-Je crois que ta mère vous aime. Elle vous aime même peut-être tellement qu'elle pleure à longueur de journée. Oui, elle s'en veut peut-être à ce point.
Elle pose son regard sur moi, il me transperce avant de revenir à la surface.
- Mais si elle ne revient pas, si elle en est incapable, pour une raison tordue qui légitime son attitude alors qu'elle sait pertinemment tout ce que vous avez traversé, tout ce que vous avez à subir sans elle...Alors dis-moi, mon adorable Lulu, dis-moi quelle putain de différence ça fait ?
Expliquez-moi à quoi ça sert de vivre si on n'est pas prêt à se battre pour les vérités de son cœur, à prendre le risque d'avoir mal.
Il faut rager.
Les gens me fascinent avec leur soif de tragédie, ou de tout ce qui s'en approche, avec leur propension à se l'approprier, leur incapacité à rester en dehors dès qu'ils ont une occasion de se mêler de la vie des autres. Facebook et tous les autres réseaux sociaux ne font qu'accentuer ce travers.
Une fois à l'intérieur, je vais chercher le lecteur CD à l'étage pour le brancher au rez-de-chaussée. On va s'offrir une soirée dansante, Wren et moi, parce que, comme elle dit, parfois il ne reste plus qu'à danser.
- "Quel homme serait assez lâche pour ne pas préférer tomber une bonne fois plutôt que chanceler pour l'éternité ?" La plupart des gens passent leur vie à trébucher. Ils ne s'autorisent jamais à tomber, à prendre de risque. Ils se contentent de suivre la voie qu'on leur a tracée. Ils ne cherchent pas à trouver leur vérité, parce que ça impliquerait un courage que la plupart des gens ne possèdent pas.
Wren et Lucille. Lucille et Wren. Je suis prête à tout. Personne ne nous séparera. Ce qui implique de maintenir au maximum une apparence de normalité. J'ai bien dit une apparence.
Bref, j'ai remplacé ma mère en faisant tout comme elle. Enfin, en essayant.... Et l'univers n'est pas dupe, il a comprit que je jouais sans avoir les règles du jeu.
Faire confiance. Ça signifie quoi au juste ? Tendre à une personne le couteau avec lequel elle vous poignardera lorsque vous baisserez la garde.
[...]
D'une main tremblante, j'ai confié à cette étrangère un couteau, même si je sais combien il peut être dangereux.
Digby en a un.
Eden aussi.
Et maintenant, Shane.
Ça fait beaucoup de couteaux. Je sens le chatouillis de leurs lames sur ma gorge et j'espère qu'ils sont tenus avec fermeté.
Lorsqu’on se protège constamment contre la menace que l’on soupçonne à chaque coin de rue, lorsqu’on pense que le monde est ligué contre nous, le positif a du mal à se frayer un chemin. La colère n’est pas un problème si elle est dirigée dans la bonne direction. Ne la laissez pas dévorer la douceur que vous avez en vous.
Je ne pensais pas que ça changerait un jour. Je n'avais pas encore compris que tout finit toujours par changer. C'est une loi universelle. J'aurais aimé que quelqu'un me prévienne. Je n'attachais pas assez d'importance à leur présence. Je croyais qu'ils faisaient partie des murs. Qu'ils ne partiraient jamais.