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Critiques de Evelyne Pisier (184)
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Et soudain, la liberté

« La vérité romanesque d'un destin »



Evelyne Pisier, sa vie, son oeuvre. de l'Indochine à la France, en passant par Cuba. Son père pétainiste, Olivier Duhamel, Fidel Castro et Bernard Kouchner. Et l'amitié avec son éditrice, qui terminera son livre.



Malgré une plume souvent trop simpliste et manquant de nuances, le charme opère et on se laisse vite emporter.



Lecture agréable.



Lu en octobre 2018.
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Et soudain, la liberté

« C'est fou. Quand on te répète en permanence qu'il y a des races et que ce sont elles qui fondent les rapports humains… Quand la religion est partout, qu'on t'élève dans l'antisémitisme, la haine des protestants, des homos, des métèques… Comment as-tu fait ? Et ta mère ? Ta mère ! Elle a grandi avec ces idées-là, elle les a partagées avec son mari… Et puis la rupture. C'est inouï. Comment avez-vous fait pour vous affranchir de tout ça ? » Évelyne me ressert un verre de vin en souriant : C'est tout l'objet du livre, non ?  »



Evelyne avait donc un père, haut fonctionnaire en Indochine puis à Nouméa, qui a élevé ses enfants dans l’exécration de l'autre. Un maurassien, pétainiste, antisémite, raciste, machiste, dont les idées détestables vont conduire sa femme et ses filles — dans la mouvance de mai 68 — vers le militantisme féministe et l'engagement politique d'extrême-gauche. Un engagement fort, dictant tous les instants de la vie d'Evelyne — pendant ses études à la Sorbonne elle va plusieurs fois à Cuba rencontrer Castro (et devenir une de ses maîtresses) — même si plus tard, alors qu'elle est professeur agrégée de lettres, devenue moins révolutionnaire, elle épouse Bernard Kouchner 😁.



La vie d'Evelyne Pisier (et de sa mère) symbolise une époque de la lutte des femmes pour leur liberté ; un moment où des idées progressistes en modifiant, entre autres, la place et le rôle des femmes, ont transformé la société en profondeur. Racontée avec chaleur et admiration par son amie éditrice, faute d'avoir pu le faire elle-même, une vie d'aventures et de combat, passionnante.



Challenge MULTI-DÉFIS 2018
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Et soudain, la liberté

Ce roman va rester gravé dans ma mémoire, je ne sais pas si ma critique sera à la hauteur du livre que je viens de refermer.

Cette biographie, ET SOUDAIN LA LIBERTÉ, écrite par Evelyne Pisier avant d’être achevée par son éditrice Caroline Laurent suite au décès d’Evelyne. Caroline ne laisse pas tomber le chef d’œuvre et poursuit le récit comme si les deux femmes étaient toujours en contact.



Les femmes sont mises en avant et on verra tout ce qu’elles ont fait pour avoir des droits, travailler, se battre pour la légalité de l’avortement.



Evelyne, Lucie dans ce roman biographique est mise en relief avec sa mère Mona. On dirait deux histoires semblables mais à des époques différentes. Toutes les deux se battront pour la même chose, les droits de la femme et auront une relation très particulière avec les hommes ..et pas n’importe lesquels.

Lucie est né à Hanoi, son père un partisan du régime de Vichy antisémite, homme détestable dont Mona est folle amoureuse.

De leur union naitra Lucie, le petit Pierre et une sœur qui n’est pas évoquée dans le livre.

Entre les divorces, les remariages, les amants ….leur histoire ne cessera jamais vraiment.

Lucie a une image paternelle très négative, elle déteste son père, n’a pas d’empathie pour lui , elle le considère comme un monstre , elle le déteste .

Lucie va briller dans les études, et avec ses amis va s’engager dans les luttes communistes …. Elle ira jusqu’à CUBA ou elle va rencontrer Fidel et avoir une relation passionnelle avec lui.

Il lui propose de rester avec elle …

Cet amour est impossible et Mona lui conseille de ne pas faire la même chose qu’elle …. Il faut terminer les études.

La similitude entre les deux femmes est déconcertante et Caroline Laurent va retracer tout dans les moindres détails.

Je vous recommande ce roman, c’est une autobiographie très intéressante

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Et soudain, la liberté

C’est un cadeau immense et délicat qu’Evelyne Pisier offre à sa nouvelle amie Caroline Laurent, juste avant de titrer sa révérence. Caroline se retrouve détentrice des souvenirs et des secrets d’une femme au destin hors norme. C’est à elle d’en faire un récit, le plus fidèle possible, avec les contraintes de discrétion souhaitées, et en comblant les vides sans interpréter plus qu’il ne se doit.



C’est ainsi qu’en plus de la trame historique qui lui a été confiée, Caroline Laurent nous confie les difficultés d’une telle entreprise, augmentées du chagrin d’un abandon involontaire.

Les relations particulières de l’éditrice, rédactrice liée par une affection profonde à sa confidente laissent entrevoir le désarroi de l’absence et les éternelles questions de ce qui doit ou non être livré.



Quand au destin d’Evelyne Pisier, il a de quoi étonner, surprendre, et fait d’elle une réelle héroïne de roman d’aventure. On y croise des people aussi célèbre que Fidel Castro ou Bernard Kouchner, et bien d’autres!



En filigrane de ce récit mouvementé, qui débute dans les geôles indochinoises, et se poursuit en France, en Nouvelle-Calédonie, ou à Cuba, se dessine le parcours atypique d’une future militante féministe, dont le combat a débuté assez tôt, lorsque dans on plus jeune âge elle été confronté au machisme outrancier de son propre père. C’est aussi en réaction à celui-ci, qu’elle adhère à des valeurs humanistes, qui rejettent la haine de la différence.







Après quelques difficultés de lecture au départ, en raison des identités fluctuantes des personnages, entre réalité et fiction, le récit m’a vraiment séduite, et convaincue.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Et soudain, la liberté

Grandiose!

Point de départ : un manuscrit.

Le projet d’un récit autobiographique, celui d’Evelyne Pisier, cette femme d’exception, agrégée de droit public, écrivaine, politologue, féministe engagée, révolutionnaire.

Puis vient la rencontre. Pas de ces rencontres superficielles, non, une de celles qui modifient le cours de votre vie. Un coup de foudre amical entre elle et son éditrice Caroline Laurent avec laquelle elle décide de co-écrire le livre afin qu’il devienne fiction. Tout bascule avec la disparition soudaine d’Evelyne alors que le roman est inachevé. Son amie devra en poursuivre seule son écriture.

Et c’est une parfaite réussite, avec une plume d’une beauté inouïe elle nous offre des récits enchâssés : d’une part on accompagne la trajectoire intergénérationnelle de femmes combatives (Évelyne et sa mère) issues d’un milieu conservateur, aux idées rétrogrades, sous domination patriarcale, vers une lente émancipation en adéquation avec les luttes de leur époque (avortement, homosexualité…)

D’autre part la genèse du roman avec les questionnements incessants de la jeune éditrice, son angoisse de ne pas être à la hauteur, de trahir malgré soi. Et surtout une remontée à la surface par un jeu de miroirs de certains de ses souvenirs personnels lesquels font écho à leur tour au propre vécu du lecteur.

Le récit couvre une période de plus d’une cinquantaine d’années et on voyage de Saigon (guerre d’Indochine, emprisonnement d’Evelyne et sa mère dans le camp de concentration d’Hanoï) à Cuba (E. Pisier a été la maîtresse de Fidel Castro) en passant par Nouméa et la France de mai 68.

Des destins de femmes fortes qui, de petits en grands combats, scient lentement les uns après les autres les barreaux qui font obstacles à la liberté, strient la vision de l’avenir et opacifient le champs des possibles pour aller vers une libération qui brisera les carcans, déliera les corps et les langues.

Il est aussi question d’amours passionnels, d’aliénation à l’autre.

Une véritable lumière, une pulsion de vie traverse ce roman : Évelyne ? Oui Évelyne, vivante.







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Et soudain, la liberté

Il aura fallu quatre mains, deux coeurs et une belle amitié pour écrire ce roman magnifique et vibrant.

Vibrant comme l’étincelle de la passion qui habite ces pages.

Vibrant comme l’amour qui lie une mère à sa fille.

Vibrant comme l’amitié qui uni Evelyne Pisier à son éditrice Caroline Laurent.

Vibrant comme une promesse tenue par-delà la mort.



Beaucoup de belles critiques ont été faites sur cette histoire envoûtante, je n’y rajoute donc que mon ressenti personnel.

J’ai été bouleversée par ce roman qui n’en est pas vraiment un. L’écriture est magnifique.

Je me suis laissée emporter par cette fougue romanesque. Je me suis laissée bercer par le destin de ces deux femmes.

J’ai suivi avec passion ces parcours de vies hors du commun, dignes des plus grandes sagas familiales.

J’ai voyagé en Indochine, en Nouvelle Calédonie ou encore à Cuba.

J’ai vécu à travers ces pages des évènements majeurs qui ont forgé le vingtième siècle : l’émancipation de la femme, le droit à l’avortement, Mai 68, la libération des mœurs.

Mais, j’ai surtout lu un roman magnifique et inoubliable.















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Et soudain, la liberté

Point n'était besoin de romancer l'existence déjà si romanesque d'Evelyne Pisier (sœur d'une certaine Marie-France, pour les ceusses qui s'en souviennent), intellectuelle française aux multiples facettes, gracieuse enfant née dans les années quarante au cœur de l'Indochine en guerre.



Témoin, victime ou militante engagée, bercée par l'émergence des mouvements féministes, elle aura mené son émancipation au rythme des grands basculements du siècle dernier, de la seconde guerre mondiale à Mai 68 en passant par la révolution cubaine ou la décolonisation.



Ça nous fait un pitch plus que concis, je sais, et c'est exprès. Car le destin peu ordinaire d'Evelyne et de sa famille mérite que l'on s'attarde en détail sur cette autobiographie romancée et non sur un résumé forcément réducteur.



Avant de mourir soudainement l'année dernière, l'auteure avait fait promettre à Caroline Laurent, sa jeune éditrice et amie, d'achever son roman. Au cas où…

Il en résulte aujourd'hui cet intéressant travail à deux voix où les réflexions de Caroline se mêlent au passionnant témoignage d'Evelyne. Un cheminement conjoint vers la liberté, dans la touchante connivence d'une amitié par-delà l'au-delà.




Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Et soudain, la liberté

Tout commence par un coup de foudre d'amitié entre Caroline, jeune éditrice et Evelyne Pisier, écrivaine et politologue. Une rencontre professionnelle pour engager un travail éditorial sur un manuscrit en biographie de plusieurs décennies familiales, depuis la fin de l'Indochine jusqu'à nos jours. Un roman devait naitre du témoignage et des souvenirs...

Et brutalement, Evelyne décède, laissant Caroline en charge posthume de finaliser un travail commencé à quatre mains.



Voici un livre qui m'a happée d'emblée. C'est un objet insolite, qui met en miroir les souvenirs d'Evelyne mis en fiction, les instants de partage des deux femmes dépassant le cadre de l'édition, et le parcours personnel de Caroline, en écho de la vie de son aînée.

Et l'alchimie fonctionne parfaitement. Tout est fluide, se mêle et se complète avec de judicieuses digressions, sans qu'on puisse préférer une partie à une autre.



Il faut dire aussi que le matériau romanesque est incroyable: entre l'Indochine, Nouméa, Cuba, une mère et une fille s'émancipent d'un schéma bourgeois en participant aux enjeux majeurs de société: la fin de l'empire colonial, l'indépendance (voire la libération) de la femme, le divorce, la contraception, l'avortement, le sida, l'engagement politique.

Un parcours de rigueur et de volonté, de résistance et liberté, ainsi qu'un bel exemple de transmission de mère à fille, construit sur les douleurs de l'expérience et par une relation fusionnelle, dans ce qu'elle peut apporter de plus riche.



Magnifique. Un vrai coup de coeur!



Rentrée Littéraire 2017

Remerciements à NetGalley

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Et soudain, la liberté

Compliqué de chroniquer ce livre.

Tout d'abord, j'ai été très intéressée par cette lecture, par la découverte de l'enfance et de la jeunesse d'Evelyne Pisier.

Ce livre romancé de souvenirs qu'elle n'a pas eu le temps de terminer, emportée par la maladie.

J'ai énormément apprécié l'intervention de son éditrice, Caroline Laurent, devenue son amie, qui joint son écriture à celle d'Evelyne pour terminer le livre.

Caroline Laurent dont j'avais beaucoup aimé Rivage de la colère.

Un livre dont j'aurais certainement pu dire, c'est un très bon livre.

Seulement voilà, il y a eu depuis les révélations de Camille Krouchner, dont je n'ai pas lu le livre ne voulant pas me mêler au voyeurisme médiatique mais dont on a tant entendu parler..

Et l'image de la super femme féministe, libre et indépendante s'est un peu entachée.

Et me voilà plus que septique.

Ayant une amie, écrivain elle aussi, qui a vécu son enfance et son adolescence dans un milieu privilégié mais très libertaire et en ayant douloureusement subi les conséquences, je sais que certains milieux intellectuels peuvent être des plus nocifs.

Et l'emballement que j'aurais pu avoir pour le livre d'Evelyne Pisier s'est évanoui.

Pourtant, ses souvenirs sont tout sauf communs.

Ils montrent une richesse et une intensité de vie incroyable.

Une chose aussi qui m'a surprise, bien que Caroline Laurent en parle en quelques lignes, c'est le fait que Marie-France Pisier n'existe pas dans ces souvenirs, comme si elle n'était pas sa sœur, comme si elle n'était jamais née.

Alors que tous les membres de la famille sont parfaitement décrits.

Plus j'écris et moins j'ai envie de mettre d'étoiles à ce livre.

Finalement, je ne le noterai pas.
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Et soudain, la liberté

Je remercie Babelio et les Editions Les escales pour "Et soudain la liberté."

Quelle incroyable vie que celle d'Evelyne Pisier !

Avoir une relation avec Fidel Castro, des enfants avec Bernard Kouchner puis Olivier Duhamel. Mais, elle m'en voudrait de commencer par cela. Comme si je n'avais rien compris.

Je devrais plutôt parler de ses essais, son doctorat de droit et de sciences politiques, du fait qu'elle fut professeur émérite à l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne. Je devrais parler de tous les pays où elle a vécu avec sa famille (via son père haut fonctionnaire), en Indochine, Nouvelle-Calédonie, Cuba, France. Je devrais surtout parler de sa vie de militante, féministe.

Elle a souhaité parler de ses premières années de sa vie par le biais d'une biographie romancée. Elle a ainsi fait la rencontre d'une jeune éditrice Caroline Laurent. Elles vont rapidement s'apprécier et devenir amies, malgré les années qui les séparent. Mais du fait de sa maladie, c'est Caroline qui a fini cette oeuvre qui mêle biographie et roman biographique.

On plonge dans ce texte, ébahis par tant d'évènements marquants, par tant de volonté et de conviction de cette femme (dont sa mère, avec tant de caractère, n'est pas étrangère) et rapidement on s'attache à elle, comme son éditrice.

Cette oeuvre oscille entre des chapitres où l'éditrice Caroline raconte leur rencontre, raconte cette amie, leur travail en amont de ce texte, et des chapitres « romancées ». Evelyne ne souhaitait pas écrire une vraie autobiographie mais avait préféré prendre des prénoms d'emprunt pour se raconter, raconter sa vie et sa famille. Evelyne deviendra Lise, sa mère Mona, sa soeur Marie-France sera un frère fictif Pierre.

Peut-être se perd-on un peu de temps en temps avec ces changements de style sans arrêt. Peut-être aurais-je préféré entendre la voix d'Evelyne, lire ses vrais mots. Mais la vie ne nous a pas offert cette chance-là puisqu'elle est décédée avant la fin de l'écriture. Et pourtant elle aurait bien méritée cela, elle si battante, si volontaire, elle qui nous montre qu'avec la foi, qu'en se battant pour ses convictions, qu'à faire entendre sa voix, même faible, on peut réussir à ouvrir quelques portes et pas des moindres. Bien entendu, c'était une superbe jeune femme blonde et elle a su en profiter. Mais c'était avant tout quelqu'un d'intelligent, positif et volontaire.

J'aurais aimé que l'histoire se déroule sur plus d'années. J'ai eu le sentiment d'un arrêt brutal, passant si rapidement sur sa vie de femme, d'épouse, de mère. Peut-être étais-je déjà conquise par ce personnage que j'aurais aimé en connaître plus encore.

J'ai regretté aussi que le prénom de sa soeur Marie-France (cette actrice avec une telle élégance) ne soit pas plus présent. Même si je sais que c'était la volonté d'Evelyne Pisier, par respect pour sa soeur (décédée en 2011) qui n'aimait pas tout ce qui était people. Pourtant le personnage de « Pierre » me perturbait (et me faisait tiquer parfois) car en réalité, nous savions qu'il s'agissait d'une soeur.

En lisant ce livre, je ne pouvais m'empêcher de penser au précédent que je venais de refermer « L'idée ridicule de ne jamais te revoir ». Merveilleux essai de Rosa Montaro sur Marie Curie et qui tout en faisant la biographie de Curie, se raconte elle aussi, faisant des parallèles avec sa propre vie, en parlant notamment de la perte, du deuil ou encore du féminisme. Des livres comme des poupées russes mi bio, mi roman, mi autobiographie.

Caroline Laurent a réussi le pari : raconter Evelyne Pisier, nous faire ressentir sa présence et être impressionnée par son caractère.

C'est un texte qu'il faut lire pour découvrir plus en détails quelques pans d'histoire : la guerre d'Indochine où elle a été enfermée 1 an avec sa mère dans un camp de concentration japonais alors qu'elle était bébé), Cuba et Castro (étonnant de le voir sous le jour de l'amoureux) et bien-sûr, surtout, l'histoire d'une femme exceptionnelle.

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Et soudain, la liberté

Que d'éloges sur ce livre un peu particulier qui aurait pu ne jamais voir le jour. Evelyne Pisier meurt avant qu'il soit terminé et c'est son éditrice, Caroline Laurent, qui décide d'y apporter la touche finale comme elle l'a promis à celle qui était devenue son amie. J'ai moi aussi succombé à cette extraordinaire histoire de femmes, sa beauté et son originalité.



"Et soudain, la liberté" est l'histoire romancée d'Evelyne Pisier et de sa mère. Elles donnent vie aux personnages de Lucie et Mona et j'ai été fascinée par leurs destins hors du commun. On suit ces deux femmes d'exception pendant des années à travers les continents; l'Indochine, la Nouvelle Calédonie, Cuba juste après la révolution et la France des années soixante. J'ai été emportée par leur histoire; l'éveil de Mona aux idées féministes, sa soif de liberté et d'indépendance, son engagement militant, valeurs qu'elle a transmises à sa fille, tout aussi libre et engagée. J'ai adoré suivre leurs parcours marqués par des événements importants et des rencontres avec des gens remarquables.



Le récit est d'une telle fluidité qu'on a du mal à lâcher le roman auquel les interventions de Caroline Laurent apportent de la fraîcheur. J'ai apprécié ces petites parenthèses, souvent très personnelles, où elle fait part de son expérience d'éditrice devenue écrivaine. Cependant, quand elle donne quelques précisions en démêlant la réalité de la fiction, j'aurais préféré rester dans l'ignorance.



Le roman a été élu second par les blogueurs du premier Grand Prix des Blogueurs Littéraires et si je l'avais lu avant, j'aurais certainement voté pour ce magnifique livre.
Lien : http://edytalectures.blogspo..
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Et soudain, la liberté

Cinquième roman faisant partie de la sélection des Talents Cultura, « Et soudain, la liberté » trouve son originalité par sa conception : roman écrit à deux voix, Evelyne Pisier et Caroline Laurent, deux femmes qui n'auront passé que six mois ensemble.



En effet, la première étant décéde d’une grave maladie et la seconde, son éditrice devenue sa biographe, tentant de porter le message de la première en lui restant le plus fidèle possible et on rendra grâce à Caroline Laurent d'avoir porté ainsi la salutaire voix d'Evelyne Pisier.



On voit à quel point cette relation d’abord professionnelle s'est immédiatement transformée en une amitié réciproque, faite d'admiration et de compréhension mutuelle.



Ce livre qui alterne d’une part le récit d’une vie, celle de Lucie ( le nom du personnage d’Evelyne), l’histoire de ses parents, de sa mère Mona qui fut si importante et d’autre part la voix de Caroline l’éditrice du roman qui nous parle de son lien avec Lucie/’Evelyne,



Un récit doux et sensible, plein de sincérité qui se mue vite en une ne ode à la liberté, aux combats nécessaires pour acquérir les droits que toute femme se doit d'obtenir : un récit entre fiction et roman qui montre combien ces destinées sont peuplés de lutte sans merci entre désir et contraintes et désir de se réaliser pleinement et librement.



Un livre écrit à quatre mains avec une belle fluidité, par ces deux femmes unies par une amitié fulgurante qui laisse irriguer une émotion douce et sincère.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Et soudain, la liberté

Evelyne Pisier (soeur de Marie-France peu citée, dommage !) envoie à une jeune éditrice un manuscrit à qui elle donne la charge de le romancer. 37 ans les séparent. A priori elles sont opposées et pourtant… Amitié et complicité vont naître… jusqu'à la mort de Evelyne, il y a un an. Quelle vie incroyable ! Malgré l'envie que j'en ai, je ne le dévoilerai pas parce que c'est ce qui fait le charme et que le lecteur est à chaque page tour à tour surpris, étonné, bluffé. Caroline Laurent insère quelques brides de sa vie tout en finesse. Ne se raconte pas, se lit. En un mot Magnifique !



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Et soudain, la liberté

Je découvre cette biographie fictionnelle, Et soudain, la liberté, grâce aux 68 premières fois… un roman écrit « à quatre mains, à deux âmes », sur une idée et un manuscrit d'Évelyne Pisier et une écriture finale de Caroline Laurent.

Nous sommes devant un cas de figure assez exceptionnel : une histoire originale et intéressante mais qui mérite d'être remaniée, la rencontre entre une vieille dame et une jeune éditrice pour un travail de relecture et de réécriture… Quand la vieille dame meurt à peine le chantier littéraire mis en oeuvre, la jeune éditrice termine et publie le roman.

J'ai eu le privilège de rencontrer Caroline Laurent et de l'écouter parler de ce livre ; c'est une jeune femme passionnée et passionnante. Ce roman est devenu l'histoire et le reflet d'une belle rencontre, d'une belle amitié et il porte en lui cette force étrange et intimiste. Il y a du partage, de la transmission, une polyphonie empreinte de « confiance »…



La petite Lucie pose un regard de gamine attentive sur le monde qui l'entoure, sur cette ambiance coloniale dans laquelle elle est venue au monde, là où les « gens de couleur » sont les domestiques des blancs, là où les nounous n'ont pas de prénom mais une fonction, où elles sont malmenées et si peu considérées, sauf par l'enfant, dans « une société naturellement hiérarchique ». Il y a beaucoup de moments forts autour des nounous dans ce livre, notamment « la scène du crouton »… Nous voyons grandir Lucie à Saigon, lors de l'emprisonnement avec sa mère dans le camp de concentration japonais… Nous l'accompagnons dans sa construction de l'Indochine à la Nouvelle Calédonie puis en France, dans son parcours d'adolescente, d'étudiante, de femme, d'amante, d'épouse, de mère, de fille surtout.

Mona voulait être médecin, mais elle a interrompu ses études pour devenir l'épouse d'un haut fonctionnaire et obéir ainsi aux codes de la bourgeoisie du milieu du XXème siècle. Ce livre est l'histoire de sa quête de « libération » ; l'objet du livre tourne autour de l'affranchissement, de la rupture d'avec une éducation raciste, coloniale, antisémite, intolérante, homophobe… dans laquelle un homme vaut toujours mieux qu'une femme.

Ce livre est « un grand portrait de femmes dont le courage doit nous inspirer et, qui sait, nous guider dans nos propres vies » pour reprendre ici les termes de la dédicace de Caroline Laurent.



Ce roman est riche d'une intertextualité particulière, fruit à la fois des souvenirs et des notes d'Évelyne Pisier et du parcours universitaire de Caroline Laurent.

Je n'ai pas tout relevé mais particulièrement apprécié, entre autres, l'Antigone d'Anouilh pour faire le lien entre les nounous de Lucie et celles qui, des années plus tard, s'occuperont des enfants d'Évelyne. La littérature va souvent servir de ponts entre les époques et entre la fiction et la réalité. Nietzsche éclaire le rapport au passé, « l'attitude antiquaire » de la jeune éditrice qui ne peut rien jeter.

L'allusion à La petite Chèvre de Monsieur Séguin de Daudet pour illustrer deux points de vue antagonistes sur le courage et la défaite est assez savoureuse ; pour les deux auteures, « on ne perd rien à essayer ».

La lente décolonisation et ses limites, ses séquelles, est admirablement mise en lumière par la lecture de Peau noire, Masques blancs de Frantz Fanon…

Le deuxième Sexe de Simone de Beauvoir est remis à sa juste place ; en effet, pour nous aujourd'hui, c'est une haute référence féministe, mais pas forcément lue en entier. Le beau personnage de Marthe, la bibliothécaire, est entièrement inventé, figure emblématique et synthétique de « littéraire engagée ».



Caroline Laurent nous propose aussi une plongée dans la mise en abyme de l'écriture, dans ses nuits blanches, dans ses doutes, dans l'urgence de terminer le livre et de le faire exister… dans l'inévitable confrontation de la vie d'Évelyne Pisier avec sa propre vie de fille et de femme.

Se mettre en scène dans le roman donne une dimension autre, une ouverture ; c'est une réponse aux remarques et aux questions, une défense contre « la peur du jugement, du mépris, des mauvaises interprétations » et surtout contre « la peur de blesser, de tomber à côté de la plaque », la peur de trahir Évelyne…

L'écriture est claire et fluide bien que scandée par un chapitrage court. Cela traduit l'urgence, l'impossibilité de fignoler, de donner un cadre trop strict… Malgré la complexité entre les différents niveaux de narration, la lecture est facile… trop, peut-être.



Qui dit biographie fictionnelle, dit contexte historique, personnages référentiels et informations sur une réalité extérieure au récit. Et soudain, la liberté répond à ces critères définis par les théories littéraires, qui autorisent la liberté de l'imaginaire, mais pas seulement : il y a une dimension supplémentaire qui en fait un roman atypique et original mais qui me gêne un peu.

En effet, si Lucie et Mona sont les miroirs d'Évelyne Pisier et de sa mère, si Victor est le double de Bernard Kouchner, si Fidel Castro participe à la fiction et procure un effet de réel… la vraie Évelyne, souvent convoquée par Caroline Laurent, peut-être dans un souci de légitimité de son écriture posthume, brouille les codes du genre. C'est un ajout que j'aurais mieux accepté si le livre était axé sur Lucie, mais Et soudain, la liberté s'achève avec la mort de Mona ce qui prouve bien que le noeud thématique du roman s'inscrit autour du rapport avec cette mère, autour de son parcours exceptionnel, de son évolution d'épouse soumise et dépendante à son rôle de femme militante et libérée, jusque dans le choix de sa fin.

Ainsi, j'ai pu être perturbée par des passages ou des phrases qui mêlaient Mona et Évelyne, la mère de fiction et la véritable instigatrice du roman…



Je salue le travail de recherche, de mise en forme, d'interprétation respectueuse, la part de danger acceptés et assumés par Caroline Laurent.

Un étrange roman qui me laisse une impression d'inachevé, comme si moi, lectrice, j'avais aussi un rôle à jouer.

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Et soudain, la liberté

Je referme ce livre avec tristesse et émotion. Si je pouvais mettre dix étoiles à la notation, je le ferais sans hésitation.

Quel beau récit!

Une histoire inclassable, rédigée par quatre mains, celles d'Evelyne Pisier, écrivaine et politologue (elle fut d'ailleurs l'épouse de Bernard Kouchner puis d'Olivier Duhamel) et celles de Caroline Laurent, jeune éditrice.

Evelyne a pour projet d'écrire une biographie romancée de sa propre vie, avec un véritable hommage à sa propre mère, Mona, qui lui a permis de prendre part au combat des femmes pour obtenir les mêmes droits que les hommes.

Evelyne, rebaptisée Lucie pour les besoins de la fiction, est née à Hanoï en 1941. Sa mère est une bourgeoise qui ne travaille pas et ne s'occupe même pas de ses enfants: c'est le travail de la nounou. Son père, André, est un partisan du régime de Vichy qui soutient la colonisation et méprise les gens de couleur. Entre eux, c'est l'amour fou. Mais les aléas de l'Histoire vont pousser Mona à vouloir vivre autrement. Passer son permis, travailler sont à cette époque de véritables combats pour les femmes, qui dépendent totalement de leur mari pour prendre la moindre décision liée à une éventuelle prise d'indépendance. Mais Mona va divorcer, pour revenir en France et mener la vie qu'elle veut mener. Ses rencontres avec d'autres femmes "libérées" vont la mener sur la voie du militantisme: le droit à l'avortement, à la contraception, puis plus tard, l'homosexualité, le droit de mourir dans la dignité...

Lucie - Evelyne a suivi cette évolution de près et s'est investie très tôt dans la politique. Elle deviendra l'une des premières femmes agrégées en droit et en politique, tout en continuant à manifester dans les rues de Paris. Elle ira même jusqu'à Cuba avec sa bande d'amis de gauche pour y rencontrer Fidel Castro; avec qui elle vivra une histoire d'amour passionnée.

Bref, un récit passionnant et remarquablement bien écrit. La plume de Caroline Laurent est intelligente et fluide. J'espère qu'elle envisage la rédaction d'autres romans!
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Et soudain, la liberté

Il ne nous est pas donné à lire tous les jours un roman aussi joliment émouvant. Des pages qui diffusent une émotion douce, sincère, respectueuse et belle. Un livre écrit à quatre mains mais surtout deux têtes, deux âmes soeurs unies par une amitié incomparable. Une amitié fulgurante comme peut l'être l'amour parfois.



Evelyne Pisier et Caroline Laurent n'ont passé que six mois ensemble. Leur relation de travail s'est immédiatement transformée en une amitié pleine et entière, faite d'admiration et de compréhension mutuelle. Une amitié d'une telle force qu'elle a permis à Caroline Laurent de terminer d'écrire ce roman lorsque Evelyne Pisier a été vaincue par la maladie. Comme habitée par l'esprit de son amie et la volonté de la servir au mieux. Le résultat est magnifique.



Il y a presque trois histoires en une. Celle d'Evelyne, celle de Mona, sa mère et celle de l'écriture de ce roman. Car Evelyne Pisier et son éditrice, Caroline Laurent ont choisi la forme romanesque plutôt que le récit pour raconter la vie de Mona (qui a tout d'une héroïne de roman) et celle d'Evelyne à travers elle. L'histoire de femmes extraordinaires à travers laquelle défile également toute l'histoire de France et notamment son passé colonial. En poste en Indochine puis en Nouvelle-Calédonie, Pierre et Mona seront les témoins et les acteurs des transformations et des changements de modes de vie d'une certaine caste "dominante" qui voit ses certitudes mises à mal par l'éveil des peuples occupés. Mona, femme amoureuse et soumise sera victime de violences abjectes lors de la guerre d'Indochine. Mais ce n'est que bien plus tard, lors de son installation en Nouvelle Calédonie que la lecture de Simone de Beauvoir fera naître son désir d'émancipation. Amant, divorce, retour en France et début d'une vie militante, notamment pour la cause des femmes, le planning familial et le droit à l'avortement. Un exemple pour Evelyne (baptisée Lucie dans le roman), même si la relation entre mère et fille est bien plus complexe, qui poussera le militantisme encore plus loin, un engagement qui la mènera jusqu'à Cuba dans les bras de Fidel Castro. Des vies de combats, des destins confrontés aux dilemmes qui jalonnent la vie des femmes entre désir et contraintes de la maternité et envie de se réaliser pleinement et librement.



Vous l'aurez compris, il n'est pas étonnant que le récit d'Evelyne ait suffisamment fasciné Caroline pour l'amener à produire ce très joli roman. Et les lecteurs ne bouderont pas leur plaisir au fil des pages qui déroulent ces trajectoires passionnantes dans un contexte historique foisonnant. Mais les plus beaux moments sont ceux au cours desquels Caroline Laurent, en cours d'écriture prend la parole pour s'adresser à Evelyne, évoquer leurs échanges récents ou convoquer son esprit pour le mêler au processus de création. Elle fait alors preuve d'une sensibilité, d'une qualité d'écoute et d'empathie qui donnent le frisson et contribuent à faire de ce livre un très beau moment de lecture.



"C'est fou. Quand on te répète en permanence qu'il y a des races et que ce sont elles qui fondent les rapports humains... Quand la religion est partout, qu'on t'élève dans l'antisémitisme, la haine des protestants, des homos, des métèques... Comment as-tu fait ? Et ta mère ? Ta mère ! Elle a grandi avec ces idées-là, elle les a partagées avec son mari... Et puis la rupture. C'est inouï. Comment avez-vous fait pour vous affranchir de tout ça ?" Evelyne me ressert un verre de vin en souriant : "C'est tout l'objet du livre, non ?"



Oui, c'est tout l'objet du livre, avec un supplément d'âme, cette petite dose de magie qui donne à l'ensemble une force, une grandeur d'âme qui le rendent remarquable. Ce qu'on appelle l'amour en somme. Et qui fait de ce livre un véritable cadeau.
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Et soudain, la liberté

Ce récit m'attirait à plusieurs titres : j'ai lu beaucoup de billets le concernant : plus ou moins enthousiastes, ensuite le thème : la condition féminine qui me touche particulièrement, et puis rien que la couverture : magnifique portrait de femme, regard étonnant..... à l'époque de la révolution cubaine d'une femme qui assume ses choix, qui va jusqu'au bout mais avec un petit côté fleur bleue. Mais n'allons pas trop vite.



Et d'ailleurs il n'est pas question d'une femme mais de 2 femmes, voir 3, non 4 : Mona, Lucie, Caroline, Guillemette, Marthe et puis de toutes les autres. Et tout commence avec Mona et là nous partons de loin.... Mariée à un homme raciste, colonialiste, pétainiste, antisémite, brutal etc..... tout pour plaire mais le problème c'est qu'il lui plaît, elle l'aime et il l'aime, elle le suivra au bout du monde, frôlera la mort avec sa fille (Lucie/Evelyne) dans les prisons japonaises durant la guerre d'Indochine, aura un amant, divorcera, reviendra.



Lucie/Evelyne, une des auteures avec Camille Laurent, qui sont devenues très proches, très vite, amies de courte durée puisque Evelyne est décédée après quelques mois de collaboration. Un destin étonnant, qui fréquentera Fidel Castro, rencontrera Ché Guevara, épousera un médecin humanitaire de renom...... Un certain Bernard K (Victor dans le récit).



J'ai été touchée, intéressée par l'amitié de ces deux femmes qui semble avoir été profonde, intense, ébauchée mais incomplète, mais tel n'était pas le but du livre. Et là est un peu le problème : biographie, roman, féminisme, amitié ...... tout se mélange un peu.



Le personnage le plus marquant pour moi est Mona : peut être une question de génération mais aussi parce que c'est en partie cette génération qui a été de toutes les luttes féminines, sûrement par leurs parcours des années 40 : planning familial, avortement, contraception, liberté, droit à mourir dans la dignité etc.....  Ce qu'elles ont vécu, enduré depuis si longtemps ont forgé une énergie,  une force incroyables mais avec parfois des réflexes encore violents devant certaines causes (homosexualité) mais avec la lucidité de reconnaître ses erreurs pour Mona.



Evelyne a été élevée par une mère qui a du se battre pour exister, pour gagner sa liberté, pour affronter le regard des hommes, de la classe bourgeoise dans laquelle elle vivait. Elle a permis ainsi à sa fille d'être libre et de faire ses choix, de vivre sa vie. On suit la lente transformation de cette mère, la prise de conscience de sa condition et tout ce qu'elle a refusé par la suite. Une vie libre, refusant le mariage par tout ce qu'il a de contraignant et d'enfermement, portant un regard sur la détresse humaine et une détermination à vouloir changer les choses. Agaçante parfois par sa passivité au début mais sûrement expliquée par l'amour qu'elle portait à son mari, par son éducation, mais active, combattante ensuite, jusqu'au bout refusant même de laisser le temps et la souffrance passer sur elle.



Dans sa philosophie, rêver et agir se confondaient : elle voulait la vie mais en mieux. (p85)



Du fait du décès d'Evelyne Pisier durant la rédaction de ce livre, Caroline Laurent a repris les rênes et ses interventions régulières au cours du récit sont parfois un peu gênantes car elles le coupent, interrompant le flux de l'histoire, mais peuvent aussi permettre de comparer, à 50 ans d'intervalles, que parfois les choses ne changent pas tant que cela ou que les combats du passé, au contraire, ont pu les modifier. Elle nous fait surtout partager l'amitié qui la liait à Evelyne, rapide, fulgurante, inexplicable sûrement une concordance de parcours, de passion.



Pour moi un flash-back sur une époque, pas si lointaine, que j'ai connue, mais où les choses ont bougé un peu mais nous partions de loin, les combats étaient rudes, violents parfois, mais grâce au combat de certaines, en particulier Simone Veil et Simone de Beauvoir, nos vies ont changé et il n'est pas inutile de les rappeler (voir les récents scandales). 



On découvre également un Fidel Castro amoureux,  assez caricatural même, bien loin de l'image que l'on peut s'en faire. Image média et intimité...... En parlant d'intimité je me suis interrogée sur l'absence de Marie-France Pisier dans le récit mais on en a l'explication à la toute fin du livre.



Le livre est composé de 3 parties : la première retrace le parcours de Mona en Indochine, la deuxième traite de la découverte du féminisme par Mona grâce à Marthe et en particulier du deuxième sexe de Simone de Beauvoir, la troisième le retour à Paris et les combats.



J'ai été beaucoup plus passionnée par la narration du parcours de Mona mais je ne comprends pas la volonté de modifier les prénoms alors qu'il est clairement établi qu'il s'agit d'une biographie enfin deux biographies : Mona et Lucie (Evelyne Pisier et sa mère). Soit on romance totalement soit on assume totalement surtout que certains personnages sont clairement révélés.



Je pense que la lecture peut être très différente en fonction de l'âge que l'on a : pour une tranche d'âge ce sont les souvenirs plus ou moins bons, pour une tranche d'âge plus jeune c'est une découverte des luttes féminines et de la lente et difficile accession à la liberté pour les femmes.
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Et soudain, la liberté

Deux plumes entremêlées (Evelyne et Caroline) pour deux vies entremêlées, indissociables tant elles se sont influencées l'une l'autre : Mona la mère et Lucie-Evelyne sa fille.

Avec seulement une vingtaine d'années de différence et une même fougue pour les justes causes, chacune suit un parcours de pasionaria, entre idéal, ferveur et fureur.

A la fois roman et témoignage, le récit exalte leur penchant pour la vie militante et leur désir tout puissant de liberté, avec ses limites, ses erreurs, ses contradictions .
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Et soudain, la liberté

Une histoire dense, riche pour témoigner sur l'intensité que peut avoir la vie. Certains destins sont incroyables et fascinants. Les chemins de la vie sont parfois étonnants, ceux empruntés par Évelyne Pisier sont inoubliables, intensément émouvants, notamment ceux qui ont permis ses rencontres avec Fidel Castro et Bernard Kouchner.

Caroline Laurent, éditrice, joint sa plume à celle d'Évelyne Pisier, écrivaine et politologue, aujourd'hui décédée, pour nous conter une époque, celle du colonialisme, milieu du XXème siècle, avec toutes les horreurs qui ont accompagné cette terrible expansion guerrière, fomentées par des cultivateurs d'abominations, et livrer un récit vertigineux sur le féminisme , les batailles des femmes, leur émancipation.

« Tibaï », « nounou » en vietnamien, a été sa première amie. Plus tard, en Nouvelle-Calédonie, ce serait Rosalie. Des femmes de l'ombre, souvent malmenées et peu considérées - par ailleurs, des indigènes. Je crois qu'elles ont composé les premiers paysages qu'a observés et aimés Évelyne, des paysages humains, mouvants, émouvants, dans lesquels elle puisera toute sa vie. »

De l'Indochine à La Nouvelle-Calédonie, de la France à Cuba, Évelyne Pisier et Caroline Laurent mêlent avec talent la petite histoire dans la grande Histoire.

« Qui fait l'histoire ? La mémoire collective ? Les soldats, les gouvernants, les historiens, les professeurs ? Sans doute. Le premier producteur d'histoire, toutefois, c'est le présent. Pour des raisons qui m'échappent, les années 2000 n'avaient pas besoin de l'Indochine. On m'avait appris la Shoah, le stalinisme, la guerre d'Algérie. La guerre du Vietnam - pas celle de l'Indochine. J'admets que c'était déjà beaucoup. Évelyne m'apprenait autre chose. La grande leçon de Lévi-Strauss : « Porte ton regard au loin. » »

Ce livre est aussi le témoignage d'une immense amitié entre Évelyne Pisier et Caroline Laurent.



Bouleversant ! Superbe !
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Et soudain, la liberté

Livre lu dans le cadre du Prix Elle des lycéennes 2018.



Evelyne Pisier est décédée un jeudi de février 2017, en laissant inachevé un projet d’écriture commencé avec son éditrice Caroline Laurent. Très touchée par la mort de son amie, cette dernière a pris son courage à deux mains et a décidé de terminer le livre, selon les dernières volontés d’Evelyne. Dans ce roman, les deux femmes réinventent l’histoire de la mère d’Evelyne, « Mona ». Jeune mère au foyer au départ follement amoureuse de son mari, un pétainiste, qui élève leur fille, Lucie, dans une optique raciste et intolérante, elle va petit à petit se détacher de lui pour devenir plus indépendante. Lorsque Le Deuxième Sexe atterrit entre ses mains, tout change. Mona et sa fille ne sont qu’au début d’un long chemin : celui de la liberté…

Il s’agit d’un roman efficace et pertinent, émouvant parfois. Caroline Laurent insère dans le récit des anecdotes, comme pour poursuivre le dialogue avec Evelyne : j’avoue avoir parfois été dérangée par ces intrusions qui nous font sortir du récit principal – certains commentaires me paraissaient moins pertinents que d’autres. Toutefois, je me suis régalée à la lecture de ce livre : l’enfance à Hanoi puis l’adolescence dans les rues de Nouméa, mais aussi la vie au camp suite à l’invasion japonaise, la vie auprès de Fidel Castro : Lucie est devant nous, et nous l’observons grandir et mûrir. Evelyne Pisier et sa mère ont eu une vie remplie et passionnante : une vie de roman.
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