Je me sentais comme un chien prêt à mordre et aussi, l'instant d'après, vide, hébétée, perdue. je savais ce que je voulais, je savais ce que je rejetais, mais j'étais privée de moyens et me cognais comme un hanneton contre les vitres.
On pose des ventouses, des cataplasmes à la moutarde, on vous fait avaler de l'huile de ricin ou du sirop à base de sang de cheval pour vous maintenir en vie, en bonne santé et on vous prive pourtant d'oxygène, on réduit vos envies à néant, on attaque vos idées et vos goûts, car ils paraissent à coup sûr douteux et du plus mauvais effet.
J'avais à prendre en main ma destinée, à résister, ne pas me laisser cahoter, bousculer, sombrer. Oui, je devais trouver un chemin dans ces miasmes, pour rejoindre la lumière.
Elle était seule, encore plus seule que quand elle prenait le métro jusqu'en fin de ligne, le midi à la sortie du travail !
Ce jour-là donc, chez Chantal, nous étions cinq filles ; il n’y avait qu’un garçon, le frère d’une Micheline qui se faisait appeler Sylvie comme Vartan, mais qui aimait mieux imiter Sheila, car elle se coiffait avec des couettes liées par des rubans en velours rouge qui lui retombaient sur les joues toutes les fois qu’elle se mettait à twister.