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Citations de Erwan Desplanques (15)


J’avais parfois envie de tout lui dire, de faire, comme on dit, éclater la vérité – j’aimais bien l’idée que le réel explose – mais rien ne sortait de ma bouche, sinon les phrases banales d’un lycéen qu’on forçait à mentir.
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Ma mère aimait le luxe, répétait qu’elle méritait un homme plus fortuné que lui. Leur rapport à l’argent était puéril, délétère. Ils aimaient plaire, ils voulaient posséder. Ils s’accusaient de s’être dupés l’un l’autre en se mariant – et d’être injustement privés du faste que leur immodestie leur faisait à tous deux miroiter.
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Ma mère m’avait appris à parler pour rien, à parler dans le vide, à parler pour deux ou pour trois. Trop parler est une autre forme de défense. Comme écrire ou chanter. Une voix parallèle.
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Mon passé serait devenu mon voisin.
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Je ne comprenais pas pourquoi l’amour était toujours calculé à l’aune de la passion, comme si seule la violence pouvait le rattacher à la vie, au vivant. L’amour raisonnable était rarement admis ; on ne parlait jamais de sa profondeur, toujours de son intensité, préférant celui qui attise à celui qui apaise.
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La vie était simple. La mort aussi. Il suffisait de prévoir. Mon père était assureur : il prévoyait.
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Le problème de l’armée française fut sans doute qu’elle n’était pas assez américaine. Manque d’ambition, de panache.
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Je me souvenais qu'à l'époque, notre seul souci était de continuer à vivre tel que que nous vivions, et ce le plus longtemps possible. Devenir de vieux enfants, voilà l'idée qu'on se faisait de la réussite.
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Je roulais vraiment vite. Relativement à mon courage. D’ordinaire, je prenais plus de précautions mais les deux filles me donnaient de l’assurance. Je les regardais somnoler à l’arrière, les écouteurs sur les oreilles. Elles semblaient ne pas avoir dormi depuis des mois. Lise avait la tête posée contre la vitre, le poing replié sur la partie ventrale de la ceinture de sécurité. Charlotte s’était fabriqué un appuie-tête en roulant son pull. Je peinais à fixer mon regard sur la route sans balayer le miroir central pour les garder dans mon champ de vision, superposant les deux images, mes passagères se confondant alors avec ma destination.
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Difficile de savoir pourquoi j'avais entrepris de la séduire. Peut-être était-ce dans ma nature ? Ou dans la nature des choses ? Les gens finissent par se séduire, qu'ils se plaisent ou non.
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Mes parents s’aimaient infiniment – et infiniment mal. Mon frère et moi les aimions dans leur folie, malgré la brutalité de cette relation dont nous devinions qu’elle était l’expression gauchie de sentiments plus raffinés.
À l’intérieur de la maison, mon père était une sorte de paratonnerre consentant. Il recevait devant nous des coups de poing qu’il ne cherchait même plus à parer. Nous ignorions pourquoi ils se disputaient, cela partait parfois d’un simple désaccord sur la chaîne de télévision à regarder, mais l’affrontement prenait régulièrement des proportions délirantes.
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Elle était persuadée qu’on ne percevait rien. Elle mentait mal et nous sous-estimait. La vigilance est une qualité précoce, comme la morale, dont les parois s’effritent souvent avec l’âge.
Ces infidélités devinrent une habitude mutuelle, faussement consentie, une compétition, deux doubles vies dans lesquelles nous circulions, mon frère et moi, en suivant avec amabilité le sens du courant. Ce vaudeville ne nous effrayait pas. Nous pensions qu’il en allait ainsi de tous les couples. C’était la joie et la confusion. C’était l’enfance.
 
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La première fois que ma mère me demanda de mentir, j’avais huit ans. Le couple qu’elle formait avec mon père n’était plus qu’un leurre qu’ils agitaient ponctuellement devant leurs amis quand leur épanouissement se jouait dans les marges de façon plus ou moins clandestine. Notre père s’était épris de sa secrétaire, une jeune Sicilienne à chapeau de feutre qui venait parfois nous chercher à la sortie de l’école, avec un rire enfantin qui convenait à notre âge. Ma mère s’était vengée en sortant avec plusieurs hommes, des amants qui nous rejoignaient, l’été, en vacances.
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En ancien français, « aronde » signifie hirondelle ; l’héroïsme envolé, la paix revenue. Mon père avait onze ans. On dit que c’est le mauvais âge pour perdre un proche, même si le bon âge n’existe pas.
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J’avais toujours eu peur de tout. Il n’avait jamais eu peur de rien. Je n’avais jamais compris pourquoi le danger l’excitait à ce point alors qu’il était pour moi synonyme de perte, la possibilité d’anéantir qui nous étions, ce que nous possédions.
Je savais stabiliser un avion mais j’étais incapable d’en sauter, je savais préserver l’ordre existant que j’associais à tort à l’équilibre, je savais réunir les gens que j’aimais et les maintenir en vie et voilà que je me trouvais les jambes dans le vide, mon jouet cassé dans le dos, saisi par le souffle du vent qui s’engouffrait par la porte latérale de l’avion ouverte sur les champs.
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