l'homme est malheureux
parce qu'il ne sait pas qu'il est heureux
Pour Dostoievski, l'utopisme est le produit du bien abstrait qui n'est fondé ni en Dieu ni dans le prochain, et par conséquent est le produit de l'orgueil, principe de solitude; à l'état pur il provoque ou la fuite ascétique hors du monde (le jeune Inquisiteur) ou le pessimisme et « la coupe » d'Ivan Karamasov, ou l'arbitraire divinisé avec son « tout est permis» (Ivan, Kirilov) ou enfin, dans le plan social, le despotisme illimité du paradis terrestre. (Raskolnikov, Les Possédés, l'Inquisiteur).
L'utopie est un mythe projeté dans l'avenir. Le rêve de l'âge d'or dont parle Versilov (L'Adolescent) n'a jamais cessé de hanter l'humanité. Presque tous les grands penseurs ont connu cette espérance de voir se lever une ère nouvelle dans l'histoire humaine, ère qui manifestera l'apothéose de l'homme et son bonheur parfait. La fin du XVIIIe siècle, par l'avènement de la démocratie, donne plus d'acuité, à cette attente; la philosophie sociale du XIXe siècle lui consacre l'essentiel de ses efforts. La dialectique de l'utopisme devient un facteur social de la destinée humaine qui rend réel, au plus haut degré, le débat entre immanence et transcendance. L'humanisme, le moralisme immanent, l'optimisme évolutionniste relèvent de la thèse que le bonheur de l'homme, l'harmonie, sont au terme de l'effort de la volonté, qu'ils sont le produit des forces naturelles de l'homme. Semblable vision du monde évolutif s'oppose radicalement à l'humanisme chrétien qui est essentiellement apocalyptique et transcendant.
Dans la sphère religieuse, la femme est le sexe fort.
L’optimisme des preuves de l’existence de Dieu dégage un « ennui substantiel » et ignore que Dieu n’est pas évident et que le silence est une qualité de Dieu, car toute preuve contraignante viole la conscience humaine. C’est pourquoi Dieu limite sa toute-puissance, renonce à son omniscience, retire tout signe et s’enferme dans le silence de son amour souffrant. Il a parlé par les prophètes, il a parlé pendant sa vie terrestre, mais après la Pentecôte il ne parle qu’à travers les souffles de l’Esprit Saint.
(page 30)
La civilisation actuelle ne se dresse point contre Dieu, mais forme une humanité « sans Dieu ». Comme disent les sociologues, « l’athéisme s’est massifié » sans passer par aucune rupture. Les êtres vivent à la surface d’eux-mêmes où, par définition, Dieu est absent. Devenir athée aujourd’hui, c’est moins choisir, encore moins nier, que se laisser aller pour être comme tout le monde.
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« Au soir de notre vie nous serons jugés sur l’amour », sur ce que nous avons aimé sur la terre.
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Saint Grégoire Palamas précise : « Dieu, transcendant à toute chose, incompréhensible, indicible, consent à devenir participable à notre intelligence. »
(page 110)
La personne humaine est pour Dieu la valeur absolue, elle est son « autre » et son « ami » de qui Il attend une libre réponse d’amour et de création.
(page 128)
La voie négative n’est pas une voie négatrice, elle n’a rien de commun avec l’agnosticisme car « négativité n’est pas négation ». Elle n’est pas non plus un simple correctif et rappel de prudence. Au moyen de ses négations elle conduit à une hyper-connaissance mystique et à une saisie très paradoxale de l’Inconcevable. Par une « approche intuitive, primordiale et simple », elle connaît par-delà toute intelligence.
(page 26)
Dans la mentalité moderne, dans un monde post-chrétien, désacralisé et sécularisé, Dieu n’a pas de place et l’Évangile ne fait plus choc.
Le spectacle des croyants n’émerveille personne, il n’arrive rien dans ce monde, il n’y a même pas de miracle.
La foi religieuse apparaît comme un stade infantile de la conscience humaine, remplacée avantageusement par la technique, la psychanalyse et la solidarité sociale.
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