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Citation de PATissot


Nous descendîmes du train au petit matin, au pied de l'énorme massif clair de la Maiella, que le train avait contourné aux premières lueurs de l'aube.
Tout alentour se trouvaient de grandes collines couvertes de chaumes d'or lumineux ; nous entreprîmes aussitôt de les remonter jusqu'au village de Pretoro, souhaitant intérieurement y trouver mon compagnon d'armes Virgilio De Marinis, à qui nous avions l'intention de demander l'hospitalité.
Sur les épaulements que nous parcourions lentement, croissaient bon nombre d'oliviers, et leurs vieux rameaux diffusaient une paisible sérénité dans laquelle nous baignions en marchant. Les événements de la nuit précédente semblaient déjà bien loin. Soudain, du sommet d'un coteau, nous aperçûmes au loin un ruban de mer:
– L'Adriatique ! regarde, nous sommes en vue de l'Adriatique ! disions-nous en nous la montrant.
C'est justement au bord de cette mer, à Riccione, que j'avais marché en compagnie de Margherita… En ce moment même aussi – commençai-je à rêver – Margherita marchait à nos côtés… oui, certainement, et le bleu ciel du bleuet qui là, un peu plus loin, avait échappé à la faux, me faisait imaginer ses pieds dans les chaumes… Peu à peu j'en vins à me représenter la jeune fille avec une telle force, qu'il me semblait presque qu'elle était vraiment là. Je saluai à nouveau avec joie sa tête juvénile, ses beaux cheveux bouclés, uniques au monde, me disais-je, ses yeux gris profonds.
Antonio restait silencieux, pénétré de la paix qui émanait du lieu. Dans le secret de mon cœur je conversais avec Margherita, et je lui adressais des phrases de poète courtois. Je l'appelais «tête d'alouette» et, aimablement plaisant, «nouvelle Mélisande»… (Cette heure aussi, comme toutes les autres de la vie, est passée, s'en est allée pour toujours. Jeunesse, amour de l'amour, collines tapissées d'or des Abruzzes enchanteresses d'alors, tête d'alouette de Margherita… que vous êtes loin, aujourd'hui, de moi qui me souviens !)
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