Citations de Evgueni Zamiatine (377)
Les deux habitants du paradis se virent proposer le choix : le bonheur sans liberté ou la liberté dans bonheur, pas d'autre solution. Ces idiots- là ont choisi la liberté et, naturellement, ils ont soupirés après des chaînes pendant des siècles.
L'inquiétude régnait partout en Europe, elle se trouvait dans l'atmosphère même, on la respirait.
Tous attendaient des guerres, des soulèvements, des catastrophes. (...) La terre devint une immense clameur générale. (Le fléau de Dieu)
Je vois tout le monde voter pour le Bienfaiteur ; tout le monde me voit voter pour le Bienfaiteur – et pourrait-il en être autrement, puisque « tous » et « moi » formons un «NOUS» unitaire.
Note 5
Les uns écrivaient pour leurs contemporains, les autres pour leurs descendants, mais personne n'a jamais écrit pour ses prédécesseurs éloignés et sauvages ...
Vous êtes destinés à soumettre au joug bienfaisant de la raison des êtres inconnus qui habitent d’autres planètes et sont peut-être encore en état de liberté primitive. S’ils refusent de comprendre que nous leur apportons un bonheur mathématiquement exact, notre devoir sera de les obliger à être heureux.
- … Non : remontez plutôt ! Là-haut on va vous guérir – vous serez nourris à volonté de bonheur bien gras, et, rassasiés, vous pourrez sommeiller paisiblement, méthodiquement, vous ronflerez en cadence – n’entendez-vous pas ce grand ronflement symphonique ? Vous êtes drôles : on veut vous débarrasser de tous ces points d’interrogation, qui se tortillent comme des vers et vous rongent et vous torturent. Et vous restez ici à m’écouter ? Montez donc là-haut – subir la Grande Opération ! Quelle importance, si je reste seule ici ? Quelle importance, si je refuse que d’autres pensent à ma place, si je veux vouloir par moi-même – si je veux l’impossible.
«Mais pourquoi ai-je eu tout à coup une âme... Je n'en avait pas et puis, brusquement ... Pourquoi personne n'en a-t-il et moi....»
Note 15
La constitution athlétique et monumentale de Varvara Serguéïévna était la raison pour la troisième faute qu'elle commit passa quasiment inaperçue pour elle,alors qu'elle s'était penchée dans la forêt de Stolpakov pour cueillir un champignon.Une fois courbée, elle poussa un ah! et un quart d'heure plus tard ,dans le panier destiné aux champignons se trouvait sa faute,de sexe masculin ,enregistrée dans l'acte de naissance sous le nom de Rostislav.
Je constate avec douleur que – au lieu d’un rigoureux poème mathématique en l’honneur de l’État Unitaire – je produis une sorte de roman d’aventures fantastiques. Ah, si seulement ce n’était en effet qu’un roman, et non pas ma vie actuelle, pleine d’inconnues, de √-1, de chutes…
Dans un hurlement insensé le monde entier se résorba et s'écroula en craquant dans une flamme rouge.
[...] il est bien rare que je permette aux gens d'entrer chez moi.
Sophia sentit brusquement qu'elle aussi était encore vivante, que tout pouvait encore changer.
Les enfants sont les seuls philosophes qui soient hardis. Et les philosophes
hardis sont nécessairement des enfants. Il faut être comme des enfants, il faut toujours demander : “Et après, quoi ?”
Les hommes sont comme les romans : avant la dernière page, on ne sait jamais comment ils finiront. (p.165)
Nous savons que "Nous" vient de Dieu et "moi" du diable. (p.135)
– Ça va mal. Il s’est formé une âme en vous.
Une âme ? Quel mot étrange et depuis longtemps oublié !
– C’est… très grave ? balbutiai-je.
– Incurable, tranchèrent les ciseaux.
Autrefois, je ne le savais pas- maintenant, je le sais, et vous le savez aussi : il y a des rires de différentes couleurs. Ce n'est que l'écho lointain d'une explosion qui a eu lieu en vous : ce peut être- des fusées festives, rouges, bleues, dorées ; ou bien - les lambeaux d'un corps, humain qui explose...
Vous êtes destinés à soumettre au joug bienfaisant de la raison des êtres inconnus qui habitent d'autres planètes et sont peut-être encore en état de liberté primitive. S'ils refusent de comprendre que nous leur apportons un bonheur mathématiquement exact, notre devoir sera de les obliger à être heureux.
Que veut donc dire cette "âme" absurde, aussi réelle que mon unif ou que mes chaussures, bien que je ne les voie pas, rangés comme ils le sont dans l'armoire. Si les chaussures ne sont pas une maladie, pourquoi l'"âme" en est-elle une ?»
Les deux habitants du paradis se virent proposer le choix : le bonheur sans liberté ou la liberté sans bonheur, pas d’autre solution. Ces idiots-là ont choisi la liberté et, naturellement, ils ont soupiré après des chaînes pendant des siècles