Si vous lisez ces lignes, vous êtes tombé sur mon blog. C'est un drôle de mot, blog. Si mon grand-père s'était demandé ce que ça veut dire, il se serait mouillé le doigt et aurait tourné les pages de son épais dictionnaire. Moi, j'ai tapé le mot sur Google. C'est ça, le progrès. On n'a plus besoin de se mouiller le doigt.
Vaneck est fâché contre moi parce que j'ai dit à Sara qu'il était amoureux d'elle. Je suis fâchée contre Vaneck parce qu'il m'a trahie dans Assassins. Sara est fâchée contre Vaneck parce qu'il est amoureux d'elle. Vaneck est fâché contre Sara parce qu'elle est fâchée qu'il soit amoureux d'elle. Sara est fâchée contre moi pour une raison que j'ignore, et je suis fâchée contre Sara parce qu'elle ne veut pas me dire pourquoi elle est fâchée contre moi.
Parfois, je m'entends parler, et je n'aime pas qui je suis. Ou plutôt, je n'aime pas la version de moi que je suis en train d'être. Ça dépend à qui je parle. La conversation, c'est comme le tennis, on s'adapte à l'autre. J'aime mes amis parce qu'ils me permettent d'être une version de moi que j'apprécie. D'une certaine façon, à travers eux, c'est moi que j'aime.
Avant, je croyais qu'un artiste, c'était quelqu'un qui savait dessiner, peindre, ou sculpter. J'ai compris en observant Haley ce qu'est un vrai artiste. C'est une personne qui sait concevoir, dessiner, peindre, bricoler, réparer, assembler, souder, et toute autre chose qui peut lui permettre de matérialiser une vision. Une sorte d'ingénieur sensible, d'inventeur romantique, de créateur moderne, qui prend des bouts de pont en ruine pour en faire des arcs-en-ciel.
Quand la folie a pris fin, on a tous regardé Biglio avec de gros yeux. Il a haussé les épaules, et il a dit ce qu’il dit toujours, quelle que soit la situation :
« Whatever. »
(Page 26)
J'ai fait simple. Je suis allée chercher le dictionnaire de français de ma mère sur son bureau. J'adore les dictionnaires. Ils remettent les choses en perspectives. Chaque mot à sa place.
Je suis remontée dans ma chambre, et je me suis mouillé le doigts. D'abord j'ai cherché le mot "amitié"
"Sentiment d'attachement et de sympathie entre deux personnes."
J'ai réfléchi. ça me paraissait léger. J'ai cherché "amoureuse". Le dictionnaire m'a renvoyé vers "amour".
"Un profond sentiment d'affection et d'attirance pour une personne qui pousse ceux qui le ressentent à vouloir s'unir de manière physique, spirituelle, voire imaginaire, avec la personne en question."
J'ai lu cette phrase cinq fois, la gorge sèche. On aurait dit qu'elle avait été écrite pour moi.
L'amour ne change pas, ce sont les gens qui changent.
Il y a trois trucs que je déteste quand j'ai le nez dans un livre:
1. Qu'on lise par-dessus mon épaule.
2. Qu'on m'interrompe pour me demander si c'est bien.
3. Qu'on fasse du bruit pile quand je suis dans le dénouement.
Je ne sais pas vous, mais moi, je me pose plein de questions, tout le temps. Si je n'écrivais pas ce blog, je passerais sûrement ma vie à les esquiver. Mais écrire, c'est faire le tri dans ses pensées.
Les mots sont des coquilles, pleines ou vides selon ce qu'on pense quand on les dit. Ce qui compte vraiment, c'est ce qu'on met à l'intérieur, c'est ça qui leur donne de la couleur et de la vie. Il y a des "je t'aime" plus blafards qu'un cadavre, et de simples "oui" et "non" qui pétillent et peuvent changer le cours d'une vie.