AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Ersi Sotiropoulos (35)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Ce qui reste de la nuit

Constantin Cavafy et son frère John ont quitté Alexandrie et leur famille pour faire un tour d'Europe. Alors que l'affaire Dreyfus secoue encore Paris, Constantin essaie de faire publier ses poèmes par Jean Moréas. Mais ce dernier, en trois mots, prononce une sentence douloureuse que le poète ressasse jusqu'à la nausée. Ses efforts et son acharnement ne semblent pas porter de fruits. « Ça faisait si longtemps qu'il travaillait sur ce poème et voilà qu'il lui fallait de nouveau se pencher dessus. Non, il ne pouvait pas le jeter. Il y avait de la force là-dedans. Il était remarquablement conçu. » (p. 33) Pendant des nuits entières, dans sa petite chambre et à la lueur des bougies, il reprend les mêmes vers, les mêmes mots et travaille avec obsession. « Il aspirait plus que tout à s'affranchir du lyrisme et des fioritures, à extirper le superflu, à trancher dans le gras pour aller droit à l'os. » (p. 63)



Autre chose l'obsède et le tourmente, la beauté des hommes. de cet homme surtout, si jeune, si lumineux, aperçu un soir et jamais oublié. L'évocation de ce souvenir est alors puissamment érotique et sensuelle. « On pourrait les mordre ces lèvres et elles pourraient vous le rendre passionnément, et ensuite comme on se retirerait pour les contempler, repérer un infime soupçon de débauche se dessiner aux commissures, les marques invisibles d'un probable vice. » (p. 128) Constantin passe d'un extrême à l'autre, entre morosité trouble et exaltation dangereuse, à la fois poussé et freiné par ses désirs. « Qui sait s'il ne se promenait pas dans le même quartier. Si leurs trajectoires ne les rapprochaient pas l'un de l'autre à chaque instant. Une si douce nuit. Les poèmes pouvaient attendre. » (p. 159) Mais le beau garçon a été avalé par Paris et le poète reste seul avec son désir qui est tellement lié au souvenir de sa mère, image horrifique de femme vieillissante en quête d'affection.



Constantin maudit les maîtres qui l'écrasent par leur talent, comme si leur présence tutélaire bloquait son inspiration. Mais il ne cesse jamais de chercher, même quand le désespoir guette et s'insinue dans chaque instant. « Et cependant il y avait des poèmes qui se concentraient simplement sur un infime détail, songea-t-il. Ils attrapaient un fil, une petite trame du cycle de la vie. Une chose presque inexistante dans le fatras général des passions et des évènements. Ils l'attrapaient et le décortiquaient. Et ces compositions qui s'inspiraient d'un rien s'avéraient être parfois des chefs-d'oeuvre. Ils l'attiraient, ces poèmes-là. » (p. 155) Il est souvent pris d'une envie de tout détruire, de faire table rase et d'annihiler son oeuvre. Éternellement insatisfait, Constantin est près de céder la tentation du néant pour ne pas subir la douleur du rejet, aujourd'hui ou demain. « Que l'oeil de quelqu'un tombât sur un vers inachevé, un poème en cours d'écriture, l'eût fait bondir hors du tombeau. » (p. 230) Finalement, que retiendra l'histoire de Constantin Cavafy ?



Je ne connaissais pas ce poète largement reconnu en Egypte. le portrait qu'en fait Ersi Sotiropoulos est tourmenté, flamboyant, digne des poètes maudits français. Je regrette un peu qu'il n'y ait pas plus de ses poèmes dans le roman. Les quelques vers qui sont présentés montrent une inspiration familiale profonde, une sorte de mythologie des origines. Tant que ça ne tombe pas dans l'autofiction qui me déplaît tant, ce substrat littéraire m'intéresse beaucoup. Je vais chercher à en savoir un peu plus sur ce poète et ses écrits.

Commenter  J’apprécie          200
Je crois que tu me plais

"De juillet 2013 à octobre 2016, une femme et son amant échangent des mails et des textos. Tous deux sont mariés, mais pas ensemble. Elle est écrivaine, il est maître vigneron."

Le femme en question est Ersi Sotiropoulos et son amant se prénomme Yorgos. Autofiction ? Jusqu'à quel point ? Impossible à savoir, dans ce qui est censé être un roman vraiment ?). Le lecteur n'a droit qu'à cette correspondance numérique sans connaître quoi que ce soit des rencontres, nombreuses pourtant, entre les deux amoureux. Mais le plus gênant dans Je crois que tu me plais est le fait que beaucoup de choses nous échappent, étant donné que les mails n'ont pas toujours de réponses directes, parce que nous n'avons pas accès aux conversations téléphoniques ou parce que certains de ces courriels n'ont pas été retenus ? Cela donne une narration, si on peut l'appeler ainsi, hachée et lacunaire. Dans l'ensemble, Ersi n'apparait pas vraiment sympathique car si elle aime Yorgos, elle est prompte à s'énerver contre lui et surtout, elle fait montre d'un assez haute opinion d'elle-même, ravie qu'on l'admire et qu'on le lui dise. Il s'agit avant tout, entre les deux amants, d'échanges intellectuels, l'une au profil supérieur à l'autre et ce dernier l'acceptant volontiers. Ersi voyage sans arrêt, lit beaucoup et ahane sur son ouvrage en cours (Ce qui reste de la nuit). Souvent, leurs échanges sont plus triviaux, il est question de vin, de drogues, de sexe, d'ennuis de santé... On ne compte plus le nombre de Tu peux m'appeler ou de On se voit quand. Sur plus de 760 pages, forcément, les répétitions ont de quoi agacer. Le livre n'est pas inintéressant mais il fait entrer dans une relation intime sans avoir tous les tenants et aboutissants. Usant, en définitive, et à réserver aux admirateurs de la romancière grecque qui a un sacré tempérament, c'est une évidence.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
Commenter  J’apprécie          170
Ce qui reste de la nuit

Ce roman me laisse partagé. J'avais été attiré par le titre mais le contenu ne m'a pas fait la même impression.

C'est le récit des trois derniers jours du voyage à Paris du poète grec d'Alexandrie Constantin Cavafy en 1897. Le poète a la trentaine. Il est en proie au doute et se demande s'il a une chance de réussir comme écrivain, écrasé par les modèles de Baudelaire et Rimbaud. Les quelques événements, assez banals, sont racontés avec beaucoup de détails et de redites. Ce qui est plus intéressant c'est le déchirement entre Orient et Occident, Constantinople et Alexandrie d'un côté, Liverpool et Paris de l'autre, et Marseille au milieu. Et aussi les tourments de l'homosexualité, qui ne trouve pas à s'épanouir.

Même si le livre se laisse lire sans peine, le style est vraiment trop explicatif et répétitif. On a l'impression que l'auteure a peu à dire et doit donc l'étirer.

Il reste quelques évocations réussies du Paris de la Belle époque et l'envie d'aller voir les écrits de Cavafy. C'est déjà quelque chose, mais ce n'est pas beaucoup.
Commenter  J’apprécie          150
Eva

Eva est une jeune femme qui vit à Athènes. C'est la veille de Noël et la romancière nous fait suivre ce personnage à travers la ville. du bar en passant par des appartements et des rues, la romancière livre par touche des vues ou pensées qui viennent sans structure ni logique particulière, de manière factuelle, sans passion.



La quatrième de couverture promettais un "univers du décor étranger et inquiétant, une Grèce miniature, corrompue et rongée de l'intérieur", et en effet, le roman a été publié en 2009, cinq ans après les JO qui ont précipité le pays dans l'endettement et les ennuis en tout genre que les locaux ont payé plein pot.

Si je me faisait une joie de découvrir ce récit, j'ai été déstabilisée par cette langue factuelle et désenchantée par les choix narratif qu'elle fait, qui passe d'un sujet à un autre sans qu'on en comprenne la région. La narratrice nous présente des personnages qui passent puis s'en vont en un clin d'oeil. Ils ont eu de quoi intéresser une narratrice pour son roman, c'est déjà plus que l'attention qu'on leur accorderait hors de la fiction. Mais ça n'était pas agréable à lire. Trop fragmenté, trop déstructuré, trop sombre, et trop superficiel finalement. Et aucun personnage, pas même le personnage principal assez attachant à mon goût.



Commenter  J’apprécie          120
Ce qui nous arrive

Traversées fictives de catastrophes aussi réelles que ce présent, inquiet et pauvre, auquel on ne saurait se résoudre. Cinq nouvelles, cinq écrivains pour dire ce que ces catastrophes (l’explosion d’un silo à Beyrouth, un tremblement de terre, un tsunami et un incident nucléaire, une pauvreté pas si dystopique, la vie sous la dictature haïtienne) ont de révélatrices, permettent de dévoiler comment on compose avec elle, comment la littérature peut dire l’inacceptable, en penser les alternatives, en démonter les rouages. Dans Ce qui nous arrive, Camille Ammoun, Michaël Ferrier, Makenzy Orcel, Ersi Sotiropoulos, Fawzi Zebian livrent un implacable état, comme on dit, du monde.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          90
Ce qui reste de la nuit

Il y a si longtemps, fascinée par le Quatuor d'Alexandrie de Lawrence Durell, j'ai rencontré Cavafy, le poète d'Alexandrie. Et quand j'ai visité la ville, j'ai cherché à marcher sur les traces de Justine, visité de Cecil hôtel, traîné devant les cafés, cherché les terrasses de cafés, cherché des traces grecques sur les vieux murs délavés...





Plus tard, au cours de nos voyages dans les Iles grecques, souvent avec Durrell pour guide, j'ai retrouvé Cavafy. Éblouissement que son Ithaque que j'aime entendre en Grec, que j'ai écouté en boucle. Puis découverte En attendant les Barbares....



Cavafy me fascine.



Et voici que, par les hasards de Facebook, je trouve sur le blog de L'ivresse Litteraire le titre Ce qui reste de la nuit, sur les pas de Cavafy à Paris. Je l'ai téléchargé en négligeant l'avis très mitigé de Sandrine qui ne l'a pas beaucoup apprécié.



Certains livres, même si ce ne sont pas des chef d'oeuvres littéraires, tombent à pic dans l'humeur du moment. Constantin Cavafy et son frère John passent quelques temps dans le Paris de l'Affaire Dreyfus, en 1897. Autre sujet qui m'intéresse. Encore une coïncidence, je suis en train de suivre le MOOC Oscar Wilde. Ce dernier sorti de prison est justement venu en France, est ce que Cavafy le rencontrera dans le roman? Il aurait pu. En tout cas, les considérations esthétiques du jeune poète rencontrent celles de l'auteur du Portrait de Dorian Gray.



"Wilde avait été le précurseur de l'anti-mimesis[...]l'archiprêtre de l'anti-mimésis"







Dans ce Paris de la Belle époque, la vie artistique est brillante et les deux Alexandrins, pilotés par un compatriote, Mardaras, secrétaire du poète symboliste Jean Moreas, vont traîner du Boulevard des Italiens, à Montmartre, des Tuileries à la Place Clichy, à la recherche des endroits où il faut être où dînent ou soupent les célébrités.



"C'est ici-même, au rat mort que Rimbaud avait poignardé Verlaine en présence du poète Charles Cros..."



Quelles émotions pour un poète!



Baudelaire, Rimbaud, Hugo, vous me broyez. "Votre stature m'écrase"



"Et la merveilleuse métaphore de Baudelaire allant de l'oiseau marin au Poète" [....] "Tout homme, et pas seulement le Poète, ne se voyait-il pas condamné à vivre cloué au sol." inspire le jeune Constantin qui a hâte de rentrer dans a chambre d'hôtel pour écrire des vers qu'il déchire, le matin venu.



Promenades dans Paris, allusions à Alexandrie, bien présent. Recherches poétiques. Mais aussi déchirures dans la société causées par l'Affaire Dreyfus, curieusement comparées aux querelles byzantines :



"Iconomachie. Iconolâtres et iconoclaste. Une fumée épaisse montait de l'atrium de Sainte-Sophie"[...] "vois-là une preuve supplémentaire de ce fanatisme qui animait l'Empire byzantin"







L'amour des garçons sous-tend le récit, amour coupable, inavoué et inassouvi. Tension insoutenable après la rencontre avec un jeune danseur russe. Scène très pénible (pour la lectrice dans une pissotière). Un aspect interlope comme cette visite dans une Arche, lieu de perdition mondain où les hommes de la bonne société s'encanaillent après avoir traversé la zone.



Une lecture très riche, qui tombe au bon moment!




























Lien : http://miriampanigel.blog.le..
Commenter  J’apprécie          81
Le Grand Tour

Grasset nous a gratifiés, avec bonheur, de cet ouvrage collectif : la présidence française à la tête de l’Union européenne n’ayant pas commencé sous les meilleurs hospices, cet ouvrage tient à nous rappeler les racines de cette union. Politique, économique, avant tout, mais aussi culturelle : et dans la mesure où elle est à l’origine de conséquentes subventions à destination du domaine de l’édition, spécialement des moyennes et petites structures, il est toujours bon de s’en rappeler.



Fort des vingt-sept pays de l’Union Européenne, le maître d’oeuvre de cet ouvrage, l’auteur Olivier Guez ouvre, avec sa préface, la voie aux vingt-sept auteurs respectifs, certains que j’ai pu lire dans le passé. C’est cette diversité de nationalités, dont certaines encore peu représentées dans l’édition française, et spécialement celles est-européennes, qui m’ont donné envie de m’atteler à ce Grand Tour littéraire par la lecture de l’Union Européenne. Pour commencer, il y a Olivier Guez, l’auteur de l’inoubliable et passionnant La Disparition de Josef Mengele. Le fait que son roman m’ait laissé une impression très favorable a sans doute favorisé ma décision. Que je ne regrette pas. J’ai beaucoup aimé l’idée de réunir en un ouvrage autant de perceptions différentes de l’Union Européenne qu’elle compte de pays, vingt-sept déclinaisons d’une union basée avant tout sur une union économique, de ce qu’elle provoque dans ces vingt-sept esprits différents, vingt-sept symboles différents. Si le domaine financier est d’abord l’enjeu premier de cette union, on peut considérer ce recueil comme une prolongation de cette union puisqu’il la concrétise sous le point de vue littéraire. J’attendais certaines avec plus d’impatiences que d’autres, les nouvelles baltes, des pays issus de l’ex-Yougoslavie, des Balkans. Mais il y a eu d’agréables surprises, pas forcément celles que j’attendais.



Le recueil est divisé en cinq parties selon la direction qu’a choisi de prendre l’auteur : la première partie Cicatrices se concentre sur le passé des nations. Si on retrouve l’Allemagne en tout premier lieu, on ne s’étonnera pas que Daniel Kehlmann ait choisi un symbole fort du pays divisé, la prison de Hohenschönhaus, qui servit à la Stasi à enfermer ni vu ni connu les prisonniers politiques. On retrouve le même parti pris pour la Finlande et Sofi Oksanen qui a choisi le navire M/S Georg, qui servait à rejoindre la Finlande et l’Estonie. Chypre et la Lituanie. On retrouve un deuxième chapitre, Errance, la France, représentée fièrement par Maylis de Kerangal, la Suède, la Slovénie et la Lettonie. Le troisième chapitre, Fantôme, inclut la Pologne, l’Irlande, la Roumanie et la Slovaquie. Le quatrième chapitre, Chair, ouvre la voie à l’Espagne, Malte et la Bulgarie. Le cinquième chapitre, Villégiatures, présente le Danemark, l’Autriche, la Grèce et les Pays-Bas. Le sixième chapitre, Blessures, annonce le Luxembourg, l’Italie, le Portugal et la Croatie. Le septième et dernier chapitre, Nostalgie, présente la Hongrie, la Belgique, l’Estonie et la République Tchèque. Chacun des récits de ce recueil mêle la culture et le passé d’un pan du pays avec un présent marqué, entre autres chose, par la présence du Covid, ce qui constitue que l’on veuille ou non un point commun entre les pays. En lisant ce récit, on se rappelle que l’Union européenne, c’est aussi Chypre, Malte, la République d’Irlande, les pays Baltes ainsi que la Bulgarie. Et c’est l’occasion de découvrir des auteurs. Il se trouve que j’en avais déjà lu certains : Sofi Oksanen et Le parc à chiens, Kapka Kassabova et Lisière, Rosella Posterino et La goûteuse d’Hitler.



Il y aurait beaucoup à dire sur ces différents chapitres au travers desquels les auteurs recréent chacun à leur façon le lien qui unit leur pays à l’union européenne : si Rosa Postellino a choisi l’angle politique qui fait de son pays une plaque tournante des réfugiés, Maylis de Kerangal a choisi de traiter une page historique à travers les plages normandes du débarquement. D’autres comme l’irlandais Colm Toibin a choisi la figure de proue littéraire irlandaise, James Joyce, et avec succès, ce fut l’un des textes que j’ai préférés. J’ai aimé lire Tomas Venclova expliquer l’identité de la Lituanie d’après ses trois villes principales, Vilnius, Kaunas et Klaipéda, l’auteur grec Ersi Sotiropoulos évoquer le temple de Bassae. Nous avons vingt-sept points de vue uniques et précieux sur le rapport de leur pays à l’Europe, Tomas Venclova présente le sien comme une sorte d’Europe en miniature. Björn Larsson, porte-parole de la Suède, démontre de la position extra de son pays, pour qui l’Europe représente le sud, dont le Danemark est le point de départ. Il y démontre la variabilité du concept même Europe/Union Européenne, où les uns sont à l’euro et pas les autres. Le texte de Norman Manea, qui représente la Roumanie, cerne parfaitement bien cet espace géographique, par le biais d’une des région la Bucovine, et ses mouvements migratoires. Vingt-sept perspectives différentes qui forment un kaléidoscope, bien sûr incomplet et partial, de ce territoire dont les racines slaves, scandinaves, latines, germaniques lui donnent sa richesse aussi bien que sa complexité et son ambivalence. À l’image de ce temple grec de Bassae, unique en son genre par cet alliage de « caractéristiques archaïques » aux « tendances novatrices », issu du récit relatif, que l’auteur pose en symbole de l’Européanisme, démocratie, citoyen contre barbares, et qu’il qualifie de « mariage unique d’éléments disparates » : on ne saurait trouver meilleure définition. Cette Union Européenne, quoique morcelée, est finalement unifiée par ses mers, ses fleuves, ses frontières qu’elle est détentrice au fond d’une histoire commune, avant comme aujourd’hui : des frontières au sud et à l’est, qui nous concerne tous.





Je conseille vivement la lecture de cet ouvrage collectif, les textes se lisent rapidement et étant donné la variété des pays et des thématiques, on ne se lasse jamais. On redécouvre certains pays, on en découvre d’autres, la lecture de ce recueil est une expérience culturelle inégalable. J’ai également très apprécié de découvrir ces auteurs que je n’ai pas encore lus – Le recueil est en plus doté d’une partie biographique en fin d’ouvrage – et que j’aimerais appréhender plus amplement ultérieurement. Peut-être que je prendrai le temps de consacrer un post pour chacun de ces textes, la richesse de chacun des textes s’y prête totalement.




Lien : https://tempsdelectureblog.w..
Commenter  J’apprécie          60
Ce qui reste de la nuit

Le projet d'approcher de l'intérieur le grand poète grec Cavafy est intéressant. Il apparait essentiellement à Paris en compagnie d'un de ses frères et du secrétaire de Jean Moréas poète reconnu, en Grèce pendant le roman. On comprend que Cavafy n'est pas encore reconnu et son approche manquée de Moréas est un des thèmes du roman, de même que son attirance inavouée pour un danseur ou encore des conversations dans un milieu mondain que l'on a du mal à suivre. L'intériorité, le fil des pensées dominent un récit qui peut en sembler enchevêtré, trop allongé parfois, dans un rapport avec la composition poétique qui aurait gagné à être éclairé. C'est curieux de voir Alexandrie ou Constantinople d'alors, ou la Grèce indépendante, si peu évoquées pour un tel portrait.



Commenter  J’apprécie          60
Dompter la bête

«Les yeux fermés, la lumière chatouillant ses paupières, Àris cherchait son portable. Il tira le drap, fouilla les replis mous de la couverture, sa main effleura sa poitrine chaude et suante. Puis il attrapa quelque chose de dur dépourvu de clavier et comprit aussitôt qu’il tenait sa queue. Il sourit et se rendormit.»



Politicien grec bien installé dans le système, conseiller d’un ministre, Àris Pavlòpoulos se préoccupe plus de ses obsessions sexuelles, de son jeu de tauromachie érotique avec sa maîtresse, que des affaires publiques. Corrompu par le temps, le pouvoir et le renoncement à ses combats de jeunesse, il s’éloigne, écarté par son ministre, du monde politique. Ayant autrefois publié un recueil de poèmes, ses rêves de grandeur redeviennent littéraires, il voudrait susciter des frissons et de l’admiration à la lecture de ses vers, mais peine à composer un unique poème pour la soirée de l’Union des écrivains dont il est l’invité.



Furieux quand on veut le corrompre au vu de la somme mesquine qui lui est proposée, personnage pathétique qui n’a plus aucun proche (mais en a-t-il jamais eu ?), il retrouve ses souvenirs, une part de lucidité et un morceau de sa vie et devient attachant, bien qu’il soit pitoyable, en voulant être poète.



Héros tragi-comiques, ambigus comme Àris, les autres personnages forment une galerie de portraits de la bonne société grecque, beaucoup plus décapante que tout article de presse, autour d’une famille en ruines ; l’adolescent rebelle qui ne s’émancipe pas vraiment, l’épouse anorexique et dépressive, la vieille mère alcoolique et un peu folle qui s’identifie à l’héroïne des Feux de l’amour.



L’autre personnage central est là en arrière-plan, figure de la colère avec son bonnet rouge, d'une forme d'innocence aussi, il est le trublion qui fascine ou qu’on écrase quand on est un puissant, il est le lien entre les membres de cette famille si distants, celui qui les relie et aussi les éloigne.



Dompter la bête, un livre au très beau titre, ambivalent jusqu’au bout.



«Il regarda le verre dans sa main, le glaçon avait fondu. Tout foutait le camp. Il se demanda s’il était le même homme que celui assis le matin à cette même place, plein d’idées, de confiance en soi. La lumière du soir baignait les meubles de reflets assourdis, la surface de la table luisait comme une peau morte […] Et si j’écrivais un poème pour me mettre à nu ? se demanda-t-il. S’il écrivait un poème sur son état présent, le sentiment d’échec, de temps perdu ? Sur Penny nue dans l’obscurité et lui qui attendait en tremblant les bruissements de l’étoffe rouge ? Sur le mugissement des bêtes qu’il croyait entendre dans la chambre, le vertige du vide qui s’emparait de lui des qu’il mettait le masque et se jetait toutes cornes dehors sur sa victime, les moments d’extase quand il serrait son corps puis son cou entre ses mains, au bord de passer à l’acte ?»

Commenter  J’apprécie          50
Ce qui reste de la nuit

A quoi bon essayer d'imaginer ce qui passait par la tête d'un grand poète comme Cavafis lors du voyage qu'il effectue à Paris avec son frère, à partir de si peu d'archives disponibles ? A quoi bon imaginer ses fantasmes au moment où il découvre son homosexualité, qui ne sont peut-être que pure invention d'Ersi Sotiropoulos ?

Ce livre m'a déçue. Finalement, pourquoi chercher à entrer ainsi dans l'intimité des écrivains et poètes ? Qu'est-ce que cela nous apporte de plus que la lecture de leurs oeuvres ?

Il y a d'autres livres d'Ersi Sotiropoulos qui sont bien meilleurs.
Commenter  J’apprécie          41
Le Grand Tour

Quelle bonne idée : un récit, un souvenir, une tranche d'histoire, une anecdote ou une réflexion par un(e) écrivain(e) de l'Union Européenne ! Vingt-sept auteur(e)s ; toute la diversité de l'Europe ou presque.

Je n'ai pas trouvé tous les textes à mon goût, forcément, mais je ne regrette pas ce voyage à travers le temps et l'espace de mon continent. J'ai aimé longer les remparts de Tallin, découvrir la Bucovine, parcourir le siècle dernier le long des côtes croates, connaître les hauts et les bas de l'industrie textile de Brno, regarder l'immensité de l'océan comme Henri le Navigateur. J'ai ressenti de la colère en lisant les atrocités subies par les juifs de Varsovie et de la tendresse pour la mélancolie de tel ou telle autre héros de ces courtes productions. Un beau tour d'Europe.
Commenter  J’apprécie          30
Ce qui reste de la nuit

"Que se passe-t-il lorsque quelqu'un a rendu son dernier souffle, étendu sur son lit de mort, que tout le monde est sorti, qu'ils sont partis se préparer pour les funérailles et que la chambre est déserte ? Dans un coin se dresse le porte-manteau auquel sont suspendus les vêtements que le défunt portrait la dernière fois. La fenêtre est entrouverte, le vent du sud souffle. Le rideau frisonne, les habits ondulent gentiment. L'insouciance des vêtements à côté du lit de mort." Deux frères fuyant la Grèce pour rejoindre la France, menacée en son cœur par l'affaire Dreyfus. Constantin Cavavy, poète hyper exigeant en quête d'un idéal lyrique inaccessible oscillant entre antiquité et mythologie. Personnage troublé, exalté et plombé, en constante mutation, essayant tant bien que mal de publier ses écrits malgré le désintérêt général de ses proches et des critiques. Révélé par quelques uns de ses vers semés à travers la trame historique, on aborde un homme divisé, en constante remémoration de son passé et de ses actes. Une mère trop possessive, une jeunesse envolée près d'Alexandrie, ses premiers émois masculins. Durant 3 jours, en pleine canicule et rodant dans les ruelles parisiennes, Constantin fait table rase de son existence et tente de capter l'inspiration vitale à travers les réponses à ses vielles questions.

Poète populaire en Grèce très peu reconnu en France, Constantin Cavary se voit ici s'offrir la passion et les recherches fructueuses de Ersi Sotiropoulos, lesquelles lui ont permis de construire un roman biographie fort intéressant.

Commenter  J’apprécie          30
Eva

J’ai choisi ce roman pour appréhender la Grèce d’aujourd’hui mais j’avoue que j’ai eu beaucoup de mal à découvrir l’intérêt du livre. Je vois que l’auteur a reçu le Prix du meilleur roman de l’Académie d’Athènes alors c’est certainement moi qui n’ai pas su saisir l’âme de ce roman. Je ne savais pas trop où l’auteur voulait en venir, beaucoup de répétitions, une histoire de voleur qui m’a semblé absurde et très longue. Le temps d’une soirée, Eva est en errance dans Athènes mais même si l’on parle de gens désœuvrés et à la rue, d’homme politique véreux (ce qui est monnaie courante) je n’en ai pas ressenti la force de la crise et n’ai eu aucune empathie pour aucuns des personnages. Quant à la fin, je voudrais bien que quelqu’un me l’explique.
Commenter  J’apprécie          30
Eva

Quand je suis tombée sur ce livre, j'étais contente de trouver un ouvrage grec contemporain, et en plus "primé" (prix du meilleur roman de l'Académie d'Athènes).

J'ai très vite déchanté; je n'ai pas du tout adhéré à l'ambiance. Trop sombre, trop bizarre, trop glauque. Un côté malsain. Ou bien je n'ai rien compris.

Je n'ai pas continué ma lecture et l'ai abandonnée, pourtant je sais m'accrocher quand un livre prend du temps à démarrer : je lui laisse une chance.

Grosse déception.
Commenter  J’apprécie          20
Le Grand Tour

Une idée extrêmement intéressante.

Alors que je ne suis pas un fan des nouvelles et que ces courts textes s'y apparentent, je n'ai nullement ressenti ceux-ci comme des nouvelles mais plutôt comme un moment que chaque auteur me consacrait.

Le choix de regrouper ces écrits par thème m'a beaucoup séduit, l'ensemble des textes rassemblés dans un chapitre donnait une atmosphère commune qui a probablement participé que je n'ai pas ressenti ces lectures comme des nouvelles, l'ambiance se poursuivant d'un texte à l'autre.



J'ai trouvé l'ensemble très inégal mais je pense que cela est dû à ma sensibilité qui m'a fait trouver ennuyeux "Errances" que j'ai trouvé trop onirique alors qu'à l'opposé j'ai beaucoup apprécie "cicatrices" nettement plus en relation avec la réalité des choses.



C'est un ouvrage intéressant qui n'apporte rien sur l'histoire de l'Europe ou alors sur quelques très petits points. Il s'agit bien d'une compilation de regards sur l'Europe en offrant un éventail d'auteurs étrangers composant l'Europe.



Commenter  J’apprécie          20
Le Grand Tour

Vous vous sentez européen(ne), vous ? Moi, si on me pose la question, je réponds « oui ». Sans hésiter. Mais sur quoi ce sentiment se fonde-t-il ? Ma langue, mes habitudes, ma culture, me définissent avant tout comme française. Cette identité-là s’incarne quotidiennement dans mes paroles et dans mes gestes. Alors, être européen, qu’est-ce que c’est ?



L’Europe, ce sont des contours géographiques, une monnaie commune, un marché économique, des institutions. Certes. Mais comment cet ensemble peut-il réellement fonctionner s’il ne s’appuie pas sur de solides fondations ? C’est-à-dire sur un socle culturel partagé, sur une dimension sensible et affective, en somme, plutôt que sur des organes exclusivement administratifs ?



A l’occasion de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, Olivier Guez a demandé à 27 écrivains - un par Etat membre - d’écrire un texte dont la seule consigne était « de relater un lieu qui évoquerait un lien de leur pays avec la culture et l’histoire européennes ». Il en résulte un recueil tout à fait passionnant qui permet d’entrevoir ce que, du point le plus septentrional de la Finlande à un village de Malte et de l’extrême est de la Lettonie à ce cap portugais où finit la terre, nous pourrions avoir en partage.



Ce qui est frappant, à la lecture de cet ouvrage, c’est de constater combien l’histoire de ce continent s’est écrite sur des drames. Les souffrances dues aux deux grandes guerres et à la Shoah sont encore très vivaces dans les esprits, et les lieux qui en recueillent la mémoire, omniprésents. Sans oublier l’esclavage, ainsi que le rappelle la Portugaise Lidia Jorge, et le commerce triangulaire grâce auquel certains pays purent autrefois prospérer. Nombre d’auteurs s’en font l’écho.



D’autres évoquent un patrimoine commun, qu’il s’agisse du pain dont la narratrice de la nouvelle signée par l’Espagnol Fernando Aramburu se rappelle avec émotion avoir goûté toutes les variétés à l’occasion de ses voyages, ou des mouvements artistiques qui se sont mutuellement inspirés, à l’instar des peintres danois croqués par Jens Christian Grøndahl qui, à la fin du XIXe siècle, vinrent découvrir à Paris une autre manière de travailler la couleur.



Evidemment, le point de vue varie selon que l’on a affaire à un auteur solidement ancré dans son pays d’origine ou à un autre ayant sillonné le continent, vivant tantôt ici, tantôt là. Le Suédois Björn Larsson est de ceux-là, qui voit davantage de points communs entre deux pêcheurs officiant l’un au Guilvinec et le second dans un petit port danois qu’entre un citadin de Paris et un autre de Copenhague : leur métier et leurs expériences les rapprochent.



Dans un recueil de nouvelles, et plus encore lorsque celles-ci sont l’œuvre de différents auteurs, les textes peuvent paraître inégaux. Aussi chaque lecteur sera-t-il plus réceptif à l’un ou à l’autre. Olivier Guez a néanmoins su dégager quelques lignes de force permettant de donner de la cohérence à cet ensemble.



En ce qui me concerne, je dirais que les textes qui m’ont paru les plus intéressants sont les plus personnels, ceux qui relèvent d’une expérience ou d'une perception intime de l’espace qu’il s’agissait de circonscrire. Je regrette que certains auteurs aient opté pour un ton plus distancié, tenant davantage de la notice historique que du récit original et singulier. Mais heureusement, ceux-ci sont minoritaires.



En revanche, j’ai fait quelques belles découvertes, en premier lieu Larsson – qui, je l’ai appris en me baladant sur le Net, a traduit Vallès ! – dont j’ai fort apprécié la qualité d’analyse et la finesse du propos. Ces lectures m’ont donné une furieuse envie de faire plus ample connaissance avec des auteurs dont je n’avais même jamais entendu parler ! Là n’est pas la moindre des qualités de ce livre excellemment préfacé par Olivier Guez, qui présente un large panorama d’une littérature européenne. Un formidable point de départ pour voir enfin palpiter le cœur de notre Europe !




Lien : https://delphine-olympe.blog..
Commenter  J’apprécie          20
Le Grand Tour

À l’approche des résultats du premier tour de la présidentielle, où l’Europe pourrait vivre ses dernières heures, en pleine guerre sur le front de l’est, Le Grand Tour ouvrait certaines portes. Olivier Guez a ainsi réuni vingt-sept écrivains représentant chaque État membre pour tenter une certaine Union européenne et culturelle. Cette chronique demeure difficile tant les mots d’Olivier Guez sont d’une lucidité et d’une justesse déconcertante. Je n’aurais pas touché une seule virgule de sa vision d’une Europe qui n’a pas su saisir l’opportunité, à la sortie de la seconde guerre mondiale, d’un nouvel élan. De cette peur de notre identité européenne, d’affirmer haut et fort que nous faisons partie d’un collectif. Alors oui, l’Europe n’a pas été exemplaire à bien des égards, oui chaque État a accepté de réduire sa souveraineté et de se soumettre aux juridictions européennes. Mais l’Europe pourrait s’attaquer au problème culturel dès le plus jeune âge pour créer des aspérités nouvelles.



La France qui préside depuis quelques mois l’Union Européenne devra à travers son nouveau ou actuel visage, renforcer ses liens avec les États membres et faire bloc. Elle qui pensait qu’une guerre sur son propre sol ne pourrait plus qu’être une utopie… le danger sommeille pourtant à tout instant. À travers les figures tutélaires que sont Imre Kertesz et Milan Kundera, cet ouvrage apolitique éblouit par sa richesse tant littéraire qu’intellectuelle. Ce dernier prônait alors un « maximum de diversité dans un minimum d’espace ». J’ai parfois levé les yeux pour m’en imprégner, j’ai relu de nombreux textes à travers j’ai pu passer à coté parfois, et puis dans son ensemble tout s’est éclairé. Au XVIII ème siècle, existait déjà un grand tour, avec certains aristocrates qui traversaient l’Europe pour s’enrichir personnellement.



27 autrices et auteurs aux langues, aux histoires, aux passés différents, pour se concentrer sur un lieu, une époque qui fait Europe. Des errances, des villégiatures aux fantômes, de la chair aux blessures, des cicatrices à la nostalgie, sept chapitres composent cette Europe qui fait foi littéraire en opposition à cette Europe parfois trop technocratique qui n’a plus d’âme. Cet ouvrage réaffirme la mémoire collective de totalitarismes, de dictatures incessantes et d’un communisme pesant.



Sur 27 textes, certains ont été de véritables claques. Tomas Venclova pour la Lituanie qui affirme « Les pays de l’Europe ne sont jamais à l’unisson, mais dans l’ensemble ils sont en harmonie les uns avec les autres ». Trois capitales, trois mini pays qui déjà sont si différents ne peuvent être qu’une difficulté supplémentaires à l’échelle européenne. Chaque barrière physique ou morale éloigne pas à pas les peuples les uns des autres. Et pourtant Olivier Guez a réussi à diriger un ouvrage qui petit à petit rassembles les voix littéraires à l’autre bout d’une Europe de plus en plus morcelée par les guerres.



Puis il y a le brillant Björn Larsson qui débute son texte par cette particularité qu’en Europe 47 zones où se heurtent trois nations pour le plaisir de visiter « trois pays en trois minutes ». Avec sa patte suédoise, il distingue bien la notion européenne de tous ses avatars sémantiques, il exerce avec sagesse, le droit d’interroger les trois pays scandinaves. L’identité européenne n’est pas encore au firmament de l’unanimité où les trois peuples se renvoient la balle d’une appartenance quelconque. « L’identité est une mosaïque qui se forge à travers une vie ».



Enfin il y a Agata Tucszynska qui nous raconte le ghetto de Varsovie, les réfugiés, la famine, l’enfermement. À chaque texte, je me suis interrogé sur l’inquiétante modernité de tous ces destins. Je n’en ai extrait que trois sur vingt sept et pourtant bien plus sont capitaux pour comprendre ceux qui nous entourent. Ces européens parfois un peu forcés, que nous ne regardons que d’un lointain coin d’œil, qui sont pour certains une menace, pour d’autres des voisins à qui on irait bien demander du sel.



Avec chacune de ces voix, j’ai croisé beaucoup de langues grâce aux traducteurs que l’on doit chaque jour remercier. J’ai vu grâce à ces 27 plumes, tous ces êtres humains qui sont totalement différents de ce que je suis. J’y ai vu beaucoup de langues, de coutumes, de destins croisés, de ressemblances, en somme : du commun.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          20
Ce qui reste de la nuit

Quelle déception ! Ce titre, ce personnage, voilà qui promettait beaucoup... mais je n'ai trouvé dans ce récit d'un séjour parisien de Constantin Cavafis ni la profondeur, ni le lyrisme auxquels je m'attendais. Point de beau, point de véritable portrait du Paris du début du XXe siècle, rien ; tout le texte n'est qu'une succession de lieux et de personnages sans profondeur : tel café est fréquenté par tel auteur, tel artiste demeure ici. Les tourments personnels du poète ne sont pas d'une grande aide au récit qui reste superficiel... pour finir dans un dernier chapitre sordide.
Commenter  J’apprécie          20
Ce qui reste de la nuit

Constantin et John sont deux Egyptiens en escale à Paris à la fin du XIXeme siècle. Ils s'adonnent tous deux à l'écriture de poèmes. Mais si John semble être en mesure de se détacher du poids de la création, Constantin est quant à lui obnubilé par le processus créatif et ne tend qu'à être reconnu. Lorsqu'il prend connaissance des trois mots "sentences" écrits par Jean Moreas au sujet de ses travaux, Constantin s'enfonce d'autant plus dans les méandres de la création. le monde semble alors l'envahir et les rendez-vous qu'il honore avec Madaras en compagnie de son frère ne sont que prétextes à l'observation, la contemplation: des pigeons, une enfant, une vieille mendiante...Et il en est de même des évènements politiques puisque c'est ainsi qu'il appréhende l'affaire Dreyfus : "C'était le mécanisme qui l'intéressait, la trame du complot, si complot il y avait. Non pas le rôle joué par les protagonistes mais par ceux qui agissaient en coulisse. Combien de figurants dans cette histoire. Et bien sûr cet aspect du « seul contre tous » ou du « tous contre un seul » au moment où le scandale avait éclaté, se révélait passionnant. Si l'innocence de Dreyfus était démontrée en fin de compte, songea-t-il, l'affaire risquait de perdre son charme. du moins d'un point de vue littéraire."

Même les frustrations de Constantin, notamment son désir pour les hommes qu'il semble vouloir occulter sont sources de création.C'est d'ailleurs dans ces moments de tensions sexuelles que ses pensées seront les plus lyriques et qu'il trouvera un élément clé à sa création.



L'auteur retranscrit à merveille les idéations de Constantin, rien ne nous échappe de son ressenti. Pourtant, au fil des pages cette accumulation m'a gênée, je me suis parfois sentie oppressée par les phrases, sans aucune distance avec les mots du poète qui m'envahissaient. J'aurais souhaité pouvoir reprendre mon souffle pour mieux replonger dans ses tourments.

(SP)
Commenter  J’apprécie          20
Dompter la bête

La Grèce du début des années 2000, dans la période d'euphorie qui a précédé les jeux Olympiques à Athènes, avant que la crise ne soit déclarée, mais alors que toutes les prémisses y sont bien présentes : un conseiller de ministre qui ne met pratiquement jamais les pieds au ministère, d'anciens opposants aux colonels qui ne sont plus trop gênés par la corruption, des embourgeoisés se réfugiant dans les beaux quartiers, à l'abri de la réalité.... et une Athènes croulant sous les embouteillages. Tel est le décor de ce roman qui, en une vingtaine de jours fait basculer toute une famille dans une crise existentielle.



Un jeune homme à bonnet rouge va jouer le jeu de catalyseur du Visiteur du film Théorème de Pasolini. Il n'en est pourtant pas le protagoniste, mais sa présence va faire exploser le semblant d'équilibre de routine qui lie encore les membres d'une famille.



Le père est celui qui sera le plus déstabilisé, lui qui, entre un passage en coup de vent au ministère et un rendez-vous sado-maso avec sa maîtresse s'efforce de retrouver la verve poétique de sa jeunesse, oubliant à quel point il a trahit ses idéaux.



C'est un roman agaçant, dérangeant, qui ne nous laisse jamais nous reposer sur un acquis et qui nous force toujours à revoir l'opinion qu'on se fait de l'un ou de l'autre.



C'est la première fois que je lis du Ersi Sotiropoulos, mais elle a su me convaincre de son talent et je vais l'ajouter à la liste des auteurs que j'aime suivre.
Lien : http://meslecturesintantanee..
Commenter  J’apprécie          20




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Ersi Sotiropoulos (91)Voir plus

Quiz Voir plus

Hunter x hunter

Qui est le père de Gon ?

Ging
Knuckle
Isaac
Wing

19 questions
287 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}