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Citation de nelly76


Ils avaient choisi choisi un passage très lent et très solennel de Mozart et ce fut pour tous les auditeurs un spectacle inoubliable que celui des trois frères assis sur l'estrade, devant leurs pupitres surmontés de bougies, dont la lumière tombait sur leurs visages minces et graves.Ils n'avaient pas regardé leurs partitions; sans se voir, leurs yeux s' étaient tournés vers un lointain, qui devait être peuplé de visions muettes, celles du destin. Ils avaient une manière à eux de tirer l'archet sur les cordes et de s' offrir mutuellement cette mélodie simple et grave, qui semblait tissée de fils d'or et qui se défaisait pour se renouer de nouveau.Une manière à eux d'écouter leurs instruments, mais sans changer d'attitude, comme pour rendre simplement ce qu'une voix lointaine leur soufflait, de présenter leurs vies parallèles et unies avec autant de naturel que tous les jours ,avec cet air distant, derrière lequel ils se retranchaient toujours du reste du monde.On eût dit qu'il émanait d'eux un charme qui agissait sur toute la salle, sur le coeur le plus banal, le plus vulgaire, car chacun sentait que ce n'était pas seulement la mélodie du grand défunt qui le prenait dans ses lacs, mais la pureté et le naturel de ces jeunes âmes qui le bouleversaient. Leur vie était aussi étrange et singulière que l'avaient été l'existence et la fin de leur père, mais elle était à l'abri de la curiosité et de la raillerie car ils se présentaient comme un triptyque d'église, et la main qui avait peint ces figures ne pouvait être qu'une main pieuse.
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