
A l'exemple de tous ses devanciers, Fulcanelli, de qui nous sommes l'unique disciple, a voilé sa personnalité avec un tel soin, qu'il en reste, même pour nous, bien des côtés ignorés. Dans l'étroit souci d'un état civil rigoureux, certains s'entêtent à substituer le nom, réel selon eux, au pseudonyme philosophique, tandis que d'autres, en des affirmations purement gratuites, voire en des prétentions évidemment mensongères, tentent, pour leur profit, d'accréditer une figure banale de l'homme disparu, pauvrement adaptée à leur propre valeur.
Notamment s'applique-t-on à répandre que Fulcanelli n'était autre que Pierre Dujols, bibliophile et érudit parisien, décédé au printemps de 1926, - c'est-à-dire cinq années avant que paraisse Les Demeures Philosophales, - avec qui nous n'eûmes jamais la moindre relation, quoiqu'il est été l'ami intime de Julien Champagne. C'est également au dessinateur que, d'autre part, on attribue la paternité des deux ouvrages, qu'il illustra avec autant d'intelligence que de talent et de scrupuleuse habileté. Mort peu après, en août 1932, on a cru, sans raisons sérieuses et à tort assurément, que cet artiste remarquable avait succombé à des pratiques d'envoûtement; il est certain qu'il fut victime d'une affection atroce, qui le retint, pantelant et perclus, pendant près de deux ans, dans ce sixième étage de la rue de Rochechouart, où nous avions tous deux, en manière d'atelier et de laboratoire, nos mansardes laborieuses. Il y a encore ceux qui pensent que nous soyons nous-même l'auteur caché sous le nom de Fulcanelli, sans prendre garde à notre jeunesse, peu compatible avec la maturité littéraire et scientifique, qui se dégage, par exemple, du Mystère des Cathédrales, publié, le premier, alors que nous avions à peine 27 ans.