Animé par Willy Richert avec Charlotte Binder
Désirs de mondes : imaginer et rêver
Les mondes imaginaires, d'où ils viennent et les rapports qu'ils entretiennent notre monde
dimanche 4 décembre Avec la participation de l'autrice-illustratrice, Sandrine Bonini, des auteurs Fabien Clavel, Philippe Lechermeier et de l'auteur-illustrateur Mortis Ghost.
Et la classe de 5ème 2 du collège Sainte-Clothilde, Paris (75).
Un grand merci à la professeure Maryline Laguitton.
Avec la participation de Cécile Ribault Caillol pour Kibookin.fr
Avec la séquence La Tête dans les images
Júlia Sardà, Leina et le Seigneur des Amanites, texte de Myriam Dahman et Nicolas Digard, Gallimard Jeunesse
Avec le soutien de l'Institut Ramon Llull.
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Les reporters était pour lui une espèce nuisible, charognarde, qui s'improvisait justicière et policière à la fois, effrayait le public en publiant chaque jour de nouveaux faits divers donnant l'impression que le pays sombrait dans le crime, aboyant comme des chiens devant un morceau de viande.
- Me croiriez-vous si je vous disais que j’ai résolu toutes mes enquêtes à partir de livres ?
Fredouille prit un air incrédule.
- Et comment procédez-vous lorsque la victime ne possède pas de publications ?
- Dans ce cas, il s’agit d’un meurtre sans intérêt et sans finesse. Ces affaires ne méritent même pas d’être mentionnées. Elles reposent toujours sur le même canevas primitif. On les résout en un claquement de doigts.
N'oubliez jamais cela, Fredouille: tout est dans les livres. Notre vie n'est qu'un feuillet détaché de l'ouvrage gigantesque du monde.
À nous tous, on devait facilement passer le millénaire d’années vécues. Quelle perte pour le monde si on s’écrasait en bas de la cage ! Un vieux qui meurt, c’est un disque dur externe qui grille. Alors quatorze, ça fait une baie de stockage !
Pouvait-on vivre uniquement dans les livres, à travers les livres ? Oui, pour assourdir la rumeur ignoble du monde, ce cri vulgaire et souffrant qui lui vrillait le crâne à la manière des portes de prison qui grincent. Et puis oublier son tumulte intérieur aussi, cette noire marmite bouillonnant au rythme des souvenirs.
- (…) Vous avez réussi à détourner les contes de leur propos premier : ils sont là pour aider l'humanité à vivre, pas pour lui nuire !
(…)
- Vous êtes d'une grande naïveté, commissaire. Vous êtes-vous réellement penché sur l'abîme que sont les contes ? Il y a là toute la boue humaine : craintes, envies, pulsions destructrices. (…) Jamais la littérature n'améliore quoi que ce soit. Elle se contente de constater la permanence du mal, voire de l'entretenir.
Steven regardait les clients et se demandait s’il avait l’air aussi stupide lorsqu’il faisait ses propres exercices, car, tout comme certains vendeurs de drogues sont également des toxicomanes, il s’était mis à la musculation depuis qu’il travaillait ici. Il aurait été inadmissible qu’il se présentât à la clientèle avec des relâchements adipeux; fait-on confiance à un coiffeur mal coiffé ?
Ils étaient tous deux des survivants d'une bataille inégale. Ils finiraient dans la tranchée de la fosse commune. Anonymes.
Il avait peine à croire que, dans moins d'un an, le vingtième siècle débuterait. Tous ces millénaires d'inventions, d'histoire et d'art pour se vautrer dans un tel raffinement de barbarie.
Dans ces muscles dépouillés, ces nerfs, ces os, avait existé une intelligence, un esprit. Ragon n'allait pas jusqu'à l'âme. Devant ce genre de boucherie, l'hypothèse d'un principe vital transcendant confinait au ridicule. Seul demeurait le mystère insondable des corps.
Incapable de vivre par lui-même, il lisait la vie des autres.