. Des spectres errent au milieu des débris, des couloirs d'un vieux château féodal, isolé sur une terre inhospitalière, au bord d'une mer qui mugit. Au milieu des masques de la pantomime des courtisans émaciés et grimaçants ne sont plus que colère et avarice. Hoffmann y met en scène des êtres difformes qui ressemblent à des insectes, des monstres de foire, des aventuriers sanguinaires, des femmes bavardes et cruelles, des mendiantes et des sorcières. Et quand deux amants s'aiment d'un amour absolu, il n' y a que la mort pour les réunir. Hoffmann a été souvent qualifié par ses contemporains de génie bizarre, faisant de son inspiration une sorte d'idéal contrastant avec les tristes vicissitudes de son existence. La traduction de Loève-Veimars fit en France la fortune de ces contes, qui frappèrent alors par leur singularité et leur modernité, leur richesse d'évocation et leur grande qualité musicale, emportant l'adhésion de Gautier, Nerval, Sand et de Baudelaire.
Commenter  J’apprécie          250
Dans la nuit d'E.T.A. Hoffmann

Depuis peu - depuis Vleel en fait - il y a un coin qui honore ma bibliothèque, celui de la rangée des Hallucinés, collection du Typhon dédiée au gothique, à l’étrange ou au fantastique. Et Ernst Theodor Amadeus Hoffmann y a naturellement toute sa place, tellement le genre lui parle :



« “L’Étrange“ veut dire toutes les manifestations de la connaissance et du désir, dont on ne comprend pas les raisons, alors que “Fantastique“ veut dire ce qu’on tient pour incompréhensible, ce qui semble dépasser les forces connues de la nature ou, ajouterai-je, ce qui va à l’encontre de la marche du monde. »



Allons-y donc pour cette définition qui colle bien aux cinq contes de Dans la nuit, traduits par Philippe Forget, où l’auteur joue avec nos angoisses intemporelles liées au diable, aux esprits, aux apparitions fantômes, aux disparitions et résurrections, aux comportements contre-nature ou aux quêtes maléfiques.



Et point n’est utile d’y ajouter de détails gore bien au contraire, quand la maîtrise technique du conte permet via la quête amoureuse ou l’ambiance surannée, de laisser monter en puissance la sous-couche fantastique qui vient peu à peu fracasser le calme apparent des premières pages.



Toutefois, peu accro au fantastique et à l’étrange, j’ai probablement touché avec Dans la nuit, ma limite : d’abord intéressé par Le Diable à Berlin qui ouvre le recueil, puis beaucoup moins accroché par les contes suivants. Et les lire d’affilée fut probablement mon erreur…



Reste qu’à aucun moment mon plaisir ne fut gâché, tant la qualité du travail réalisé autour de ce bel objet éditorial m’a séduit, avec ici en prime d’exceptionnelles illustrations de Tristan Bonnemain.



La finesse de son point et de son trait confère à ses dessins une dimension quasi-hypnotique qui ajoute un deuxième axe de lecture à ces contes, laissant l’imagination s’évader du seul texte et permettant de suivre à la lettre le conseil d’Hoffmann : « Méfiez-vous des miroirs qui vous renvoient ce que vous voulez voir ».

Commenter  J’apprécie          240
Les Elixirs du Diable : Papiers laissés à sa mo..

Si la parenté avec Le moine de Lewis vient forcément à l'esprit du lecteur et si tous les codes du roman gothique sont ici respectés à la lettre (moine lubrique, jeune fille innocente traquée, lieux inquiétants, récit à tiroirs, malédiction familiale, inceste, et j'en passe ), ce roman n'en porte pas moins la marque de fabrique très particulière de l'auteur.



En effet, à travers l'histoire du frère Médard, victime d'une malédiction familiale et tiraillé toute sa vie durant entre Dieu et Diable, ce sont à la fois le style foisonnant d'E.T.A Hoffmann et les motifs qu'il se plaît à travailler qui rendent ce roman à la fois si riche et si indigeste - qu'on me pardonne l'emploi de ce terme - par moments.



Prenons uniquement la thématique du double : non contente de se révéler omniprésente dans le roman, elle est aussi protéiforme, à un point que le lecteur en perd presque la tête : car non seulement plusieurs des personnages sont les sosies les uns des autres, mais, dans la généalogie de Frère Médard, chaque enfant porte le prénom de son père. Mais Hoffmann va plus loin que ça : Médard ne trouve pas en son frère jumeau (qu'il ne connaît pas) uniquement son double physique ; leur âme également est jumelle, si bien que ce que conçoit l'un en pensée est mis en pratique par l'autre. Sans compter que, de père en fils, chaque personnage répète les mêmes crimes innommables. Je dois d'ailleurs avouer qu'arrivée à un certain point du livre, j'ai sorti une feuille de papier et un stylo pour reconstituer le généalogie des principales familles du roman, tellement j'avais du mal à m'y retrouver.



Mais ne nous y trompons pas : cette complexité est bien entendu voulue par Hoffmann. Comme l'âme de Frère Médard se désagrège, se décompose, se démultiplie, le récit prend de multiples détours pour perdre le lecteur comme il mène son personnage sur le chemin de la perdition. Ajoutez à cela un étrange personnage qui s'appelle, c'est selon, Belcampo ou Schönfeld, et qui lance des tirades obscures dignes de Hamlet : vous comprendrez que la lecture des Élixirs du diable n'est pas de tout repos.



J'avoue que la seconde partie m'a parfois ennuyée et que la fin, surtout, très portée sur la pénitence de Médard et très axée sur un discours religieux, m'a fatiguée. Il m'a surtout semblé que le format du roman convenait moins bien à Hoffmann que ce lui des nouvelles. Les Élixirs du diable ne valent pas, à mon sens, L'homme au sable - véritable chef-d’œuvre de l'auteur.
Commenter  J’apprécie          240
Contes fantastiques

" L'inventeur, ou du moins le premier auteur célèbre qui ait introduit dans sa composition le FANTASTIQUE ou le grotesque surnaturel, était si près d'un véritable état de folie qu'il tremblait devant les fantômes de ses ouvrages. " C'est ainsi que Walter Scott présenta son contemporain et peut-être rival, tant il est vrai que celui-ci aimait, dans ses contes, qui avaient lancé alors une véritable mode, jouer avec le surnaturel et les peurs qu'il suscite. On y croise non seulement des revenants, des esprtis qui rôdent la nuit, ou qui sortent des souterrains, comme dans un roman noir, mais aussi parfois le diable, sous la forme d'un personnage grotesque et ricanant, Hoffmann ajoutant la satire au drame. Des visions s'accompagnent d'une profonde mélancolie et des troubles de l'esprit. Mais Hoffmann avait aussi un goût quasi mystique pour l'art, la peinture et la musique qu'il pratiquait également, et aimait donner pour cadre à ses anecdotes et récits les villes et les paysages, aux couleurs plus douces et plus chaudes, de l'Italie, et c'est souvent que l'amour y triomphe, après maints combats et péripéties, des forces les plus obscures.
Commenter  J’apprécie          220
Les Elixirs du Diable : Papiers laissés à sa mo..

L'auteur Henri Heine déclara qu' «Il y a dans Les Elixirs du diable les choses les plus terribles, les plus effrayantes que puisse imaginer l'esprit humain».



Voilà de quoi donner immédiatement le ton de ce singulier roman gothique, qui, à côté du Moine de Matthew Gregory Lewis, brille d'une aura de noirceur d'une beauté absolue ! Et pour cause, tout ce que l'esprit et l'âme peuvent souffrir de plus effroyable se retrouve ici distillé, tel un philtre empoisonné, au fil des pages : dédoublement de personnalité, faux souvenirs, rêves, folie, obsession, apparitions, violence et pactes infernaux.



Sous la forme d'un manuscrit - remarquablement bien écrit - nous découvrons le récit de la vie du frère Médard, capucin échappé du couvent, auquel sera offert le choix du bon ou du mauvais chemin. Livré au monde, s'abandonnant à tous les excès et à d'abominables actes passionnels, le Frère Médard oscillera tour à tour entre beauté sensuelle et spirituelle, récolant avec peine les morceaux de son âme fragmentée et tourmentée par une existence qui peu à peu se dédouble et lui échappe.



Et, si l'absorption du mystérieux Élixir diabolique n'est pas étranger au réveil subit des vices du moine, une sombre histoire de malédiction familiale, pesant sur le personnage tel l'empreinte du péché originel, n'aura cesse de faire basculer son existence entre l'ombre la plus épaisse et la lumière divine, à travers un incroyable jeu de miroirs où les voyages des personnages qu'il croise deviennent peu à peu le reflet de son propre cheminement spirituel.



L'amour d'une femme, l'amour de l'art sous toutes ses formes, et celui, sacré, de la Sainte Vierge Marie et de Sainte Rosalie, confèrent à ce tableau inquiétant d'incroyables rayons de lumière et d'espoir, guidant sans bruit des pas du moine maudit égaré dans son royaume.



Voyage bouleversant, le témoignage du Frère Médard résonne en moi comme un combat sacré pour le salut et la rédemption, liant tour à tour l'amour sacré et l'amour profane, construction et déconstruction de la psyché, jusqu'à un final triomphant.

















Commenter  J’apprécie          190
Le Chat Murr

Un bien curieux roman, celui-là ! Sa structure sort de l'ordinaire, c'est le moins qu'on puisse dire. Il s'agit de l'autobiographie du chat en question, mais celle-ci est entrecoupée de pages d'une autre biographie arrachées par le chat et qui s'en servait comme sous-mains pendant l'écriture. Par sa négligence et celle de son éditeur, le livre a été imprimé tel quel ! La partie biographie du chat est un espèce de roman d'apprentissage plein d'humour et de satire où Murr est doté du caractère qu'on pourrait s'attendre à trouver chez un véritable chat : hautain et extrêmement imbu de lui-même. L'autre partie, qui constitue au moins la moitié du livre en nombre de pages, relate quelques épisodes de la vie de Kreisler, un musicien d'un caractère très particulier et personnage qui apparaît à quelques reprises dans l'oeuvre de Hoffmann. Cette partie est plus confuse du fait que l'ordre est incertain et la continuité est interrompue. Ceci est voulu jusqu'à un certain point et l'on y retrouve le mystère et les éléments fantastiques, bref cette ''inquiétante étrangeté'' coutumière chez Hoffmann. La langue est riche et belle. Au final, ce fut une agréable lecture pleine d'originalité et de diversité !
Commenter  J’apprécie          180
Les Elixirs du Diable : Papiers laissés à sa mo..

Voilà terminé cet ouvrage surprenant,harassant parfois.

Ouvrage intriguant qu il faut suivre.

Surtout ne pas décrocher et aller jusqu'au bout car il en vaut vraiment la peine.

J ai toujours eu un faible pour les histoires de moines tenté par le diable et leur repentance.

J ai été servie au plus haut degré.

Lisez et laissez vous envahir par l histoire de Médard .
Commenter  J’apprécie          160
Le Majorat

Quels drames entourent la tour où se succèdent des héritiers de la famille de baronet de R... le majorat présente un conflit silencieux où l'intérêt agite les fils de R pour un héritage qu'on dirait presque maudit .... à cote de ça, il y a une histoire d'amour la plus envoutante entrainant une imprudence à la fois à l'adultère et à la jalousie...
Commenter  J’apprécie          150
La leçon de violon

Courte nouvelle, bien écrite et très agréable à lire. Un bon classique.
Lien : http://araucaria.20six.fr
Commenter  J’apprécie          150
Princesse Brambilla

Hoffmann a défini lui même ce récit comme un caprice, donnant à la fantaisie et à l'humour de grands pouvoirs, le réel et le merveilleux se confondant, dans une sorte de transe qui étourdit les sens. L'univers est comme une scène de théâtre aux masques trompeurs. Ceux de la pantomime qui arpentent les rues de Rome tandis que bat le carnaval, aux sons de fifres, de tambours et de cymbales et qu'apparaissent, dans des cortèges qui sont comme des processions, des princesses et des mages. Ici tous les personnages ont leurs doubles ou se ressemblent ou se perdent dans leurs rêveries. Ainsi Giglio, un misérable acteur de tragédies aux vers pompeux, devient le prince assyrien Cornelio Chiappari, aimant aussi bien Giacinta que la princesse Brambilla. Les lieux et les temps aussi se multiplient : du Corso transformé en spectacle, l'auteur nous mène dans les sombres forêts d'un pays lointain, le pays d'Urdar, où les eaux d'une source agissent comme un miroir magique, pour le plaisir d'un lecteur conquis.
Commenter  J’apprécie          150
Les Elixirs du Diable : Papiers laissés à sa mo..

Un jeune enfant, dont le père portait en lui le mal, reçoit une éducation religieuse, et plus tard, embrasse l'ordre des Capucins. Il devient un moine orgueilleux après être monté en chair, et cède à la tentation en buvant "Les élixirs du diable", conservés secrètement comme reliques de Saint-Antoine par les moines Capucins... Il part ensuite pour un périple étrange, semé de tentations, de perversité et de folie, mais aussi d'amour pur, qui, en définitive, sera sa perte et son salut...

E.T.A. Hoffmann souffrait lui-même de folie, d'attaques d'hallucinations. Il décrit à merveille ces états d'exaltation, ces dédoublements de personnalités, et son roman gothique, Les élixirs du diable, fortement inspiré par "Le Moine" de Matthew Gregory Lewis qu'il avait lu auparavant, est un joli chassé-croisé d'intrigues amoureuses perverses et de visions foisonnantes de détails.

On retrouve ce climat mystique et médiéval ressenti à la lecture du Moine de Lewis. Mais en plus fluide, un peu moins ampoulé que son prédécesseur. Ceci dit, l'histoire est bien différente malgré la ressemblance entre les 2 moines charismatiques.

"Les élixirs du diable" est bien un roman fantastique gothique, référence en matière de littérature du XIXème siècle. Hoffmann l'a écrit en 2 partie, et de longs mois ce sont écoulés entre l'écriture de chacune. Cela se ressent. La 2ème partie est plus axée sur le dialogue, la réflexion, alors que la 1ère se situe dans l'action et la mise en place des personnages.

A lire pour ceux qui aiment les romans à l'indéfinissable charme gothique et à la saveur des mots d'autrefois...

Commenter  J’apprécie          142
Romans terrifiants

Dans une première préface, Horace Walpole, l'auteur prétend que le manuscrit du château d'Otrante fut découvert dans la bibliothèque d'une très ancienne famille catholique du nord de l'Angleterre et qu'il avait été imprimé à Naples en caractères gothiques, au cours de l'an 1529.

C'est un drame, à l'atmosphère merveilleuse et tragique, dont rien ne laisse deviner l'époque où il se déroule. C'est le drame de l'amour malheureux, le récit de l'infortuné destin d'une noble demoiselle égarée au milieu des rideaux de sang, des miroirs vides et des ancêtres vomis par l'enfer...

-

En 1764, quelques voyageurs anglais rencontrèrent dans l'église de Santa Maria Del Pianto, accolée à l'ancien couvent de l'ordre des pénitents noirs, un moine singulier qui avait les épaules un peu voûtées, le teint bilieux, les traits durs et le regard farouche. C'était un assassin réfugié dans l'enceinte de l'église où personne n'avait le doit de venir l'arrêter.

A sa vue, un des voyageurs anglais fut saisi d'un mouvement d'horreur et s'enfuit vers son auberge où l'attendait le manuscrit de "L'italien ou le confessionnal des pénitents noirs" d'Ann Radcliffe....

-

Ernest-Théodor-Amadéus Hoffmann, l'auteur des "élixirs du diable" put lire l'histoire étrange du père Médard dans les archives que lui laissa consulter le vénérable prieur du couvent des capucins, à B...

Au fond, lui dit ce dernier, ces papiers auraient dû être brulés car ils font entrer leur lecteur, à travers le sombre cloître dans un monde effrayant, extravagant et baroque qui peut-être, pourtant, possède la connaissance du fil secret qui traverse nos vies....

-

En 1816, John Melmoth, élève du collège de la Trinité à Dublin, se rendit dans le comté de Wicklow, afin de visiter, une dernière fois, son oncle mourant et de qui dépendait toutes ses espérances de fortune. Mais, à son arrivée à la Loge, la résidence du vieil homme, il trouva celui-ci, bien portant, sur le point de chasser de son domicile les femmes réunies pour éloigner par leurs prières les démons lors de sa veillée mortuaire. En invoquant ainsi le diable, il deviendra "Melmoth ou l'homme errant" dont Charles Mathurin nous conte l'histoire....

-

Ce recueil réunit, avec "Le moine"de Matthew Gregory Lewis, quatre autres des titres emblématiques du roman gothique, aussi appelé roman terrifiant.

C'est une littérature, très surréaliste, lente, quelque peu poétique et fantastique.

Choquant parfois la morale, s'entourant de ténèbres scandaleuses, ces textes sont, aujourd'hui, datés et il faut pour s'y enfoncer savoir prendre son temps et oublier certains de ses préjugés.

C'est une littérature baroque, très esthétique dont la dernière œuvre serait peut-être le formidable livre d'Angéla Carter "la compagnie des loups".

Même si, au final, je suis satisfait d'avoir découvert les romans terrifiants par l'intermédiaire de ce recueil édité dans l'excellente collection "Bouquins" chez "Robert Laffont", c'est pourtant un genre auquel je ne viendrai sûrement plus jamais me frotter.

Commenter  J’apprécie          140
Casse-Noisette et le Roi des Rats

Avant d'être l'oeuvre musicale mondialement connue de Tchaïkovsky, "Casse-Noisette" a été un conte, un conte d'E.T.A. Hoffmann.

Un conte fantastique écrit au coeur de la période romantique..

Marie est une petite fille qui s'endort le soir de Noël.

Elle dort près de ses cadeaux.

Casse-Noisette est un pantin de bois. Lorsque l'horloge sonne les douze coups de minuit, les jouets prennent vie!

Le pantin va devoir affronter le redoutable Roi des Rats pour sauver une princesse.

Marie assiste à ce combat et va connaître des aventures étonnantes.

Un grand classique du conte fantastique.

La langue est très belle..

Pour nos très jeunes lecteurs à partir de 9 ans..

Commenter  J’apprécie          140




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Ernst Theodor Amadeus Hoffmann (1758)Voir plus

Quiz Voir plus

La nuit du renard

Quel genre de crises Neil Peterson peut-il avoir ?

Des crises d’asthme
Des crises d’épilepsie

8 questions
57 lecteurs ont répondu
Thème : La Nuit du renard de Mary Higgins ClarkCréer un quiz sur cet auteur

{* *}