Je m’approche encore. Je veux sentir la chaleur de son corps contre le mien. Je veux le rassurer. Lui dire qu’il se trompe. Qu’il est l’homme le plus fascinant que j’aie jamais vu. Mais encore une fois, mon handicap m’en empêche. Alors il ne me reste plus qu’une chose à faire. Lui montrer
Deux jours. C'est tout ce qu'il aura fallu pour que je m'infiltre dans ses veines tel un poison.
Lui aussi est en train de s'effondrer, et je me demande si, quand tout sera terminé, tout ce qu'il restera de nous seront les morceaux épars de nos âmes, jonchant le sol, sans plus personne pour les ramasser.
Bientôt, je ramperai sous ta peau. Bientôt, je te posséderai, et tu auras beau me haïr, tu supplieras pour m'appartenir.
Parfois, aucun mot n'est assez puissant pour hurler notre peine et notre coeur abîmé.
Parfois, tout ce qu'on souhaite, c'est se rouler en boule et oublier. Tout oublier.
Se calfeutrer au plus profond de nous-même et ne plus rien ressentir.
Pour ne plus avoir mal. Pour ne plus souffrir.
Je refuse d'être le seul à porter le chapeau concernant nos actes, d'endosser seul la responsabilité d'avoir pu blesser consciemment ou non Sierra, même si elle ignore tout de ce qui s'est passé, et qu'elle ne
l'apprendra, je l'espère, jamais.
Pour le coup, j'ai eu tout le temps de réfléchir. De peser le pour et le contre. De me demander si tout ça valait la peine. Que je risque de me caser la gueule. Que je risque d'avoir mal. Est-ce vraiment une bonne idée ? De m'attendre à ce que Trent vienne à moi pour... Quoi au juste ? Prendre du bon temps ? Baiser ? A-t-il vraiment besoin de ça ? A-t-il vraiment besoin de moi . Et après ? J'avais besoin de Bianca pour me garder dans le droit chemin, pour me donner l'illusion d'avoir une vie normale. Et Voilà comment ça se fini. Dans la peine et le ressentiment. Et je n'ai plus envie de ça. Je n'ai plus envie d'une vie ou l'on est ensemble par dépit, par facilité. Je veux chérir et aimer. Je veux que chaque jour ne ressemble à aucun autre. Je veux quelqu'un qui puisse me comprendre, qui puisse m'accepter. Je veux ça et tellement d'autre choses encore. C'est complètement dingue. Jamais je n'aurais pensé avoir de si hautes aspirations. Pourtant, est-ce trop demander ? De rêver d'un quotidien fait d'amour et de rires, de soupirs de plaisir et de baisers dans le cou. De souhaiter me réveiller chaque matin un sourire aux lèvres en découvrant la personne allongé près de moi, le visage chiffonné par le sommeil. Je veux pouvoir profiter de chaque instant, partager mes joies et mes peines, mes désirs et mes craintes.
Je veux aimer, tout simplement. Pour de vrai. Je veux pouvoir être moi, sans concession, sans faux semblants. Toutes ses années gâchées que je retrouverai jamais, je veux les combler en vivant deux fois plus vite, deux fois plus fort. Et quand je songe à la personne avec qui je veux partager tout ça, un seul nom résonne, encore et encore.
— Un magicien révèle-t-il ses secrets ? déclara-t-il avec un grand sourire.
— Tu n’es pas magicien. Tu es un vampire, crachai-je.
— Et alors ? L’un n’est pas forcément incompatible avec l’autre.
« Je revis mon rêve, dans lequel Noah me regarde, allongé, alangui, un sourire sur ses lèvres pulpeuses, ses yeux vert sombre brillants de luxure. Il ne me faut que quelques minutes pour jouir dans un râle, éjaculant sur mon ventre dans un soupir comblé. Mais cet instant est toujours suivi d’un autre, bien moins agréable. Celui où je me sens submergé par une vague de culpabilité, de convoitise. Par ce sentiment de ne fantasmer sur Noah que comme un simple objet de désir, de ne songer qu’au sexe sans me préoccuper de ce qui a de l’importance : sa fragilité, ses blessures, ses peurs.
Je chasse aussitôt ces pensées d’un revers de la main. C’est faux, je ne suis pas comme ça. Certes, je désire Noah. J’ai envie de lui. je voudrais pouvoir caresser sa peau, mordre sa chair, le voir onduler contre moi en gémissant. Mais pas seulement. Je veux aussi découvrir l’homme qu’il est. L’aider à s’en sortir. Etre la personne sur laquelle il peut compter, peu importe les circonstances. Je veux être l’amant, l’ami, le frère, tout à la fois. Ou n’importe quel rôle qu’il consentira à me donner. Je m’en contenterai sans me plaindre, bien que j’aie parfaitement conscience que je voudrai toujours plus. Je ne comprends pas vraiment mes sentiments, ni la rapidité avec laquelle ils ont éclos. De toute façon, je crois que ça n’a aucune importance. Parce que c’est mon élève. Parce que je n’ai pas le droit d’éprouver tout ça. Désirer Noah m’est défendu, mais à défaut, je peux toujours tenter de lui venir en aide. »
Qui aurait cru qu’un si petit être puisse me faire autant flipper?
L'histoire d'une jeune fille aux pouvoirs de télékinésie ?