- As-tu déjà entendu parler des pensionnats indiens, Benjamin ? demanda-t-elle.
- Vaguement. J’ai entendu parler de ces pensionnats dans lesquels les enfants d’origine autochtone recevaient une éducation similaire aux enfants blancs.
- Assez peu de personnes ont conscience qu’il s’agit sans doute de l’épisode le plus sombre et le plus honteux de l’histoire de notre pays. Il y a plus d’un siècle, l’État canadien a décidé de scolariser les enfants issus des communautés indiennes, afin de leur faire bénéficier d’une éducation conforme aux idées occidentales. Sous ce beau discours, l’idée était en réalité d’assimiler ces jeunes à la société canadienne et d’éradiquer purement et simplement la culture autochtone. Ce qui n’était qu’une possibilité offerte à l’origine à ces communautés est devenue une obligation au début du vingtième siècle : les enfants étaient arrachés à leurs familles et envoyés à des centaines de kilomètres de chez eux, dans des pensionnats gérés par les différentes Églises canadiennes. Les enfants pouvaient passer des mois, parfois des années, sans revoir leurs proches.