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Critiques de Étienne Klein (288)
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Les tactiques de Chronos

À la frontière entre science pure et philosophie, penchant tout de même plus du côté science que de l'autre, ce livre nous invite à réfléchir sur une question apparemment toute anodine : " Qu'est-ce que le temps ? "

Vous l'aurez compris, question éminemment complexe et compliquée. L'auteur cite d'ailleurs cette fameuse remarque de Saint-Augustin dans ses confessions : " Quand on ne me le demande pas, je sais ce qu'est le temps ; quand on me le demande, je ne le sais plus. "

L'auteur a donc fort à faire pour prendre son lecteur par la main et l'amener à se questionner lui-même, à approfondir cette question apparemment (mais apparemment seulement) simple.

Il y réussit admirablement car, extrêmement bien écrit et accessible pour un livre de science, truffé de références littéraires (ce qui ne gâte rien), c'est un livre vraiment plaisant à lire.

Étienne Klein s'attèle à une tâche épistémologique ainsi qu'à un travail minutieux et nécessaire de définition ou, plus exactement, de redéfinition de termes que nous employons tous les jours, du genre " je n'ai pas le temps ", " le temps s'est arrêté " ou " le temps est écoulé " et qui sont tous, pour l'essentiel, galvaudés.

Peu à peu, il nous emmène sur les chemins toujours plus abstrait du temps, tel que défini et connu à ce jour par le monde des physiciens.

En tout cas, mission accomplie pour Monsieur Klein en qualité d'instit, car ce thème qui s'annonçait ardu m'a donné beaucoup de plaisir tant à lire, qu'à penser et découvrir, en tout cas, c'est mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose. (À lire si vous avez le temps.)
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Anagrammes renversantes ou Le sens caché du m..

Il arrive que certains mots espiègles cachent, malicieusement camouflés dans le lit de leurs lettres, des mots secrets, passagers clandestins quelquefois si discrets qu’il faut être sacrément ingénieux pour les débusquer.

Les lettres qui composent ces mots espiègles, mélangées, permutées, soumises au procédé de l’anagramme et réorganisées, révèlent le mot nouveau, parfois même de façon tout à fait étonnante.



Depuis l’Antiquité, l’anagramme n’a cessé d’amuser, d’intéresser et de surprendre.

Au-delà du divertissement littéraire et de l’exercice de style, certains l’ont doté d’une valeur ésotérique ou prémonitoire, d’autres encore ont utilisé les lettres de leur nom pour créer des pseudonymes. C’est ainsi que Marguerite de « Crayencour » devint Marguerite « Yourcenar » ou bien que Paul Verlaine fit du « Pauvre Lélian » sont alter égo poétique.



S’ils participaient à un tournoi de scrabble, nul doute que le physicien Etienne Klein et le musicien Jacques Perry-Salkow remporteraient le défi haut la main !

Passionnés d’anagrammes, les deux compères ont concocté avec « Anagrammes renversantes » un petit recueil de leurs meilleures trouvailles et le moins que l’on puisse dire c’est que le résultat est très souvent bluffant.



Les deux auteurs nous invitent à entreprendre un formidable petit voyage au cœur des mots, promenade étonnante dans leur ombre cachée, pour nous faire découvrir tout ce qu’ils peuvent receler de secret, de « magie » et d’« image », de présage ou de symbole.



Illustré de petits dessins humoristiques et amené en préambule par un petit texte bien tourné, souvent drôle et savoureux, c’est un florilège d’anagrammes intégrant mots, groupes de mots, phrases ou expressions qui nous est offert sur des thèmes variés : musique, science, actualité, lieux, personnages célèbres…

Le sujet « élu » se découvre alors dans l’anagramme « lue » !



Et on ne se lasse pas d’être stupéfié devant la composition étrangement prémonitoire de certains patronymes offrant des anagrammes qui semblent porter en substance toute la destinée des individus.

Ainsi, que penser d’un Commandant Cousteau dont le bouleversement des lettres, sonnant comme un heureux présage, donne « tout commença dans l’eau » et que dire d’Albert Einstein qui démontre par son nom que « rien n’est établi » !

C’est comme si les auteurs nous faisaient « deviner » ce qu’ils allaient « devenir »...(oui, on fait ce qu’on peut…)



A l’instar des deux exemples cités ci-dessus, le recueil fourmille de belles découvertes, de jolies illuminations souvent instructives, quelquefois philosophiques, poétiques ou humoristiques, toujours très spirituelles. C’est ainsi que le célèbre tableau de Gustave Courbet « L’Origine du monde » représentant un sexe féminin, devient par la magie des mots « ce vagin où goutte l’ombre d’un désir »…



Toutefois, après lecture de ce divertissant opuscule plein de malice, il faudra faire « attention » de ne pas succomber à la « tentation » de se frotter aussi aux anagrammes…Et « gare » à la « rage » si à l’inverse des auteurs, le résultat n’est pas toujours à la hauteur !



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Anagrammes renversantes ou Le sens caché du m..

Hospitalisé en ambulatoire hier pour y subir des examens sous AG, je me suis fait accompagner, comme je le fais chaque fois qu'il ne s'agit pas d'une urgence - et encore...j'ai le souvenir d'une journée passée sur un brancard avec un recueil de poésies et d'une autre durant laquelle Bruno Bettelheim m'a aidé à occuper le temps - par un petit livre d'anagrammes.



Après les formalités d'usage, assis dans un fauteuil dans la chambre qui m'avait été attribuée, revêtu de la tenue en papier bleu et coiffé d'une charlotte blanche, j'ai ouvert - Anagrammes renversantes ou le sens caché du monde -, coécrit par Étienne Klein, pour les anagrammes et Jacques Perry-Salkow, pour les textes ou l'inverse et réciproquement...



Dérivatif absolu... partance pour un univers défait en partie de ses pesanteurs et traversé par les innombrables neutrinos d'une poésie subtile, taquine, en parfaite harmonie avec les anagrammes "interprétées"... j'ai mis ce verbe choisi entre parenthèses parce que Jacques Perry-Salkow outre le fait d'être un auteur d'anagrammes réputé et un poète est également un jazzman...



Un exemple d'anagramme particulièrement réussie :

L'Origine du monde, Gustave Courbet

devient anagrammée

Ce vagin où goutte l'ombre d'un désir...

Ou plus simplement, L'Origine du monde

devient

Religion du Démon...

Pour évoquer le futur de la première rencontre un peu froide entre George Sand et Chopin,

Aurore Dupin, baronne Dudevant, alias George Sand

devient

Valsera d'abord au son du piano d'un génie étranger...

Joli, non ?



En une heure et demie j'avais fini de savourer ce monde délicieux offert par Étienne Klein, Jacques Perry-Salkow et joliment illustré par Donatien Mary. Dix minutes après la fin de cette très agréable et très instructive lecture - elle fourmille de thèmes - j'étais au bloc et, sans mentir, j'avais autant en tête ce que ce petit bouquin m'avait apporté que le stress lié à mes ennuis de santé...



Je vous le recommande. C'est un art que l'anagramme surtout lorsqu'elles ont comme concepteurs les auteurs précédemment mentionnés pour les présenter et les mettre en scène...



J'ai évoqué mes pépins de santé... cela me permet, sans entrer dans les détails, de vous donner la raison de mon absence sur Babelio. Et pourtant... j'ai pu lire malgré tout trentre-huit bouquins cet été... trente-huit billets que je n'ai pas écrits faute de carburant dans le moteur...
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Le goût du vrai

Etienne Klein, tiens-toi bien… à ne pas si méprendre avec la célèbre maxime musicale : « ♫Étienne, Étienne, oh tiens le bien… ♫ » qui n’est qu’une métaphore de qui a la plus grande ???? Moment de solitude, mais passons….



Étienne Klein, l’auteur de ce tract est donc un physicien, « quantitien », ingénieur, philosophe des sciences, vulgarisateur et auteur…. Rien que ça déjà, c’est plus Neymar que tu veux dans ton équipe de champion mais Étienne… Enfin si t’es curieux et pas trop porté sur les tendances capillaires du ridicule… Bref le mec parle vulgairement bien, et il écrit littérairement bien à l’échelle des plus novices d’entre nous dans les domaines qui sont les siens, et non les seins qui sont les miens, je le répète, la seule équation que je suis capable de comprendre reste la théorie orgasmique du .G



.G=( . )( .) + « (.) + ).( + 00===D –-



Enfin bref, moi je suis curieux, j’ai toujours été curieux, pourquoi, je n’en sais rien, des complexes certainement liés à une enfance pédagogique des plus chaotique, Dieu n’étant pas une solution rationnelle à mon problème existentiel, je me suis tourné vers des choses plus mathématiques, mais sans les maths, plus métaphysique, philosophique, plus « crobartique », un petit dés-sein et je commence à crier de joie, j’ai la comprenette plus visuelle qu’équationnelle.



J’ai commencé petit joueur, pour m’initier à la philo avec des auteurs (et non philosophe hein, soyons sérieux deux minutes) très contemporains comme Omfray, Spomtville, Ferry, bref des mecs capables de te donner quelques clés pour piger les grands penseurs d’antan, de l’antiquité aux lumières… Dans la logique des choses, les réponses que je recherchais m’amenaient vers d’autres questions plus vastes, et dans d’autres domaines telle que la cosmologie, la sociologie, l’anthropologie, la psychologie, la physique quantique etc… Pourquoi ? bah pour comprendre un tas de trucs dont tout le monde se branle… Mais qui ont tout de même une importance cruciale pour comprendre la magie de l’univers, rien que ça.



Le problème c’est que quand tu commences à t’enfoncer dans la curiosité, tu développes un esprit critique, tu deviens sceptique, tu apprends à te montrer vigilent face à ton cerveau reptilien qui te souffle des intuitions bien pratique face au danger immédiat mais pas très malin dans la réflexion contre intuitive, ça fait mal aux neurones et au synapses du coup, le plus souvent, on se pose le cul dans le canap, la main dans le pantalon ou chez la voisine, ou le voisin des fois qu’il soit réceptif à nos instincts les plus orgasmiques… Là tu t’enivres devant télé qui prend une place de choix dans ton cerveau biaisé de plein de trucs cognitifs… Et du coup quand on te demande :



Que pensez-vous de la chloroquine ?



Tu réponds : C’est efficace, mais cool Raoul, je m’y connais, j’écoute les experts qui se débattent le bout de désaccord à longueur d’ondes hertzienne…



Moi j’aurais répondu : « j’en sais foutre rien… » et le foutre je maitrise, vous n’avez qu’à demander à Étienne… le musical hein !



Depuis la crise du Covid, la bêtise s’étale de chaines en chaines, de bouquins en bouquins, nos philosophes de notoriété démesurée, parfois très bon pédagogue, mais très mauvais penseur, disserte d’une manière rhétorique parfaite, seulement dans la majorité des cas, c’est du n’importe nawak, en d’autre thermes ils racontent de la merde… Omfray, BHL etc… soit ils ont pété une durite, soit j’ai affuté mes sens, mes connaissances pour enfin comprendre qu’ils n’étaient que des « rhétoriciens » et non de vrai philosophe….



Bon je l’avais remarqué avant hein, mais je vous la fais courte, disons que je me suis rapproché de vrais chercheurs et de vrais experts pour enrichir mes non savoir… et mes incompréhensions encore trop nombreuses.



Bref Étienne face à un sondage du parisien qui étudiait l’opinion des français par rapport à la chloroquine, fut agacé, voir fâché, car la majorité a répondu : « Je sais » et la minorité : « je ne sais pas »



Du coup il explique sa façon de penser, notamment concernant les biais cognitifs, les faux experts qui se démocratisent avec des : « Je ne suis pas médecin mais…. Je sais que », la position délicate d’un gouvernement face une élite scientifique boudée, snobée, en désaccord parfois d’où la différence notable entre Doute= recherche / et Croyance = faits et preuves par l’expérience (la terre est ronde)



Je comprends son désarroi, les gens se foutent du pourquoi de leurs connaissances ou de leurs acquis, ignorent ce qu’ils ignorent, croient savoir ce qu’ils ignorent, dans une indifférence un peu flippante, se gargarisant d’émissions à la con bourrées de trouducs pas très malin qui n’aident pas à réconcilier les français avec l’esprit critique, le scepticisme, préférant l’incandescence des leds télévisuelles aux bouquins d’éminents spécialistes traitants chacun de leur domaine.



Ce tract est probablement inutile car les gens qui le liront seront déjà convaincus et auront déjà pigé le problème de la profonde bêtise qui nous unis dans un populisme à la con.



"Pour se rendre compte que l'on est bête il faut être intelligent" je l'aime bien celle-là... Car elle pourrait tout à fait être reformuler ainsi : Pour se rendre compte que l'on dit de la merde, il faut être intelligent... bah ils ne sont pas nombreux.



Donc merci monsieur Klein…Et à plus les copains

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Les philosophes face à la guerre

"Philosophie magazine" d'Avril-mai 2022 en édition spéciale, les philosophes, sociologues, essayistes nous livrent leurs réactions face à la guerre en Ukraine. Il s'agit d'une édition spéciale.

J'étais évidemment comme tout le monde en plein ébahissement. Comment était-ce possible, nous en Occident qui, depuis notre naissance, après 1950 dans mon cas, n'avions connu qu'un monde en paix loin du spectre de la guerre, dans nos pays ?

Je croyais vraiment à la paix garantie par la création de l'Union Européenne, grâce à la chute du mur de Berlin et tous ces signes d'échanges entre les pays occidentaux.

De plus, j'affirmais bien fort mes convictions.

La première fois que j'ai douté de la liberté d'expression et de l'avenir de la démocratie, c'est lors des attentats meurtriers de Paris contre Charlie Hebdo et ensuite contre la population.

Que de questionnements lors de l'invasion de l'Ukraine !

C'est avec un réel intérêt que j'ai lu le magazine qui s'intitule "Face à la guerre" qui nous présente des réflexions différentes sur le sens des conflits, la motivation, l'historique des guerres dans le monde, le devenir et la considération des réfugiés, la différence entre les réfugiés syriens et ukrainiens, la vision du monde par un dictateur.

Les articles vont en profondeur et rassemblent les idées afin qu'elles s'éclaircissent.

Toutes les chroniques sont intéressantes et différentes.

Merci à la Masse critique de Babelio et à Philosophie Magazine pour cette lecture bien enrichissante
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Anagrammes renversantes ou Le sens caché du m..

Prenez des mots.

Prenez des phrases.

Séparez leurs lettres.

Disposez-les devant vous.

Jouez à les mixer, les malaxer, les triturer.

Ajoutez-y l'originalité et la créativité de Klein et Perry-Salkow.

Versez quelques pichets de leur complicité et de leur connivence.

Mélangez cette pâte littéraire de manière ludique.

Saupoudrez le tout de talent.

Et vous obtiendrez ce petit recueil d'Anagrammes renversantes.

Faites-vous plaisir.

Amusez-vous.

Emerveillez-vous.

Dévorez-le.

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En cherchant Majorana. Le physicien absolu

Une fois n’est pas coutume, Étienne Klein a remisé au vestiaire sa blouse d’enseignant physicien pour endosser un trench-coat couleur mastic et un borsalino de détective privé... Car Monsieur Klein, cette fois-ci, nous raconte la surprenante enquête qu’il a menée personnellement, un essai digne des meilleurs polars noirs des années 30. C’est d’ailleurs dans ces années-là que se situe l’action principale de l’intrigue. Nous quittons (mais pas tout à fait) la hard science pour le hard boiled !



Ettore Majorana a tout d’un personnage de roman : physicien infiniment doué, il est présenté comme l’un des scientifiques les plus prometteurs de sa génération. Mais comme nul n’est parfait en ce bas monde, il est aussi perçu comme pathologiquement introverti, timide, et peu apte aux relations humaines. Sa fulgurante carrière de physicien des particules et ses idées d’avant-garde bousculeront pourtant la communauté scientifique italienne de l’époque (dont le prix Nobel Enrico Fermi) « avec la vivacité d’un météore » précise la plaque commémorative posée sur l’immeuble où il est né. Car, en effet, Ettore disparaît mystérieusement le 26 mars 1938. Il a alors 31 ans.



Sur les raisons de sa disparition, le mystère reste total. Son corps n’a jamais été retrouvé. Tout au plus peut-on, à l’instar de Sherlock Holmes, chercher à entrevoir la vérité après avoir examiné toutes les pistes et éliminé les hypothèses les plus saugrenus. On a presque tout dit sur la disparition de Majorana (et j’en rajoute un peu pour le fun) :

- Il s’est suicidé lors d’une traversée à bord d’un paquebot reliant Naples à Palerme, ou à son arrivée dans l’une de ces deux villes ;

- Il a trouvé refuge dans un monastère, où il a conservé l’anonymat pour le restant de ses jours ;

- Il s’est exilé en Argentine, à moins que ce ne soit au Venezuela (ça dépend des différents témoins qui prétendent l’avoir rencontré des années plus tard) ;

- Il a été enlevé par les services secrets d’un pays ennemi aux ressortissants à l’accent guttural pour travailler sur la bombe atomique ;

- Il a été enlevé par des extra-terrestres intéressés par ses travaux utilisés dans la mise au point de moteurs supraluminiques ;

- Il est devenu SDF, ne supportant pas l’idée d’avoir raté le prix Nobel ;

- Il a basculé dans une autre dimension, après la découverte d’une particule susceptible d’engendrer un excès de matière noire et de provoquer des trous de ver dans le continuum spatiotemporel…



Étienne Klein n’explore pas tous les scénarios exposés ici, loin s’en faut, mais son enquête, devenue obsessionnelle au fil du temps, le conduit quand même à se rendre en Italie, pour rencontrer les derniers témoins, la famille, pour visiter avec émotion les différents lieux fréquentés par le physicien, pour refaire le dernier trajet connu afin de mettre au clair ses idées par une ultime reconstitution, comme s’il devait élucider une scène de crime…



Étienne Klein n’apporte avec cette enquête aucun scoop de nature à révolutionner l’histoire des sciences. Il ne creuse pas les scénarios spéculatifs en laissant ce travail aux journalistes à sensation (les pistes argentine et vénézuélienne ont été récemment réactivées par des enquêtes italiennes) mais se contente simplement de remettre au goût du jour un physicien longtemps ignoré, et s’appuie, en bon scientifique, sur les faits avérés (à savoir les courriers et les témoignages directs authentifiés).



En annexe, le lecteur trouvera deux petits développements indispensables, de nature à satisfaire sa curiosité : une rapide présentation des contributions de Majorana à la physique quantique, montrant en quoi elles continuent d’intéresser la recherche actuelle (neutrino, antimatière, matière noire), et une thèse concernant l’un des motifs de la disparition du physicien : son refus de participer à la conception d’une bombe atomique dont il entrevoyait les conséquences irrémédiables.



Le lecteur exigeant pourra regretter l’absence d’explications scientifiques plus poussées sur les théories de Majorana ainsi que l’absence d’une démonstration plus convaincante levant le voile sur la disparition du savant. Des essayistes en tout genre nous abreuvent régulièrement de révélations tonitruantes et de vérités enfin révélées – sur l’identité de Jack l’éventreur, sur l’assassinat de JFK, sur l’authenticité du Saint-Suaire… – et on s’était un peu habitué à ça, même si chacune des théories invalidait la précédente. Rien de tel en science. Nul ne sait vraiment si les neutrinos se révèleront être « de Majorana » ou « de Dirac ». Nul ne peut prédire si des particules supersymétriques seront un jour découvertes dans le LHC. Nul ne sait dans quelle dimension cachée de l’espace-temps a atterri Majorana. Il n’empêche que le présent essai d’Étienne Klein, même s’il n’apporte pas toutes les réponses malgré l’imperméable et le chapeau mou, reste, comme toujours avec cet auteur, accessible à tous et passionnant de bout en bout.
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Le temps

Étienne Klein est à la fois physicien , directeur de recherche au CEA, et docteur en philosophie des sciences. Il anime sur France Culture l'émission Sciences en questions. Il a consacré plusieurs ouvrages à cette notion mystérieuse et insaisissable qu'est le temps. Ce petit livre en fait partie.

C'est un mélange entre la vulgarisation scientifique et la réflexion philosophique.

Dans deux parties distinctes, très claires quoique pas toujours simples en ce qui concerne la première, et pimentées d'humour, il expose tout d'abord la notion du temps en physique et comment la façon dont le temps est décrit a évolué avec le progrès de nos connaissances.. Il explique que le temps était considéré comme immuable et universel, cette notion ayant été confortée par Newton. Puis, cette notion a évolué, d'abord par la découverte des lois de la thermodynamique, et la non-réversibilité des processus qu'elles décrivent, impliquant qu'il y'a une flèche du temps et non un temps cyclique (pas d'éternel retour cher à Nietzsche! ), puis surtout au 20ème siècle grâce à la théorie de la relativité, puis aux progrès de la physique quantique. Avec la théorie de la relativité restreinte, Einstein a montré que l'espace et le temps sont deux éléments liés, et que l'écoulement du temps dépend intimement du déplacement des objets dans l'espace, de leur vitesse de déplacement et donc qu'il y a autant de temps différents que d'observateurs différents. Et puis avec la théorie de la relativité générale que la force de gravitation modifie la courbure de l'espace-temps. Et puis, avec la physique quantique, d'autres étranges découvertes ont été faites concernant le temps, entre autres que des particules que l'on dit intriquées peuvent interagir à une distance supérieure à une propagation d'information à la vitesse de la lumière.

Toutes ces découvertes sur le temps sont clairement exposées, ce n'est pas forcément simple pour un lecteur non familier de ces notions, mais constitue un excellent rappel pour celles et ceux qui se sont déjà penchés (sans tomber!) sur cette question.



La seconde partie, plus courte, est moins intéressante et surtout je n'ai pas perçu le lien avec la première. C'est la notion du temps abordée par les philosophes. La difficulté de la perception et de la définition du temps sont ainsi analysées, en faisant référence aux philosophes et théologiens de Saint Augustin à Bergson. Les notions de durée, d'instant de passe et futur, de notre sentiment de finitude devant la mort, tout cela est évoqué de façon assez succincte. L'auteur y ajoute aussi la question de la responsabilité de l'espèce humaine sur son devenir, y mêlant les préoccupations écologiques Une deuxième partie que j'ai perçue comme un peu fourre-tout .



Il y a très peu de lien entre ces deux parties, ce qui se comprend tout à fait. Mais le lecteur se dit que l'ouvrage aurait pu se limiter à la notion de temps en physique, qui est quand même la partie la plus intéressante de ce petit ouvrage.
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Les secrets de la matière

Voilà pour 3 euros, t’apprends deux trois trucs qui n’ont pas vraiment d’intérêt pour ta vie de tous les jours, soyons honnêtes : qu’un nichon soit composé d’atomes et de quarks et de neutrinos baignant dans une rivière de Higgs, bonjour l’angoisse quand tu tripotes ton coloc de vie aussi maladroitement qu’un électron en perdition…



Alors c’est cool de le savoir, voir vraiment cool pour ma part, j’y prend une frustration pleine de désespoir intellectuel, parce que je ne comprends que les principes, les équations me sont "incomprenables", les unités, les subtilités m’échappent comme le savoir, mais je m’en fou, c’est bien marqué dans mon profil, pas de concours de bite, rien à prouver, je m’en régale dans l’incompréhension, inutile de tout cerner au quantique près je ne serai quoi en faire de ces connaissances… pour bouder ça me sert à rien, pour m’énerver non plus, pour dormir non plus… pour ne pas dormir par contre, je t’encourage à t’en foutre quelques pages dans le cerveau, tu vas voir à quelle vitesse ne rien comprendre te pousse à essayer de comprendre, et ce pendant la nuit quand tu commences à rêver des photons que tu dois partouzer dans un accélérateur à particules du nom de C3PO, allez comprendre la relation qu’il fut faite avec l’univers de Star Wars…



Après il y a la race des gens qui comprennent tout sourire et qui te pondent des bouquins à l’explication vulgarisée, pour eux t’as pigé forcément, alors toi, tu fais semblant que oui sinon faudrait se retaper les chapitres d’avant, tu donnes le change en te chatouillant la barbe, faut bien reconnaitre que je n’ai pas la physique dans l’innée, ni dans l’acquis, la faute à qui ?



à mon cerveau en manque de neurones à la cohérence bien affutée ou à des objectifs différents, comme l’entre jambe des mes congénères à l’équation :

XX / XY = la levrette



Là c’est plus clair hein, je ferme les yeux, et l’homme imaginant fait le désir, pas besoin de masse, d’énergie atomique, de fission de mes deux, la relativité générale ou restreinte ne me fait pas baiser… Mais je ne boude pas mon plaisir d’une incompréhension ou 10 puissances 36, qui te pousse quand même à réfléchir même inutilement bien qu’objectivement et c’est bon pour relativiser un peu tout le reste.



Donc merci mesdames/messieurs les scientifiques de vos photons éclairants, continuez à projeter des particules à la vitesse lumière sur d’autres particules dans un tunnel ingénieux dont je tairai les secrets des têtes pensantes, des ingénieurs, qui pour moi ne sont que des extras terrestres comprenant un langage des plus précis dont j’ignore l’alphabet, j’ai raté le train, dans l’espace-temps de mon adolescence, la faute à la vie qui me fut aussi désagréable que chanceuse, j’aurai très bien pu ne jamais entendre parler de ce brouhaha atomique, mourir dans les tranchées, succomber à la famine, naitre dans le besoin des plus intolérable, à l’indifférence de vos laboratoires passionnants, déroutants mais absolument pas indispensable à la survie de l’intolérance qui nous obsède tant depuis des milliers d’années.



La nature est ainsi faite, la vie veut la vie, mais nous voulons un destin, un but, de la futilité, de la légèreté, guerres après-guerre, épidémies après épidémies, essayons de rester vivant pour en profiter un maximum et pour pouvoir enfin danser à la fin sur la musique du berceau de Higgs derrière le mur de Planck là où se cache les mystères d’une perfection aussi grotesque qu’une vie sans sexe.



J’en reprendrai bien un cul moi



A plus les copains

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Il était sept fois la révolution. Albert Einste..

Je suis devenu un fan inconditionnel d'Étienne Klein depuis quelques temps ; comment ne pas l'être en considérant la qualité de sa production et ses prouesses pédagogiques, rendant accessibles des thèses scientifiques de très haute volée qui pourraient passer pour du chinois aux yeux des vulgaires pékins (vulgum pecus) que nous sommes ? Étienne Klein est professeur à l'École centrale et docteur en philosophie des sciences, il dirige le Laboratoire de recherches sur les sciences de la matière du CEA, qu'il a lui-même créé, et en tant que vulgarisateur et auteur d'ouvrages scientifiques, il impose désormais son style, fait d'un habile mélange de sérieux et d'humour.

De l'humour, on en trouve à revendre dans cet ouvrage, et plutôt sept fois qu'une.

Étienne Klein replace les avancées scientifiques considérables que furent la physique quantique et la relativité générale dans leur contexte historique du début du XXe siècle, relate les parcours individuels, les intuitions et les découvertes, indissociables du mode de vie des savants de l'époque : ces messieurs voyageaient beaucoup d'un pays à l'autre, donnaient ou assistaient à des conférences, s'échangeaient de nombreux courriers, s'invitaient entre eux, s'auto-congratulaient à qui mieux-mieux à chaque fulgurance de leur indéniable génie, mais c'était bien là la moindre des choses. Étienne Klein a choisi de parler de sept d'entre eux : George Gamow, Albert Einstein, Paul Dirac, Ettore Majorana, Wolfgang Pauli, Paul Ehrenfest et Erwin Schrödinger.

George Gamow a été LE précurseur de la vulgarisation des théories révolutionnaires qui ont émergé au début du siècle. On se souvient des fameuses aventures de Mr Tompkins au pays des merveilles, imaginées par George Gamow, qui fit briller dans nos yeux de jeunes lecteurs les étoiles du cosmos et du big-bang dont il savait si bien parler. Étienne Klein rappelle qu'avant d'être un vulgarisateur de talent, Gamow fut le premier à entamer des recherches en physique nucléaire (à s'intéresser au noyau de l'atome), à découvrir l'effet tunnel, à expliquer la radioactivité alpha et à explorer les premiers instants de l'Univers en associant la cosmologie à la physique des particules.

Albert Einstein, que l'on ne présente plus, était obsédé par la synchronisation des horloges (on apprend que c'est là un objectif stratégique militaire, lancé en Allemagne par le comte von Moltke en 1891) et au-delà, par la signification conceptuelle du temps et de la simultanéité des événements. Ses réflexions et ses expériences de pensée le conduisirent à révolutionner totalement notre compréhension de l'espace et du temps en 1905.

Paul Dirac, fervent amateur d'esthétisme dans les équations, conçut une équation d'onde relativiste de l'électron et découvrit l'antimatière de façon théorique en 1931 avant qu'on ne la détecte en laboratoire des années plus tard.

Ettore Majorana (le moins connu des sept, mais il en faut bien un) fut le prophète du neutron, il rédigea seul dans son coin une théorie totalement en avance sur son temps de l'électrodynamique quantique qui ne sera découverte qu'après sa mort, sa disparition mystérieuse masquant un suicide probable.

Wolfgang Pauli, le petit génie des maths, inventa le principe d'exclusion qui porte aujourd'hui son nom et le neutrino. le neutrino fera son apparition pour la première fois dans un réacteur nucléaire vingt-cinq ans plus tard.

Paul Ehrenfest, dans l'ombre de son ami de toujours Albert Einstein, se voyait comme un physicien raté malgré les découvertes mises à son actif. Comme Majorana, son destin raconté ici avec beaucoup de pudeur sera des plus tragiques.

Erwin Schrödinger, célèbre pour son équation et son chat qu'il aimait mettre en boîte, était également un coureur de jupons invétéré. Il mit au point son équation ondulatoire de l'électron lors d‘une escapade en galante compagnie. On lui reconnait donc un petit faible, voire une obsession quasi-libidineuse, pour tous les états superposés quels qu'ils soient.

Étienne Klein nous parle de l'histoire des sciences fondamentales à travers ces sept destins de savants hors du commun. Riche en anecdotes originales et parfois burlesques, toujours étayé et référencé par des notes, son récit est pétri d'un humour de bon aloi voire potache (humour souvent dû aux personnalités des savants eux-mêmes), qui parvient à gommer tout aspect rébarbatif traditionnellement dévolu à ce type de lecture. Un essai passionnant et accessible à tous.
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Discours sur l'origine de l'univers

La Philosophie serait une note dont l’épistémologie serait la mélodie… N’est-ce pas ?



Penser le vrai par l’impossible, faire des expériences de pensées pour repousser les limites de notre esprit, enrichir notre moi par la connaissance et l’inconnaissance même d’une quête de sens, à la recherche de réponses qui se questionnent sans cesse dans notre petite tête de bipède assoiffé de musique.



Ou je me situe dans tout ça ? j’apprends à marcher, à gratter les cordes, à écouter les sons, avant de courir dans l’immensité de mon ignorance… Ce genre de lecture n’est pas intuitive, elle demande une énergie de compréhension des plus rigoureuse, les équations littéraires, les analogies, les syllogismes font métaphores, les aphorismes sont à la vulgarisation de masse E=Mc2… une poignée de génie ont révolutionné l’art de savoir, par des découvertes, des disciplines on ne peut plus abstraites pour le commun des ordinaires, les chiffres sont manipulés dans une danse folle, la raison l’emporte sur la déraison, le sens s’inscrit dans le non-sens, et nous baignons dans un mystère théorique qui nous oppresse et nous passionne.



Je suis paumé, mais je digresse, j’essaie d’apprendre sans comprendre…



Einstein, Galilée, Newton sont des maitres de la matière, de la nature et de l’observation, ils se questionnaient d’énigmes paradoxales, pour expliquer le souffle de dieu… Comment ne pas croire en dieu avec si peu de réponse, et autant de questions… Du plus petit à l’infiniment grand il y a un univers d’atomes, de quarks, de neutrons, protons, électrons, nichons baignant dans la rivière de Higgs…. L’univers aurait-il eu un instant zéro ou le rien ? le vide et le tout serait-il apparu par le photon… l’énergie, la masse, les particules élémentaires sont-ils la vie de rien ? mais pourquoi ce rien nous obsède-t-il ? le mur de Planck infranchissable, la théorie des cordes, les mutliunivers, l’expansion continue, nous balbutions les notes mais sans musique, pourtant les équations nous montrent le chemin de la vérité, mais existe-il une équation du tout ? qui expliquerait le commencement ? la continuité, l’éternel retour, ou le créateur du créateur du créateur qui résonneraient dans l’écho de nos réflexions…



La physique s’atome à l’énigme du vrai, balbutiant des vérités, le Big Bang ne serait qu’une étape, un mélangé très chaud de conditions aboutissant à ce que l’on est… Et la matière noire qui est-elle ? les chiffres nous donnent leurs puissances, les lois fondamentales de la nature un phare dans l’immensité de nos limites intellectuelles, et pourtant je doute que nous ayons la réponse, car existe-il une limite raisonnable à nos questionnements ? l’utilité de tels raisonnement est-elle indispensable à notre survie, nous avons inventé des mots qui par définition se perdent dans une vulgarisation générale, le vide comme nous l’entendons n’est pas vide, le rien, le temps, l’espace et la courbure de l’espace-temps raisonnent comme des interrogations auxquelles je ne serai donner sens, je me perds comme une majorité dans la matière diffuse de mon esprit… Je ne suis pas câblé pour tout comprendre, seulement programmé pour essayer d’imaginer.



Je n’ai aucune prétention, mais je ne crois pas en dieu, dieu dans sa perfection condamne sa propre existence par ses contradictions, il s’invente une histoire qui ne rentre pas dans les équations, nous pouvons croire, mais nous devons ne pas croire, la religion est une équation fumeuse pour généraliser, rassurer, schématiser, emprisonner nos frontières dans un moule d’espoir qui justifierait notre raison d’être. C’est dangereux de penser comme ça, mais penser vrai est tout aussi dangereux, nous serions d’un ennui mortel, baignant dans une espèce de sagesse rationnelle qui ferait de nous des dieux à la place de dieu…



Je crois que finalement l’équilibre est la gravité dont Newton fait la part belle, nous sommes qu’un tas d’atomes réfléchissants, nous ne sommes pas tous en mesure de lire la partition, de comprendre l’écriture scientifique qui trace la symétrie du commencement pour les uns et de la continuité pour les autres. A quoi bon se gratter le menton pour résoudre la folie d’un monde qui tourne rond ?



Avons-nous réellement le temps de perdre ce temps à nous convaincre, je crois que non, les inégalités qui régissent notre monde sont à mes yeux plus importantes, les ignorer est d’une prétention sans nom que l’on appelle dieu, un hasard de la vie qui vous donne la chance d’en lire une partie ou vous condamne à en subir la folie.



A vous faire perdre la tête… et super essai.



A plus les copains

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Anagrammes renversantes ou Le sens caché du m..

NB (BN, comme le Choco...) :

- unE anagramme (nom féminin)

- « l'anagramme consiste à mélanger les lettres d'un mot, d'une expression, en vue de former un nouveau mot, une nouvelle expression ; il n'est tenu compte ni des accents ni de la ponctuation »

- ANAGRAMME n'a pas d'anagramme !

C'est sûr, ça ? A vérifier !



Quelques anagrammes amusantes trouvées sur Internet ont éveillé ma curiosité au point d'acheter un recueil.

• Angleterre... L'étrangère.

• le CHIEN et sa NICHE.

• Endive braisée... Envie de baiser.

• Mines antipersonnel... Les tripes en main, non !

• L'Origine du monde, Gustave Courbet... Ce vagin où goutte l'ombre d'un désir.

• Marie-Antoinette d'Autriche... Reine, ta tête a dû choir matin



Et des anagrammes politiques*, souvent en phase avec le personnage

• ALAIN JUPPE : J'AI UN APPEL

• FRANCOIS BAYROU : FARCIR SON BOYAU

• FRANCOIS HOLLANDE : HOLLANDAIS EN FROC

• JEAN-FRANCOIS COPE : J'OSE PAR CONFIANCE

• LAURENT FABIUS : NATUREL ABUSIF

• LIONEL JOSPIN : LE JOLI PINSON

• MARTINE AUBRY : BRUYANT MAIRE

• SEGOLENE ROYAL : ON Y GELE LA ROSE



Il existe même des anagrammes numériques :

• 25 = 5²

• 121 = 11² ...

Fascinant !



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Peu de découvertes dans ce court recueil qui m'a déçue.

Le petit texte inséré entre les mots de départ et leur anagramme est souvent bien trouvé.

Mais Etienne Klein est physicien, autrement dit un scientifique balèze qui nous parle (beaucoup trop) de savants comme Fermat, Majorana, Louis de Broglie, et de termes abstraits pour moi comme les supercordes, collisionneurs d'électrons, trous noirs (celui de Gustave Courbet, mais pas que...), et d'orbites célestes (contrepèterie ?)...

Bof. Je continuerai à en chercher sur Internet.

En espérant que le Canard enchaîné, à côté de son Album de la Comtesse, propose un jour une rubrique d'anagrammes !



Merci à Sachka d'avoir anagrammé mes nom+prénom de manière si poétique, alors que bon... ☺️🤔😏🤗



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* source : https://blogs.mediapart.fr/marie-anne-kraft/blog/260115/tresor-danagrammes-sur-des-personnalites-politiques
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Le goût du vrai

Deux mots sur ce court essai extrêmement clair et lumineux comme tous les textes d'Étienne Klein.

L'auteur s'appuie sur un sondage du Parisien datant d'avril 2020 ; à cette question complètement absurde : « D'après vous, tel médicament est-il efficace contre le coronavirus ? », 59 % des personnes interrogées répondent oui, 20 % non. Seules 21 % répondent qu'elles ne savent pas.

Bilan des courses : 80 % des gens répondent à une question dont ils sont dans l'incapacité totale de connaître la réponse.

Ahurissant…

Rapport complexe des hommes à la vérité…

Il apparaît tout d'abord que nous tenons pour vrai ce qui nous plaît, ce qui nous arrange, ce qui répond à nos vœux : autrement dit, nous aimons prendre nos désirs pour la réalité. Nietzsche prédit déjà en 1878 que « le goût du vrai va disparaître au fur et à mesure qu'il garantira moins de plaisir.» Donc, je juge faux ce qui me déplaît, ce qui me gêne, ce qui remet en cause mes convictions.

Par ailleurs, on a tendance à considérer comme vrais les propos des gens que l'on admire. J'aime X, il est beau, populaire, riche, du même parti politique que moi, donc ce qu'il dit est vrai.

Enfin, on aime parler des choses que l'on ne connaît pas. Et ce, avec un aplomb étonnant ! C'est une façon d'asseoir notre pouvoir. Ça fait con de dire « je ne sais pas ». Ça fait con de douter.

Alors, pour asséner notre vérité que l'on juge être LA vérité, on s'appuie sur notre intuition personnelle, notre expérience, notre vécu et l'on oublie que la science n'a rien d'intuitif et que les vérités scientifiques sont non seulement assez souvent contre-intuitives mais changeantes.

Le risque est que l'on finisse par considérer la science comme une « une croyance parmi d'autres ». De peur d'être manipulé, trompé, on la remet en question et on finit par douter de son existence. On arrive donc à une situation étonnante : on veut à tout prix la vérité mais on met en doute la parole des scientifiques. Du coup, on ne croit plus en rien sinon en notre vision personnelle de la vérité.

Ce qui nous gêne aux entournures, c'est le fait que la vérité scientifique s'inscrit dans une temporalité longue à une époque où il faut aller vite. Et comme il est difficile pour les chercheurs interrogés par les journalistes de dire qu'ils ne savent pas, ils tombent dans le piège, lancent des hypothèses avant d'avoir de véritables preuves et cela se retourne contre eux.

Peut-être que pour tenter de résoudre ce problème, il faudrait que la science soit mieux partagée, or les canaux de communication actuels mélangent informations, croyances, opinions, commentaires. Tout est logé à la même enseigne, mis sur le même plan. Tout se confond sur la toile et donc dans l'esprit des gens.

Je vous invite à lire ce texte intelligent et très éclairant qui nous ramènera peut-être sur le chemin des Lumières dont on s'écarte dangereusement, plus ou moins volontairement d'ailleurs, tant il est confortable de vivre dans son petit cocon de certitudes…
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Le goût du vrai

Quelle bonne idée de la part de Gallimard reprendre cette collection mensuelle « Tracts » en ces temps troublés ! Une collection qui vit dans les années 30 passer des signatures comme Gide, Giono, Romains et tant d’autres…

Et puis Etienne Klein, en Juillet 2020. Etienne Klein qui m’avait ébloui dans son « facteur temps ne sonne jamais deux fois », et tant de fois dans ses émissions de radio…

Ici, un court essai où l’on parlera de science, de philosophie, de pandémie, de politique.



Hum… Connaissant la rigueur scientifique de l’homme, un petit bouquin qui, avant lecture est des plus prometteurs…



Et puis, il y eut la lecture (?!)



Enfin, est venu le temps (puisqu’il s’agit d’Etienne Klein, obligé…) de l’après lecture…



Vous m’avez bien déçu Monsieur Klein !



Un texte court, pourquoi pas, on est dans le « Tract », certains pamphlets ne manquent pas de vigueur. Mais là, à part quelques portes ouvertes enfoncées, quelques truismes énoncés comme des théorèmes, rien de bien nouveau sous le soleil… et des démonstrations dignes du café du commerce.

Exemple page33 : « sur nos paquets de cigarettes, il est écrit non pas ‘’ fumer déplait à Dieu ‘’ ou ‘’ fumer nuit au salut de votre âme ‘’, mais ‘’ fumer tue ‘’. Preuve qu’un discours scientifique portant sur la santé du corps a fini par détrôner un discours théologique qui, lui, aurait porté sur le salut de l’âme. » affligeant !

Quelques fulgurances : « Les lignes de démarcation entre ce qu’on sait, ce qu’on croit savoir, ce qu’on sait ignorer, ce qu’on ignore sans savoir qu’on l’ignore, n’ont cessé de hanter les philosophes. Amusant, non ?

Dernier point. Quant on écrit à juste titre que « Les sciences progressent par l'organisation collective des controverses scientifiques. », il est grotesque de n’opposer aux théories du GIEC au sujet du caractère anthropique du réchauffement climatique, que les « clowns lyriques » Trump et Bolsonaro , quand Vincent Courtillot alimente la controverse scientifique de de façon très argumentée…



Oui, Monsieur Klein, vous m’avez bien déçu…

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Matière à contredire : Essai de philo-physique

Livres, livres chéris, méfiez-vous de mes insomnies ! Lorsque, réveillé bien trop tôt, je ne parviens pas à me rendormir par mes méthodes habituelles de décontraction positive, il arrive que mon esprit s'enflamme sur vous. Dans ces moments d'apparente lucidité, vos défauts peuvent devenir éclatants à mes yeux encore fermés et stimuler une sorte de méchanceté d'où sortent des formules qui me marquent en achevant de me réveiller. Ce matin : « Étienne Klein ne nous mène pas en bateau, mais son navire semble naviguer prudemment à bonne distance du dangereux iceberg de la critique Kantienne et du tourbillon des incertitudes quantiques. »



Heureusement, plus loin dans ma lecture, j'ai été détrompé. C'est juste que j'étais impatient, alors que les questions intéressantes arrivent plutôt vers la fin. le début du livre installe posément la problématique : n'y a-t-il pas un espace commun où philosophes et physiciens pourraient s'éclairer mutuellement par des angles d'attaque différents ? Les chapitres suivants ont été pour moi d'un intérêt croissant : allant de questions bien conventionnelles sur le temps et son rapport à l'espace (hors critique Kantienne de notre perception du temps et de l'espace, toutefois), par l'inspection du vide quantique, jusqu'à la discussion de la causalité et de la nature des lois physiques, de la perception, du hasard, pour finir sur l'intrication et la non-localité. L'avant-dernier chapitre se conclue par une citation d'Einstein « En un sens, donc, je tiens pour vrai que la pensée pure est compétente pour comprendre le réel » (à rapprocher de celle encore plus célèbre du même physicien : « Dieu ne joue pas aux dés »). Hélas, le dernier chapitre donne tort à Einstein : sa critique de la physique quantique est invalidée par une nouvelle expérience qui prouve un effet de non-localité. de nombreuses et passionnantes questions à la limite de la métaphysique restent donc ouvertes par ces derniers chapitres, dont « Ce réel, qui se cache derrière les choses et que les physiciens ne font jamais qu'entrevoir, est-il le seul réel digne de ce nom ? »



Beaucoup de chapitres commencent par des rappels de questions philosophiques qui m'ont semblé artificielles à distance de la physique*. Quand on s'en approche, elles prennent du poids, il y a Matière à penser**. Il y a aussi à apprendre, pour qui n'est pas familier avec la physique d'après 1905. Ces sujets ont été bien vulgarisés et quelques présentations sont trop superficielles (la relativité restreinte dynamite la notion de temps, mais l'auteur ne nous dit pas pourquoi, alors que rappeler une petite expérience de pensée bien connue à propos de voyages lointains aurait suffi), mais globalement le livre résume efficacement et pédagogiquement un siècle de recherches en physique et les questions qu'elles posent au philosophe et au physicien que ne rebute pas un peu d'épistémologie.



Cet essai est rendu plus facile et surtout très vivant par de très nombreuses citations*** (avec peut-être un abus d'Einstein, le physicien le plus connu fait recette) et par un humour qui tombe en général assez juste****. Il s'adresse à un assez large public curieux : pas besoin d'avoir une formation de philosophe ni une connaissance précise de la physique théorique d'après 1980 ; avoir lu quelques articles scientifiques dans la presse générale ces vingt dernières années peut toutefois aider.

Je ne vous rappelle pas à chaque fois que mes lignes ne représentent que mon humble avis pas très autorisé ; ici chacun aura compris que je suis encore plus incompétent en philosophie qu'en physique.





*Que ce soit à propos du temps, du vide, de la causalité, tous ces débuts historiques m'ont semblé un peu verbeux.

** Matière à penser : en effet, de quoi s'occupe la physique : de matière, d'énergie, d'espace, de temps.

*** E Klein a reconnu que l'accusation de plagiat à propos d'un livre précédent pouvait se justifier : pressé, il avait fait des citations sans le préciser. Ici, il se rattrape superbement.

****Mais son analyse du retard d'avion auto-explicatif fait un flop, en plus d'être à mon avis fausse.
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Courts-circuits

Plaisant.

Ce nouvel ouvrage d’Etienne Klein – philosophe des sciences – est plaisant à lire, mais laisse un peu sur notre faim/soif.

L’idée est intéressante de confronter des personnages, des idées, des notions, des vérités, des choses qui à priori ne le sont pas et qui opèrent comme des courts-circuits quand on les télescope.

On lit cet essai tranquillement, on y parle beaucoup de philo (Pascal, Serres,…), de sciences (Einstein, Heisenberg, Fermi,…) et l’auteur nous fait part de nombreuses fois de ses intéressantes expériences, de ses centres d’intérêt, des personnes qui l’ont marqué (Jean Cavaillès, grand résistant), de son expérience en impesanteur, des nombres, des fake news, du hasard, et des Rolling Stones…

Concernant ces derniers, un parallèle évident : la langue tirée d’Einstein et le logo des Stones, la langue rouge aux lèvres lippues. Mais aussi d’autres similitudes auxquelles on ne pensait pas… Intrication, quand tu nous tiens !

Philosopher c’est tenter de comprendre, dit Etienne Klein ; et un scientifique qui philosophe quoi de mieux ?

Encore une fois, l’essai est plaisant, dans le bon sens du terme.


Lien : https://laniakea-sf.fr/
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Matière à contredire : Essai de philo-physique

Un premier contact avec Etienne Klein, à la radio : c’était il y a une dizaine d’années ; il faisait la promotion de son excellent « Le facteur temps ne sonne jamais deux fois », que je fonce alors acheter chez mon libraire…

Il m’arrive également de suivre « la conversation scientifique » sur France Culture.

Il y a des personnages, comme ça qui vous captivent. Actuellement, Jean-Claude Ameisen, sur France Inter, dans le passé, et dans un autre genre, Claude Villers, Chabrol… Et Etienne Klein...

Une masse critique, et me voilà possesseur (j’en remercie Babélio et les Editions de l’Observatoire) de « Matière à contredire », le dernier opus de l’auteur qui se propose, rien de moins, de rapprocher deux modes de pensée à priori différents : la physique et la philosophie !

« Matière à contredire », un petit ouvrage gigantesque dans la mesure où il revisite façon philo-physique, des notions telles que le temps et sa flèche, le vide qui ne l’est pas autant qu’on le croit, la causalité et la corrélation… avec un humour propre à Etienne Klein.

Plus facile d’accès que « Le facteur temps… », un bouquin qui, loin d’apporter des réponses aux questions posées, nous amène à nous hisser dans une réflexion qui ne valide pas toujours nos modes de pensée instinctifs. Décapant ! Et puis croiser Einstein à toutes les pages, si ça ne rend pas meilleur, ça rend probablement moins c… Tout est relatif, n’est-ce-pas ?

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Discours sur l'origine de l'univers

Comment a été créé l’univers ? S’est-il créé tout seul ? Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Toutes ces questions et bien d’autres, à la jonction de la philosophie leibnizienne, de la religion et de la hard-science, Étienne Klein se les pose pour notre plus grand plaisir de lecteur un tantinet curieux des grands débats scientifiques et philosophiques.



Avec beaucoup de discernement et de bon sens, sans dogmatisme superflu, il rappelle les contributions des savants et philosophes du passé (les mêmes personnes, bien souvent) et alimente sa réflexion des dernières avancées en matière de recherche fondamentale et de cosmologie. Dès qu’il est question de création d’univers, « Dieu ne tarde jamais à entrer en scène » constate Étienne Klein, mais si certains pensent aussitôt à un divin créateur, à un dessein intelligent, d’autres imaginent que l’univers émerge spontanément du vide quantique, par un phénomène récurrent et auto-entretenu.



Lorsque se pose la question des origines (du temps ou de l’espace), il est toujours possible de se demander : oui, mais… et avant ? Or la question a-t-elle un sens lorsque le temps n’existe pas encore ? Le big-bang est-il le début de tout ?



Le big-bang est un concept directement déduit de la découverte dans les années 20 de l’expansion de l’univers, ce dernier n’est donc plus statique et serait apparu il y a 13,7 milliards d’années. Mais, met en garde Étienne Klein, le big-bang n’est pour autant pas synonyme d’instant zéro, comme beaucoup le pensent. En effet, les lois de la relativité générale et de la mécanique quantique n’ont plus cours aux premiers instants de l’univers, et aucun de nos modèles physiques ne parvient aujourd’hui à harmoniser les forces gravitationnelles et quantiques, condition sine qua non pour franchir le « mur de Planck » i.e. pour décrire des phénomènes en deçà de 10 puissance – 43 seconde en durée (c’est trop bref), 10 puissance – 35 mètres en distance (c’est trop petit) et dont l’énergie dépasse 10 milliards de milliards de fois l’énergie de masse du proton, soit 10 puissance 19 GeV (c’est trop chaud). Lorsque l’on atteint des valeurs aussi extrêmes de densité et de fournaise, l’espace et le temps eux-mêmes se désagrègent. Le mur de Planck n’est donc pas à la portée du premier escaladeur venu. Étienne Klein rappelle également qu’au cours des 380.000 premières années d’expansion de l’univers, les photons n’étaient pas encore libérés de la soupe primordiale et que cette période définitivement opaque ne peut donc et ne pourra jamais être observée au télescope.



En voulant répondre à cette question à la fois très ancienne et toute simple de l’origine de l’univers, Étienne Klein aborde avec bonheur la question philosophique du commencement et argumente son discours en s’appuyant sur de nombreuses thèses scientifiques : le mur de Planck, le big-bang et l’inflation, le fond diffus cosmologique, la théorie des cordes, la théorie quantique à boucles, la théorie du tout, le champ de Higgs, le multivers, la matière noire… Rédigé dans son inimitable style toujours aussi efficace et non exempt d’humour (avec ici en prime quelques anagrammes qui sont récemment devenues sa marque de fabrique, citons par exemple : L’accélérateur de particules = Éclipsera l’éclat du Créateur ou Albert Einstein = Rien n’est établi), ce petit ouvrage est, une fois de plus, un must.
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Petit voyage dans le monde des quanta

Étienne Klein, professeur à l’Ecole Centrale, dirige le Laboratoire de recherche sur les sciences de la matière du CEA et ne manque ni d’humour ni d’une certaine culture cinéphilique, puisque deux de ses livres s’intitulent « Le facteur Temps ne sonne jamais deux fois » et « Il était sept fois la révolution ». Étienne Klein nous convie cette fois à un Petit voyage dans le monde des quanta (il aurait donc pu intituler son essai « Bienvenue chez les quanta » pour rester dans l’allusion cinématographique ; Étienne, si tu me lis, pense à choisir ce titre pour l’un de tes prochains bouquins !).

Étienne Klein se donne le rôle du guide, érudit mais patient, constamment soucieux d’éclairer les lanternes pâlichonnes des touristes amateurs que nous sommes, et nous propose d’explorer des contrées inconnues peuplées de créatures étranges aux mœurs bizarres, capables de se téléporter, d’agir à distance et de s’intriquer. Le peuple des particules est décidément un peuple bien étrange, mais fascinant, et c’est justement pour cette raison que nous avons envie de participer à cette expédition, d’en savoir plus sur ces fameux quanta et de percer leurs secrets.

Le voyageur néophyte doit prendre quelques précautions utiles avant le départ, afin de s’éviter certaines déconvenues. En particulier, il est bon de faire preuve d’humilité et de considérer que le combat n’est pas toujours gagné d’avance, que les quanta parviendront sans doute à conserver leur part de mystère. En territoire quantique, le voyage commence toujours de façon agréable, et on se félicite de comprendre les premières explications données, dans un langage clair et empirique. Regardez le chemin des billes qui passent à travers deux fentes. OK. On ferme l’une des fentes. OK. Puis l’autre fente. OK. On regarde à chaque fois où atterrissent les billes. OK, les résultats obtenus semblent s’additionner. On recommence l’expérience non pas avec des billes mais avec des ondes, par exemple des vagues. OK. Les vagues se croisent et leurs amplitudes semblent s’additionner (ou se soustraire), selon la distance parcourue, car elles sont en phase ou en opposition de phase. OK. Puis on recommence cette fois avec des électrons. OK. En fonction de ce que l’on veut mesurer, le passage à travers les fentes ou la présence d’interférences, l’électron va se comporter soit comme une particule, soit comme une onde, c’est à l’expérimentateur de décider. OK. Heu… pardon, vous pouvez répéter ?

En territoire quantique, le voyage se termine toujours de la même façon : à un moment donné, plus ou moins éloigné des premiers chapitres, les explications se font rares, le voyageur décroche, descend parfois du train et ne parvient pas à destination. Adieu donc, veaux, vaches, bosons, espoir de comprendre un jour le monde des quanta… Quant à interpréter, il y en a qui ont essayé. Ils ont eu des problèmes. Alors… c’est vous qui voyez (prendre la voix de Régis Laspalès en fonctionnaire ferroviaire pour lire ces dernières phrases, ça renforce le sentiment de frustration).

Qu’à cela ne tienne, Étienne, l’exposé est ici suffisamment clair et condensé, avec juste ce qu’il faut d’humour (la morale de l’ornithorynque, une affaire d’état, l’effet Rolling Stone), pour voyager confortablement dans le monde des quanta, dont nous contemplons les paysages à défaut de pouvoir comprendre le mode de vie des habitants. Le voyageur se familiarise avec le vocabulaire et les concepts du pays visité : dualité onde-corpuscule, réduction du paquet d’ondes. La présence d’une particule n’est que le reflet que de sa probabilité d’exister à un endroit donné, et l’observation, en réduisant l’indétermination, matérialise la particule et la localisant. Pas toujours facile donc de prendre des photos ! Nous retrouvons quelques vieux amis, au détour des chapitres : le Chat de Schrödinger, les inégalités de Bell, le paradoxe EPR et l’incontournable Alain Aspect. Étienne Klein, notre guide, reste étrangement pudique sur la présentation du paradoxe EPR, élaborée par Einstein, Podolsky et Rosen, à partir d’« une certaine expérience de pensée que nous ne décrirons pas ici ». Circulez, il n’y a rien à voir…

Nous n’abandonnons cependant pas tout espoir d’une coopération fructueuse entre notre monde et le monde des quanta, à travers quelques applications concrètes : le laser, la cryptographie quantique, le fax quantique (pratiquement déjà devenus des réalités), et pour demain, l’ordinateur quantique capable de calculer de façon massivement parallèle.

Notre voyage se termine par un retour à la case départ, avec en annexe le récit de la naissance de la physique quantique, tout droit sortie de l’interprétation d’une expérience sur le « corps noir » par Max Planck en 1900. Après quelques tâtonnements, Max Planck prend soudain conscience que u(v,T)=8π*h(v/c)3[exp(hv/kT)-1]-1 mais il n’en déduit pas pour autant la notion de quantum d’énergie (ε=hv). Cela lui sera attribué plus tard en 1903 par Lorentz. L'expression « mécanique quantique » sera utilisée pour la première fois par Max Born en 1924. L’accouchement de la théorie a été difficile et douloureux.

Cet essai finalement assez synthétique n’en dit pas trop pour ne pas effrayer, mais donnera sûrement envie aux voyageurs les plus curieux de visiter à nouveau le monde des quanta, d’autres ouvrages plus complets et plus récents sont en effet maintenant à leur disposition.
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Le facteur temps ne sonne jamais deux fois

« Ding-Dong ! » (Bruit de carillon). « Un colis pour vous, tenez, signez ici… Tiens, encore un Étienne Klein ? Vous auriez dû faire une commande groupée avec Les tactiques de Chronos et Le temps et sa flèche ! Car vous savez, je ne sonnerai pas les prochaines fois… ». Cette scène, hélas, est totalement imaginaire, car à chaque fois que le reçois un livre par courrier, j’en suis quitte pour me rendre moi-même à La Poste avec l’avis de passage du facteur. Et effectivement, j’aurais peut-être dû acheter ces trois livres en une seule commande, vu ma consommation effrénée d’Étienne Klein ces temps-ci…

Une fois le jeu de mot cinéphilique du titre savouré à sa juste mesure, notons que Le facteur temps ne sonne jamais deux fois fait aussi référence à un autre ouvrage du même auteur, Les tactiques de Chronos, dont il constitue une sorte de prolongement. Ces deux livres peuvent toutefois être lus indépendamment l’un de l’autre et dans un ordre indifférent.

Chaque chapitre aborde une question particulière relative au temps, clairement annoncée dans son titre. Les questions qu’Étienne Klein se pose sont a priori plutôt étranges (*). Étienne Klein endosse ici la toge du philosophe, qu’il porte d’ailleurs avec autant d’aisance que sa blouse de scientifique. Pour appuyer ses raisonnements « philosophiques » – il se réfère à des courants de pensée et à des thèses qui ne sont pas nécessairement les siennes, mais qui ont été énoncées par d’autres scientifiques (ou philosophes) qu’il cite – il convoque la science. Celle-ci apporte parfois sa caution, mais peine le plus souvent à départager les thèses concurrentes, tant les doctrines philosophiques sur le temps restent une question de points de vue, d’opinions personnelles, ou tout simplement parce que la science, impuissante, reste muette sur les questions posées.

On dit que le temps passe ou s’écoule, mais dans quoi s’écoule le temps ? Par rapport à quoi ? Étienne Klein met en garde contre l’utilisation de la métaphore du fleuve, image trompeuse. La philosophie, tout comme le temps, n’est pas un long fleuve tranquille.

Un chapitre entier éclaire la distinction entre « cours du temps » et « flèche du temps ». Le sens de l’écoulement du temps, symbolisé par la petite flèche au bout de l’axe des temps en bas à droite n’est pas la flèche du temps. Vous pensiez qu’il s’agissait de la même chose ? Grave erreur ! Il convient de distinguer le devenir et l’avenir (arrivé à ce stade de la réflexion, j’avoue, il faut un peu s’accrocher).

Quelques évidences parfois passées inaperçues (en ce qui me concerne) surgissent au détour d’une réflexion. Par exemple, qu’est-ce que l’instant présent ? Qu’est-ce que « maintenant » ? Curieusement, les théories scientifiques n’apportent aucune réponse à cette question. En effet, sur l’axe des temps, le temps t0 peut être choisi arbitrairement, mais rien ne permet de le distinguer, au niveau de ses propriétés, du temps t1, choisi un peu plus loin (plus tôt ou plus tard)… le « présent » est une notion fugitive que l’on peut arbitrairement fixer sur un axe, mais qui ne correspond à aucune définition profonde et scientifiquement établie. Étonnant, non ? Concept évanescent, à peine le présent est-il désigné qu’il appartient déjà au passé. Quant à notre passé, existe-t-il encore quelque part ? Dans un endroit désormais inaccessible ? Ou le passé (tout comme l’avenir) est-il une illusion ? Deux théories s’affrontent : celle de « l’univers-bloc » et celle du « présentisme ».

Le plus long développement concerne la physique statistique, la thermodynamique, la réversibilité des phénomènes et la notion d’entropie, qu’Étienne Klein aborde avec le débat (passionnant) qui opposa Ludwig Boltzmann et Wilhelm Ostwald au XIXe siècle. La réversibilité est-elle liée à la possibilité d’inverser le sens du temps ? Certains le croient, et, parmi eux, il y a… Ilya Prigogine, l’auteur de La fin des certitudes, qui non seulement sème le doute (normal, vu le titre de son livre !) mais semble aussi raconter beaucoup de bêtises sur le sujet, et en prend donc pour son grade (prix Nobel de chimie 1977).

L'ensemble, comme toujours chez Klein, est in fine agréable à lire, mais les idées « philosophiques » exprimées sont parfois assez pointues, et obligent à relire certains paragraphes afin d'en comprendre toutes les subtilités. Vous voilà prévenu, malgré sa petite taille, ce livre ne manque pas d’épaisseur et n’est pas aussi léger qu’il y paraît. Afin d’éviter d’être sonné, il est prudent de prendre son temps pour le lire, et pourquoi pas deux fois.



(*) Le temps s’écoule-t-il par rapport à quelque chose ? L’écoulement du temps a-t-il une vitesse ? Le temps se suffit-il à lui-même ? L’espace-temps serait-il un déploiement de la causalité ? Qu’est-ce que le moteur du temps ? Le temps a-t-il connu un premier instant ? Quel temps nous a précédés dans le temps ? D’où vient notre présence à l’instant présent ?... etc.
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