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Critiques de Eva Kavian (287)
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Le trésor d'Hugo Doigny

Et moi qui imaginais une histoire d’amours adolescentes dans les rues de Namur, la belle petite ville mosane ! J’étais en effet habituée à lire des romans jeunesse d’Eva Kavian, et je m’attendais à tout sauf ...à ça. Il faut dire que je ne m’étais pas rendu compte du nom de la collection des éditions Luc Pire : « romans de gare ».



Un roman de gare ? Que nenni ! « Ceux qui s’accrochaient dans l’espoir de trouver un truc qui ressemble à un roman sentimental peuvent refermer le bouquin ». Oui, ça on peut le dire, ce n’est pas un « truc sentimental », mais une histoire hautement jouissive ! Je n’ai pu refermer le livre une fois que je l’ai ouvert, c’est pour dire ! J’ai été scotchée le temps de quelques heures à ce ...polar ?



Donc, je reprends, parce que je me rends compte qu’à part la ville de Namur (que je suis heureuse de présenter, vu que c’est ma ville), je n’ai encore rien révélé. Et je ne vous révélerai rien du tout ! Honte sur moi si je dévoilais la surprise de taille qui est annoncée par petites touches au fil des pages, et avec plein d’humour, en plus. Pourtant c’est tragique. C’est noir. Mais c’est si bon !

Allez, je suis clémente, je vous présente Hugo : guide touristique de la Citadelle de Namur, la trentaine, beau comme un dieu ou un acteur, c’est selon. Et gentil, avec ça ! « Tout ce qui était en son pouvoir pour le bonheur d’une femme, il le mettrait en œuvre. Son œuvre. Plus jamais il ne laisserait une femme souffrir. »

Je vous conseille quand même de ne pas trainer dans les rues de Namur, si vous êtes une femme malheureuse, seule, incomprise ou tout simplement plus très regardée. Vous pourriez rencontrer Hugo.



J’en ris encore, Eva Kavian aussi, sans nul doute, car elle a l’air de s’être beaucoup amusée, pour mon immense plaisir, et le vôtre aussi, j’espère.

Je vous quitte, j’ai une folle envie de visiter la Citadelle de Namur, vous savez, celle qui a été construite par Vauban, et dont les sous-sols sont une véritable termitière...



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Premier chagrin

Quel joli petit roman. Sophie, quatorze ans, répond à une demande de baby-sitting qui se révèle surprenante : Mouche qui n’a plus que quelques semaines à vivre lui demande de s’occuper en sa présence de ses petits-enfants. Les semaines passent et Sophie ne voit toujours pas l’ombre d’un enfant…



Si cette histoire permet d’aborder des thèmes comme la mort, le deuil et la famille, il donne aussi l’occasion de s’interroger sur la vérité et l’utilité (ou non) des mensonges. Mouche met un point d’honneur à terminer sa vie sur des notes de franchise et Sophie s’en imprègne : « Ne pas mentir est-il possible ? Sans le mensonge, j’aurais déjà eu pas mal de problèmes en plus ».



Ce que j’ai le plus apprécié est le portrait de Mouche, cette dame âgée qui a vécu libre, qui a profité de la montée du féminisme pour savourer chaque instant et ne pas s’enfermer dans une vie de couple anesthésiante.

Sophie aussi sonne très juste. Très adolescente par moment, on sent tout de même la jeune femme qui grandit en elle. Sa rencontre avec Mouche lui ouvre les yeux sur ce qu’est la mort mais aussi l’amour et le pardon.



L’écriture fine et belle renforce ce sentiment d’histoire à la fois légère - car si proche de la vie quotidienne - et profonde par les réflexions qui s’en dégagent. J’ai passé un très bon moment de lecture.

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Je n'ai rien vu venir

« Il y a les abrités, les abritants, les sans-abri. Il y a ceux qui sont tombés dans un trou du tissu social, il y a ceux qui les ramassent.

T’en as qui perdent les pédales parce que leur femme les quitte, t’en as qui démolissent leur vie à coups de bouteille de whisky, t’en as qui sont nés déconnectés, t’en as qui sont demandeurs d’asile et ce genre de truc, tu vois de tout, à la résidence. La question, ce n’est pas ce qui nous arrive, mais comment on accuse le coup. »



Un condensé de vie, mais plutôt de la vie de ceux qui ont tout perdu, voilà ce qu’Eva Kavian nous expose et décompose dans son dernier roman. Autour de « personnages », dans le sens le plus total du terme, nous vivons dans une résidence pour sans-abri, et suivons pas à pas le quotidien cahoteux, bosselé, émaillé ça et là de petits moments de grâce. Nous y entrons avec Jacques, 68 ans, qui n’a « rien vu venir ». Son passé cabossé nous est révélé par petites touches, à travers son présent problématique. Et puis il y a Momo, l’inénarrable Momo hyperactif au cœur sur la main, incapable de ne pas se mêler de la vie des autres. Et Filleul, le grand Noir à l’âme en serpillière. Et Ramon, Espagnol alcoolique attaché à sa mère vivant au pays... Tous ces gens sont pris en charge par les travailleurs sociaux essayant tant bien que mal de bien faire leur « métier » (peut-on parler de métier quand on travaille sur de l’humain, et surtout sur de l’humain meurtri ?)



Les phrases incisives, tranchantes. La multiplicité des points de vue rugueux. La diversité des paragraphes. Les chapitres courts, rudes. Mais la tendresse aussi, à fleur de mots. La faiblesse et la volonté. Le désir de s’en sortir et la chute. L’humanité, enfin.

Eva Kavian réussit une fois de plus à se renouveler, à m’interpeller, à me toucher. Jamais elle ne cherche la facilité, jamais elle ne reproduit un canevas de roman tout prêt. Mais l’humanité, ça oui, elle la garde, toujours. C’est pour ça que je la considère comme une auteure majeure. Car, finalement, qu’y a-t-il de plus important au monde que l’humain, vulnérable et explosif ?

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Moi et la fille qui pêchait des sardines

C’est un élève qui m’a tendu ce livre, le premier jour de cette année scolaire. Beau geste ! C’est un fan inconditionnel d’Eva Kavian, et je lui avais dit que j’aimais beaucoup cette auteure. J’aime sa façon d’écrire, son humour, son humanité, la tendresse avec laquelle elle aborde les êtres et les évènements.



Ce petit roman est destiné aux plus jeunes, disons 11,12 ans. C’est peut-être pour cela que les thèmes abordés ne me semblent qu’esquissés. Disons que je ne lis jamais de romans pour les jeunes en-dessous de 15ans, donc je ne suis pas du tout experte de ce côté-là.



Le narrateur, Félix, provient d’une famille où beaucoup de membres sont jumeaux. Lui-même l’est, mais un drame s’est joué lorsqu’il était petit. Il se rend pour les vacances chez sa grand-mère qui habite une petite maison dans un minuscule village de pêcheurs du Portugal, et c’est là qu’il fera -par force- connaissance avec une fille d’à peu près son âge, qui pêche des sardines. En effet, il y a eu méprise sur les valises…



C’est frais, c’est rapide, cela aborde la thématique de la famille et de la gémellité, ainsi que de la mort et de l’adoption. Rien n’est artificiel, on tombe sur un coucher de soleil somptueux qui fait penser à la vie et à la mort, on papote avec des vieilles dames bien humaines, on se rend compte que la vie peut être si simple sur une barque, au soleil, en train de pêcher des sardines…



Lecture rafraichissante, donc, mais je préfère les romans pour un peu plus âgés comme « Premier chagrin », ou pour encore plus âgés, comme « Ma mère à l’Ouest », « La dernière licorne », et les romans pour adultes comme « Le rôle de Bart », « On ne parle pas de ça » … Je vous les conseille vivement !

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Premier chagrin

J’imagine que vous avez, vous aussi, des romans qui se trouvent dans votre bibliothèque depuis tant d’années que vous n’y prêtez même plus attention. J’en ai un certain nombre et je vais essayer de me tourner régulièrement vers ces « oubliés » cette année. J’ai notamment à disposition un certain nombre de romans jeunesse assez courts qu’il me sera sans doute agréable de lire entre deux pavés. Bref, c’est avec cette idée en tête que j’ai pris sur une de mes étagères Premier chagrin d’Eva Kavian et cela a été une belle surprise. Ce roman qui ne payait pas de mine est en réalité un beau récit mêlant les générations : Sophie, la narratrice, est une adolescente de quatorze ans qui, alors qu’elle cherche à obtenir une place de baby-sitter sans avoir la moindre expérience dans ce domaine, fait la rencontre de Mouche, une vieille dame. Celle-ci a besoin d’elle pour s’occuper de ses petits-enfants lors de leurs visites. Mais, surtout, il s’avère que Mouche est malade et va mourir. Sophie, dont le père vit en Suisse et qui a des relations parfois compliquées avec sa mère, accepte d’aider la vieille dame et, déjà, les premiers échanges et les premiers jours passés ensemble sont un enrichissement… mais également une source d’interrogations car le temps file et aucun membre de la famille ne semble décider à pointer le bout de son nez. Eva Kavian réussit le pari d’offrir un roman extrêmement émouvant sans être une seule seconde larmoyant. Il y a de la légèreté dans ce roman, beaucoup, n’oublions pas qu’il s’agit d’un roman jeunesse, mais aussi un terreau propice à une réflexion très sérieuse sur les rapports familiaux, les erreurs passées, la capacité à oublier et pardonner, problématiques dans lesquelles Mouche et Sophie se retrouvent et se reflètent, miroirs intergénérationnels que le hasard a mis face à face. Tandis que Mouche s’éteint, Sophie grandit. Il y est, forcément, énormément question de la fin de vie, des derniers jours solitaires, des mains tenues et de la mort dans sa dimension la plus matérielle. Une belle réussite !


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Trois siècles d'amour

Quelle énigme, cette histoire. Une narratrice à qui "l'idée même d'écrire un livre était devenue étrangère", depuis qu'elle ne trouve plus de papier. Ses enfants ("les enfants du monde"), eux, pourtant, en trouvent. Ils passent leur temps à dessiner, et aussi à voler celui de la narratrice. Arrivés sur un lieu de vacances, les enfants ont appris à dormir, et le reste du temps plongent dans un rectangle bleu ou dessinent, encore, sur des feuilles de papier. Que la narratrice, quand ils vont dormir, ramasse et empile à l'extérieur. Les piles de papier deviennent un arbre, dans lequel elle découvre bientôt un homme qui l'observe, et qu'elle va aimer, et qui n'est pas son mari, ni le père des enfants. Qui l'emmène au bout de la rivière, du fleuve, de ses larmes à elle peut-être, jusqu'à la mer.

Et puis il y a la boulangère, qui a des problèmes de santé, puis des enfants. Qui retrouve le sourire et la santé, mais pas l'amour du boulanger. Elle a alors des problèmes de coeur. Jusqu'à ce que le médecin s'en mêle...

Quelle étrange histoire, insaisissable, portée par une plume hypersensible, sensuelle aussi.

On n'y comprend pas grand-chose, même pas le titre – qui peut prétendre vivre trois siècles d'amour ?

C'est pourtant ce dont il est question: d'amour. Et aussi d'enfants, de maternité, d'identité, de liberté, de désir, d'envie d'écrire, et peut-être de ce que c'est que d'être femme, et de ce qui fait qu'une femme s'épanouit, ou pas (en étant mère, libre, aimée, désirée?).

Mais je ne suis pas sûre que ce soit le thème du roman, je ne sais pas si c'est le sens qu'a voulu lui donner l'auteure, ni même s'il y a un sens, tout n'y est que symboles et métaphores et multiplie les interprétations possibles. Mais ce n'est pas grave, sa petite musique nous berce dans une douceur hypnotique qui endort la raison et ouvre le coeur.



"Il y a des livres qui racontent plus qu'une histoire. Ou plusieurs histoires. On ne le sait que lorsqu'on les relit. D'abord on lit l'histoire, après, on trouve autre chose. Il y a des livres que l'on peut relire sans fin."

Un de ces textes qu'on pourrait relire pendant trois siècles sans pour autant en épuiser le sens...
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Premier chagrin

Sophie vit seule avec sa mère depuis que son père est parti refaire sa vie en Suisse. Elle a quatorze ans et pour se payer un stage, décide de répondre à une petite annonce pour faire du baby-sitting. En fait son travail ne sera pas exactement ce qu'elle attendait puisqu'elle se retrouve chez une mamie qui lui demande quelque chose de particulier, ce qui lui posera beaucoup de questions et la fera grandir.

Histoire sympathique qui aborde des sujets importants.
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L'engravement

L'engravement, fait allusion aux baleines qui s'échouent volontairement sur les plages sauf qu'ici les baleines sont des jeunes échoués en hôpital psychiatrique.



Eva Kavian nous fait partager la vie du 'troupeau' qui traverse le parc les jours de visite, le désarroi des parents devant ces jeunes qui ne s'aiment pas, qui veulent en finir avec la vie, le maigre espoir que laissent les psychiatres souvent maladroits, la culpabilité qui détruit.



De si petits moments de bonheur, un rayon de soleil dans le parc, la première sortie autorisée malgré le regard des gens sur ta fille bourrée de neuroleptiques qui a pris 30 kilos en six mois.



On dit que l'amour est le combustible de l'espoir, un espoir qui peut détruire ou faire grandir.

Une bouleversante leçon d'amour qui moi aussi m'a grandi.

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On ne parle pas de ça

Eh bien si, moi, je vais vous en parler ! Vous parler de ces mères orphelines de leur enfant (il faut bien que j’emploie ce mot, puisqu’il n’y en a pas pour décrire cet état dont personne ne voudrait)...



Eva Kavian signe ici un chef-d’oeuvre, plein de pudeur et de franchise. Ah ça oui, elle appelle un chat un chat, et les descriptions des morts sont directes. Elle met en scène 4 femmes dont les enfants meurent : une jeune fille de 18 ans dans un accident de voiture, un garçon de 15 ans qui se tire une balle dans la tête, un garçon de 12 ans dont le cœur a lâché suite à un microbe tueur et enfin un jeune homme mort en voiture.

Les mères, dévastées, finissent par se rencontrer et vivent ensemble, le temps de se reconstruire. Mais surtout, il ne faut pas parler de sa douleur ! Il ne faut pas parler des absents ! Car l’écroulement guette... Jusqu’à ce qu’une jeune fille arrive...



Je peux vous dire que j’ai vécu intensément cette lecture dont les ondes vibrent encore au fond de moi. Eva Kavian n’a pas sa langue en poche, elle attaque avec humour (oui ! il y a de l’humour ! Il fallait oser et elle l’a fait !) et profonde empathie ce sujet grave, douloureux, qui frôle l’abîme.

Et elle interpelle le lecteur en se posant comme « l’auteur ». Narration donc originale et vivante. Il fallait bien ça pour atteindre l’indicible.



Percutant, vivant, bousculant, c’est un roman à lire de toute urgence. Non seulement par les parents vivant toujours dans l’angoisse de perdre leur enfant, mais aussi par les enfants qui ne se rendent pas toujours compte combien ils sont aimés, et enfin par les parents qui ont connu cette expérience que personne ne devrait vivre.



Ce roman est donc tout sauf larmoyant. Positif. Tendre. Profond.

Oui, je le répète : ceci est un roman-remède, pour la vie.

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Ma mère à l'Ouest

Betty aime sa petite fille chérie, son adoré, sa toute belle. Betty est une maman pas comme les autres, car Betty est handicapée mentalement.

Et Sam sa fille chérie, son adoré, sa toute belle, va grandir comme elle pourra, entre cette maman-là et toutes les autres, celles des familles d'accueil dans lesquelles elle fera des séjours plus ou moins longs, plus ou moins heureux.

Et aujourd'hui, Sam a 16 ans et attend un bébé à son tour....



Ce roman assez court est extrêmement émouvant, dense et puissant.

Avec des mots simples, ceux de Betty et de Sam, l'auteur décrit le quotidien de cette maman et de sa fille, son adoré, sa toute belle.

Un quotidien souvent difficile, parfois drôle, parfois tendre, parfois effroyable, mais où l'amour prédomine.

L'auteur nous permet de nous poser des questions sur le sens de la maternité, sur le rôle d'une mère, sur la capacité de certaines mamans à être de bonnes mères malgré leurs difficultés voire même leurs handicaps.

Elle épingle au passage le sort des handicapés mentaux et évoque leur sexualité, leur droit à donner la vie, à faire leurs propres choix dans une société qui, parce qu'elle les prend en charge, leur refuse généralement le droit de décider quoi que ce soit.
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Premier chagrin

J’aime tout ce que l’écrivaine belge Eva Kavian écrit. Tout. Je ne m’en cache pas. C’est donc d’avance conquise que j’ai entamé la lecture de son plus récent roman jeunesse intitulé Premier chagrin. Et encore plus conquise que dès le premier chapitre derrière moi. Parce qu’il s’agit d’une des histoires les plus émouvantes qu’il m’ait été donné de lire. Parce qu’Eva Kavian sait doser les émotions, autant pour ses personnages que pour nous. Si bien que dès que nous comprenons que la tâche de Sophie sera bien différente de celle qu’elle avait en tête nous serons aussi bouleversés qu’elle.



Sophie ne va pas garder des enfants, ce qui était prévu au départ, mais préparer les derniers jours d’une vieille dame qui sait ses jours comptés et qui voudrait voir réunis autour d’elle les siens alors qu’ils ne la visitent plus, alors qu’elle n’a plus de lien avec ses petits-enfants.



Mais il y a Sophie. Une Sophie qui vit des émotions fortes, une Sophie qui s’est profondément attachée à Mouche même si celle-ci a volontairement choisi quelqu’un d’extérieur à sa vie pour l’accompagner dans ses préparatifs, le tri de ses lettres, les objets à donner, quelqu’un qui ne sait d’elle que ce qu’elle voudra lui dire.



Mais Sophie est incapable de se contenter de demi-vérités et surtout, elle a bien l’intention de réaliser le dernier souhait de Mouche. À sa manière. Sans lui dire. Parce que Mouche n’est plus étrangère. Parce que cette expérience l’a changée, parce que Sophie ne laisse jamais tomber ses projets en cours de route.



Premier chagrin est un roman touchant, sensible, qui pose beaucoup de questions, notamment sur les soins palliatifs, sur le choix de ce qu’on veut faire de ses derniers jours si on a la chance de les préparer, sur la mort elle-même. Un grand roman destiné aux adolescents, mais que bien des adultes devraient le lire.
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Tu es si belle

Quand on a quatorze ans et que sa sœur a commis l’impensable…on écrit une lettre à sa maman pour tout lui expliquer. Pour y jeter son désarroi, ses doutes, son désespoir. Sans oublier de ménager quand même maman, qui va être si malheureuse, qui est déjà si malheureuse.



Eva Kavian, la spécialiste des sentiments, la peintre de l’âme, expose avec délicatesse et franchise ce qu’une jeune ado ressent au plus profond d’elle-même, sans clichés d’aucune sorte, sans fausse honte. Elle fait référence à #balance ton porc, qui a fait un tollé sur les réseaux sociaux il y a quelque temps. Pas besoin de vous exposer le thème, vous l’avez découvert.



Ce « roman » n’en est pas un, c’est une lettre de 40 pages, pas une de plus. Une lettre-choc, dont chaque mot compte, dont chaque phrase expose la vérité et ses conséquences.

Abus, anorexie, boulimie, secret : ce livre est une déflagration, comme tous les livres de cette auteure belge.

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Après vous

« De temps en temps, on a trop besoin de se blottir dans ses bras, on le lui dit et on s’y glisse. On donne un peu de tendresse qu’il sait si bien recevoir, on lui dit des mots d’amour qu’il sait si bien entendre. Parfois aussi on laisse dire les larmes pour l’écho silencieux qui répond à ces mots, pour les gestes en caresses dont l’absence brise le corps d’attente. Parfois aussi on se dit je suis mariée, j’ai un enfant, et j’ai besoin d’amour, on essaie de ne pas s’y arrêter, pas trop longtemps, on se dit que c’est la fatigue, il dit qu’on va sûrement être réglée ».



Eva Kavian explique justement, simplement, dans cet extrait particulièrement éloquent, la solitude d’une jeune femme mariée, dont le mari s’éloigne peu à peu, parce qu’il ne veut pas la comprendre, parce qu’il ne pense qu’à lui, parce qu’il ramène tous les sentiments qu’elle peut éprouver à des causes hormonales. Comme bien des maris ?

Je ne sais pas, mais ce que je peux vous dire, c’est que dans ce roman qui traite de l’amour, rien que de l’amour, Eva Kavian nous raconte justement, simplement, l’évolution de la jeune fille rêveuse et croyant à l’amour éternel à la jeune mère épuisée, reléguée au statut de mère nourricière, croyant encore et toujours à l’amour…



De brisure en brisure, elle nous raconte justement, simplement, la femme face à l’homme.

L’amour est là, au moins le désir d’amour, et l’homme, souvent, impose et puis fuit.

Ce premier roman d’Eva Kavian, paru au début des années 2000, révèle déjà son style, original, poétique, sensible, teinté d’humour noir.

Si au début j’ai été désarçonnée par le « on » et par les phrases qui se terminent de façon abrupte et répétitive, j’ai tout de suite adhéré à ce côté très féminin décrit tout au long.



« Après vous », c’est-à-dire après l’homme, après l’amour, qu’y a-t-il ?

L’amour, évidemment.

Juste. Simple.

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Le frère de Simone

Simone a un frère ? Non, elle a un fils. De 4 ans. Et elle en a 18.

Aaaaah....Donc on fait le calcul, discrètement.

En plus, Simone n’a plus de parents, ils sont morts depuis...4 ans.

Aaaaah... Donc on refait le calcul.



Il faut dire qu’avec Eva Kavian, les coïncidences n’existent pas. Tout s’enchaine, et les éclopés de la vie trouvent toujours le moyen de s’en sortir grâce à ceux qui ont eu un peu plus de chance, ou grâce à d’autres éclopés au cœur sur la main.

Ici, nous sommes dans la tranche d’âge « jeunesse », dans un établissement scolaire qui se veut huppé, à la « clientèle » friquée, « bourge ». Mais la richesse ne veut pas dire le bonheur, loin de là.

Simone, qui reprend ses études après une parenthèse appelée Fred (le nom de son fils, vous l’aurez tous compris), veut étudier par la suite à l’université, et donc a choisi une école élitiste pour être préparée à des études dignes de ce nom. Elle loge chez un bandagiste pour lequel elle travaille après ses cours, tout en s’occupant de son Fred bien abîmé...

Quelques mois lui suffiront pour découvrir le secret de plusieurs élèves.



Nous sommes dans un roman d’Eva Kavian : la souffrance n’est pas loin de la solidarité, le désespoir côtoie le courage. Belle leçon de vie, comme d’habitude. Mais mon cœur à moi n’a pas été touché : j’ai apprécié l’enchainement des actions, toute cette mise en place du bon côté de l’être humain, sans entrer en empathie avec les personnages. Pourquoi ? Peut-être parce que l’écriture m’a moins transportée que d’habitude, et il y a moins d’humour, également. Peut-être aussi ai-je trouvé un peu exagéré cette concentration d’êtres frappés par le mauvais côté du destin...J’ai eu l’impression de lire, à certains moments, un roman de Barbara Constantine, que je n’apprécie pas trop.



Bref, cette histoire tendre et dure d’Eva Kavian touchera beaucoup d’entre vous, j’en suis absolument certaine. Mais comme j’en ai lu beaucoup d’autres de cette auteure, j’ai juste été un peu déçue. Pas grave, je continuerai à être une de ses lectrices assidues.

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Tout va bien

Tout va bien ? Oui, tout va bien. Enfin...non, tout ne va pas très bien pour Sophie. Son amoureux Gauthier (17 ans) est parti en séjour linguistique de 2 semaines à Rome, et ils s’étaient promis d’écrire des courriels en terminant chaque fois par « tout va bien » pour ne pas inquiéter l’autre outre mesure. Pour celui-ci, c’est la découverte des autres, la socialisation (lui qui était abonné aux réseaux sociaux, le voici dans un réseau social en vrai !), les tentations (hum, hum...que les Italiennes sont belles ! Que les filles du groupe sont stimulantes !), les virées alcoolisées (un morceau d’anthologie, la première cuite de Gauthier !). Mais pour Sophie, c’est la remontée acide de ses dernières années scolaires (elle va entrer en terminale). Elle n’en peut plus, Sophie, de la solitude, de l’isolement, de la mise à l’écart plutôt. Mais qu’est-ce qu’elle n’a pas que les autres possèdent ? Le sens grégaire, probablement. Car chacun sait qu’un adolescent qui refuse, même discrètement, les normes du groupe est un adolescent perdu pour ce groupe...Un Américain venu lui aussi en séjour linguistique, chez elle, sera pour elle une bouée de sauvetage alors qu’elle était en train de sombrer.



Eva Kavian signe ici encore un roman sur et pour l’adolescence, cet âge où l’on est si fragile et si dur à la fois, où l’on part dans des délires et où l’on a envie de tout confier, où certains sont capables de méchancetés terribles et où d’autres, en vain, tendent les bras.

Le point de vue de Sophie est évidemment beaucoup plus grave que celui de Gauthier, et les chapitres alternés nous font basculer de l’enthousiasme romain à la désespérance, de la légèreté à la mise en question de soi-même. L’exclusion à l’école, c’est du harcèlement, oui ! En tant que prof, je sais ce que c’est...Et c’est très difficile pour nous, adultes, d’agir sans blesser, sans en faire trop. Ce roman est le point de départ d’une réflexion indispensable afin que chaque adolescent puisse se dire que oui, tout va bien.

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La dernière licorne

"J'étais dans les bras d'Anna. Anna a perdu l'équilibre et notre famille a basculé dans l'escalier".

Cette phrase résume tout le drame de ce roman, profond, sensible, juste, tendre. Vous l'avez deviné, je l'ai ADORE.

En effet, ce n'est pas tous les jours qu'une adolescente en pleine crise d'identité, en plein conflit avec sa mère, persuadée d'être la mal-aimée, fait un sacrifice ô combien difficile pour l'amour de sa soeur aphasique. Je n'en dirai pas plus pour ne pas dévoiler l'histoire, mais tout part de la mort du grand-père et surtout de la révélation proférée le jour de sa crémation.

Histoire familiale, donc, racontée avec authenticité. Grâce au point de vue interne à l'héroïne, je la comprends, je l'accompagne, je souffre avec elle, je me révolte avec elle, je ris avec elle, je suis heureuse avec elle.

Parce "La dernière licorne" est un roman positif, de ceux que j'adore. Parce qu'il aide à voir la vie d'une autre façon, parce qu'il montre d'autres gens, que l'on considère comme "fous" (quelle horreur, cette étiquette qui généralise ! ). Et d'ailleurs, toutes sortes d'étiquettes qu'on pose sur les gens sont mises à mal ici.

Quel bonheur de lire les romans pour ados d'Eva Kavian ! Et quel bonheur ce sera de proposer ce roman à mes élèves de 15 ans !
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Ma mère à l'Ouest

Il faut, il faut, il faut ! ... que je me libère de ce concentré explosif d’émotions que la lecture de ce magnifique roman d’Eva Kavian m’a procurées.



Samantha a 16 ans et elle est enceinte. Et l’enfant, elle n’en veut pas ! Car sa maman est elle-même une mère célibataire, et handicapée mentale, surtout ! Elle ne veut pas reproduire ce qu’elle a connu dans son enfance : l’arrachement à l’amour maternel pour aller de famille d’accueil en famille d’accueil.



Car elle a un problème avec l’amour maternel. Ca oui ! Depuis la souffrance de la séparation, « une grande lame froide l’a coupée en deux puis un caillou glacé a rempli son ventre ». Mais elle a promis de « regarder en avant », donc, elle avance. De « fausse maman » en « fausse maman », d’éducatrice passionnée en institution puis en appartement d’émancipée, elle avance, notre Samantha. Tant bien que mal, avec toute sa force de fille intelligente qui se découvre femme.



Mais l’amour maternel, ça non ! Et puis, tout doucement, elle avance encore... grâce à l’amour de sa « vraie maman », celle que tout le monde jugeait incapable de l’élever, la « débile », celle qu’elle revoit après des années d’absence ... Et là, est-ce que j’arriverai à trouver les mots pour décrire ce que j’ai ressenti ? Je n’en suis pas sûre ! Eva Kavian l’a fait à ma place, et d’une manière tellement sensible, tellement pudique, tellement émouvante, touchant à l’essence même de la vie que je ne peux que me taire, tout entière encore tournée vers cette histoire qui m’a tourneboulée de fond en comble.



Je me tais, et je passe la parole à Eva Kavian, un des seuls écrivains capables de faire naître en moi un tel ouragan d’émotions vitales:

« J’ai compris, au plus profond de mon corps, ce que signifiait « amour maternel ». Cela ne ressemblait à rien de ce que je connaissais, mais je savais que c’était ça. Ce n’était pas un manuel de psychologie, de belles paroles ou un test d’aptitude. C’était un plaisir, un besoin, une urgence, une plénitude, une absence au reste du monde et une présence totale, c’était, au-delà des mots et des pensées, une sorte d’organe qui s’installait de mon ventre à mes seins et prenait possession de mon cerveau. Ma petite ma chérie ma douce, mon trésor ma toute belle s’est endormie. (...) Jamais, jamais personne ne me séparerait de mon bébé, j’en faisais le serment. Et j’avais de la chance : je n’étais pas déficiente mentale et j’avais une mère qui m’avait toujours aimée. De quoi voir venir. »

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Ne plus vivre avec lui

Sylvia ne veut plus vivre chez son père. Elle en a ras-le-bol d’être la bonniche de service, celle qui réchauffe les pizzas, qui s’occupe de ses 2 toutes petites sœurs, qui range la maison. Sous prétexte que son père est très occupé, c’est elle l’intendante. Elle veut donc vivre à plein temps chez sa mère. Après tout, elle a 17 ans, et elle ne voit pas pourquoi elle devrait subir les conséquences du divorce de ses parents quelques années auparavant.

Et elle téléphone à son père pour lui signifier sa décision.

Et son père lui répond, il est d’accord.

Et il meurt.



« Que tu me manques à ce point et que tu sois mort, voilà le fameux problème. Mon traumatisme absolu. Mon impasse hurlante. »



C’est là que commence le long voyage en elle-même. C’est là que débute le rituel des morts. D’humour noir en monologues bouleversants, Eva Kavian accompagne la recherche d’une adolescente vers son père disparu, ponctuée par des révélations maternelles, par des épisodes légers et tendres avec ses petites sœurs, par une histoire d’amour pas simple.



Avec son style bien à elle, naturel, souvent poétique, quelquefois assassin, toujours au plus près du cœur, tendre mais jamais mièvre, Eva Kavian a montré encore une fois sa sensibilité profonde, son empathie, son amour de la vie

C’est pour toutes ces raisons qu’elle a une place privilégiée dans la liste de mes auteurs préférés.

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La conséquence de mes actes

« Cette fois, le narrateur est masculin ! », a répondu Eva Kavian à un de mes élèves lorsque celui-ci lui demandait si elle n’écrivait des livres que pour les filles...



Oui, cette fois, le narrateur est un garçon de 15,16 ans, tout à fait crédible ! L’auteur a donc prouvé qu’elle pouvait se glisser dans la peau d’un jeune déboussolé par la séparation de ses parents, « honteux » que sa mère soit « devenue » lesbienne, agacé que son père soit l’amoureux transi d’une nouvelle femme...l’orthodontiste de Gauthier...Horreur ! Heureusement, il se réfugie dans le cocon protecteur de la Toile, entouré de ses amis virtuels. Il devient le roi de Tweeter, mais s’éloigne de ses amis véritables.

Il y a donc quelque chose qui cloche dans la vie de Homère/Gauthier, et même plus que ça. Il a la sensation que sa vie part en vrille, et tout ça...à cause de ses actes inconsidérés. N’est-ce pas lui qui a poussé son père à se créer un profil sur un site de rencontres ? Désormais, « Tiberio Rigoletto » ne jure plus que pour « Youplaboum »...La conséquence de ses actes le mènera jusque dans un trou perdu en Ardennes, où, régi par ses hormones en pleine révolution et par une bande de ‘sales’ gosses, il devra composer avec la vie, avec ses parents, avec son professeur de français, avec ses copains, ... avec lui-même.

C’est dur de grandir, de voir la vie qui nous tombe dessus, de devoir choisir, agir, et puis supporter la conséquence de ses actes...



C’est dur, oui, mais que c’est vrai ! Ce roman d’Eva Kavian, une fois de plus, reflète la réalité des adolescents, ou plutôt, à travers la vie particulière d’un adolescent, rejoint le petit monde des jeunes d’aujourd’hui.

La sincérité, la naïveté, le verbe hardi de ce garçon m’ont permis de connaître encore un peu mieux la vie de ces grands pudiques, empêtrés dans leurs problèmes et en même temps voulant faire bonne figure auprès des copains, tiraillés entre des parents aux difficultés bien actuelles et leur besoin inavoué de tendresse.



Ce roman assez court suit les méandres de la pensée adolescente et nous entraine sur ce fleuve pas du tout tranquille de ces hommes en devenir, avec humour, tendresse et empathie.



Alors, oui, cette fois l’auteur a choisi un narrateur est masculin, et même si personnellement je préfère quand Eva Kavian épouse les contours complexes de la pensée féminine, je peux proclamer : « Pari réussi ! »

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L'art de conjuguer les hommes mariés

« Je le revendique : dans ce texte je règle mes comptes avec ceux qui usent de cette lâcheté dévastatrice ».



Effectivement, on peut dire qu’elle règle ses comptes, Eva Kavian, et de façon magistrale tout en n’étant jamais vindicative.

C’est tout en subtilité qu’elle nous amène à être d’accord avec elle, avec toutes ces femmes qui sont amoureuses d’hommes mariés, ceux-ci leur promettant un avenir à deux, mais n’osant jamais franchir le pas, trop pusillanimes, trop frileux...Abandonner le confort du mariage ? Oser affronter sa femme en lui avouant qu’on voudrait la quitter ? Non, non ! Ils préfèrent se contenter d’une relation « sur le côté », et bénéficier donc et du confort d’un côté et du plaisir de l’autre. Eva Kavian ne supporte pas cette lâcheté, ce mensonge perpétuel.



Et la voilà lancée dans un exercice de style original, car chaque chapitre (très court) a comme titre un mode et un temps de la conjugaison française, et comme narrateur, le même homme, universel...

Exemples pris ça et là :

Indicatif, passé composé : « C’est vrai, je ne t’ai pas dit que je suis marié. Mais tu ne m’as rien demandé. »

Indicatif, passé simple : « Cette nuit fut une révélation. Je fis un rêve, toi et moi, main dans la main, tes enfants et les miens, un calicot rouge derrière nous (...). ‘Ils furent heureux et eurent beaucoup d’enfants’, la phrase imprimée sur le calicot fut je pense à la fois la cause de mon enchantement et celle de mon insomnie. ‘ Beaucoup d’enfants’. Tes enfants, les miens. Pour la première fois, je mesurai la souffrance probable de mes enfants ».

Impératif présent : « Viens, asseyons-nous sur ce banc. Ecoute-moi. Essaie de comprendre. Mets-toi à ma place. Donne-moi un peu de temps, notre amour mérite bien cela ».

Indicatif futur : « Nous prendrons le temps. Je la quitterai dès qu’elle sera prête ».

Participe présent : « Trompant, mentant, évitant, cachant, promettant, jurant, prétendant, caressant, hésitant, reculant, jouissant, rêvant, oubliant, baisant, retardant, admirant, regrettant, enlaçant, s’excusant, remerciant, racontant, éludant, revenant (...)



Tout est dit, je pense.

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