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Critiques de Erwan Larher (218)
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Le livre que je ne voulais pas écrire

Erwan Larher est écrivain.



Erwan Larher était au Bataclan en ce 13 novembre 2015.



Deux faits n'ayant rien à voir l'un avec l'autre.



Et pourtant, c'est parce qu'il est écrivain qu'il devra écrire ce livre.



Un ouvrage bouleversant. Evidemment pour les faits qu'il raconte mais surtout dans la manière dont il raconte. Sans pathos. Sans clichés. Sans tous ces hors propos nauséabonds qu'on a souvent dû subir dans les journaux, les médias, les profils Facebook, juste après les attentats de Paris. C'est un témoignage, personnel et universel. C'est un baume. Qui n'explique pas l'inacceptable. Qui ne donne pas dans la récupération. Dans le message militant ou dans le sensationnel. Mais c'est l'histoire d'un type plutôt sympa au mauvais endroit au mauvais moment. Et des conséquences que ça aura. Pour lui. Pour ceux qui l'aiment. Pour les gens en général.



C'est un hommage aux soignants, dans les hôpitaux qui ont, qui font tant.



C'est un livre qui restera.



Le livre que personne ne devrait avoir à lire mais que tout le monde se doit de lire.



Pour se souvenir qu'un soir, tout peut basculer …


Lien : https://labibliothequedejuju..
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Le livre que je ne voulais pas écrire

Il voulait écouter du rock et passer une soirée du tonnerre..........mais Lachésis y a décidé autrement, il va plutôt frôler la foudre se retrouvant avec une balle dans les fesses. Erwan Lacher raconte ce qu'il ne voulait pas raconter.....cette terrible nuit du 13 novembre 2015 au Bataclan,où il était présent, «mauvais endroit au mauvais moment », et s'en est sorti avec le statut de rescapé. Qu'il soit «  le seul écrivain présent ce soir-là au Bataclan », et le mot magique de « partager » , lancé par une amie va achever sa réticence. Mais bon, la tâche n'est pas facile : comment insérer la tragédie intime (1500) dans le drame national (1), comment raconter en romancier et non en chroniqueur, comment éviter l'autofiction, le voyeurisme,......bref comment en faire un objet littéraire ?

Vivre un drame pareille ne peut être raconté à chaud.....une fois que le temps a estompé le vif, peut-on le retrouver? Surtout que ce vif est vécu dans une autre dimension temporelle que celle “des trotteuses et des chronomètres, régulé de l'intérieur par émotions et sensations, instinct, animalité “. La réponse je ne la connais pas, mais Erwan lui ne se pose même pas la question, il prend carrément un autre chemin, sans chercher à reconstituer le vécu. Sans pathos, à l'aide d'artifices littéraires, jonglant avec le « tu », « je », « il », il tourne autour de la tragédie, la touche, se retire, l'observe, le remet dans son contexte au sens large, donnant la parole à toutes les personnes ( victimes, amis, terroristes....) qui y ont été directement ou indirectement mêlées ou touchées. Il nous émeut, réussissant magistralement à coucher sur papier des sentiments, des émotions et des choses indicibles reliés à cette barbarie du XXI iéme siècle, et à son propre processus de guérison psychologique et physique, intimement liées. Son regard est impartial, lucide et honnête (« Sagesse millénaire: qui sème le vent récolte la tempête »), teinté d'un zeste d'humour, attitude difficile vu son implication dans le drame.



Ce livre est en lice pour le prix littéraire « Hors concours », je lui souhaite donc beaucoup de chance. Des cinq finalistes, c'est le troisième que je lis et je dirais que déjà avec ces trois, difficile de départager......donc bon courage aux jurés ! Et un grand merci à nadiouchka.



« J'ai découvert tout cet amour. Il a fait dévier la trajectoire de la balle, n'essayez pas de me prouver le contraire. »





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Le livre que je ne voulais pas écrire

Difficile de parler d’un livre qui vous a autant ému. Erwan LARHER était au Bataclan ce terrible soir du 13 novembre 2015 ou la folie terroriste à frapper différents lieux de Paris. Erwan a été blessé dans sa chair, a dû lutter en serrant les dents, pas les fesses (la balle était passée par là). Il raconte, plutôt il rend compte des différentes émotions qui l’on parcouru pendant ces mois de souffrance. Mais Larher lui, n’a pas envie de faire pleurer dans les chaumières. Lui ce qui l’intéresse c’est les mots, ceux qui font qu’il a quitté son métier pour devenir écrivain. Et son talent narratif transpire tout du long de ce texte jamais larmoyant, toujours tourné vers une légèreté et une sensibilité qui colle parfaitement à Larher. Son livre est magnifique, vient vous cueillir alors que Larher fait tout pour l’éviter, certaines pages sont d’une justesse et d’une puissance incroyable. D’accord avec vous Erwan, on aurait aimé que ce livre n’existe pas, mais puisqu’il est là malheureusement, autant vous le dire, j’ai rien lu de mieux cette année.
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Indésirable

Il n’a fallu que quelques phrases pour être séduite par l’écriture de ce roman.



La rencontre initiale avec le personnage central laisse tout de suite présager une originalité, quelque chose d’indéfini, qui en fait un être singulier. Le doute ressenti à la lecture d’un curieux pronom personnel (une coquille ?…) laisse la place aux interrogations lorsque cette coquille se répéte, et définit ainsi l’ambiguïté de Sam.



Son arrivée dans la bourgade de Saint-Airy ( le clin d’oeil à Martin Mongin est réjouissant), ne passe pas inaperçu. Et lorsque son intention de s’y installer se précise, l’on parle, beaucoup, Clochermerle se réveille, pour le meilleur et surtout pour le pire.



L’intrigue m’a tenue en haleine, sans faillir jusqu’à la fin, soutenue par la magie de l’écriture. De l’écriture inclusive, qui aurait pu être un obstacle mais qui finalement est parfaitement justifiée par le propos, à l’emploi de néologismes, d’adjectifs déclinés en verbe, comme des bijoux dans un coffret.



L'auteur a un talent certain pour insérer des anecdotes à la fois drôles et informatives. Comme l'histoire de la vie de Mark Twain, et de sa relation à la comète de Haley. Et pour éviter l'effet wikipédia, recours au Jeu des Mille Francs !



Brève allusion à la pandémie, qui est une histoire ancienne et donc situe le roman dans un futur proche. De même que la polémique autour des humanoïdes. Et pourtant, on n'a aucune envie de classer le roman dans la catégorie SF.



La psychologie des personnages est subtilement mise en scène et le poids de l’exaltation collective démontre la fragilité de l’opinion personnelle face à l’irruption de sentiments refoulés.



La vie en collectivité dans une petite ville est bien cernée, avec les remous de conseils municipaux à haut risque, et la réputation des absents qui se construit entre les bacs à shampoings et le bar du centre-ville.





Très belle découverte d’un auteur lu pour la première fois mais pas la dernière.


Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Le livre que je ne voulais pas écrire

Ce livre qu’Erwan Lahrer ne voulait pas écrire est le récit de sa nuit d’enfer le 13 novembre 2015 au Bataclan.

Il réussit avec beaucoup de pudeur à mettre en mots l’intolérable, la peur et la souffrance.



Son texte est entrecoupé par les réactions de ses proches ce qui donne plus de poids au récit.



Erwan Lahrer ne s’érige pas en victime, il ne juge pas mais relate des faits et salue le travail des secouristes, des médecins, du personnel soignant.

« Il faut plus de personnel soignant, les payer plus, se soucier de leur bien-être professionnel. Taxez la spéculation, capez les hauts salaires, démerdez-vous –démerdons-nous- mais n’abandonnez pas la santé publique. »



J’ai eu l’occasion de rencontrer trop brièvement l’auteur lors du dernier salon du livre de Vannes.

Je garde en mémoire, son regard bienveillant et malicieux, son sourire tellement craquant, sa gentillesse, son humour.



En refermant ce livre qu’il ne voulait pas écrire, je pense qu’il lui ressemble, il est d’une élégance incroyable.

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Le livre que je ne voulais pas écrire

Erwan Larher était de concert au Bataclan un certain 13 novembre 2015.

Bilan : une balle dans les fesses et une virilité mise à mal.

Pas de quoi en tirer un livre.

Oui mais Erwan Larher est aussi écrivain. Le seul écrivain présent ce soir-là.

Lui pense qu’un livre ne s’impose pas, tout son entourage est d’avis contraire.

Finalement, il cède.

Pas un roman, un objet littéraire, précise-t-il avec une bonne dose d’autodérision.

Il choisi l’humour souvent, la fiction aussi lorsqu’il se met dans la peau de celui qui a appuyé sur la détente, il insère les textes des autres qui jalonnent le sien comme des respirations qu’il s’accorde.

Ça dit beaucoup sans vraiment s’étendre et ça prend au cœur plus qu’aux tripes…

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Le livre que je ne voulais pas écrire

"Tu étais au mauvais endroit au mauvais moment, tu es un miraculé pas une victime "



J'ai eu la chance de croiser Erwan Larher lors de la soirée du 9 décembre 2016 qui clôturait la session 2016 des 68 premières fois, les organisatrices avaient convié des auteurs de premiers romans mais également quelques auteurs amis dont Erwan, la soirée s'est terminée en petit comité dans un restaurant. A l'époque je ne connaissais ni l'écrivain, ni l'homme, ni le drame qu'il avait vécu.



Le 13 novembre 2015 Erwan assiste seul à un concert de rock au Bataclan, "À partir de là commence une histoire que je ne voulais pas raconter." Dans un premier temps Erwan refuse de témoigner comme rescapé du Bataclan, il résiste à la pression de son entourage qui le pousse à partager son expérience, à écrire sur cet événement puisqu'il était le seul écrivain présent ce soir-là dans la salle.



Dans une première partie écrite à la première personne, Erwan nous relate ses interrogations, son cheminement pour aboutir à ce qu'il nomme un projet B : il va écrire autour de l'évènement comme un romancier, son livre ne sera ni un récit ni un témoignage, il ambitionne d'en faire un objet littéraire en prenant la posture d'écrivain et non de victime. Il reprendra le "Je" de l'écrivain à la toute fin du texte.



Il demande à quatorze de ses proches de lui fournir un texte sur la façon dont ils ont vécu cette nuit-là. On retrouve ces écrits sous la forme de chapitres insérés régulièrement et intitulés "vu du dehors", ils ne sont pas signés mais la liste des quatorze proches figure en début de livre. On apprend ainsi que cette nuit-là, sa compagne Jeanne crée un groupe sur Facebook pour tenir leurs amis informés, elle y a inclus tous ceux qui s'inquiétaient pour Erwan sur leur mur Facebook. Sur les réseaux sociaux Erwan est devenu "l'ami du Bataclan". Tous sont restés sans nouvelles de lui de 22h à 4h du matin...Il n'avait pas pris son portable...



Erwan passe au "Tu" pour raconter l'indicible, il commence par se mettre dans la peau des terroristes, il tente de comprendre leur colère, leur désespoir. Il évoque l'attaque, les hurlements (HURLEMENTS dans son texte), la balle qu'il reçoit dans la fesse alors qu'il est protégé par un pilier puis le silence durant lequel il se répète à l'infini "Je suis Sigolène, je suis un caillou" (Son amie Sigolène Vinson a publié un roman "Le caillou" et était présente dans les locaux de Charlie le 7 janvier) en faisant le mort avec quelqu'un accroché désespérément à son mollet. Puis les gémissements autour de lui après l'assaut et enfin le calvaire de l'attente des secours.

Il parle de la panique qu'il ressent chez certains jeunes sauveteurs, des larmes dans les yeux de certains soignants, des quelques jours passés en réanimation, de l'amour et de l'amitié qui l'aident à ne pas sombrer dans la mélancolie "Le corps ne se retape pas sans amour; il faut lui donner une raison de lutter.", de l'hôpital où il réapprend à se tenir debout et à marcher "Tu as fait connaissance avec ta mort, allongé sur le sol du Bataclan; tu rencontres maintenant ta vieillesse à venir" puis, après deux semaines d'hospitalisation, de sa convalescence chez ses parents dans le sud.

Ses journées sont alors rythmées par des séances de kiné, d'ostéopathie, d'hypnothérapie pour traiter sa perte de sommeil et par la correction du manuscrit de son prochain roman qui doit paraître quelques mois plus tard, il a un besoin impérieux de corriger ce texte pour ne pas craquer, il vient d'en choisir le titre et ce sera "Marguerite n'aime pas ses fesses", ce qui ne manque pas de sel lorsqu'on pense à la localisation de ses blessures... La douleur physique est omniprésente mais l'infirmité qui l'angoisse le plus est sa perte de libido et de ses capacités érectiles "Tu aspires à être reconnu tout à la fois comme un individu aimable, un écrivain respectable et un amant notable"



Il refuse clairement d'être considéré comme un héros, pour lui ce sont les pompiers et les soignants qui sont des héros, il leur rend un vibrant hommage. Il parle des sentiments qu'il a éprouvés, de la culpabilité qu'il a ressenti de ne pas s'être comporté en héros car, comme tous, il a fait le mort. Il évoque la culpabilité de ne pas s'être raccroché aux siens par la pensée, il dit qu'il a simplement subi, qu'il a simplement attendu.



Ce récit donne bien entendu des frissons mais Erwan Larher a atteint son objectif, ce livre qu'il ne voulait pas écrire est un bel objet littéraire. Il y fait preuve d'une incroyable pudeur, d'un humour et d'une autodérision à toute épreuve, il faut dire que la localisation de sa blessure lui a donné matière à de belles tirades... La question de sa légitimité à écrire sur le Bataclan traverse son texte de part en part "La littérature n'arrête pas les balles. Par contre, elle peut empêcher un doigt de se poser sur une gâchette. Peut-être. Il faut tenter le pari"

J'ai apprécié la grande sincérité de ce récit très intime où il se met à nu sans aucun apitoiement sur lui-même sans aucun voyeurisme. J'ai aimé son idée d'avoir inclus dans son récit les témoignages de ses proches, les regrets de certains d'entre eux sont particulièrement émouvants. Il est intéressant de voir comment son entourage le perçoit.

Réfractaire à toute forme de violence, n'ayant jamais rien vécu de traumatisant avant le Bataclan, Erwan tente de trouver un sens à cet évènement. Une mise à l'épreuve? Une ouverture sur autre chose? Dans quelques passages son propos devient plus politique, cet évènement enrichit son perpétuel questionnement sur le monde.

En tout cas ce texte qu'Erwan ne voulait pas écrire et qu'il a vraiment bien fait d'écrire le rend encore plus sympathique.

La quatrième de couverture et la jaquette de ce récit avec une paire de santiags (seules chaussures qu'Erwan portent) sont particulièrement réussies. Bravo aussi à l'éditeur !






Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Marguerite n'aime pas ses fesses

Marguerite, jeune femme fade et effacée n’aime pas ses fesses.

Il faut dire qu’il n’y a pas grand monde autour d’elle pour lui remonter le moral et lui redonner un peu d’assurance et de confiance en elle.

Engluée dans une relation sentimentale sans avenir, elle se contente d’un quotidien monotone en rêvant d’une vie meilleure.

Rien de bien reluisant non plus dans sa vie professionnelle, Marguerite se contente d’effectuer des taches secondaires dans une maison d’édition, jusqu’au jour où, miracle, un ancien président de la république la sollicite pour l’aider à rédiger le prochain tome de ses mémoires.

Cette rencontre va rapidement mettre à mal le train-train de Marguerite, qui va lentement mais sûrement s’épanouir au contact du vieil homme et découvrir une facette de sa personnalité qu’elle avait jusque-là sagement ignorée.



J’ai lu ce roman avec souvent le sourire aux lèvres. Erwan Larher dresse avec humour et acuité le portrait d’une France d’aujourd’hui, à travers les dérives aussi bien politiques que sexuelles d’une génération entière.

Avec une écriture rythmée et acide, ce roman fait preuve d’une grande originalité.

J’ai adoré le portrait du vieux président que chacun pourra reconnaître.

Je ne me suis pas ennuyée une seconde aux côtés de Marguerite, plongée avec elle au cœur d’une affaire d’État qui donne au roman des allures de thriller.

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Le livre que je ne voulais pas écrire

Je n'ai pas lu le 4e de couverture... Avec un titre pareil, je pensais à une réflexion sur l'écriture (ou non), sur la littérature, sur ce qui fait l'attrait d'un livre.... Eh bien ma foi ! Belle erreur ! Quand je me trompe c'est en grand !!!



En fait ce livre est un témoignage : l'auteur fait partie des survivants de la tuerie du Bataclan. Et en y réfléchissant le titre colle parfaitement.

Un texte vraiment attachant, qui alterne le témoignage de l'auteur et celui de ses proches. Vraiment une approche littéraire et pas seulement factuelle.

Un très beau texte. Sur un sujet difficile..... douloureux car encore très proche....

Un livre choisi au hasard, pour son titre, par erreur... Et une bienheureuse erreur au final !
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Le livre que je ne voulais pas écrire

Ce livre que nous ne voulions pas lire raconte l'histoire d'un homme ordinaire, écrivain de son métier, ex-musicien, durant la soirée du 13/11/15 telle qu'il l'a vécu au Bataclan et surtout sa reconstruction après blessure.

J'ai trouvé ce récit très égocentré mais l'auteur n'est cependant pas dénué d'humour sur lui-même.

Plusieurs de ses nombreux amis ont insisté pour qu'il écrive à ce sujet - d'où aussi le titre - et apportent eux aussi un point de vue extérieur à l'histoire, rédigé plus ou moins bien et c'est une idée originale à mon sens.

Je retiens le "je suis caillou, je suis Sigolène" qui l'a aidé à tenir bon durant l'attaque, à l'exemple de Sigolène Vinson, survivante de celle de Charlie Hebdo quelques mois auparavant.

Pour cet homme aux multiples conquêtes, récupérer sa "virilité" est aussi vécu comme un drame après une balle dans le fondement !

En revanche, je partage certaines de ses idées et je comprends les craintes qu'il ne parvient pas à maîtriser, bien loin du slogan débile "même pas peur".
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Marguerite n'aime pas ses fesses

Donc Marguerite n'aime pas ses fesses. Et ça voyez-vous, de nos jours, ce n'est pas anodin. Parce que le monde est régi par les fesses. L'apparence, la séduction, le physique plutôt que les idées. Et le cul, bien sûr. Alors, si vous pensiez que ce titre n'était qu'un coup marketing, ma foi, vous n'y êtes pas du tout. Marguerite n'aime pas ses fesses, c'est un vrai syndrome du XXI ème siècle.



Et c'est la clé de la réussite de ce roman jubilatoire, saisir parfaitement l'air du temps, souligner ce qui fait mal, ce qui marche de travers en renvoyant à des comportements qui nous sont forcément familiers et à des sensations bien connues. Tout ceci sans avoir peur de l'excès, comme un reflet, là-aussi de notre époque. Sous les apparences d'une intrigue un peu foutraque, Erwan Lahrer mène parfaitement sa barque. On se marre, on grimace, on rougit et on passe un super moment.



Parce que Marguerite, c'est un peu nous. Elle rêve sa vie parfaite et se dépêche d'oublier la réalité (un mec oui, mais alors... franchement il y a des paires de claques qui se perdent). Un job de corvéable à merci dans une maison d'édition. Une mère excentrique et désinhibée, qui se veut plus copine que maternelle, plus mini-jupe que tricot et n'hésite pas à piquer les mecs de sa fille. Plus de père. Mais un blog sur lequel elle se défoule en assassinant les livres qu'elle juge mauvais (ça doit soulager, c'est sûr). Marguerite s'invente une vie tous les jours, se met en scène sur les réseaux sociaux et se voile plus que la face. Et puis, son employeur l'envoie soudain auprès d'un ancien président de la république pour l'aider à accoucher du dernier tome de ses mémoires. Aux côtés de ce vieil homme roué et obsédé sexuel (n'ayons pas peur des mots), Marguerite va découvrir de nouvelles perspectives. Et là, ça devient très très chaud (à tous les niveaux).



Tout en tricotant son intrigue à la manière d'un sympathique polar un peu déjanté (mais qui s'amuse donc à dézinguer les vieux politicards qui ont si bien profité du système ?), l'auteur met parfaitement en scène la vision d'un monde politique voué aux pires excès, provoquant le désenchantement que l'on sait. Sans oublier de dresser le tableau d'une société du virtuel, de l'apparence, du mensonge et de la mise en scène. Et ma foi, c'est terriblement juste.



Franchement, il faut lire les aventures de Marguerite comme un marqueur de ce début de XXI ème siècle. Alors certes, on rit un peu jaune, quand on perçoit son propre reflet dans le miroir tendu par l'auteur (oui, tout le monde y verra à un moment ou à un autre apparaître son reflet). Mais qu'est-ce que c'est bon !
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L'abandon du mâle en milieu hostile

" Mais, à dire vrai, la gent féminine ne m’intéressait pas, ne m'avait jamais intéressé, et réciproquement. Je mettais leur indifférence à mon égard sur le compte de leur frivolité naturelle, de leur goût du superficiel, du clinquant. Or j'avais encore un peu d'acné, des lunettes, des bonnes notes et une collection de timbres - pas exactement un mâle dominant."



Études de droit, affiliation aux Jeunes Libéraux, famille de la bonne bourgeoisie dijonnaise, une vie déjà placée sur des rails prévisibles.

Sauf que le héros narrateur est fasciné par son contraire; elle fréquente des punks, assiste à des concerts débordant de décibels, elle est rebelle, sûre d'elle et inaccessible. Pourtant elle va le remarquer.

Histoire d'amour improbable et passionnée au début des années 80 (pour ceux qui auraient oublié, c'est la gauche au pouvoir épisode 1).



Rassurez-vous, avec Erwan Larher aucun risque de tomber dans la guimauve. Son héros hypersensible mais généreux en auto dérision s'exprime dans un journal personnel, le premier tiers est purement jubilatoire, mais les nuages s'accumulent, "Il va bien falloir que j'en parle", et le narrateur va découvrir l'inimaginable. Il va salement souffrir, et s'interroger sans trouver de réponses.



Un roman à la fois drôle et poignant, que j'ai lu presque d'un souffle, mais un peu sonnée, et m'obligeant donc à un arrêt pour reprendre haleine et aussi en profiter plus longtemps. Erwan Larher, après Qu'avez vous fait de moi et Autogenèse, confirme son talent non formaté et son choix de thèmes originaux; impossible de deviner où il va emmener son lecteur.
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Le livre que je ne voulais pas écrire

Voilà un livre que je ne voulais pas lire. Peur d'être bousculée, touchée, atteinte. Puis, j'ai fini par l'ouvrir. Il est tout ce que je craignais : il vous remue les tripes à vous faire chialer, il appuie là où ça fait mal, sans pudeur ni faux semblants.



"Après l'effroi et l'angoisse, c'est maintenant la colère qui me domine. Colère contre ces barbares – qu'est-ce qu'ils croient ? -, colère contre ma patrie incapable de protéger sa jeunesse – alors voilà, on peut débarquer à Paris avec des kalachnikovs et ouvrir le feu au hasard, ou pas forcément au hasard mais sur n'importe qui".



C'est le témoignage d'un survivant et d'un écrivain qui ne veut pas faire business de cette horreur qui lui est tombée dessus ce soir du 13 novembre 2015, au Bataclan, comme tant d'autres dans cette même salle et ailleurs.



"Tu es un romancier qui invente des histoires, pas qui romance sa propre histoire. Tu as besoin de liberté. Tu ne veux pas décrire. L'odeur. Les HURLEMENTS. Au-delà des mots. Au-delà de l'imagination. Vous n'en saurez jamais rien, des HURLEMENTS, quelle que soit la plume".



C'est le témoignage d'un homme qui sait que pour s'en sortir, l'humour et la dérision est une arme maîtresse. Et « le livre que je ne voulais pas écrire » n'en manque pas ! Je suis passée du rire aux larmes, en quelques phrases, quelques pages. J'ai saisi l'horreur des téléphones qui sonnent, condamnant dans le même temps ses possesseurs ; j'ai senti cette main accrochée à sa jambe, comme à une bouée de sauvetage et j'ai surtout compris cette difficulté d'écrire sur cette nuit terrible, cet « après » de celui qui a eu la chance de s'en sortir et ne revendique aucune légitimité de paroles ou d'écriture.



"La littérature n'arrête pas les balles. Par contre, elle peut empêcher un doigt de se poser sur une gâchette. Peut-être. Il faut tenter le pari."



Voila un livre que je ne voulais pas lire...
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Pourquoi les hommes fuient ?

Mais oui bon sang pourquoi les hommes fuient ?! Avant de lire ce livre, j’avais environ 4 pistes de réflexion :



- parce qu’ils s’emmerdent

- parce qu’ils ont faim

- parce qu’ils ont peur

- parce qu’ils sont programmés pour ça



Heureusement pour vous, Erwan Larher s’est penché sur la question un peu plus longtemps. Car déjà, que fuient-ils ces hommes ? Leur femme, leurs enfants, leur crédit maison et l’ensemble de leurs échecs ? Eux-mêmes, ou leur père qu’ils sont en train de devenir ? Est-ce vraiment une fuite ou l’envie d’explorer le monde ?



Jane, la jeune femme de 21 ans et narratrice du roman, est persuadée que son père, parti lorsqu’elle avait 4 ans, était une véritable popstar, un guitariste à groupies. Parce qu’on pourrait presque pardonner à un homme de partir s’il est ROCK’N ROLL ! Mais c’est quoi, au juste, être rock and roll ? Inconstant et volage ? Totalement libre ? Être libre, c’est être égoïste ou c’est être audacieux ? Et une femme qui fuit, c’est rock’N roll?? Pas vraiment n’est-ce pas... Vous l’aurez compris, ce sujet soulève chez moi un questionnement infini.



Jane rencontre un écrivain au début du récit, de trente ans son aîné. Il l’invite à dîner et tout commence par un ennui profond. Et qui dit ennui, dit rétrospection et enquête. Qui était véritablement son père ? Était-ce ce fameux Jo, Jonas ou Johann, dont le récit sème par indices les chapitres de sa carrière et de sa chute ?



Je ne vais rien vous spolier, juste vous dire que j’ai beaucoup aimé. La construction, le rythme, la narration, et toute la batterie de questions qu’il continue de susciter. Au-delà de la philosophie de vie, les personnages sont parfaitement incarnés et modernes. Les chapitres sont parfois durs, souvent lucide-amer, et l’humour revient toujours, mention spéciale pour la repartie de Jane et la description de l’écrivain à mourir de rire dans sa caricature. Beaucoup de choses sont à mourir de rire d’ailleurs, comme souvent avec cet auteur. Ne fuyez pas ce livre !!
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Indésirable

Indésirable Erwan Larher



Saint-Airy, petit village français, conservateur, dans lequel on préfère se retrouver entre natifs du lieu. Là bas, tout ce qui est étranger ou étrange dérange.

Sam y achète une maison qui était à vendre depuis longtemps et cela ne plaît pas à tout le monde. Sam est un être différent, non genré, ce qui questionne et inquiète les habitants du village. Rapidement, deux clans se forment, ceux qui tolèrent, côtoient, voire admirent Sam, et ceux qui lui font porter tout ce qui a changé depuis son arrivée. Au cours du roman, le lecteur découvre Sam, être plein de ressources inattendues.

Un bon roman assez sombre qui aborde des thèmes sociétaux importants . Une écriture agréable et un parti-pris de l'auteur très intéressant pour d'une part faire ressentir aux lecteurs ce que ressent son personnage et aussi pour qualifier le genre neutre assez peu traité en littérature. J'aurais mis cinq étoiles à ce roman poignant mais je n'ai pas aimé la fin, je ne peux en dire plus sans en dévoiler plus que je ne voudrais. A découvrir !
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Le livre que je ne voulais pas écrire

Erwan Larher, je l’ai croisé pour la première fois le 28 mai 2016, lors de la Comédie du Livre à Montpellier. Une amie lectrice m’avait demandé de lui faire la bise de sa part. Belle mission. Sans doute aurait-il préféré rencontrer une femme jeune et jolie, mais fort courtois, il m’accueillit avec un franc sourire, une immense chaleur dans le regard et une drôlerie communicative. Bises il y eut, donc, et même photos gentiment prises par son adorable voisine de stand Simonetta Greggio. Et je repartis, lestée d’un roman dans lequel il était déjà question de fesses, celles de Marguerite, joliment dédicacé. C’est seulement le lendemain que j’ai appris la nouvelle, dans une sorte de chuchotement "Tu sais, Erwan était au bataclan, il a été blessé." Dieu merci, je ne l’avais pas su avant, j’avais pu le regarder sans crainte, ne pas me poser de questions, ne pas hésiter sur la bonne attitude à adopter.



Là, je viens de terminer son dernier récit, "son Bataclan". Oui Erwan y était, oui il a été blessé, oui il a vécu des moments difficiles, pendant, après. Oui ses proches ont tremblé. Alors ce livre, il ne voulait pas l’écrire, mais il l’a fait et il a fichtrement bien fait. Et sa famille, ses amis ont participé. Tous ont écrit, même ceux qui ne voulaient pas le faire et ils ont fichtrement bien fait. Mais moi, comment pourrais-je mettre des mots derrière tout ça ? Comment pourrais-je, moi la pauvre lectrice lambda, moi qui ne sais pas écrire, comment pourrais-je donner mon point de vue, expliquer, ratiociner ? Comment pourrais-je parler de ces douleurs, ces peurs, de cette mise à nu d’un homme meurtri ? C’est tellement intime, tellement profond, tellement privé, tellement courageux. Je ne peux pas, je reste muette.



Je souhaite seulement dire que "Le livre que je ne voulais pas écrire" d’Erwan Larher m’a émue, touchée, secouée, bouleversée. Et, pour une fois, je voudrais crier : "lisez-le !" Ceux qui ne connaissent pas l’auteur rencontreront un homme d’une grande humanité et ceux qui le connaissent, ne serait-ce qu’un tout petit peu, le retrouveront tel qu’en lui-même.



Merci Erwan, chapeau Monsieur Larher.

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Le livre que je ne voulais pas écrire

Il a fallu du temps et beaucoup d'insistance de la part de ses proches et de ses plus fidèles amis pour qu'Erwan Larher, romancier ayant publié déjà cinq ouvrages, se décide à écrire sur ce qu'il a vécu au Bataclan, ce 13 novembre 2015. le titre choisi est sans équivoque : le livre que je ne voulais pas écrire.



C'est bien qu'il l'ait fait et je trouve qu'il apporte beaucoup après le texte publié par Antoine Leiris, Vous n'aurez pas ma haine, journaliste dont l'épouse avait été assassinée ce soir-là.

Les hésitations d'Erwan Larher sont palpables dès les premières pages. Il parle d'abord de son amour pour le rock puis donne la parole à un ami, ou un proche pour « Vu du dehors », interventions qui jalonnent le récit, avant de parler du groupe qui jouait ce soir-là : Eagles of Death Metal (EODM).

C'est une amie, Poopy, qui lui avait fait découvrir le groupe lors de Rock en Seine 2009. Lorsqu'il apprend qu'EODM repasse par Paris, il achète sa place sans hésiter. Il invite même trois amis à se joindre à lui mais ils ne sont pas libres ce soir-là.

Il laisse volontairement passer la première partie pour venir s'installer, dans la salle, à droite de la console entourée de barrières métalliques : « À partir de là, commence une histoire que je ne voulais pas raconter. »

Erwan Larher le reconnaît : «Pas une victime comme les autres dans un monde qui s'y entend pourtant à les engendrer… » S'il se décide enfin, ce n'est ni un récit, ni un témoignage car « Réalisme et véracité ne sont que cousins éloignés ». Il a enfin laissé parler ses sentiments, son ressenti, ajoutant : « Vous n'en saurez jamais rien des HURLEMENTS, quelle que soit la plume. »

Il réussit même à se mettre dans la tête d'un des terroristes qui va « tuer au nom d'un dieu qui jusqu'ici n'a pas fait grand-chose » pour lui. Avec beaucoup de sensibilité, de réalisme, il parle de leur vie sans jamais excuser leurs crimes.

Cette balle qui traverse son corps, épargne sa vie mais va causer des mois de souffrance : « Blessé, pas paralysé. Tu éprouves du soulagement. du soulagement, c'est absurde. » Recroquevillé contre une barrière, il pense à Sigolène, dans les locaux de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015 et qui a écrit « le Caillou ». Il se répète sans cesse : « Je suis Sigolène, je suis un caillou. »

Lorsqu'un des assassins crie : « Vous direz à François Hollande que c'est pour venger nos frères tombés en Syrie. », il ajoute : « Je n'ai jamais rien entendu de plus tragique. » le silence se fait enfin. Il est dans un état second : « Pas grave, on est sauvés. En fait, c'est le début de ton calvaire. »

On le sort sans ménagement après une longue attente : « Tu lâches prise, couché à même le sol, ciel d'encre au-dessus, grelottant, vidé de tes forces, exsangue, gelé, incapable de parler. Résigné. »

Erwan Larher n'oublie pas l'humanité de ce jeune pompier qui vient le réconforter, les autres victimes, ceux qui souffrent plus encore et salue le dévouement du personnel hospitalier.



Jusqu'au bout, ce livre est prenant, émouvant, instructif aussi, très utile par les temps que nous vivons : « La littérature n'arrête pas les balles. Par contre, elle peut empêcher un doigt de se poser sur une gâchette. Peut-être. Il faut tenter le pari. »



Un grand MERCI à Dominique qui, à Manosque, nous a parlé, pour la première fois, de ce livre si important.
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Le livre que je ne voulais pas écrire



L’auteur a été blessé lors de l’attaque contre le Bataclan en novembre 2015.

Encouragé par son entourage, il se met enfin à rédiger le récit de cette agression, de ses émotions, des réactions de son entourage.

Et on rit. Beaucoup.

L’auteur est un homme qui aime s’amuser, plaisanter. Il en fera profiter l’équipe hospitalière qui va s’occuper de lui pendant plusieurs semaines.

Il n’en est pas moins humain et nous décrit minute par minute sa soirée du 13 novembre 2015 avec humilité et franchise.

Il lui en restera quelques cicatrices, des regrets éternels en rapport avec un accessoire vestimentaire et un amour de la vie sans doute encore plus développé. Surtout, il a découvert combien il compte pour ses amis et sa famille et est profondément touché par l’intensité de leur implication émotionnelle.

Un gars sympa à qui il est arrivé un truc moche. Un gars sympa que l’on a envie de remercier pour insuffler autant de vie et d’optimisme dans un contexte aussi barbare.

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Pourquoi les hommes fuient ?

"Le jour où tu eus la révélation que tu étais aussi con que les autres, tu décidas de te retirer du monde".



On pourrait se décider à lire le nouveau roman d'Erwan Larher rien que pour le plaisir de tomber sur cette phrase au détour d'une page. Bon, il faut dire qu'elle est posée bien en évidence, difficile de la rater à moins d'avancer en sautant les pages par paquets. Faut-il y voir un message ? Une invitation à la clairvoyance pour certains ? Si seulement... Mais on peut aussi lire ce roman pour plein d'autres raisons. Le plaisir de retrouver Marguerite (qui n'aime toujours pas ses fesses, au fait) si ce n'est Billie, sa mère, celui de faire connaissance avec Jane, petite nana franche et directe au vocabulaire pas piqué des hannetons. Ou encore pour cette façon qu'il a de mettre le doigt sur des trucs qui vous turlupinent de plus en plus sans que vous n'arriviez forcément à l'exprimer, vous. Parce que, prendre la poudre d'escampette, vous barrer, laisser en plan ce monde de barges ou au contraire lui éviter d'avoir à supporter votre insignifiance, ça, vous en avez certainement déjà eu envie.



Fuir. Disparaitre de la circulation. Jane aimerait bien savoir pourquoi son père s'est carapaté alors qu'elle n'avait même pas 4 ans, ne lui laissant même pas le souvenir de son visage. Depuis, elle n'a eu qu'un silence énervé de sa mère sur le sujet, tout juste lui a-t-elle lâché un jour de colère qu'elle était bien "une fille de musicien". Alors Jane vit au jour le jour, de petits boulots en combines, au gré des rencontres, style cash. C'est justement une de ces rencontres de hasard qui la met sur la piste d'informations sur la potentielle identité de son père. Il est question d'un groupe de rock punk, Charlotte Corday, d'un concert à Dijon et de deux guitaristes, Joris et Johann, deux Jo, comme deux faces d'un même CD. L'un des deux pourrait-il être le père de Jane ? Ne comptez pas sur Erwan Larher pour convoquer Hercule Poirot. Le jeu de piste est aussi bordélique que la vie, d'ailleurs "comment croire les bouquins d'histoire qui nous disent comment vivaient les pharaons, les rois et les papes quand deux personnes ayant côtoyé le même mec il y a trente ans ne sont pas foutus de se mettre d'accord sur les événements importants de sa vie ?"



Sur la route de Jane il y a du réel et du fantasme, des récits et des découvertes. Il semble que la société soit quelque peu agitée, le vacarme se faufile parfois dans une brèche, comme cette scène hallucinante et pleine de surprises de tabassage policier dans une impasse. Drôle de contraste avec le calme de certains coins désertiques du centre de la France où il semble que l'on puisse trouver refuge, seul, loin de la folie du monde, fuir... Que vous dire de plus ? C'est tonique, rythmé, bourré d'énergie. Un poil désabusé mais du genre qui n'a pas envie de lâcher l'affaire aussi facilement. Souvent drôle, parfois caustique ou carrément désespéré. Et ça résonne sacrément.



Un conseil : ne fuyez pas avant de l'avoir lu (ou bien partez avec).
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Le livre que je ne voulais pas écrire

"La littérature n'arrête pas les balles. Par contre, elle peut empêcher un doigt de se poser sur une gâchette. Peut-être. Il faut tenter le pari."



Est-ce la raison pour laquelle Erwan Larher s'est finalement décidé à prendre la plume ? Peut-être. Parmi d'autres. Depuis ce fatal 13 novembre 2015, il raconte lui-même que les sollicitations n'ont pas manqué pour le faire témoigner, lui, le "rescapé du Bataclan". Mais que dire quand on se demande toujours ce qui est arrivé ? Quand son sort lui semble si enviable en comparaison à ceux qui y ont laissé la vie, ceux qui ont perdu un proche ou une partie d'eux-mêmes ? Heureusement, Erwan Lahrer est aussi romancier. Et il s'est dit que peut-être, le romancier qui vit avec lui pouvait tenter de livrer, quoi ? Un témoignage ? Une réflexion ?... Mieux que ça en fait. Une histoire. La sienne mais surtout la nôtre. Nous qui nous souviendrons toujours, comme lors de chaque événement important ou traumatisant ce que nous faisions cette nuit-là.



Erwan Larher appelle ça un objet littéraire. Pourquoi pas ? Pour moi cela restera l'un des textes les plus émouvants, les plus justes et les plus réconfortants qui seront passés entre mes mains. Emouvant parce que l'écrivain se met à nu, crie son désarroi, ne cache rien de ses souffrances. Juste ensuite, parce qu'il replace sans aucune outrance chaque protagoniste à sa place, dans la grande confrérie des hommes qui ne savent pas toujours ni vivre ensemble, ni accepter les différences mais sont aussi capables de grandeur. Réconfortant enfin, parce qu'il tisse une fabuleuse toile humaine en associant à ses mots ceux d'une douzaine de proches, amis, famille, et que cette farandole agit comme un cocon d'amour et de tendresse dans lequel on rêverait de se lover.



C'est une histoire qui commence par "Tu écoutes du rock" et qui finit par "... mon amour". Erwan Larher raconte cette soirée du 13 novembre par le son, celui d'un concert de rock qui est vite remplacé par le son des rafales, les hurlements et puis, plus tard, celui des sirènes des ambulances. "Les HURLEMENTS. Pas stylisés, pas tarantinesques. Le sang poisse vraiment. La mort sent vraiment. Les détonations pas en Dolby Surround déchiquètent projets d'avenir et bien-pensance." Le résultat : une balle de Kalachnikov dans la fesse. Le comble pour celui dont le roman en cours, déjà sous forme d'épreuves s'intitule Marguerite n'aime pas ses fesses. Si les mots prêtent à rire, la réalité, les souffrances endurées, les suites opératoires et les craintes pour son intégrité physique font rapidement refluer les ricanements dans les gosiers.



Et puis le temps de réfléchir... Pourquoi ? Comment ? Tous ceux qui ont un jour échappé à un grave accident (crash d'avion, catastrophe ferroviaire...) parce qu'un aléa de dernière minute les avait empêché d'embarquer se sont posé cette question : qu'est-ce que ça veut dire ? Chance ? Destin ? Un coup des Parques décide Erwan... Une épreuve en quelque sorte. De quoi donner un peu de grain à moudre à l'écrivain.



Si Erwan Larher ne se cache jamais derrière son petit doigt (ou son stylo), il ne cède jamais non plus au ressentiment ou à la colère. Il interroge, il tente d'imaginer ce qui se passe dans la tête d'un mec qui débarque dans une salle de concert pour faire un carnage. Il laisse l'écrivain faire son travail, dessine ses personnages et choisit de croire que Lachésis a finalement agi quelque part dans son intérêt... Histoire d'offrir un happy end. Et de garder espoir.



C'est fort, très fort. A travers ce récit, c'est de nous dont il s'agit, que nous ayons été de près ou de loin concernés par cette funeste soirée. Mais ce qui transparait au fil des mots, c'est le portrait de l'homme derrière l'écrivain. Un portrait tracé au fil des textes de ses proches qui sont parfois aussi des auteurs. Des mots qui révèlent la belle relation qu'Erwan Larher entretient avec le monde. Alors, si on a envie de lire encore très souvent les romans de l'écrivain, moi, c'est l'homme qui est derrière que j'aurais très envie de connaître. Un sacré mec on dirait. Et qui a bien fait de l'écrire, ce livre.
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