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Citations de Eugène Le Roy (43)


Liberté et pain cuit sont les premiers des biens. Manger le pain pétri par sa ménagère et fait avec le blé qu’on a semé ; goûter le fruit de l’arbre qu’on a greffé, boire le vin de la vigne qu’on a plantée ; vivre au milieu de la Nature qui nous rappelle sans cesse au calme et à la modération des désirs, loin des villes où ce qu’on appelle le bonheur est artificiel- le sage n’en demande pas plus.
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Il y en a qui ont besoin de la société des autres, qui veulent se mêler à la foule, à qui il faut des voisinages, des nouvelles, des échanges de platusseries ou plats propos ; moi pas, il me paraît que c'est un malheur que de ne pas savoir vivre seul.

Les hommes rassemblés valent moins qu'isolés. Il en est du moral comme du physique, les grandes réunions humaines sont malsaines pour l'esprit et le cœur, comme pour le corps.
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Et puis j’aimais ma forêt, malgré sa mauvaise renommée. J’aimais ces immenses massifs de bois qui suivaient les mouvements du terrain, recouvrant le pays d’un manteau vert en été, et, à l’automne se colorant de teintes variées selon les espèces : jaunes, vert-pâle, rousses, feuille-morte, sur lesquelles piquait le rouge vif des cerisiers sauvages, et ressortait le vert sombre de quelques bouquets de pins épars. J’aimais aussi ces combes herbeuses fouillées par le groin des sangliers ; ces plateaux pierreux, parsemés de bruyères roses, de genêts et d’ajoncs aux fleurs d’or ; ces vastes étendues de hautes brandes où se flâtraient les bêtes chassées ; ces petites clairières sur une butte, où, dans le sol ingrat, foisonnaient la lavande, le thym, l’immortelle, le serpolet, la marjolaine, dont le parfum me montait aux narines, lorsque j’y passais mon fusil sur l’épaule, un peu mal accoutré sans doute, mais libre et fier comme un sauvage que j’étais.
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De tous côtés, presque, les puys, les coteaux et les vallons s’enchevêtraient et s’étageaient pour gagner les plateaux du haut Périgord, tandis qu’au midi, dans le lointain, au delà de la Vézère, les grandes collines du Périgord noir fermaient l’horizon bleuâtre.

Autour de moi, nul bruit : quelquefois seulement, le battement d’ailes d’un oiseau effarouché, ou le passage, dans le fourré, d’un renard cheminant la queue traînante.

Au loin, c’était le jappement clair d’un chien labri sur la voie du lièvre, ou la corne d’appel de quelque chasseur huchant ses briquets, ou bien encore une vache bramant lamentablement après son veau, livré au boucher de Thenon.
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Arrivé à la tuilière lorsque j'aperçus cette masure et ce châlit sur lequel il ne restait plus que la paillasse et une méchante couette, je m'assis sur le banc et me mis à pleurer en songeant à ma mère écrasée là-bas sous six pieds de terre et en me voyant tout seul au monde.
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Et, en m'en allant, je passai près d'une tombe brisée par le temps, rongée par les pluies, le soleil et les gelées d'hiver, effritée, réduite en gravats, prête à disparaître, et je me dis combien c'était chose vaine que de chercher à perpétuer la mémoire des morts. La pierre dure plus longtemps qu’une croix de bois, mais le temps, qui détruit tout, la détruit aussi ; et puis, que fait cela à celui qui est dessous ? Ne faut-il pas enfin que le souvenir du défunt se perde dans cette mer immense et sans rives des millions de milliard d'êtres humains disparus depuis les premiers âges ? Dès lors, l’abandon à la nature qui recouvre tout de son manteau vert vaut mieux que ces tombeaux où la vanité des héritiers se cache sous le prétexte d'honorer les défunts.
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J ai oublié de dire que nous avions un régent dans notre commune depuis quelques années. M Lacaud ne le voulait pas trop, il disait que ça n'était pas utile pour les enfants des paysans, d'apprendre à lire et à écrire, parce que ça les détournait de travailler la terre,et que lorsque qu'ils seraient tous instruits,on ne trouverait plus de metayers. Mais un jour, comme il disait cette raison dans le conseil, le vieux Roumy, qui en était toujours, lui repondu:
Ca ne sera pas un malheur, au contraire, parce qu'alors les travailleurs de terre seront tous propriétaires, et ne travailleront plus pour les autres.
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* « Mon existence n'a point été sans peine, mais elle s'est écoulée du moins sans regrets et surtout sans remords, ce qui n'est pas peu de chose. »
* « L’égoïsme m’indigne, la méchanceté m’exaspère, l’injustice me révolte, la misère me saigne le cœur. »
* « Mes bonshommes sont des personnages, non d'imagination, mais d'observation. »
Eugène Le Roy
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Lorsqu'on se fait brebis, le loup vous croque.
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Pourquoi, là-haut, tant de bonnes choses, plus que de besoin, et chez nous de mauvaises miques froides de la veille ? Dans ma tête d'enfant, la question ne se posait pas bien clairement ; mais, tout de même, il me semblait qu'il y avait là quelque chose qui n'était pas bien arrangé.
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De même avant qu'il y eut des routes et des voitures publiques, ceux qui s'en allaient à cheval ou de pieds n'en sentaient pas la privation.on à augmenté beaucoup, et trop selon mon petit jugement, les jouissances,les plaisirs, les satisfactions de luxe, mais on n'a pas ajouté un fétu à notre bonheur. Toutes les commodités, toutes les facilités que nous avons de faire ceci ou ça, ne font que nous en dégoûter de bonne heure, parce que ce qui ne coûte aucune peine finit par ne donner aucun plaisir.
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Elle n’était point d’ailleurs comparable, comme femme, ni à l’une ni à l’autre. C’était une forte fille de la race terrienne de notre pays, mais sans point de ces beautés qui, sauf les exceptions semblables à Lina, veulent, pour se développer dans une suite de générations, l’oisiveté, l’abondance des choses de la vie et le milieu favorable. De taille moyenne, elle ,n’avait donc point de ces perfections de forme de la femme des temps antiques : ses hanches larges, sa poitrine robuste, ses bras forts accusaient la fille d’un peuple sur lequel pèse le dur esclavage de la glèbe, qui, depuis des siècles et des siècles, peine et ahane, vit misérablement, loge dans des tanières, et néanmoins puise dans notre sol pierreux et sain la force de suffire à sa tâche, le travail et la génération : on voyait qu’elle était faite pour le devoir, non pour le plaisir.
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Voilà donc ma mère encore une fois sans travail, de manière qu’au bout d’un mois et demi, les quelques sous qu’elle avait amassés furent dépensés. Un jour vint où il n’y eut plus de pain chez nous, ni de pommes de terre. Les châtaignes, il y avait longtemps qu’elles étaient finies. […]. Dans un fond de sac, il restait un peu de farine de blé d’Espagne. Ma mère la pétri, en fit des miques qu’elle fit cuire en disant : « Lorsqu’elles seront finies, il nous faudra prendre le bissac et chercher notre pain. »
Entendant ça, je maudissais ce comte de Nansac qui était la cause de la mort de mon père aux galères, et qui voulait nous faire crever de misère. […] ;
Si j’avais eu le fusil de mon père, qu’au greffe ils gardaient, je crois que je me serais embusqué dans la forêt pour tuer comme un loup ce méchant noble.
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Dieu nous garde d’un et cætera de notaire,
Et d’un quiproquo d’apothicaire !
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Comme bien on pense, avec les douze sous par jour
que gagnaient les ouvriers de terre en ce temps-là, il
avait peine à entretenir le pain à ses drôles, car le
seigle était cher alors, et la baillarge et le méteil.
De blé froment il n’en fallait pas parler, on n’en
mangeait que dans les bonnes maisons.

Pour le reste, les drôles de Jansou étaient à la charité, habillés de morceaux de vieilles hardes toutes rapetassées, de mauvaises culottes en guenilles percées à montrer la peau, et tenues sur l’épaule par un bout de corde. Avec ça, les pieds nus toute l’année, et couchant dans un coin de la cahute sur une mauvaise paillasse bourrée de fougères.
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Nous étions bien tranquilles à La Granval. Cette vie étroitement attachée à la terre me convenait ; j’aimais pousser mes bons bœufs limousins dans le champ que déchirait l’araire, enfonçant mes sabots dans la terre fraîche, et suivi de toutes nos poules qui venaient manger les vers dans la glèbe retournée. […]. Ça me faisait du bien d’employer ma force, et quand le matin, ayant fauché un journal de pré, je voyait l’herbe humide de rosée, coupée régulièrement et bien ras, j’étais content. Alors je prenais ma pierre à repasser, et j’aiguisais mon dail en sifflant un air de chanson. Le soir, dans le temps des moissons, lorsque, après avoir chargé la dernière gerbe sur la charrette, je voyais tout ce blé qui devait faire un bon pain bis et savoureux, j’avais comme un petit mouvement de fierté, en songeant que c’était moi qui avait fait tout cela, ou quasiment tout.
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J'aimais cette solitude et ce quasi-silence, qui amortissaient, sans que j'y fasse attention, les cruels ressouvenirs de mon pauvre père, et, tous les jours, pendant que ma mère travaillait à Marancé, je courais dans les vois, mangeant une mique (pâte de farine cuite dans du bouillon) ou un morceau de pain apporté dans ma poche, me gorgeant de fruits sauvages, buvant dans les creux où l'eau s'assemblait, car il n'y a guère de sources dans la forêt, et en couchant sur l'herbe lorsque j'étais las.
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Les jeunes médecins font les cimetières bossus.
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L’avant-veille de la Toussaint, le maire fit appeler ma mère, et lui dit brutalement devant le curé, qui était avec lui sur la place de l’église :

— Ton homme est mort là-bas, il y eut hier quinze jours ; tu peux lui faire dire des messes.

— Les pauvres gens n’en ont pas besoin, repartit ma mère : ils font leur enfer en ce monde.
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Mon dessein était d’attaquer le château et, après l’avoir pris, d’y mettre le feu, afin de purger le pays de cette famille de brigands. J’espérais bien dans l’assaut, trouver le comte et le tuer. […].
J’étais sûr que ça n’irait pas tout seul, et que le comte et ses gens ne se laisseraient pas déloger sans résistance, et je cherchais les moyens d’y arriver sans trop exposer mon monde. Tout de suite je compris que pour cela il fallait brusquer l’attaque du château endormi et la mener vivement. Je pensais longtemps à la manière dont il fallait s’y prendre, et après avoir bien tout pesé et examiné, mon plan était arrêté dans ma tête.
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