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Critiques de Evelyne Trouillot (28)
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Par la fissure de mes mots

« Par la fissure de mes mots » est un petit recueil composé d'une vingtaine de poèmes de la poétesse haïtienne Evelyne Trouillot (la soeur de l'écrivain Lyonel Trouillot). le bleu turquoise rafraichissant de la couverture peut faire croire en une poésie exotique, une poésie des îles, plages et cocotiers…Il n'en est rien. Enfin, pas tout à fait.

Certains de ces poèmes ont été écrits en janvier 2010 aux lendemains du tremblement de terre qui ravagea Haïti. Des « mots fissurés, cabossés » pour raconter le malheur, la pauvreté mais aussi pour crier avec délicatesse l'amour, un amour sensuel et coloré, pour son île. Une poésie pour recoller les morceaux, recoudre les lèvres béantes d'une terre exsangue, cette « terre en parenthèse d'étoiles ».



"Je viens d'une terre entre montagnes

et coeurs éteints

Un ciel mi-haut mi-bas

Espace ouvert

Où plus rien ne bat

Que la béance d'une douleur

En accordéons désaccordés"



Entre la page et le néant, entre soleil et épouvante, à travers les fissures, entre chaque lézarde, au sein même des meurtrissures, du puits des chagrins, la poésie d'Evelyne Trouillot déploie ses feuilles luxuriantes, exotiques, colorées. Une poésie sans règle, sans rime, sans raison, une poésie à l'image de la nature, sauvage, vibrante et généreuse.



La sensualité a la part belle dans ses poèmes, cette sensualité qui reprend ses droits malgré la douleur, qui reprend le dessus et recouvre de sa beauté, de ses odeurs, de ses frémissements, les décombres même. Repousser les bris, le coupant, retrouver la rondeur du désir, les bulles d'intimité.

Puiser dans la nature, dans les couchers de soleil, dans le rire des enfants, l'espoir, et mettre à l'honneur les couleurs de cette île bordée d'une mer, infinie, entre-deux de vert et de bleu, bordée de décombres jaunasses, telles des herbes blondes, cet intermède immense où la vie en tous sens abonde. Recevoir les rayons juteux du soleil au creux des reins, l'extase rouge orangée des aubes et des couchers. Par la fissure des mots d'Evelyne Trouillot jaillit la vie, envers et contre tout.



"Je bois ma terre

Par la fissure de mes mots

Bris de bleu

En convalescence

Brins de rêves

Egarés entre ma paupière et

L'incertitude de la mer

(…)

Mais nos flétrissures gardent encore

Des poussières de lumière

Qui m'arrivent

jusqu'au sexe"



Et, grâce à cette poésie, retrouver dignité et redonner espoir, se redresser, se relever, tordre la douleur en jets éblouissants d'images fortes, inoubliables, en extraire toute l'essence. En faire un baume apaisant, salvateur, pour cicatriser et tenter de refermer les failles.



"Une femme regard lacéré

Tripes à nu

Rassemble ses entrailles

Son baluchon de claques et de peaux

Ficelées à sa nuque

Fière

Et le soleil mourant salue ses pas

De reine libérée"



Le titre de Jean d'Amérique, Soleil à coudre, sa poésie qui claque, ses images choc, me reviennent en mémoire, effluves patriotes. La poésie d'Evelyne Trouillot m'a également profondément émue. Il s'agit, de même, d'une poésie pour recoudre et reconstruire. Un grand merci à toi Pascal [ @TerrainsVagues ] pour cette magnifique découverte, tu as le don de me faire découvrir régulièrement une poésie singulière, sensorielle et sensuelle, qui me parle beaucoup !



"Un jour la vie aura goût terre mouillée et mangue mûre".

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Par la fissure de mes mots

Opération Masse critique...

Grand Merci aux éditions Bruno Doucey et à Babelio.



J'ai toujours trouvé difficile d'écrire une critique, par nature prosaïque, d'un texte poétique. Comment fait-on cela sans réduire à néant le pouvoir magique de la poésie ? Je n'ai pas ce talent ; pouvoir décrire en quelques mots bien choisis l'essence d'une oeuvre.



Vous me pardonnerez sans doute cet emprunt à l'éditeur qui décrit le livre bien mieux que je ne saurais le faire :

"Ce recueil n'est pas le romancero d'un pays ravagé par le malheur. le pouvoir des métaphores, la vitalité de l'écriture, la houle continue de sa vigueur caribéenne sont de nature à surmonter bien des désarrois. Car Évelyne Trouillot écrit comme on regarde le monde à sa porte : avec des mots lézardés, ébréchés, cabossés, des mots de tous les jours sans rime ni raison qui finissent par coudre le ventre déchiré de la terre pour en tirer un peu de bonheur."



Comment rivaliser avec ça ! Si je ne possède pas cette aisance dans l'écriture, j'ai la prétention de croire que j'ai suffisamment de sensibilité pour apprécier pleinement ce texte. Et vous aussi !



Nous sommes tributaires des lectures que nous avons faites. Lectrice d'Aimé Césaire et de Dany Laférrière, je n'ai pu m'empêcher de retrouver dans le recueil d'Évelyne Trouillot cette saveur indéfinissable, cette couleur chaude, "caribéenne", cet attachement doux-amer à la terre natale qui m'avaient tant plu dans leurs œuvres. Sans me hasarder à démontrer une filiation poétique avec le Martiniquais Aimé Césaire, je crois que ce n'est pas fortuit si j'ai constamment pensé au "Cahier d'un retour au pays natal", notamment à la lecture de "L'errance devenue chair" ou de "Un jour". Je vous invite d'ailleurs à les lire attentivement (je les ai cités sur la page du livre).



Bref, Evelyne Trouillot a un don certain pour la poésie, elle représente dignement la littérature haïtienne que j'affectionne tant. Si son écriture ne touchera pas tout le monde, du moins elle m'a profondément ému.
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Les jumelles de la rue Nicolas : Marasa e yo

Claudette et Lorette sont jumelles, enfin presque : elles sont nées d'un même père, à quelques heures d'intervalle, et lui ressemblent, toutes deux, comme deux gouttes d'eau - et se ressemblent donc, elles-mêmes, comme deux gouttes d'eau. Un concours de circonstances aidant, Lorette va venir habiter avec Claudette, les demi-soeurs grandissent alors ensemble, jouant parfaitement de leur ressemblance pour berner leur monde. Mais chacune est-elle parfaitement consciente des enjeux qui se nouent à travers cette parfaite ressemblance, alors que Lorette, la plus intelligente des deux, est la moins bien considérée, et que Claudette, au contraire, fait tout ce qu'elle peut pour aller contre sa mère, qui a recueilli sa demi-soeur ?



C'est un départ pour les États-Unis, pour échapper à la vie haïtienne, de plus en plus difficile, qui va rebattre les cartes du destin des jumelles, les menant au tragique pressenti dès les premières lignes qui nous annoncent, finalement, une partie du dénouement, même si l'on ne s'attend pas aux tours et détours tortueux qui vont être pris pour en arriver à lui.



Destin qui nous est raconté alternativement, typographie et façon de s'exprimer aidant, par Claudette et Lorette, de manière non linéaire, plutôt au moment où il sera nécessaire au lecteur de connaître le point de vue d'une des jumelles au sujet d'un évènement ou d'une scène précise. Destin qui lie les demi-sœurs comme par magie, qui happe très vite, et dont l'on ne parvient à lâcher prise qu'une fois le roman fermé, tant la langue se fait pressante, rugueuse, violente.



Pour une découverte de l'oeuvre d'Evelyne Trouillot, c'est une réussite. J'apprécie, définitivement, la littérature haïtienne, dans laquelle je vais continuer de me plonger avec plaisir.
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Rosalie l'infâme

Ce très court roman incarne pour moi l'essence du devoir de mémoire que nous devons à tout prix conserver de l'esclavage. Situé à Saint-Domingue au XVIIIème siècle, les colons y tremblent d'être empoisonnés car l'esprit de révolte gronde. Les esclaves se font "marrons" et fuient vers une liberté à conquérir au péril de leur vie. En moins de 150 pages l'autrice parvient à nous offrir tout un pan d'Histoire. de la capture sur les terres Africaines, aux cales du navire négrier "La Rosalie", des bossales nés libres, aux créoles nés sur place et qui n'ont connus que l'esclavage, noirs ébène ou métissés, domestiques de maison ou soumis à de laborieux travaux agricoles, elle nous présente un panaché de corps et de coeurs maintes fois meurtris mais pourtant toujours debout. Aux côtés de Lisette, nous découvrirons, sans juger, comment chacun se débrouille pour survivre en enfer. Nous marcherons également dans ses pas à la rencontre de son histoire familiale, et notamment de ces aïeules solides qui l'ont précédée. Peu à peu, au fil des mots, une jeune fille devient femme, des secrets émergent, des relations se créent et une personnalité se révèle. Il est l'heure des grands choix. Pour ne jamais oublier "Rosalie l'infâme".

Il s'agissait de ma troisième incursion dans la littérature haïtienne et comme les deux précédentes j'en ressors chamboulée et conquise.

Merci à Babelio de m'avoir offert une si enrichissante lecture dans le cadre d'une masse critique. Merci également aux éditions Le temps des cerises à la fois pour l'envoi et pour ce choix de rééditer un roman si vibrant et important.
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Rosalie l'infâme

Ce très court roman incarne pour moi l'essence du devoir de mémoire que nous devons à tout prix conserver de l'esclavage. Situé à Saint-Domingue au XVIIIème siècle, les colons y tremblent d'être empoisonnés car l'esprit de révolte gronde. Les esclaves se font "marrons" et fuient vers une liberté à conquérir au péril de leur vie. En moins de 150 pages l'autrice parvient à nous offrir tout un pan d'Histoire. de la capture sur les terres Africaines, aux cales du navire négrier "La Rosalie", des bossales nés libres, aux créoles nés sur place et qui n'ont connus que l'esclavage, noirs ébène ou métissés, domestiques de maison ou soumis à de laborieux travaux agricoles, elle nous présente un panaché de corps et de coeurs maintes fois meurtris mais pourtant toujours debout. Aux côtés de Lisette, nous découvrirons, sans juger, comment chacun se débrouille pour survivre en enfer. Nous marcherons également dans ses pas à la rencontre de son histoire familiale, et notamment de ces aïeules solides qui l'ont précédée. Peu à peu, au fil des mots, une jeune fille devient femme, des secrets émergent, des relations se créent et une personnalité se révèle. Il est l'heure des grands choix. Pour ne jamais oublier "Rosalie l'infâme".

Il s'agissait de ma troisième incursion dans la littérature haïtienne et comme les deux précédentes j'en ressors chamboulée et conquise.

Merci à Babelio de m'avoir offert une si enrichissante lecture dans le cadre d'une masse critique. Merci également aux éditions Le temps des cerises à la fois pour l'envoi et pour ce choix de rééditer un roman si vibrant et important.
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Rosalie l'infâme

Un grand merci à Evelyne Trouillot pour avoir écrit ce livre, et merci aux éditions Le temps des Cerises et à Babelio pour me l'avoir offert. Rosalie l'Infâme est un vrai bonheur de lecture. A travers les yeux de Lisette, on y suit le quotidien des esclaves dans une plantation de Saint-Domingue en 1750. On découvre avec elle le passé des femmes de sa famille, on subit avec elle les maltraitances des maîtres, les tortures faites aux proches dissidents. Evelyne Trouillot ne se contente pas de relater les faits malheureusement véridiques. Elle invite le lecteur à se glisser dans la peau de Lisette et à ressentir avec elle les douleurs, la peur, mais aussi les sursauts de vie, l'amour, le désir qui subsiste malgré tout. Elle redonne une humanité à ses femmes qui n'ont été pour certains que des paquets de chair usés par le travail, la torture ou le viol. L'écriture d'Evelyne Trouillot est desespérément sensuelle et sensible. Rosalie l'Infâme est un bijou littéraire à lire, à partager, offrir et faire connaître autour de soi autant que possible. J'ai adoré et je recommande mille fois !
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Il faut parfois chanter

Le recueil Par la fissure de mes mots, écrit après le tremblement de terre, ne m'avait pas laissé de souvenirs mais l'envie de lire à nouveau la poétesse haïtienne Évelyne Trouillot et j'ai bien fait : Il faut parfois chanter me séduit encore plus. L'écriture me semble plus forte et musicale (en délaissant le "je" ?) avec toujours cette lumière têtue qui résiste aux souffrances de cette île indéfiniment dévastée qui nous donne tant de bons écrivains.

L'amitié, la féminité, l'enfance, la peur, l'impossible parole, les cris rouges entre les barreaux... "un pays où l'amour sautille / pieds nus / sur les rochers / où la vie s'habille en fille de joie / et pleure sans se cacher".
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Rosalie l'infâme

Je remercie les éditions Le Temps des Cerises et Babelio et l'opération Masse Critique pour m'avoir fait découvrir cette auteure et ce roman historique. L'écriture est belle, d'une certaine manière poétique et juste (le bon mot, le bon ton) pour traiter ce sujet grave de l'esclavage à Saint-Domingue au milieu du XVIII° siècle. Je connaissais les nègres marrons mais j'ignorai totalement cette question des empoisonnements. J'ai trouvé les figures féminines merveilleuses d'humanité, de force, de combativité, de résistance, ... Le roman m'a touché, vraiment. J'en parlerai autour de moi, et même je pense, à mes élèves...
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Rosalie l'infâme

Construire des ponts: Devoir de mémoire

Il y a quelques mois ce podcast sur France Culture (LSD La série documentaire) qui évoquait les Antilles Française et son enchainement à l’esclavage.

https://www.franceculture.fr/.../les-antilles-francaises...

Il y a quelques jours Christiane Taubira dont je viens de finir « Ces morceaux de vies… comme carreaux cassés » nous parlait de l’amour qui transcende lutte et sauve dans cette rencontre organisée pour le lancement de ce magazine engagé et engageant : La déferlante.

https://revueladeferlante.fr/02-12-2021-parlez-nous.../

Rosalie l’infame m’attendait sur une étagère et clos ces ponts avec poésie et combativité.

Un peu plus loin Toni Morrison et sa Beloved veille et éveille encore les consciences.
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Rosalie l'infâme

Un grand merci à Evelyne Trouillot pour avoir écrit ce livre, et merci aux éditions Le temps des Cerises et à Babelio pour me l'avoir offert. Rosalie l'Infâme est un vrai bonheur de lecture. A travers les yeux de Lisette, on y suit le quotidien des esclaves dans une plantation de Saint-Domingue en 1750. On découvre avec elle le passé des femmes de sa famille, on subit avec elle les maltraitances des maîtres, les tortures faites aux proches dissidents. Evelyne Trouillot ne se contente pas de relater les faits malheureusement véridiques. Elle invite le lecteur à se glisser dans la peau de Lisette et à ressentir avec elle les douleurs, la peur, mais aussi les sursauts de vie, l'amour, le désir qui subsiste malgré tout. Elle redonne une humanité à ses femmes qui n'ont été pour certains que des paquets de chair usés par le travail, la torture ou le viol. L'écriture d'Evelyne Trouillot est desespérément sensuelle et sensible. Rosalie l'Infâme est un bijou littéraire à lire, à partager, offrir et faire connaître autour de soi autant que possible. J'ai adoré et je recommande mille fois !
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Par la fissure de mes mots

Par la fissure de mes mots est un petit et mince recueil où chaque poème, chaque mot exprime l’amour sensuel et charnel de l'auteure pour son pays. Haïti est dévasté, aux prémices de l’année 2010 par un tremblement de terre d’une violence inouïe.

« Puis un mardi

à l’aube d’une année

encore tapie sous les décombres

tu es partie sans dire adieu »

Mais Evelyne Trouillot ne laisse pas ses mots aller sur les chemins du désespoir ou d’un chagrin sans fond. Dans le soleil des flamboyants, dans les cris et les rires des enfants elle puise les couleurs bleues et vertes de son île pour l’arroser d’espoir et de certitudes.

« Un jour en vaut un autre

mes rires harcèlent nos larmes

corps à corps enivré

malheureux

indécis

de l’humanité

jubilante et fébrile

face à la vie »

Quand on a tout perdu il reste les mots d’Evelyne Trouillot. Elle les jette, les façonne, les tord pour en extraire le baume qui pansera les plaies de sa terre, ses mots se font suture pour cicatriser les béances et refermer les failles. Evelyne Trouillot croit en la force de son pays qui peut se relever, elle croit en la poésie qui peut rassembler un peuple, lui donner le souffle et l’énergie pour croire en des jours meilleurs.

« Le poème prend ma détresse

et la tords en jets de douleur

éblouissante

si proche du cœur

que son frémissement

se mêle

aux murmures des oiseaux

et mes pleurs impudiques

s’offrent au soleil

et se mêlent au goût irrésistible

de la terre »

La poésie d’Evelyne Trouillot est un cri du cœur, un tumulte qui surgit des profondeurs pour laisser éclater sa foi et son espoir d’une vie possible et heureuse en Haïti, des mots « lézardés, ébréchés, cabossés » qui m’ont agrippée et bouleversée.

Merci aux éditions Bruno Doucey et à l'opération Masse critique de Babelio.

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Absences sans frontières

A travers l'histoire de ces femmes et de leur soutien, Gérard, on découvre l'histoire d'Haïti et toute cette énergie déployée pour la survie. On perçoit également dans le regard des ces femmes sur le monde qui les entoure, toute la colère d'un peuple dont personne sur la planète ne semble se soucier. Une population parmi les plus pauvres du monde qui n'attire aucune aide, aucune attention, en dehors du séisme qui aura fait plus de 300 000 morts, 300 000 blessés et 1 000 000 de sans-abris, et dont on ne parle plus aujourd'hui : Haïti semble retombé dans l'oubli des grands de ce monde...

La suite sur mon blog...
Lien : http://itzamna-librairie.blo..
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Il faut parfois chanter

Recueil de poésie reçu dans une Masse critique. On ne présente plus les éditions Bruno Doucey, référence dans la poésie contemporaine. Et on ne présente plus Evelyne Trouillot, référence de la poésie contemporaine. Poétesse haïtienne, elle a l'occasion dans ce recueil, de rendre hommage à son pays meurtri. Elle écrit sur ses amis, sur ses filles, sur des sujets quotidiens mais aussi bien sûr sur des sujets plus douloureux: l'actualité, la violence, la vieillesse etc...Chaque poème parle d'un thème différent. La poésie d'Evelyne Trouillot est belle, simple, les mots font mouche pour dénoncer, pour crier. Elle n'utilise pas d'expressions alambiquées, incompréhensibles. Sa poésie est à la portée de tous, il suffit juste de se laisser envahir par les images. le titre Il faut parfois chanter, reprend un vers du poème "Revers de médaille": "Il faut parfois chanter dit l'oiseau/et le chasseur oreilles fermées/rêve aux guerres d'antan/où la mort choisit toujours le même camp". Lisez de la poésie, elle nous prend la main pour refaire le monde.

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Les jumelles de la rue Nicolas : Marasa e yo

Haïti, dans les années 80. Etienne, bien que marié à Marie-Rose, est un homme volage. La preuve : deux petites filles naissent le même jour à quelques heures d’intervalle.



L’une, prénommée Lorette, est sa fille légitime. L’autre, Claudette, est celle de sa maîtresse.



Les deux petites filles se ressemblent tellement que l’on pourrait croire qu’il s’agit de jumelles. Elles en joueront d’ailleurs toute leur vie durant.



Lorette est élevée par une mère rigide ; Claudette, orpheline à un an de sa mère, est recueillie par des cousins. Leur père tient à ce qu’elles se connaissent et il fait venir de temps en temps Claudette au domicile conjugal au grand dam de Marie Rose.



La vie en Haïti est difficile, la misère est partout. Etienne doit s’exiler à Miami où il devient chauffeur de taxi. Toute sa famille vit dans l’espoir d’obtenir ainsi un visa pour les Etats-Unis. Les années passent, les fillettes grandissent et deviennent des femmes aux comportements totalement différents.



Si Claudette est en capacité d’étudier tout en travaillant dans un magasin de vêtements, Lorette mène une vie plus dissolue et débridée sexuellement. Le comportement de sa mère face à la grossesse de la jeune femme va lui causer un terrible traumatisme entraînant des séquelles psychologiques graves.



Dès lors les vies de Claudette et Lorette seront intimement entremêlées jusqu’au point de ne plus savoir qui est qui. Le terrible combat qu’elles vont devoir mener contre Marie Rose leur ouvrira finalement une porte vers la liberté.



Ce roman, dans lequel alternent les voix des deux soeurs, est écrit dans une langue qui ne prend pas de détour pour nommer les choses de façon très crue parfois. Ce qui, à mon sens, donne une peinture juste de l’environnement dans lequel vivent Claudette et Lorette. Il nous permet aussi de découvrir la situation d’Haïti, la misère qui y règne en maître et le désir de bon nombre des îliens d’émigrer.



Un roman fort que j’ai apprécié. Je remercie Babelio, Masse Critique et les Editions Project’îles pour cette découverte.
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Absences sans frontières

Ce livre retrace l'histoire de Gérard, le père et de Géraldine la fille, 17 ans. Ils ne se sont jamais vus : Gérard a immigré (de façon clandestine) d'Haïti à New York et Géraldine est née à Port-au-Prince après ce départ. Depuis Gérard envoie de l'argent à Gigi, la grand mère, pour subvenir aux besoins de Géraldine. Celle-ci ne manque donc de rien, fréquente une bonne école, Géraldine est une petite fille presque riche dans un pays très pauvre, un des plus pauvres de la planète.

Chaque chapitre porte le prénom d'un des trois principaux protagonistes même si seuls les chapitres rédigés avec le prénom de Géraldine utilise le "je".



Géraldine est une adolescente comme les autres, parfois un peu révoltée mais très mûre pour son âge : avoir son père à la fois présent par Skype et Internet mais ne l'avoir jamais rencontré la perturbe. Gérard est plus difficile à cerner, il est ambigu (selon moi) dans ses choix : il ne veut pas rentrer à Haïti car dans ce cas là comment pourra-t-il payer les études de sa fille ? et il ne cherche pas réellement à se faire naturaliser américain. J'ai eu du mal parfois à le comprendre : pourquoi a-il choisi de vivre si loin de son pays natal ? Certes sa fille ne manque de rien mais à quel prix ! Clandestin, il vivote et enchaîne les petits boulots mal payés toujours dans la crainte d'être arrêté et expulsé en Haïti.

De la mère de Géraldine, on saura peu de chose, elle est décédée pendant la petite enfance de Géraldine. Gigi, la grand mère, qui s'occupe de la jeune fille avec la tante de celle-ci est un personnage complexe : elle cache un secret que l'auteur nous dévoile petit à petit. Dévorée par la culpabilité mais aussi par la peur de retomber dans la misère de son enfance, elle est aussi un personnage très touchant.

Le séisme du 12 janvier 2010 va précipiter rencontre et révélation.



En conclusion, j'ai beaucoup aimé tant le fonds de ce livre, cet amour filial qui arrive à s'épanouir à distance, que la forme choisie : un chapitre par personnage, de courts chapitres qui s'enchaînent alternant le point de vue des trois générations.


Lien : http://lajumentverte.wordpre..
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Par la fissure de mes mots

Dans ce court recueil dense et rayonnant, Evelyne Trouillot retrouve in fine l’inspiration de son frère, Lyonel Trouillot qui, à propos de son roman La Belle amour humaine,disait déjà sa volonté de « restituer à Haïti le droit d’être un lieu habitable » et de « sortir de la catastrophe[2] ».

En effet, comme l’écrit son éditeur, le recueil de poèmes d’Evelyne Trouillot, Par la fissure de mes mots, « n’est pas un livre sur le séisme du 12 janvier 2010 », en dépit des poèmes « Secousses » et « Mémoire » qui semblent en être directement inspirés.

Il y est surtout question d’amour, un amour inconditionnel pour sa terre, Haïti, une véritable « topophilie », pourrait-on dire, le recueil s’ouvrant sur une lettre d’amour à Port-au-Prince, à mi-chemin entre créole et français. LIRE LA SUITE SUR : http://laplumefrancophonee.wordpress.com/2014/04/16/evelyne-trouillot-par-la-fissure-de-mes-mots/
Lien : http://laplumefrancophonee.w..
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Absences sans frontières

Ce livre raconte le destin de 3 personnes : celui d’une adolescente Géraldine appelée aussi familièrement Didine, celui de sa grand-mère, Gigi et enfin celui de Gérard, son père. Ces protagonistes sont originaires d’Haïti, Gigi et Géraldine y vivant toutes deux durant le récit tandis que Gérard vit à New-York pour son travail depuis la naissance de sa fille.



Ce livre se centre sur chaque personnage tour à tour suivant les chapitres. Les narrations cependant varient, seule Didine dispose de la 1ère personne tandis que ses deux « parents » suivent un schéma à la 3ème personne. Ce choix implique nécessairement à mon goût une orientation autour de la jeune adolescente et qui se vérifient car beaucoup d’actes sont fait en fonction de celle-ci. Certains chapitres sont de plus centrés sur ses propres pensées, ses réflexions qui permettent d’être encore plus proche de cette dernière.



Ainsi concernant Didine, on suit sa naissance, son évolution sans père, absent pour raison professionnelle et financière et sans mère qui est décédée dans sa petite enfance. Son adolescence est aussi largement développée avec des sujets tels que les études, les amis, l’amour, la relation fusionnelle avec son père malgré la distance.



Pour Gigi, on découvre une femme ambitieuse qui a fui sa famille nombreuse et pauvre pour devenir indépendante et avoir la possibilité de choisir sa propre voie. On constate qu’elle a toujours cherché le meilleur aussi bien pour sa fille que sa petite-fille quitte à faire des sacrifices énormes voir graves. C’est une femme contradictoire car quand elle sent que la roue tourne elle cherche des solutions dans les traditions familiales. C’est vraiment le récit de l’histoire d’une femme torturée!



Et enfin Gérard qui a pour objectif principal le bien de sa fille quitte à s’oublier. Malgré son absence physique, il trouve le moyen d’être présent dans l’éducation, pour le bien-être de sa fille. C’est un homme plein de ressources aussi bien morales que physiques car il cumule en plus de ça un nombre incroyable d’emplois. Cet homme est très ouvert aussi bien sur le plan de la culture, sur le plan des nouvelles technologiques… Avec cet homme on découvre aussi la vie d’un sans papier dans une ville comme New-York. Un parcours peut commun qui m’a surprise et que j’ai adoré surtout concernant les échanges entre sa fille et lui.



Absences sans frontières outre une histoire familiale c’est aussi l’histoire de deux pays, du monde. On suit les actualités comme le séisme à Haïti, le 11 septembre… on parle de sujets plus généraux comme la pauvreté, les nouvelles technologies, les problèmes de l’accès au soin et à l’éducation, l’homosexualité…



Ce livre a été un vrai coup de cœur pour ma part. Au début, j’ai été un peu effrayée par l’écriture d’Evelyne Trouillot. Ses phrases sont longues, je me suis demandée l’espace d’un instant si cela n’allait pas être lourd, complexe. Et puis finalement, les pages se sont tournées très facilement.



On est plongé avec délicatesse dans l’ambiance d’Haïti, avec ses expressions, son ambiance, son peuple. L’histoire de ses 3 vies est très bien racontées, on s’immisce dans 3 destins étonnants, touchants qui nous font ouvrir les yeux sur la vie, sur ses injustices, sur des petits riens comme la proximité d’un père que Didine n’a jamais connu…Et puis le secret de famille rajoute beaucoup de suspens qui m’a fait lire ce livre en à peine 2 heures.

Pour finir je remercie le site Babelio ainsi que les éditions du Chèvre Feuille étoilée pour m’avoir permis de faire cette admirable découverte d’un livre qui me marquera longuement et sur lequel je pourrais réfléchir et discuter des heures.
Lien : http://inspireretpartager.wo..
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Absences sans frontières



Trop peu de bonheur pour qu’on s’en réjouisse face à toutes les calamités possibles… Peut-on imaginer un détenu privé à perpétuité de parloir ? Un soldat interdit de toute permission pour retourner au pays ? Un pensionnaire sans nul droit de visite pour serrer sa famille entre ses bras ? C’est pourtant l’inhumanité du sort que les aléas de la vie ont réservé à Gérard – alias Gerry/Géto – père intègre et généreux d’une enfant née après son départ en exil…La distance est vaste entre New-York et Haïti et pas une fois la jeune Didine qui se prépare au baccalauréat ne pourra embrasser son papa.

Ce roman ensoleillé nous peint les mailles d’une relation qui se construit côté mousse et côté jersey entre père et fille dans un tricot qui enjambe la mer des Caraïbes. Sur son île aimée tant malmenée par les intempéries, Géraldine, orpheline de Maman Mo, grandit entre sa grand-mère et sa tante Cynthia/Tanza, fabriquant ses joies comme tous les jeunes des quartiers difficiles de pays bien rangés, mais qui gardent néanmoins leur quota de perdants. Dee ne supporte pas le regard tourmenté que posent les étrangers de passage comme si nous avions l’exclusivité du malheur, comme si aucun jeune d’ici ne savait apprécier la vie, comme si elle ne se battait pas ici, aussi fort qu’ailleurs.

Evelyne Trouillot accompagne son héroïne dans une prise de conscience lucide et courageuse : Parfois je me dis que la plus grande horreur dont soit capable l’humanité est sa capacité à oublier. Oublier les morts, les guerres, les inondations, les catastrophes, les bombes, les attentats, la famine et les sans-abri. S’élabore alors un récit choral où les voix des 3 G – Gigi, l’aïeule, Géraldine, l’enfant, Gérard, le père – s’interpénètrent en écho comme un long voyage dans un autobus chaotique fonçant sur les chemins défoncés de crevasses en crevasses où « peur et honte font bonne compagnie ».

L’échine des protagonistes plie mais ne rompt pas en affrontant les cyclones naturels autant que ceux provoqués par l’homme, l’attentat du 11 septembre à Manhattan ou le séisme du 12 janvier à Port-au Prince. La verve enchanteresse d’E.T renoue avec la féerie de légendes arthuriennes, elle nous conduit dans la moiteur de la jungle à la rencontre des rites magiques d’une Viviane haïtienne dans le miroir de Brocéliande et balaye pour notre plus grand plaisir deux décennies sous les tropiques.

Je refermais la 667ème page de Middlesex quand j’ai ouvert Absences sans frontières et j’ai eu le bonheur d’y retrouver l’amplitude de la fresque de Jeffrey Eugénides que je venais de terminer à regret. En effet, ces deux romans splendides se répondent par le parallélisme de leurs sagas présentant l’une et l’autre une tribu en équilibre sur deux siècles jonglant entre les continents. Dans ces deux ouvrages, une aïeule rongée d’angoisse traîne le poids d’un secret inavouable. Desdemona chez Eugenides, Marie-Lourdes-Gisèle chez Trouillot, les grands-mères sentent avec horreur l’étau de l’acte honteux se resserrer à l’approche de la mort. Et si les hommes retroussent leurs manches pour aller au travail dans ces familles, les grands-mères, portées avec une intensité grégaire par la peur de voir périr leur descendance, osent franchir le gouffre innommable des tabous universaux. Desdemona et Gigi sont toutes les deux dévorées par une angoisse généalogique : L’extinction de la lignée plongée dans la famine. Les portraits aux accents raciniens de ces femmes font d’elles des personnages qui rejoignent l’universalité des légendes sur le socle de leurs aînés mythologiques, se dressant contre le fatum de toute la force des ongles de leurs corps brisés.

Espaces sans frontières nous parle d’identité et pose les questions fondamentales. Qu’est-ce que vivre ? Qu’est-ce qu’aimer ?

Comment tenir debout pour Gérard avec la blessure qui suinte sans cesse, besoin lancinant de voir sa fille en chair et en os. Bony, son ami new-yorkais lui répète : Vas-tu passer ta vie comme un forcené pour envoyer de l’argent à ta fille sans jamais la voir ? Dans ASF, sigle du titre, la parentalité se développe dans l’absence physique ignorant les frontières où l’homme en vient à se dépouiller de sa dernière peau, celle qu’il revêt sans y penser comme une chemise longtemps portée qui garde l’empreinte de son corps quand il parlait à Dee et à sa famille dispersée entre Haïti, la Floride et le Canada.

ASF est un roman contemporain où le cordon ombilical unissant à cette fille qu’il n’a JAMAIS vue est remplacé par un lien 100% virtuel. Courriels, chattes sur SKYPE, photos sur Face-book, clips partagés sur You Tube. Les deux seuls « sens » qui réunissent le père et la fille sont la vue –via un écran d’ordinateur et l’ouïe – dans l’écouteur d’un téléphone. Est-ce possible ? N’avoir jamais senti la peau de son enfant ? Ni le rugueux du menton mal rasé de son papa ? Partagé la fraîcheur d’un courant d’air ? Le glacé du cornet de vanille léché dans la tiédeur du soir – je n’oserais dire « le bâtonnet de barbe à papa » – ?!

Jo observe que son ami à défaut de voyager physiquement, navigue un peu partout et son temps libre s’écoule à se former…comme une revanche sur cet exil qui lui dessèche le cœur.



Evelyne T nous emmène là où ça fait mal et elle flanque un grand miroir bien droit devant nous pour que nous fassions face à nos peurs. Elle aborde les débats qui bousculent l’actualité de nos sociétés aux familles recomposables, aux couples de parents homosexuels, aux besoins capricieux de modernité mais aussi de spiritualité et de rites ancestraux. On jauge la béance de la fracture entre les vies des pays dits « du Nord » et leurs voisins « du Sud » où vit une petite Gigi dont la plus grande peur et le plus grand désir à la fois est de rencontrer ce papa en chair et en os.


Lien : http://chevre-feuille.fr
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Les jumelles de la rue Nicolas : Marasa e yo

Elles sont semblables et différentes tout à la fois, des demi-sœurs, mais des copies conformes qui perturbent, agacent, séduisent, jouent de leur ressemblance.

Pour l’une, reconnue par ce père légitime, une famille, une mère hautaine, stricte et froide, une vie normale en apparence. Pour l’autre, venue d’une union illégitime, la batarde que l’on impose, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à l’original, dénigrée, bafouée, que l’on ne laisse pas éclore et être pleinement soi.

 

On a voulu les séparer mais elle se sont unies, liguées d’une complicité gémellaire intense, souvent mis à rude épreuve mais toujours connectées dans l’adversité.

Cette histoire est intrigante, une réflexion perplexe où je me perds dans les méandres des souvenirs douloureux, craintifs. Cet exutoire de paresse, de luxure, cette recherche de personnalité constante à la limite de la Schizophrénie ou du dédoublement de personnalité tellement le besoin de se fondre dans l’autre est impérieux et brute.

 

L’évolution est complexe, survoltée, dans le doute, l’apprentissage douloureux, les superstitions étranges tout comme leur histoire. Cette pesanteur de croyances vaudou, le mélange d’âme, de personnalité à la fois extatique et perverse, troublante et oppressive.

L’atmosphère lourde, pesante et parfois cruelle enveloppe ce texte entre souffrance et survie, de cette recherche identitaire implacable.

C’est un récit impitoyable et intéressant que nous offre l’auteure, périlleux tant l’âme est craquelée et écartelée avec un final intense.

Un livre à découvrir pour sa singularité.

En tout cas, je remercie Babelio pour cette Masse Critique qui m’a fait découvrir cette auteure.
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Il faut parfois chanter

La poésie ne se résume pas, elle se ressent. Dans les vers prosaïques d'Évelyne Trouillot, il y a des femmes qui s'élèvent face au monde, meurtries, mais droites sur leurs jambes. Il y a des enfants en larmes qui rêvent de tendresse. Il y a surtout les hurlements de la pauvreté et de la violence. La poétesse porte par ses mots des revendications simples et humanistes : la résignation est impossible face à l'injustice.



Je retiens ces quelques mots dédiés « à mes amies ». « Paroles en flots / et douleurs en partage / perles d'émois et de rires fous / complices / magiques / et malicieuses / qu'il fait beau avoir à mes côtés / votre amitié au féminin pluriel ! » (p. 15)
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