Extrait du livre audio « Les Démons de Berlin » de Fabiano Massimi, traduit par Laura Brignon, lu par Nicolas Matthys. Parution CD et numérique le 15 mars 2023.
https://www.audiolib.fr/livre/les-demons-de-berlin-9791035412449/
"Un sacré cirque, n'est-ce pas ? continua Strasser. Mais c'est à ça que ressemblent les hommes de l'entourage du leader national-socialiste. Dans une société normale, ils seraient considérés comme un ramassis de désaxés. Mais en ces temps chaotiques, ils apparaissent comme des sauveurs aux yeux de beaucoup de monde. Les jours de la République sont véritablement comptés..."
page 465 - 22 septembre 1931
La mémoire des hommes est un témoin trompeur, qui manipule et réécrit sans cesse le passé, l'adaptant au présent, le faisant ployer en fonction du désir du moment. Les faits trop douloureux, trop décevants ou inconvenants sont poncés dans le souvenir jusqu'à ce qu'ils atteignent la perfection : suffisamment lisses pour cesser de blesser, modelés sur l'histoire qu'on se raconte à soi-même.
La beauté de Berlin n'était pas aussi évidente que celle de Munich ou de Vienne, il fallait de la patience pour la comprendre. Berlin avait plus le charme d'une dame élégante que d'une jeune fille effrontée, comme quelqu'un avait dit.
Aucun homme n’a jamais conscience du moment précis où son destin commence à s’accomplir, qu’il le veuille ou non.
" Parfois, pour faire ce qui est juste, il faut oublier ce qui est sage. "
(page 265).
« Il y a des gens qui sont faits pour la réalité, commissaire Forster, et des gens qui sont faits pour la fiction.
–Et tu ne pourrais pas faire semblant de t’intéresser à la réalité ?
–La réalité est un endroit terrible. Je préfère y passer le moins de temps possible »
Je ne comprends pas ces fanatismes raciaux. Bavarois, allemands, aryens, juifs… Quelle différence ? On est tous des pauvres diables qui se donnent du mal pour s’en sortir.
Le bonheur est comme un flocon de neige, il faut le manipuler avec soin, et le moins possible.
Souvent, dans leur éternelle ignorance, les hommes nomment fin ce qui n'est en réalité qu'un début.
Quand Herr Hitler se tut, Sauer s’aperçut qu’il avait écouté son récit sans prendre une seule note, comme captivé par un de ses compteurs hors pair qui parviennent à faire oublier l’existence du monde réel à leur public.