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Citation de Apikrus


Toutes les autres éducatrices étaient des contractuelles, arrivées souvent depuis très peu de temps. Il y avait parmi elles des femmes charmantes, et je leur était reconnaissante du tact avec lequel elles évitaient de souligner ma qualité de paria. Mais je ne pouvais me lier d’amitié avec elles. Elles me paraissaient plus enfants que nos pupilles. Certes, elles avaient vécu la guerre, l’évacuation, la famine, mais sorties de là, elles ne savaient rien. Leur naïve confiance à l’égard de la propagande officielle était si forte que ce que leurs yeux voyaient à la Kolyma, elles ne le croyaient pas. Les phrases imprimées dans le journal faisaient sur elles plus d’effet que ce qu’elles voyaient dans la rue. C’est avec une extase quasi religieuse qu’elles apprenaient aux enfants la chanson si répandue à l’époque : « Le premier faucon est Lénine, le second est Staline. » En tout cas elles avaient un sentiment de la réalité nettement moins développé que, disons, la petite Lida Tchachetchkina, née à Elguen, qui avait déjà été par deux fois séparée brutalement de sa mère et qui, depuis six ans qu’elle était sur terre, avait vu je ne sais combien de mètres de barbelés, des dizaines de chiens-loups et autant de miradors. (Extrait du chapitre « Noble labeur », dans lequel l’auteure raconte son retour au monde « libre » et son travail d’éducatrice).
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