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3.94/5 (sur 8 notes)

Nationalité : Brésil
Né(e) à : Cantagalo , le 20/01/1866
Mort(e) à : Rio de Janeiro , le 15/08/1909
Biographie :

Euclides Rodrigues Pimenta Da Cunha est un écrivain, sociologue, journaliste et ingénieur.

De double formation militaire et d’ingénieur, il se détourna de l’armée, exerça comme journaliste pendant un temps - assistant notamment, en qualité de correspondant de guerre, à la quatrième expédition de la guerre de Canudos, campagne de répression menée en 1869-1897 contre un village rebelle dans l'arrière-pays de Bahia -, puis choisit d’embrasser la carrière d’ingénieur.

En 1889, il fut réintégré dans l’armée et entama des études à l’École supérieure de guerre, où il acquit le grade de premier lieutenant et le titre de bachelier en mathématiques, sciences physiques et naturelles. Peu attiré par la carrière politique, moins encore par la carrière militaire, il quitta l’École de guerre en 1891 et fut nommé ingénieur des travaux publics à São Paulo, puis, en 1893, sut se faire embaucher par la compagnie ferroviaire Estrada de Ferro Central do Brasil.

À partir de ses expériences à Canudos, il rédigea dans les années suivantes un vaste ouvrage, intitulé "Os Sertões" ("Hautes Terres"). Le livre sort en 1901 et connaît un succès immédiat. Rebelle à toute catégorisation, ce livre connut pourtant un retentissement considérable et devint l’un des maîtres livres de la littérature brésilienne.

En août 1904, Da Cunha fut nommé chef de la commission mixte brésilo-péruvienne de reconnaissance du haut cours du Rio Purus dont il rendra compte dans l’essai "Peru versus Bolívia", publié en 1907. Pour effectuer ce long périple, qui se prolongera du 13 décembre 1904 au 1er janvier 1906, Da Cunha restera donc absent du foyer conjugal pendant plus d’une année.

Célèbre certes, mais désargenté, il ne laissa à sa femme, alors âgée de 29 ans, d’autre ressource que de confier ses deux fils aînés à un internat et de s’établir avec le fils cadet dans une pension à Rio de Janeiro. En septembre 1905, l’épouse d’Euclides da Cunha, fit la rencontre, dans la pension, d’un jeune cadet de l’École militaire, âgé de 17 ans, qui devient son amant. Elle avoua à son mari une infidélité spirituelle, mais vit sa proposition de divorcer rejetée par Da Cunha.

Euclides da Cunha périt tragiquement lors d’un échange de coups de feu avec l’amant de sa femme.

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Source : Wikipédia
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Citations et extraits (6) Ajouter une citation
Alors ils commencèrent à casser et à démolir tout ce qu’ils trouvèrent, jetant ensuite livres, papiers, tableaux, mobilier, ustensiles, enseignes, cloisons, etc. à la rue, aussitôt transportés sur le parvis de São Francisco de Paula où ils furent assemblés dans un grand bûcher, ou bien en d'autres tas de débris en cette même rue de l’Ouvidor.
(…)
La rue de l’Ouvidor [Rio de Janeiro] équivalait à un détour par les caatingas [zones arides du Nordeste brésilien]. Les agitations du sertão envahissaient avec violence le cœur même de la civilisation. Et la guerre de Canudos n’était, à vrai dire, qu’un symptôme. Le mal était plus grand. Il ne se confinait pas dans un recoin de l’État de Bahia. Il s’était répandu. Et il surgissait dans les capitales du littoral. L’homme du sertão, rude et vêtu de cuir, avait des partenaires peut-être plus dangereux.
Est-ce la peine de les définir ?
La force formidable de l’hérédité, ici comme partout et toujours, entraîne vers les milieux les plus avancés -portant des gants et recouverts d’un fragile vernis de culture- de parfaits troglodytes. Si le cours normal de la civilisation les retient en général, les domine, les ligote, les neutralise et les annihile, en les refoulant dans la pénombre d’une existence inutile d’où ils sont parfois arrachés par la curiosité de quelques sociologues extravagants ou les recherches de la psychiatrie, dès qu’un trouble profond relâche autour d’eux la cohésion des lois, ils surgissent et envahissent scandaleusement l’Histoire. Ils sont le revers fatal des évènements, le clair-obscur indispensable aux faits d’une importance supérieure.

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Voilà pourquoi ce malheureux, destiné à la sollicitude des médecins, fut poussé par une force supérieure jusqu’à venir heurter de front une civilisation, entrant dans l’histoire comme il aurait pu entrer à l’asile. Car, pour l’historien, ce ne fut pas un déséquilibré. Il surgit comme l’intégration de caractères différentiels – vagues, indécis, à peine perceptibles lorsqu’ils sont dispersés dans la foule, mais énergiques et définis quand ils se trouvent résumés dans une individualité.
(…) Il ne succomba pas à la démence. Dans sa gravitation continue vers une incurvation minime, vers le complet obscurcissement de sa raison, le milieu réagit à son tour, le protégea en la corrigeant, lui fit établir un enchaînement jamais rompu dans ses conceptions les plus démesurées, un certain ordre dans ses égarements mêmes, une cohérence indestructible dans tous ses actes et une discipline remarquable dans toutes ses passions, de sorte que, après avoir sillonné pendant de longues années, avec ses pratiques ascétiques, le «sertão» tumultueux, il avait dans l’attitude, la parole et le geste, la tranquillité, la hauteur et la résignation souveraine d’un apôtre antique.

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–À bas la France ! Tu le comprends, ça, oui ou merde ? Alors tu le cries ! Crie, bordel !
Il le tire à lui par l'épaule, la veste usée se déchire. Alors il le renvoie comme une balle dégonflée. L'homme faillit tomber.
Christo cracha par terre.
–Laisse donc, dit-il à son camarade, tu vois bien que c'est une lopette.
–Je veux qu'il crie.
Ils se mirent à le secouer violemment. L'homme perdait l'équilibre, se rattrapait, voltigeait de nouveau, très maigre, pitoyable, avec des yeux affolés et ternes à la fois, se protégeant de son bras quand les coups menaçaient son visage.
Martin le lâcha le premier.
–Même pas le courage de ses opinions, dit-il avec mépris. Pourquoi tu cries pas, con ? Tu as peur ? Ça c'est vrai qu'il y a des tas de gens par ici, à bas la France, ils aimeraient pas. Même pour rigoler. Mais nous ça nous plairait de t'entendre dire ça, tu vois, histoire que pour une fois les choses soient claires. On en a marre de vos sales gueules d'hypocrites, hein, Christo ?
L'homme restait muet. Christo se mit à rire :
–Dix, non, quinze coups de pied au cul si tu cries pas, raton.
Ils avaient lâché l'homme, mais celui-ci ne chercha pas à s'enfuir. D'une bourrade Christo lui fit faire un demi-tour sur lui-même et lança à toute volée le premier coup de pied. Martin d'abord se contenta de compter : un, deux, trois… Puis il finit par se mettre de la partie. À chaque coup de pied l'homme trébuchait vers l'avant et, docile, faisait un pas en arrière pour se retrouver à la portée de ses persécuteurs, tassé sur lui-même, recroquevillé presque, comme s'il avait cherché à offrir le moins de prise possible aux coups. Mais il ne criait toujours pas.
Martin s'arrêta.
–Peut-être que vraiment il comprend pas ce qu'on lui dit.
Christo haussa les épaules :
–Tu parles ! C'est un têtu, c'est tout.
Et il le poussa violemment en hurlant soudain :
–Fous le camp, nom de Dieu, fous le camp, qu'on te voie plus jamais dans le coin, tu comprends le français, sale bougnoule ?
L'homme se redressa lentement. Il regardait les rues qui s'ouvraient devant lui en longs rayons noirs. Puis il se mit en marche. Il se dirigeait vers le glacis. Au-delà c'était ce qu'on appelait le village nègre. Des barbelés zigzaguaient dans la lumière de la lune.
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Et revenant à l'improviste vers les tranchées, courant vers les points abrités, s'accroupissant pour se protéger, se glissant contre les talus de la rivière, transis de peur, ravalant d'amères déceptions, horriblement humiliés alors qu'ils croyaient le triomphe imminent, raillés alors que l'ennemi agonisait -les triomphateurs, et quels triomphateurs !, les plus originaux de tous les triomphateurs dont l'Histoire eût gardé la mémoire, comprirent que, si la lutte continuait ainsi, le dernier réduit combattu finirait par les dévorer un par un. Six mille Mannlicher et six mille sabres ne leur suffisaient pas; et le choc de douze mille bras, et le piétinement de douze mille bottes; et six mille revolvers; et vingt canons, et des milliers d'obus, et des milliers de shrapnels; et les égorgements, et les incendies, et la faim, et la soif; et les dix mois de combats, et cent jours de canonnades incessantes; et l'effondrement des ruines; et le tableau indéfinissable des temples écroulés; et, enfin, dans les monceaux d'images pieuses déchirées, d'autels abattus, de saints en morceaux -sous l'impassibilité des cieux paisibles et clairs- la chute d'un idéal ardent, l'extinction absolue d'une croyance consolatrice et forte...
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C'était la nuit de Noël, peuplée d'hommes en armes. Dans toute la ville soldats et territoriaux patrouillaient. Il n'y eut pas de messe de minuit cette année-là et la plupart des réveillons se firent dans l'intimité des familles. C'est la guerre, me disais-je. Rien ne ressemblait à Noël sinon le froid de la nuit et un peu de neige rare que les caroubiers avaient gardé sur leurs feuilles vernissées et qui était comme un faux sourire d'un faux hiver, incongru de s'accrocher à des arbres restés couverts de leurs feuilles, et étrange sur les toits en terrasse faits pour le linge qui claque au soleil.
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Très calme en effet. La nuit nous ouvrait ses portes étincelantes d'étoiles, comme toutes celles qui avaient couvert de leur splendeur les crimes et les assassinats d'autrefois. Quel assassinat, quel crime la nuit d'El-Djond cachait-elle pour nous dans ses plis ?
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