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4.46/5 (sur 12 notes)

Nationalité : France
Biographie :

F.-X. Desbans-Tauzin de Bonnehé est un auteur français.

Grand voyageur, il a vécu plusieurs années en Malaisie, au Vietnam et aux Etats-Unis.

Dans les méandres et les aspérités de l’existence, F.-X. Desbans Tauzin de Bonnehé s’efforce d’allier liberté et poésie, et d’étreindre dans cette double vocation, la dimension de "l’affût" chère à un Sylvain Tesson par exemple.

Car alors la grâce - jointe au fastueux talent de l’auteur - peut surgir comme un flot qui irrigue, féconde et vous ensorcelle !

son site : fxdesbans.com
page Facebook : https://www.facebook.com/F-X-Desbans-Tauzin-de-Bonneh%C3%A9-101129548704106/
Twitter : https://twitter.com/BonneheDesb_



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Bibliographie de F.-X. Desbans-Tauzin de Bonnehé   (2)Voir plus

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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
— C’est moi père, chuchote Jeanne.
Les ombres sont épaisses sur la piste rouge… Une piste magnifique que la clarté de la lune rend ivoirine ici et là, comme les défenses des éléphants. Ces éléphants sauvages dont on peut entendre passer un troupeau non loin, et dont un œil attentif pourra demain repérer les traces parmi les végétaux brisés. Heureusement, la lune jette quelque clarté entre les racines aériennes qui s’enchevêtrent entre les paillotes. Sa lueur illumine jusqu’au jonc des paillotes, éparpillées ici et là en bordure de piste. Un parterre de fleurs aromatiques parfume les jardins. Cela fait comme une fumée odorante : les bonnes odeurs du parfumeur ! Le père Choo-Choo-Neo est-il donc venu dans ce jardin pour se repaître des fleurs aromatiques ?
— C’est moi, père ! chuchote Jeanne une nouvelle fois.
— Quelle est celle-ci, qui chemine comme l’aurore à son lever ? Comme la lune… Mais ! mais c’est toi, Jeanne ! Mais par exemple ! Mais par quel prodige ?
Jeanne ne se fait pas attendre. Elle s’extirpe d’un pertuis de végétaux exubérants, montés comme des solives. Tout cela dessine une voûte noire, magiquement chatoyante et belle. Si mystérieuse ! Et tout cela dégouline des gouttes de la nuit. La lune éclaire partiellement le visage de Jeanne. (…)
Des ombres épaisses flambaient ici et là, dessinant avec la lune, dans les hévéas tout proches, en lisière de piste, leurs fantasques arabesques. Bercées par un vent doux et chaud, au milieu des racines aériennes des banians, elles amplifiaient encore le caractère effarant des prédictions de Jeanne. Le visage du père Choo-Choo-Neo n’avait d’ailleurs cessé de se décomposer à mesure que Jeanne lui parlait. Ses traits commençaient à ressembler à ces chemins qui ravinent après les grosses pluies de mousson. Puis des larmes coulèrent de ses yeux. Un flot de larmes tel que rien ne semblait pouvoir l’arrêter !
— Mon Dieu, Jeanne ! Que me dis-tu là ?
Il se prenait la tête dans les mains. Il était comme hors de lui. Il pleurait à chaudes larmes. Il pleurait comme un gosse. Il tomba à genoux. Jeanne se pencha alors, le relevant doucement.
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AVERTISSEMENT : les astérisques renvoient au glossaire (non adjoint à ces extraits). Lorsque l’astérisque est marqué en regard de mots en italique, il signale une citation de l’un ou l’autre des procès de Jeanne d’Arc.

Nouveau check-point. Le six ou septième déjà, dans la poussière des convois et la chaleur étouffante ! Notre chauffeur, un nitohei*, était parvenu à stopper sa Jeep sous un arbre, et ce dernier dispensait un peu d’ombre. Ça n’avait pas été sans mal. Il lui avait fallu parlementer âprement avec une sentinelle, une espèce de pit-bull que je ne conseillerais vraiment à personne, combien chercherait-on un pit-bull hargneux et vétilleux au possible ! Un homme tout petit, mais bilieux comme dix.
Ombre ou pas en tout cas, dans son coin Hashimoto suait à grosses gouttes. Il dégoulinait. Une vraie fontaine. Résigné au pire, il avait fait jaillir son éventail. Le genre d’accessoires bling-bling dont il raffolait par-dessus tout.
Rose berlingot !
Du meilleur goût donc. Surtout si l’on songe aux motifs passablement suggestifs que cet accessoire affichait complaisamment. Mais bon ! passons. Enfin, pour compléter le tableau, imaginez-vous qu’il portait en outre d’énormes bagues aux doigts. Jusqu’à deux, et même trois ! Vous voyez d’ici le tableau. Tout ça boudinait et bavait gaiement comme une ronde de limaces sur le manche de l’éventail. Succès garanti. Et puis comme une toquade, Hashimoto m’avait flanqué son éventail dans les mains. Oh ! je savais ce que cela signifiait ! Notre duo n’en était pas à son coup d’essai. Je commençai donc à agiter sous son nez les motifs aguichants qui s’étalaient sur l’éventail.
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J’étais allé me balader du côté du port. Oh ! j’en étais revenu bien amer. Le Mékong et ses parages grouillaient d’un déploiement de forces japonaises effarantes. Une nausée. Les forces navales de l’armée fourmillaient partout sur le port ! La Tokeitaï paradait. Des chevaux de frise barraient les rues proches du fleuve. Les sentinelles vous harcelaient tous les trente mètres. Des check-points fleurissaient à tous les coins de rue. Rien n’avait changé, depuis le 9 mars dernier. Ce triste fameux 9 mars 1945 où les Japs avaient confisqué l’Indochine française à la vieille puissance tutélaire. (…) Oui, je le confesse : je ne pouvais plus les voir en peinture, moi, ces samouraïs d’opérette, dont les mœurs relevaient davantage de l’âge des cavernes que d’une époque civilisée peuplée d’êtres fréquentables !
Je remontais ainsi cahin-caha la rue Catinat, en proie à mes pensées chagrines, suant par tous les pores de ma peau malgré l’heure matinale, lorsque subitement, je fus traversé par je ne sais quelle sourde et violente inquiétude. Une sueur glacée m’inonda en dépit de la température brûlante !
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On ne m’avait pas franchement laissé le choix du départ, à vrai dire ! Deux molosses de la Police Militaire s’étaient pointés à l’hôpital, des gars de la Tokko-kempeitaï, escortés d’une meute d’anthropoïdes de la Kempeitaï, et ces deux gars-là n’étaient pas précisément le genre dames de compagnie, si vous voyez ce que je veux dire.
Quelques mots dans un langage tout militaire :
« Suivez-nous immédiatement, monsieur Ceragioli, un avion militaire spécialement affrété vous attend en ce moment même à l’aéroport ». Puis le très martial : « Affirmatif, monsieur Ceragioli ? ».
Dans ces cas-là, ou tu piges très vite, ou alors les mastodontes, ils te saucissonnent comme un ballot et ils te jettent dans la soute à bagages. Et tant pis si tu voyages en compagnie de serpents à sonnettes !
Moi j’aime autant voyager en première classe, pas vous ?
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Je détourne les yeux. Sacerdoce de mort ! La profanation transfigure Dakotsu Takeda. Mais cette transfiguration-là est comme un venin. Oui, un venin qui assèche l’âme. Qui l’opacifie et la rétrécit. Je vois cela. Je discerne cela aussi distinctement que je puis distinguer le jour de la nuit ! Je le vois oui, mais lui ne discerne rien de cette opacité qui rétrécit son âme et la stérilise. Il ne voit que son chinko et mon shiri… La lumière noire que reflète son visage, c’est la fange et la vomissure des chiens.
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F.-X. Desbans-Tauzin de Bonnehé
AVERTISSEMENT : les astérisques renvoient au glossaire (non adjoint à ces extraits). Lorsque l’astérisque est marqué en regard de mots en italique, il signale une citation de l’un ou l’autre des procès de Jeanne d’Arc.

Oui, et aujourd’hui encore, le soleil ne jetait sur le camp qu’une lumière d’effroi ! J’entendis en effet japper non loin : c’étaient les hurlements d’un fou ! Je m’extirpai de ma torpeur et j’aperçus alors un peu plus loin, sur la place de l’appel, le capitaine Sone, de si alarmante réputation. Il appelait les prisonnières à des marques de déférence : « Kiotské ! Kiréii ! Naurée ! » Je pensai : « Sûrement des amies de maman se trouvent-elles au milieu de ces fantômes frêles comme des ombres. » Au juger, ces femmes pesaient dans les trente-cinq kilos à tout casser. Je voyais ces fantômes, là-bas, sur la kumpulanplein*, et c’était comme dans mes cauchemars. Ces femmes, ces milliers de femmes en grappes, tel un essaim d’abeilles moribondes touchées de je ne sais quelle affection mortelle. Milliers de femmes tondues, hâves, hagardes, affamées, épuisées, assemblées sous un soleil mortel, obligées de hurler comme des bêtes sous les coups des brutes qui les encadraient :
« Banzaï » !
Et toujours les hurlements. Toujours l’exacerbation. Toujours les coups de cravache. Les coups de pied. Les coups de poing. Les viols. Les humiliations. Toujours la haine. Toujours le sang. Toujours la mort. La Mort !
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F.-X. Desbans-Tauzin de Bonnehé
Depuis l’escarpement où elle se tenait, son attirail sous le pied, Jeanne observait le lever du jour.
Un peu en contrebas, dans la gorge, et puis plus avant aussi, dans le défilé, les insectes ronflaient. Bourdonnement en folie. Pulsation incessante. Une jungle dans la jungle. Les sonorités étaient obsédantes. Et puis il y avait encore ces bans de brume matinale qui surnageaient de-ci de-là. Jeanne les observait qui flottaient, iridescents, tout vibrants d’une lumière si pure qu’elle en paraissait irréelle. Bientôt, ils envelopperaient toute la nature dans leur incandescence, et avec elle, sa gangue de moiteur, de suffocante moiteur ! Oh ! Jeanne connaissait la musique ! Il en allait ainsi chaque matin. Mais dans un peu moins d’une demi-heure, il ne resterait rien de ce songe d’une brume emplie de couleurs et de lumière ! Le soleil haut perché déjà et l’explosion du jour auront absorbé l’aube. Comme un rêve, la brume se sera effilochée, dissoute ainsi qu’une rosée. Et elle aura été aspirée par les rayons brûlants du soleil. Sucée par la lumière ! La brume ne laissera plus de place alors qu’à une palette de verdure. Mais pas n’importe quelle banale palette, non ! Une palette d’une opulence telle que des myriades de nuances et de teintes s’embrasseront et se télescoperont en un prisme joyeux.
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F.-X. Desbans-Tauzin de Bonnehé
Le portage se faisait maintenant au travers de forêts épaisses, de raidillons pierreux, de talus glissants… La jungle devenait d’heure en heure plus épaisse. D’heure en heure moins praticable. On percevait parfois le feulement d’un tigre. Les hommes étaient alors sujets à une anxiété bruyante et fébrile.
Au deuxième jour, un python attaqua l’un des hommes. Un python exceptionnellement corpulent. Ses écailles rougeâtres, lisses et brillantes, gluantes aussi, l’avaient fait confondre avec les racines des arbres ! Le maquisard avait alors marché sur la bête sans y voir de mal. Ah ! mais le python s’était cru en danger ! Aussi ses dix kilos eurent-ils vite raison de l’indélicat : en deux temps, trois mouvements, le maquisard avait été tué par le reptile. Ne fallait-il pas en blâmer le fantôme de Kavi, cet homme qui s’était vu planter une lame de poignard dans la gorge ? Il serait venu se venger de ses agresseurs sous l’apparence de ce python ! Beaucoup le crurent, en tout cas. La peur s’empara des maquisards. Mais les sangsues aussi harcelaient les hommes. Un harcèlement continuel. Une guérilla de tous les instants. Sans parler des moustiques dont les assauts provoquaient de telles démangeaisons que l’un ou l’autre des maquisards était à la limite de la crise de nerfs.
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F.-X. Desbans-Tauzin de Bonnehé
AVERTISSEMENT : les astérisques renvoient au glossaire (non adjoint à ces extraits). Lorsque l’astérisque est marqué en regard de mots en italique, il signale une citation de l’un ou l’autre des procès de Jeanne d’Arc.

Du plus profond de mon effroi monta pourtant en moi comme une minuscule flamme d’espérance : un haïku, oui, s’élevait en mon âme ! Un haïku comme une pauvre patenôtre… Aussi modeste qu’elle ait été, c’est pourtant bien cette prière-là qui était d’abord montée à mes lèvres ! Celle-là et nulle autre : « Les cigales vont mourir, mais leur cri n’en dit rien. » Ce haïku m’avait été rapporté par un soldat venu chercher « le réconfort » sur ma paillasse. Réconfort made in Japon… Made in Shôwa. Ce kamikaze-là était en partance pour une opération « Vent divin* ». Et en effet, un quart d’heure durant, plutôt que de succomber comme tant d’autres aux ivresses d’une sensualité sauvage, celui-là m’avait récité de sublimes haïkus ! Son visage, à l’approche de sa mort, à travers la beauté des haïkus partagés, m’était apparu comme purifié par un parfum qui était déjà de l’autre rive.
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F.-X. Desbans-Tauzin de Bonnehé
Dakotsu Takeda se moque tout autant que la guerre dure trois ans, vingt ans, ou cent ans ! Et il se moque qu’elle fasse mille morts ou cent millions de morts ! Il se moque bien de savoir si lorsque la guerre sera finie, la grande Asie orientale ne sera plus qu’une terre brûlée jonchée de cadavres ! Il se moque d’ailleurs même de son propre devenir. Et de l’immortalité. Et de l’éternité ! Car à la vérité, Dakotsu Takeda se fout de tout comme d’une guigne. De tout —, sauf de la satisfaction de son chinko ! Oui, assouvir la faim de son chinko est la seule question qui appelle vraiment toute l’attention de Dakotsu Takeda ! Et même s’il devait mourir dans moins d’une minute, l’obsession de Dakotsu Takeda serait encore d’assouvir la faim de son chinko ! Car le sang de son chinko est un feu, et ceci demande une réponse flamboyante, à la hauteur de l’étincelant chinko dont les dieux ont pourvu Dakotsu Takeda. Tout est bon, à cette fin. Et la guerre a vraiment du bon, qui vous offre des filles en veux-tu en voilà. « Vive l’Empereur ! Tout pour l’Empereur ! Vive le Dai Nihon ! »
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