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Citations de Estelle Tharreau (344)


J'ai tué et je tuerais encore. Je serais patiente. Je saurai attendre le temps nécessaire. Mais tôt ou tard, je tuerais à nouveau. Je ne suis faite que pour cela.
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Un chat. Oui, un simple chat ! J’entends d’ici vos rires et imagine aisément votre déception. Mais vous n’êtes pas comme moi. Vous ne voyez que le petit animal de compagnie docile qui ronronne devant son bol de croquettes. Mais ne vous méprenez pas sur cette bête que vous pourriez tuer de vos propres mains.
Il n’a aucunement besoin de vous pour vivre. Contrairement à vous, il ne craint pas la solitude. Il est mille fois plus rusé que vous. Vous ne l’entendez pas s’approcher de vous. Il peut vous entailler la chair et vous crever les yeux avant que vous n’ayez compris ses intentions. Il peut vous échapper avant que vous n’ayez esquissé le moindre mouvement. Il peut vous faire beaucoup de mal avant de rendre les armes. Une inoffensive petite boule de poils dont vous ne saurez jamais avec certitude ce qui se cache derrière ses yeux étranges.
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Elle décacheta l'enveloppe.
Une seule photo. Elle ne comportait qu'une seule photo en noir et blanc, légèrement jaunie au fil du temps. De ces clichés d'après-guerre où les visages paraissent vaporeux. En pleine forêt, près d'une maison en bois, Rose, vêtue d'une robe et d'un tablier, coiffée d'un large foulard, tenait celle qui devait être Michelle lorsqu'elle n'avait que quelques mois
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Seule sur des chaises ou des bancs, elle avait passé ses études en espérant s’en sortir sans faire de bruit pour qu’enfin on ne la voie plus, qu’on l’oublie. Ne plus lire sa différence dans les yeux des autres. Ne plus être jugée. Ne plus se sentir paria en ce monde.
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Comme une goutte d'eau éclatant en dizaines de particules, le troupeau de caribous se dispersa au son des fusils qui ponctuaient le décompte final du dernier jour de l'année. En ce soir de réveillon, partout, les voix des hommes scandèrent les dernières secondes ; de la cabane de chasseurs en bordure du lac gelé d'où le troupeau s'enfuyait jusqu'à la ville forestière de Pointe-Cartier et à la réserve indienne de Meshkanau.
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Le cœur de Sébastien faillit s’arrêter lorsqu’il reconnut le visage de l’homme qu’il avait vu, quelques années auparavant sur un écran vidéo. Un homme entouré d’enfants pour protéger sa fuite alors qu’il était pourchassé pour avoir ordonné l’attaque du camp de Sébi où avait péri Sandreau, son mentor. Il assista aux salamalecs auxquels se pliait avec effort le colonel, qui se raidit au moment de serrer la main d’Alpha Adéma. Il vit son chef contenir sa rage lorsque les caisses plombées furent ouvertes. La gorge serrée, il observa la honte de cet homme devant restituer au bourreau de ses hommes les armes qui avaient servi à les tuer.
Les ordres ayant été exécutés, le minimum protocolaire ayant été respecté, le colonel donna l’ordre de rembarquer pour repartir aussitôt. Alpha Adéma n’attendit pas que les militaires soient repartis. L’humiliation devait être totale. Il prononça quelques paroles à l’intention des hommes qui attendaient dans leurs véhicules de fortune. Puis il se retira au moment où ils avancèrent vers ses miliciens. Un à un, dans une discipline si étrangère aux mœurs shongaises, ils chargèrent des sacs de riz, de l’huile et du sucre sans oublier une poignée d’armes qu’ils exhibèrent au-dessus de leur tête pour saluer leurs bienfaiteurs et narguer le colonel, Sébastien et les siens.
L’humiliation et la schizophrénie étaient absolues. Ils venaient de donner les moyens à ceux qu’ils combattaient d’acheter les populations et de gagner cette guerre. Le convoi militaire repartit en ravalant sa dignité et sa colère.
La paix n’a pas de prix…
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Je savais qui étaient ces gens et ce qu’ils faisaient à leurs enfants. Moi, je me suis interposé avant qu’il n’en fasse de la chair à prison et à table d’exécution.
Et enfin, au bout de ce couloir et de cette vie, le sens d’une vie révélée dans le silence de 6 m² de béton.
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À son tour, elle pénétra dans la salle de bains d’un pas traînant. Ce matin, comme tant d’autres, elle avait la sensation d’être sur pilote automatique. Elle n’avait envie de rien et rien ne lui faisait vraiment envie dans un délai proche ou lointain. Elle ne manquait de rien. Sa petite vie se déroulait sans anicroche.
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Surplombant le corps présenté au funérarium, je m’amusai et m’enorgueillis d’être celle qui avait définitivement clos ce regard perfide et trompeur. Je contemplais également les yeux baissés et piteux de tous ces arrogants qui assistaient à l’enterrement de l’un des leurs. Tous ces gens qui m’ignoraient ou ne me voyaient pas. Tout ce monde dans lequel je ne comptais pas, mais que j’avais réuni en ce jour et dont j’avais brisé la condescendance, sans qu’ils se doutent une seule seconde que mon ombre assassine errait parmi eux.
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Tout était dit. Tout était fait. Sans le savoir, Jo venait d'entrer dans l'engrenage du malheur et de la culpabilité. Elle n'en était qu'au commencement.
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Depuis des mois, il cherchait vainement dans son répertoire d’attitudes. La formation n’avait pas prévu le cas de mères ayant perdu leur fille assassinée et dont le meurtrier courait toujours. Il se sentait démuni. Comme beaucoup d’autres, ce spectre inconsolable commençait à le déranger. Il ne voyait qu’une solution. La plus économe en réflexion : éradiquer le problème. Il se promit d’y réfléchir
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Le commissariat d’Yprat, situé en plein centre-ville, avait été rénové dans le style des luxueux hôtels de la ville. Pierres blanches, colonnes à l’entrée et sur le fronton, « POLICE NATIONALE » gravé à l’or fin...
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Jo en tira deux enseignements douloureux : lorsque les gens ne connaissent pas la vérité, ils préfèrent en inventer une en parfait accord avec leurs pulsions malsaines, et que ses congénères ont besoin de prendre part et parti.
Ainsi, tout le monde se lamentait sur le meurtre de la pauvre Coline, tandis que celui de son propre enfant devenait insidieusement la juste conséquence de la vie scabreuse menée par une mère et un fille répugnantes et infréquentables.
Cette conclusion, Jo l'entendait quotidiennement à la station-sortie 8 que les touristes prenaient d'assaut avec les beaux jours. Il suffisait que les photos de Coline et Suzy apparaissent pour que fusent les commentaires.
"Trois cafés et un chocolat ! Pauvre gamine quand tu penses qu'elle s'est peut-être fait tuer comme l'autre alors qu'elle, elle n'avait rien demandé..."
Et Jo devait leur servir trois cafés et un chocolat.
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L'engrenage venait d'actionner sa dernière roue.
Une roue minuscule en comparaison de la grande mécanique qui s'était emballée dans Yprat.
Une roue qui tournerait lentement, dent après dent, jour après jour.
Dieu avait mis sept jours pour créer la Baie.
Il restait à savoir, combien de temps mettrait le diable pour en venir à bout.
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Pendant une heure, la ville ressembla à une tumeur noire et hypertrophiée avant de désenfler à mesure que la foule s’étiolait en fins lambeaux. Le soleil disparaissait dans un ciel aux couleurs fauves sur une cité inerte et silencieuse. À mesure de son déclin, les façades se teintaient de rouge orangé et se perçaient de trous sombres, trahissant l’intérieur des habitations condamnées à l’obscurité.
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Je partirai sur une énigme, des questions à jamais sans réponses. Les pires, car elles tourmentent sans fin. Je partirai en faisant ricocher leur souffrance jusque dans leur tombe.
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Tant qu’ils seront effrayés par leur mauvaise conscience, leur négligence ou leurs erreurs, ils seront obligés de taire certaines choses et d’ériger un rempart devant ce que j’étais réellement.
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On jugeait moins les personnes que des actes contre la résistance.
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C'était tout un art d'en dire suffisamment, mais pas trop, pour décider un individu à se rendre volontairement dans les locaux de la police alors que tout laisse à penser qu'il a plus à perdre qu'à y gagner. L'art confinait au sublime quand il s'agissait d'un politicien face à un flic débordé par des violences urbaines.
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À côté d’elle, Peter commençait à gigoter. L’enfant fort et fier, doux et courageux, ne comprenait pas ce qu’il faisait là. Il s’impatientait et Marie avait peur, car elle remarquait que les sœurs s’approchaient d’eux. Lorsqu’elles furent à leur hauteur, Peter se leva et dit, dans sa langue, qu’il ne comprenait rien à ce que l’homme faisait. Une gifle cinglante conclut la première prière de Peter Shehaan :
« On ne doit pas honorer Dieu dans la langue des sauvages ! » gronda la sœur.
C’est ainsi que Peter, Marie et Michèle firent connaissance avec le pensionnat et le Dieu des hommes civilisés. En moins d’un an, les yeux du petit garçon, si gais quand il partait à la chasse avec les siens, devinrent froids et hostiles.
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