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Citations de Estelle Tharreau (344)


… elle m’a surtout dit que les criminels ne naissent pas ex nihilo. Que la société et chaque élément qui la compose ont leur part de responsabilité, grande ou petite. Que notre indifférence, nos négligences, qu’à chaque fois que nous détournons les yeux d’un enfant ou d’une personne en détresse, nous participons peut-être à la création d’une bombe en devenir.
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La précarité, c’était cela aussi : ne pas avoir les moyens financiers de s’enfuir et de recommencer une nouvelle vie, ailleurs, loin de ses démons et de ses bourreaux.
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La guerre est inhérente à la nature humaine. Quoi que l'on fasse, quelques soient les angles arrondis et les consciences policées, l'homme restera un grand primate.
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« En sortant du pensionnat, on n’avait aucune qualification. On est rentrés chez nous sans rien. Avec encore moins qu’en y entrant. On y a laissé notre joie, notre insouciance, notre famille et notre culture pour repartir avec un traumatisme irréversible. »
Le journaliste respecta le silence de la femme avant de pousser plus avant l’interview :
« À l’origine, ces pensionnats devaient servir à assurer l’éducation des jeunes autochtones ? Pour vous comme pour beaucoup d’autres, ça n’a pas été le cas.
– Non, en effet. En sortant de cet enfer, on savait tout juste lire et écrire, mais on pouvait réciter des passages entiers de la Bible.
– Pas facile pour entamer sa vie d’adulte.
– C’était quasiment impossible. On n’avait de place nulle part : chez nous, on se taisait. On avait honte de nous-mêmes, mais aussi de nos parents qu’on nous avait dépeints comme des sauvages pendant toute notre enfance.
– Trouver un emploi devait être compliqué.
– Comme je l’ai dit, on n’avait aucune qualification. Dans l’esprit de l’époque, les Indiens ne pouvaient accéder qu’à des métiers manuels. Mais même dans ce domaine, l’enseignement que nous avions reçu était dérisoire.
– Le manque de qualification n’était pas le seul obstacle, je présume.
– Non, bien entendu. Personne ne voulait former ou embaucher un Indien sauf pour des sous-emplois. La mauvaise image, le dégoût que nous éprouvions de nous-mêmes, le monde extérieur nous les renvoyait constamment. Alors, au fil du temps, à force de vous répéter que vous êtes un sauvage, à force de vous traiter comme un sauvage… À force de vous voir vous-même comme un sauvage, vous finissez par vous comporter comme un sauvage.
– C’est à ce moment-là que vous avez sombré dans l’alcool.
– Oui et la drogue.
– Comment avez-vous fait pour vivre ?
– Avec les allocations que l’État nous verse. Il préfère payer pour que nous restions invisibles, cloîtrés dans notre misère intellectuelle, sociale et économique. On se tue lentement. Il n’y a jamais eu de volonté de progrès ou de civilisation dans ces pensionnats.
– Alors à quoi servaient-ils selon vous ?
– À tuer l’indien ; à éradiquer un peuple et à le chasser de ses terres. Chasser les nomades qui ont besoin d’un vaste territoire pour vivre au gré des saisons et des migrations des animaux pour faire place aux grands projets de “civilisation” ; les mines, les barrages hydroélectriques, les essais militaires…
– Les pensionnats sont fermés désormais et, pourtant, beaucoup de jeunes autochtones sont toujours à la dérive. Comment l’expliquez-vous ? » La femme se tut et Nathan posa une main sur l’épaule d’Alice, qui n’esquissa aucune réaction. « La question des enfants revient à celle des parents. Mes trois enfants m’ont été retirés. Deux sont décédés aujourd’hui. Un seul a réussi à guérir du mal que je lui ai transmis.
– Du mal résultant des pensionnats ?
– Comment devenir mère après ça ? Comment faire quand on n’a plus aucun repère et rien à transmettre, même pas l’estime de soi.
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– Hum… Tu vois un drame comme ça, ça peut arriver ici comme ailleurs ; un gosse qui déboule d’un coup, on peut pas toujours l’éviter. On fait pourtant gaffe. C’est pas faute de rappeler les consignes. Mais tu sais, quand je vois quelle ampleur ça a pris et à quelle vitesse ils ont organisé tout ce bordel, je me demande si ce gamin… Enfin, tu me comprends… T’es déjà venu ici. Tu sais que c’est pas comme chez nous la valeur d’une vie, même celle d’un gosse. Ils leur font poser des IED. Ils s’en servent comme bouclier. Putain, je peux pas m’empêcher de penser que ce gosse… De toute façon, on le saura jamais. On doute de tout ici. »
Il se tut et leurs regards se portèrent sur les écrans qui rediffusaient, pour la centième fois, le cercueil baladé dans les rues avec son cortège de femmes en pleurs.
« C’est la fin des martyrs glorieux. Place aux martyrs de l’émotion. Les droits de la guerre contre l’émoi planétaire. C’est plus rentable. »
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Bonjour, monsieur McCoy. Je ne vous embêterai pas longtemps. Je voulais simplement être la première à vous annoncer que mon fils, Saul, pourrait être le premier condamné innocenté grâce aux tests ADN surtout depuis que plusieurs condamnations prononcées par Ellis ont été cassées. Vous avez tué un innocent. Je le sais parce que, cette nuit-là, mon fils était avec moi, même si jamais personne ne m’a crue lors du procès et que la police a dissimulé toutes les preuves à décharge. Je peux vous assurer que le résultat de ces tests innocentera Saul. Vous l’avez bel et bien assassiné.
– Je ne faisais qu’exécuter la loi.
– Non, vous n’avez fait qu’exécuter mon fils. Un gamin innocent.
– C’était mon premier condamné… Je… Je ne suis que le dernier maillon de la chaîne.
– Gardez vos arguments. On ne sait jamais, un jour peut-être, on jugera les gens comme vous. Du premier au dernier maillon de la chaîne. Un jour, c’est peut-être vous qu’on exécutera. Les temps changent.
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Elle décacheta l'enveloppe.
Une seule photo. Elle ne comportait qu'une seule photo en noir et blanc, légèrement jaunie au fil du temps. De ces clichés d'après-guerre où les visages paraissent vaporeux. En pleine forêt, près d'une maison en bois, Rose, vêtue d'une robe et d'un tablier, coiffée d'un large foulard, tenait celle qui devait être Michelle lorsqu'elle n'avait que quelques mois.
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L’apparente tranquillité familiale des Pelissier laissait place à des nuances de clair-obscur à mesure que les dépositions s’accumulaient.
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À hauteur d'enfant, chaque mot prononcé sous le coup de la colère devient une vérité. Chaque aléa de vie devient un manquement volontaire.
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Toujours, la guerre existera et, toujours, le soldat l'ayant faite en sortira l'esprit et l'âme fracassés.
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Isabelle se rapprocha de David et chuchota :
« En plus, il nous colle tous les immigrés ! Bientôt, il va y avoir plus que ça ici !
– Pourtant ton père est né en Pologne ? » rétorqua David.
Elle se ravisa immédiatement.
« Mais je ne parlais pas de nous ! Enfin… Je ne parlais pas non plus des gens comme ta fille ! fit-elle, gênée. Y’en a certains qui sont bien !
– Pas de problème ! répliqua David, désabusé. De toute façon, la mère d’Annabelle n’est pas immigrée. Elle est française de souche puisqu’elle est antillaise. »
Cette évidence jeta un froid dans le salon.
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La capitale était semblable à tant d’autres grandes villes ; hérissée de tours en béton, chic et historique pour les plus fortunés, standard et morne pour la majorité, décrépite et glauque pour les indésirables.
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 Vous croyez en Dieu ? lui demanda le gouverneur.

– Je crois à la cruauté, à la souffrance et à la mort. Ça devrait suffire.
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« Pour nourrir ma famille, j’ai abattu des vaches que j’avais fait naître. J’ai abattu mon chien parce qu’il était malade et que je ne pouvais pas le guérir de son mal. Je ne les ai pas abattus de gaieté de cœur, mais parce que je le devais. Tout est permis dès que la cause est juste. Quoi qu’en dise ta femme, ces gens-là ne sont pas comme nous. Il faut les arrêter, les juger et exécuter les sentences. Ed, ici comme ailleurs, des gens comme moi comptent sur des gens comme toi. »
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– Et pour samedi ? fit Pascal dont la voix ne trahissait nullement la profonde inquiétude. On maintient l’annonce de ma candidature malgré tout ?
– On ne change rien ! Si l’on s’y prend bien, ce meurtre est une belle occasion d’illustrer le volet sécuritaire de notre programme. Avec la gentillesse de votre épouse, le lien de votre mère avec la mine et cet assassinat commis sous vos fenêtres, vous allez provoquer un mouvement de sympathie. Les électeurs doivent reconnaître en vous leur passé et leurs peurs. C’est notre stratégie depuis le départ ! Alors, exploitons cet événement du mieux possible. Tenez-moi au courant s’il y a du nouveau. Je vous transmets les éléments de langage pour la presse.
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« Vous croyez au diable ?
– Qu’est-ce que vous me voulez à la fin ? » lançai-je paniquée.
J’étais partagée entre l’envie de crier pour appeler au secours et la nécessité de garder mon calme pour obliger ce salaud à trouver une autre partenaire que moi pour son petit jeu sadique. Sans sourciller, il insista :
« Je vous demande seulement si vous croyez au diable.
– Je ne crois même pas en Dieu !
– En Dieu je ne sais pas, mais au diable, vous devriez !
– À bon ! Et pourquoi ? Vous croyez être sa réincarnation parce que vous agressez les femmes seules dans les cafés ou sur les parkings ? »
Il se mit à rire et lâcha mon poignet. Je saisis l’occasion d’ouvrir la portière d’une main tremblante. Tandis que je me glissai sur le siège conducteur, il en profita pour bloquer la portière.
« Je ne suis la réincarnation de personne, mais un mal sournois gangrène ce village et il adore les jeunes filles comme votre gamine.
– Espèce d’ordure ! Si je te vois tourner autour de ma fille ou si je te croise à nouveau, j’appelle les flics ! T’as compris ?
– Les flics ? rigola-t-il. Qu’est-ce qu’ils ont bien pu faire pour Élodie Mollier, les flics ? »
J’étais tétanisée. Il s’en aperçut et me toisa menaçant.
« Pourtant, je l’avais prévenue elle aussi, susurra-t-il. Elle aussi se croyait protégée par tous les saints de Sauveur, mais elle aussi n’est jamais repartie de ce village. Alors, une dernière fois, prenez votre fille et tirez-vous d’ici avant qu’il ne soit trop tard ! »
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Je suis la fille d'une dépression post-partum et d'un raté démissionnaire. Je suis la sœur d'un clone paternel et d'un monstre répugnant.
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Elle inspira, tomba une vitesse pour amorcer cette ultime difficulté. Les pneus chassaient, mais la voiture avançait tandis que la lumière s'intensifiait et les arbres s'écartaient. Un dernier tour de route et elle apparut.
La Braconne... si belle dans cet écrin de verdure qui s'ouvrait sur le lac gelé et scintillant, avec un vieux ponton de bois près duquel un abri de pierre brillait au soleil.
La Braconne... Si semblable à la photo de Rose.
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La maison de Virginie était petite. On entrait directement dans une cuisine accolée à la salle de bain. Un escalier menait aux deux chambres. L’aménagement était sommaire et composé de meubles en pin bas de gamme. La qualité des rideaux et de la décoration était tout aussi médiocre. Les couleurs trop vives, les dessins trop grossiers tentaient de donner une touche de gaieté et de modernité à cette maison sans y parvenir. Du linge s’entassait dans les corbeilles, des jouets jonchaient le sol tandis qu’une plante verte dépérissait en haut du réfrigérateur.

Gêné par cette précarité apparente, David baissa les yeux. Il sursauta lorsqu’il aperçut la petite silhouette immobile de Benjamin dans l’encadrement de la porte de la salle de bain. L’enfant figé et livide l’observait d’un regard vide. Déstabilisé, David ne trouva pas les mots face à cette poupée de cire.
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Je le raccompagnai au portillon et m’apprêtai à lui dire au revoir quand une vieille femme voûtée surgit de derrière la haie qui séparait le parc du chemin menant à la ferme. De rares cheveux blancs courraient sur son crâne luisant, parsemé de taches de vieillesse. L’absence de dents faisait ressembler sa bouche à un énorme trou noir. Elle claudiquait vers moi en criant frénétiquement :
« Tous ! Ils lui ont tous tourné le dos ! »
Elle saisit mon bras avec une force insoupçonnable pour son âge.
« Tu m’entends ? hurla-t-elle. Le malheur pour tous ! »
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