Entrons dans la fiction, ce n'est pas un bouclier pour se protéger du réel. Non, c'est une épée en or, un pistolet à eau rempli de jus d'orange avec pulpe, un canon à confettis !
On ne se protège pas. Nous, on se bat !
Notre arme, ce sont les histoires.
On ne veut pas se couper de la réalité, on veut continuer à la modifier doucement, à notre manière, en racontant des histoires, en chantant, en dansant, en jouant tout simplement.
Et puis d'abord, ça n'existe pas la réalité. C'est nous qui la créons.
On ne doit pas jouer contre le réel, mais avec lui, dans le but de le rendre plus chouette.
- C'est vrai qu'on ne comprend pas trop pourquoi tu passes ta vie avec un seconde, glisse Madeleine, de la même manière qu'elle dirait "On comprend pas trop pourquoi tu tues tes enfants et les manges avec un filet d'huile d'olive."
La collection d'Agatha Christie de ma grand-mère est une de mes passions. J'adore les couvertures. Parfois je les étale par terre et j'invente d'autres histoires à partir des images. [...] Dès que j'en ouvre un, il s'accroche à moi et il ne me lâche plus. J'en ai tellement lu que, maintenant, ils se fondent tous en une même ambiance de pension de famille anglaise et empoisonnements au coin du feu, que j'associe aux après-midi pluvieuses à la campagne et au bruit de la pluie sur le Velux.
- Les limaces, tout le monde les méprise. Elles sont toutes petites et toutes molles. L'escargot, il a sa maison sur le dos. La limace, elle a rien. L'escargot, on le trouve joli. La limace, dégoûtante. C'est hyper injuste. Elle est là, elle glisse tout doucement à travers la vie, en prenant tout son temps, et tout le monde la trouve dégoûtante et nulle. Personne ne lui sourit, personne ne la regarde gentiment.
Ah oui. Encore une erreur que j’avais faite. Est-ce que c’était ma myopie qui me faisait voir Léo et ses amis comme une masse floue intitulée « Les Gens Normaux » ? Maintenant je le savais : les gens normaux n’existent pas. Ce sont des conneries qu’on s’invente quand on a la flemme de faire attention aux détails.
Écrire des fanfictions, je voyais ça comme écrire dans les marges des livres qu'on aime. Ou comme inventer des notes de bas de page bizarres et inutiles.
En fait, j'écrivais pour répondre au livre. [...]
D'ailleurs, écrire ou peindre, c'était peut-être toujours répondre à quelqu'un ou à quelque chose.
Parfois je répondais au lac.
A un arbre.
A la forme d'un nuage.
Je laissais des messages en forme de poème sur le répondeur du lac.
On n'écrit pas tout seul dans le vide.
Je suis là, en train d'imiter Anneblle la limace, quand soudain, j'entends queulqu'un qui éclate de rire. Et e n'est pas du tout un éclat de rire normal. En fait, je n'ai jamais entendu quelqu'un rire comme ça. C'est un rire qui monte sur une scène d'opéra en plein air. C'est un rire qui grésille comme dans une poêle grésillent les œufs sur le plat. Un rire avec dedans un orage qui éclate. Un rire à l'intérieur duquel se brisent en mille morceaux des verres et des assiettes.
Je suis là, en train d'imiter Anneblle la limace, quand soudain, j'entends queulqu'un qui éclate de rire. Et e n'est pas du tout un éclat de rire normal. En fait, je n'ai jamais entendu quelqu'un rire comme ça. C'est un rire qui monte sur une scène d'opéra en plein air. C'est un rire qui grésille comme dans une poêle grésillent les œufs sur le plat. Un rire avec dedans un orage qui éclate. Un rire à l'intérieur duquel se brisent en mille morceaux des verres et des assiettes.
J'écris sur un papier.
- "Poésie, contes, théâtre, chansons"... quoi d'autre ?
- À bouffer, dit Sylvia, pragmatique.
- Ah oui, tu écris : "Repas à prix libre !" renchérit Dorothy.
Ce qui me plonge dans une profonde perplexité. J'imagine Dorothy ouvrant une cage à oiseaux remplie de petites étiquettes de prix orange fluo, leur disant à voix basse : "Envolez-vous ! Vous êtes libres ! Envolez-vous les deux euros, envolez-vous les quatre euros quatre-vingt-dix-neuf !"
- [...] Voilà un bon conseil pour ta vie future : ne jamais faire confiance à quelqu'un qui traite mal ses animaux.