Mon hurlement cesse. Je ne peux plus crier de toute façon, je crois – je ne peux plus rien, hormis souhaiter contre toute logique, contre toute raison, survivre à cette journée.
Je ne veux pas mourir.
Etre sous- fifre n'était pas dans ma destinée. La mienne, elle s'est écrite dans l'hémoglobine du boss quand je l'ai approché pour lui découper le visage avec mon cran d'arrêt et une lame de rasoir. Une simple formalité à laquelle j'ai pris beaucoup de plaisir.
Le froid de la pierre nue et abrupte. Voilà tout ce que je ressens. La seule chose sur laquelle se concentrent encore mes pensées. Lentement, je lève la tête. Mes cheveux poisseux et emmêlés collent à ma peau glacée. Mes larmes ont gelé sur mes joues depuis fort longtemps. J’ai froid. Si froid.
À gestes lents, rendus douloureux par les coups que l’on a portés sur moi, je me redresse. Ma main se pose sur l’arête de la roche. Gelée, elle aussi. Comme moi. Comme ce pays. Comme la cellule où l’on m’a enfermée.
Mais quand j'atteins le salon, c'est pour voir les paupières d'Emma papillonner. Je crois que sur le coup, mon cœur manque un battement.
Je frémis. Quelque part, je crois, j'ai peur de découvrir ce qui est réellement arrivé à la personne qui possédait ce bijou. Peut- être serait- il plus simple - plus facile - de rester sur la croyance d'un incendie ?
Peut- être... peut- être pas...
« Thibaut. La jeune Viking retira la flûte d’entre ses lèvres pour contempler les environs. Elle était toujours désespérément seule. Pourquoi tardait-il autant ? Elle se releva après quelques moments supplémentaires passés à scruter l’onde du ruisseau, retourna dans la maison ranger la flûte – cette flûte qu’il avait fabriquée pour elle, qu’il lui avait offerte à Angers et que depuis lors elle chérissait tout particulièrement. Si sa sonorité différait quelque peu de celles des Vikings, elle l’en appréciait plus encore. Cela la rendait unique aux yeux d’Elina, toute particulière – à l’image de ce qu’elle vivait avec Thibaut. »
« Les origines de la sorcellerie se perdent dans la nuit des temps. Des les premiers jours de l'humanité, sorciers et sorcières ont existé... .dabord liés aux éléments, à l'existence, à la mort. La particularité de la sorcellerie et des êtres qui la pratiquent tient à la nature de ces hommes et femmes: ils n'ont en effet rien à voir les uns avec les autres.
A noter que le mot « sorcier » peut s'interpréter comme un diseur de sort mais aussi, par extension et dérivant du latin, comme « relié aux Dieux », que ces dieux soient bons... ou néfastes.
- Ok, continué-je, je vais te montrer tout de suite comment je peux prendre tes lèvres et tu ne feras plus jamais l'erreur de me confondre avec mon frère.

7 janvier 1921, Russie
Ils sont là. Ils avancent. Ils approchent. Engoncés dans des manteaux laine, la haine au cœur et l'envie de sang dans le regard.
Ils ne sont guère nombreux, mais déja trop pour moi. Beaucoup trop. Et leur hargne, leur révulsion à mon égard, amplifie le déséquilibre en leur faveur.
Je me crispe, et, instinctivement, je recule de quelques pas -comme si la pénombre de ma cellule pouvait me sauver. Comme si elle pouvait me dissimuler à leurs yeux. Comme si elle pouvait soustraire ma présence de cette scène qui se joue ici, et maintenant. La foule haineuse s'immobilise à distance craintive de mon cachot. Leurs regards vacillent entre haine, peur et... colère, je crois.
Je n'ose reculer plus encore. Je n'ose avancer et les défier. Sil reste un infime espoir de les convaincre de la méprise, je ne veux pas le perdre en les provoquant. L'immobilité, pour l'instant, est la seule arme dont dispose. Ça... et le silence, aussi. Il s'étale sur la petite place rapidement. Les murmures s'étouffent.
« June. Je la contemple étendue dans mon lit. La nuit s’est installée depuis longtemps et si j’ai somnolé auprès d’elle quelques heures après lui avoir fait l’amour de toute ma passion, à présent qu’elle s’est endormie, mes préoccupations reviennent m’habiter.
June. Ce message qu’elle a reçu m’a proprement glacé le sang. Je pressens qu’elle ne m’a pas tout dit à ce propos. Je repousse la porte de ma chambre pour gagner la terrasse enténébrée. Le ressac de l’océan me parvient, étouffé. J’inspire à pleins poumons, avant de m’asseoir sur une chaise et d’ouvrir mon ordinateur portable.
Peu après le dîner, j’ai profité d’un instant pour contacter Stewart et l’informer des menaces dont June fait l’objet. […] Il faut que cela cesse, d’une manière ou d’une autre. »