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Citations de Evgueni Zamiatine (377)


“Seulement, le mécanisme n’a pas d’imagination. Avez-vous jamais vu un sourire rêveur recouvrir le cylindre d’une pompe pendant son travail ? Avez-vous jamais entendu les grues soupirer et se plaindre pendant les heures destinées au repos ?” Non ! [...] mais ce n’est pas de votre faute : vous êtes malades. Votre maladie, c’est l’imagination. C’est un ver qui creuse des rides noires sur vos fronts. C’est une fièvre qui vous oblige à courir plus loin, bien que ce “plus loin” commence où finit le bonheur. C’est la dernière barricade sur le chemin du bonheur. “
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Evgueni Zamiatine
Je crains que la littérature russe n'ait bientôt qu'un avenir : son passé.

Cité dans la préface de L'inondation, p. 10
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Prenons les deux plateaux d’une balance : sur l’un, un gramme ; sur l’autre – une tonne, sur le premier, le "moi", sur le second – le "Nous", l’État Unitaire. C’est pourtant clair : admettre que le "moi" peut avoir des "droits" par rapport à l’État – cela revient, absolument, à admettre qu’un gramme peut être l’équivalent d’une tonne. D’où la répartition : à la tonne – les droits, au gramme, les devoirs ; et d’où la voie qui, naturellement, mène de l’insignifiance à la grandeur : oublier que l’on pèse un gramme et se sentir comme un millionième de tonne…

(p. 118) / traduction de Hélène Henry
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Hier, aussitôt couché, j’ai coulé bas dans le sommeil, comme un navire trop chargé qui fait naufrage. Des épaisseurs d’eau verte glauque et mouvante. Et voici que, lentement, je remonte, et, parvenu à mi-chemin, j’ouvre les yeux : ma chambre, le matin obscur, encore vert et glacé. Dans le miroir de l’armoire brasille un éclat de soleil – droit dans mes yeux. Voilà qui va m’empêcher de dormir le nombre d’heures fixé par les Tables. Le mieux serait d’ouvrir la porte du meuble. Mais je suis pris comme dans une toile – j’ai une toile sur les yeux, et pas le courage de me lever…

(p. 104) / traduction de Hélène Henry
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En octobre, lorsque les feuilles ont déjà commencé à jaunir, à se faner, à se recourber-surviennent des jours aux yeux bleus ; par une pareille journée, en rejetant la tête en arrière pour ne plus voir la terre, on peut encore y croire ; la joie est là, c'est encore l'été...il en va de même avec Macha, en fermant les yeux et en l'écoutant seulement-on peut s'imaginer qu'elle est celle d'avant, qu'elle va se mettre à l'instant à rire, se lever, vous enlacer, alors qu'une heure plus tôt, comme un couteau raclant une vitre-sa voix n'était pas la même, elle n'était pas du tout la même.
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"Supposez une surface plane, ce miroir par exemple. Nous clignons des yeux pour éviter le soleil qui s'y réfléchit. Vous y apercevez également la lumière d'un tube électrique; tenez, l'ombre d'un avion vient d'y passer. Tout cela ne reste qu'une seconde dans le miroir. Maintenant, supposez que par le feu on amollisse cette surface impénétrable et que les choses ne glissent plus, mais s'incrustent profondément dans ce miroir, derrière lequel, étant enfants, nous cherchions si souvent avec curiosité ce qu'il pouvait y avoir. Cette surface aurait engendré un volume, un corps, un monde. Nous avons en nous un miroir sur lequel glissent le soleil, le tourbillon de l'avion, vos lèvres tremblantes et les lèvres d'un autre aussi... Ce miroir froid réfléchit, renvoie, tandis que le vôtre, maintenant, garde trace de tout et à jamais. "
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Je me rendis compte alors, par expérience personnelle que le rire est la plus terrible des armes, on peut tout tuer par le rire, même le meurtre.
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Nous avons su, du murmure enamouré des vagues, faire jaillir l’électricité – et le fauve crachant l’écume en furie, nous l’avons dompté ; et, de la même façon, la poésie, cet élément jadis sauvage et déchainé, a été apprivoisée et maîtrisée. La poésie, aujourd’hui, ce n’est plus le sifflet effronté du rossignol. Qui dit poésie dit – service de l’Etat, qui dit poésie dit – utilité.
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Les deux habitants du paradis se virent proposer le choix : le bonheur sans liberté ou la liberté sans bonheur, pas d'autre solution. Ces idiots-là ont choisi la liberté et, naturellement, ils ont soupiré sous les chaînes pendant des siècles. Voilà en quoi consistait la misère humaine : on aspirait aux chaînes. Nous venons de trouver la façon de rendre le bonheur au monde...

[...]

Le vieux Dieu et nous, nous sommes à la même table, côte à côte. Oui, nous avons aidé Dieu à vaincre définitivement le diable ; c'est le diable qui avait poussé les hommes à violer la défense divine et à goûter à cette liberté maudite ; c'est lui, le serpent rusé. Mais nous l'avons écrasé d'un petit coup de talon : "crac". Et le paradis est revenu, nous sommes simples et innocents comme Adam et Eve. Toute complication autour du bien ou du mal aura disparu ; tout est très simple, paradisiaque, enfantin.

Note 11, page 67
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Sophia sentit que ces nuages n'étaient pas au- dehors, mais en elle, que depuis des mois ils s'amoncelaient comme des pierres, et qu'à présent, pour ne pas être étouffée par eux, il fallait qu'elle brise quelque chose en mille morceaux, ou bien qu'elle parte d'ici en courant, ou encore qu'elle se mette à hurler comme le cordonnier, lorsqu'il annonçait le Jugement dernier.
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Elle secoue la tête, a travers les fenêtres sombre de ses yeux, las -bas, à l'intérieur d elle, je vois flamber un feu, fuser des etincelles, des langues de feu, je vois des amas de branches sèches et resineuses. Et je comprends clairement: c est trop tard, mes paroles ne peuvent plus rien ..
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Demain, je reverrai le spectacle qui se répète d’année en année, générant chaque fois autant d’émotion : cette grande coupe d’unanimité – les mains levées en signe de vénération. Demain est le jour de l’Élection annuelle du Bienfaiteur. Demain, nous confierons de nouveau au Bienfaiteur les clés de la forteresse inexpugnable de notre bonheur.
Bien entendu, cela n’a rien à voir avec les élections désordonnées et désorganisées des anciens, lorsque – il y a de quoi rire ! – on ne connaissait même pas à l’avance le résultat des élections. Construire un État sur des hasards absolument impondérables, à l’aveuglette – quelle ineptie ! Et pourtant, il a fallu des siècles pour qu’on le comprenne.

(p. 138) / traduction de Hélène Henry
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Au premier envoi (= tir), une dizaine de Numéros de notre chantier qui baguenaudaient par là se sont retrouvés sous la tuyère – il n’est rien resté d’eux, sauf quelques miettes et de la suie. Je peux attester ici avec fierté que cet incident n’a pas retardé notre travail d’une seconde, personne n’a bronché ; nous et nos machines avons poursuivi avec la même précision notre effort en ligne droite et giratoire, comme si rien ne s’était passé. Dix Numéros – c’est moins que la cent millionième part de la masse totale de l’État Unitaire, et – pratiquement – une grandeur infinitésimale de troisième ordre. Seuls les anciens se laissaient aller à une pitié arithmétiquement ignare : nous, cela nous fait rire.

(p. 111) / traduction de Hélène Henry
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S’ils refusent de comprendre que nous leur apportons un bonheur mathématiquement exact, notre devoir sera de les obliger à être heureux. Mais avant de recourir aux armes, nous essayons la parole.
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Elle attendait. La porte claqua sourdement. Alors I, lentement, très lentement, me perça le coeur d'une aiguille pointue et douce ; elle appuya contre moi son épaule, son bras et nous fondîmes en un seul être.
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Il se tut, se gratta le crâne, cette petite malle au contenu incompréhensible et étrange. Un silence se fit. Il trouva dans la malle quelque chose qu'il sortit, développa, et ses yeux se laquèrent de sourires.
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Oui, c’est certain, ce Taylor était le plus génial des anciens. Il n’est pas allé, c’est vrai, jusqu’à imaginer étendre sa méthode à toute notre vie, à tous nos pas, à nos journées entières – il n’a pas su intégrer son système vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Mais tout de même : comment a—t-on pu écrire des bibliothèques entière sur un Kant ou je ne sais qui – et ne remarquer qu’à peine Taylor – ce prophète qui a su prévoir l’avenir avec dix siècles d’avance.
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"Ça va mal. Il s'est formé une âme en vous."
Une âme? Quel mot étrange et depuis longtemps oublié!
"C'est... très grave? balbutiai-je.
- Incurable, tranchèrent les ciseaux.
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... Les lignes suivantes brillaient en première page du Journal National :

RÉJOUISSEZ-VOUS

car, à partir d'aujourd'hui, vous êtes parfaits. Jusqu'à ce jour, vos enfants, les machines, étaient plus parfaits que vous.
Chaque étincelle d'une dynamo est une étincelle de la raison pure, chaque mouvement du piston est un syllogisme irréprochable. La même raison infaillible n'est-elle pas en vous ?
La philosophie des grues, des pompes et des presses est claire et fine comme un cercle. Votre philosophie est-elle moins circulaire ?
La beauté d'un mécanisme réside dans son rythme précis et toujours égal, pareil à celui d'une pendule. Mais vous qui avez été nourris dès votre enfance du système Taylor, n'avez-vous pas la précision d'une pendule ?
Seulement, le mécanisme n'a pas d'imagination. Avez-vous vu jamais vu un sourire rêveur recouvrir le cylindre d'une pompe pendant son travail ? Avez-vous jamais entendu les grues soupirer et se plaindre pendant les heures destinées au repos ?

NON

Mais vous, rougissez ! Les gardiens voient vos sourires et entendent vos soupirs de plus en plus fréquents. Voilez-vous la face : les historiens de l'État Unique demandent des congés pour ne pas avoir à consigner des événements honteux.
Mais ce n'est pas de votre faute : vous êtes malades.
Votre maladie c'est l'imagination.
C'est un ver qui creuse des rides noires sur vos fronts. C'est une fièvre qui vous oblige à courir plus loin, bien que ce "plus loin" commence où fini le bonheur. C'est la dernière barricade sur le chemin du bonheur.

Réjouissez-vous, elle est vaincue !
Le chemin est libre !

Le dernier pas que vient de faire la Science Nationale consiste dans la découverte du centre de l'imagination.
Une triple application des rayons X sur ce centre vous guérira à jamais.
Vous êtes parfaits, vous êtes comme les machines ; le chemin du bonheur à cent pour cent vous est ouvert. Hâtez-vous, jeunes et vieux, hâtez-vous de vous soumettre à la Grande Opération. Courez aux auditoria où elle est pratiquée. Vive la Grande Opération, vive l'État Unique, vive le Bienfaiteur !
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Les deux habitants du paradis se virent proposer le choix : le bonheur sans liberté ou la liberté sans bonheur, pas d'autre solution. Ces idiots-là ont choisi la liberté et, naturellement, ils ont soupiré après des chaînes pendant des siècles. Voilà en quoi consistait la misère humaine : on aspirait aux chaînes.

Note 11.
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