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Critiques de Fabien Clouette (18)
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Le bal des ardents

Je tiens vraiment à présenter mes excuses aux éditions de l'Ogre et à Babelio car je ne peux absolument pas écrire une critique digne de ce nom sur cet ouvrage.

J'ai bien essayé de le lire, mais passée la moitié, je déclare forfait. J'ai pourtant tout essayé : dans le calme, dans le bruit, après une bonne nuit de sommeil, et même dans un léger état d'ébriété mais rien n'y fait. Je reste totalement hermétique à ce genre de littérature.

J'ai eu l'impression de me retrouver devant un de ces tableaux de peinture contemporaine et abstraite qui ne provoquent chez moi aucune émotion et dont je ne comprends absolument pas la démarche de l'artiste. Des tableaux dont le peintre pourrait dire : "Je ne sais pas s'ils vous plairont mais en tout cas moi je m'éclate à les peindre ! "



Voilà, c'est ça. J'imagine que Fabien Clouette s'est vraiment éclaté en écrivant son livre, qu'il a laissé libre cours à son imagination, qu'il ne s'est donné aucune barrière et qu'il s'est enthousiasmé à l'idée de créer un nouveau genre de littérature. Certains aimeront sûrement. Moi je n'en suis même pas à me poser la question de savoir si j'apprécie ou pas car, à ma plus grande honte, je n'arrive même pas à suivre le propos de l'auteur.

Mon esprit, bien trop formaté à une littérature dite classique, a refusé de se laisser emporter vers d'autres horizons...



De cette expérience malheureuse, je retiendrai néanmoins une leçon : ne jamais se fier au titre des livres proposés lors de l'opération Masse critique !
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Le bal des ardents

Chronique complète sur le site.



Extrait : Impossible de lire le Bal des ardents sans être perturbé, sans remettre en question ce que l'on pensait connaître de la littérature et de la narration, sans changer ses appuis. Il faut entrer dans la danse, être fous nous-mêmes, plonger et nous brûler, accepter le jeu auquel l'auteur nous convie, saisir au vol l'absence de règles et de repères connus. Apprendre à créer et poursuivre la beauté des métaphores folles et l'immense poésie des images. Ne pas nous contenter de lire, mais imaginer, nous aussi, tout. Être éblouis, et nous rejoindre dans la submersion, dans l'espace ouvert qui nous est offert.
Lien : https://lesfeuillesvolantes...
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Le bal des ardents

Il est toujours difficile de commenter un livre difficile d'accès, un livre qui nous balade et nous emmène dans un univers auquel on a l'impression de n'avoir pas tout compris, mais la difficulté de critiquer ce genre de livre est encore plus grande lorsqu'au final, finalement, on trouve le livre en question excellent. Quel est ce livre ? Et qui est son auteur ?



« Le bal des ardents », est le deuxième roman, d'un jeune écrivain (Fabien Clouette), que je découvre grâce aux éditions de L’Ogre. Décidément, cette maison d'édition propose des œuvres vraiment intéressantes. Je n'ai lu que deux livres de leur catalogue, mais à chaque fois ce fut une belle surprise. Il y a eu « Aventures dans l'irréalité immédiate » du Roumain Max Blecher et maintenant il y a « Le bal des ardents » du français Fabien Clouette.



Ainsi, « Le bal des ardents » est le titre du livre de Fabien Clouette, mais c'est aussi le nom donné au malheureux charivari organisé le 28 janvier 1393 en l'honneur du roi de France Charles VI et qui finit par un incendie meurtrier. Cependant, le roman de Fabien n'est en rien un récit historique, mais dans ce livre il est question d'un événement qui se déroule sur une journée, il est question d'un événement que l’on devine finir tragiquement, il est question d'un événement lié à plusieurs protagonistes, et que l’on nomme comme fous. S'agit-il vraiment de fous ? Effectivement, il y a bien une analogie entre l'histoire du livre de Fabien Clouette et le fait historique de 1393, mais rien de plus. « Le bal des ardents » n’est en aucun cas un roman historique. Et le livre aurait pu s’appeler : « Le bal des fous ». Ainsi, dans le texte de Fabien Clouette, c’est une ribambelle de personnages dont nous suivons le parcours au cours d’une seule journée. On ne comprend pas très bien qui sont les différents protagonistes, bien qu’il y ait un roi, un lanceur de boomerang, des pêcheurs, une barmaid, un guide, etc., etc. De plus, le lieu dans lequel se déroule la narration est tout aussi énigmatique que les personnages de l’histoire. D'ailleurs, il ne s’agit pas d'un lieu unique, mais de plusieurs. Certes, les endroits et les protagonistes sont nommés, mais ces derniers n'en restent pas moins brumeux, mais aussi intrigants.



« Ça n'a duré qu'une seconde, mais les bruits puis le silence. Les visages comme des lames qui s'avancent et qui foncent dans les rapides. Tout ça qui tente de passer à droite, sous soi, puis qui se ravise et double à gauche. Et tous les lycéens qui se lèvent, et qui se collent aux vitres pour taper et appeler les coureurs ; l'embardée lente du car à côté des fuites. Et puis les corps et les phares qui disparaissent au fond, sans jamais s'éteindre vraiment avant de tourner au bord des Rouges, sur l'horizon. On devait aussi garder toutes ces images. Toutes les images qui tapent aux fenêtres et aux portes et qui veulent rentrer. »



Au fur et à mesure de l'histoire, la tension monte, elle est palpable et la violence n’est pas loin au milieu de tous ces personnages qui grouillent et vrombissent. « Le bal des ardents », raconte l'histoire d'une balade, celle de personnages excentriques. Ainsi, dans ce jeu de va-et-vient le lecteur ne possédera jamais toutes les cartes, mais il n'en sera pas moins happé par le style de l’auteur. Effectivement, Fabien Clouette réussit la difficile tâche de rendre son texte extrêmement fluide, tout en rendant la narration alambiquée, peu commune, atypique… Il faut se laisser porter par le récit et la tension qui monte crescendo. Quelle écriture ! L'auteur a vraiment beaucoup de talent et il ne me reste plus qu'à découvrir son premier livre.



Qui aime les livres qui baladent ses lecteurs ?
Lien : https://deslivresetdesfilms...
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Quelques rides

Port de pêche anodin ou nid de serpents de tous les dangers ? Faux thriller et intense réussite narrative.



Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2014/11/24/note-de-lecture-quelques-rides-fabien-clouette/

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Une épidémie

Le journal d'un narrateur dans une ville, avec une citadelle, au bord de la mer. Une ville qui a été frappée par une épidémie (une vague aussi, auparavant sans doute, ce n'est pas précisé). Une ville qui continue à fonctionner, à vivre, des rencontres étranges, un peu comme vivre à côté de soi.

L'écriture d'un livre, une naissance, une mort, l'épidémie qui n'est pas finie, la chaleur extrême, en quelques belles pages.
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Speedboat

Du lard et du cochon



Vous voulez changer de point de vue sur le monde en général, changer de regard sur la littérature en particulier, alors chaussez un de ces deux calques Rhodoïd rouges non recyclables de 180 microns qui vous permettra de faire surgir le texte imprimé en bleu de la surimpression où il se noie. Quand au texte imprimé en rouge, je n'ai, à cette heure, pas encore trouvé comment le faire apparaître et ce, même après avoir piqué les lunettes Rhodoïd bleues de ma fille.

Toujours est-il que ces deux individus ont de la chance. On en a enfermé pour moins que ça. Quand on est capable d'écrire : "On veut des chamans extralucides en lévitation au-dessus des rails du TGV et des affiches publicitaires dessinées au Bic.", il faut s'attendre à quelques ennuis.

Je redis ici mon goût irraisonnable et sans doute pathologique pour les catalogues et les listes. Celle des volontés foutraques de cette équipe (à eux deux, ils ont bien l'abattage d'une équipe) est particulièrement réjouissante. Une embardée surréaliste ou dada, c'est selon, suit ou précède un vœu dont le degré de mauvaise foi reste indéterminé, puis la poésie survient : "On veut laisser le monde dans le sillage d'un speed boat volé, dans la vaguelette et l'écho de notre moteur débridé. On veut laisser les esprits dans le fol espoir d'un jour peut-être nous revoir."

Ce beau livre-objet navigue à vue entre esprit potache, réelle envie d'en découdre et un je-ne-sais-quoi de classe et brillant : "On veut que Moby Dick soit adapté en virus informatique."
Lien : https://lesheuresbreves.com/
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Le bal des ardents

Carnaval et révolution, jours des fous et des disparus. Beauté du boomerang.



Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2016/08/12/note-de-lecture-le-bal-des-ardents-fabien-clouette/


Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Quelques rides

Extrait de crititque :



"[...]Apprécions que l’on nous ouvre la cage et que l’on nous relâche, lecteurs fauves, dans le roman. Prenons le risque d’une lecture libre. De jouer avec le montage, d’évoluer dans le livre et de ne pas craindre de s’éloigner du repère initial. Opérer des coupes, des retours, des sauts dans un texte débarrassé des habituels filins de rappel didascaliques. Se concentrer pour suivre et lâcher prise pour circuler. Accepter de se laisser porter, de s’immerger, de se projeter dans la situation proposée pour : voir – entendre – comprendre – sentir. [...]"



Suite sur Addict-culture (lien ci-dessous)
Lien : http://addict-culture.com/qu..
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Tombant

Extrait de ma chronique :



"Comme je l'écrivais ici, suivant Laurent Kloetzer, la science-fiction (et les littératures de l'imaginaire en général, rajouterai-je hardiment) est, plutôt qu'un genre, une "manière de faire".





Ce point de vue prend toute sa pertinence devant le dernier roman de Fabien Clouette, Tombant (et sans doute aussi devant bon nombre d'autres textes publiés par les éditions de l'Ogre, dont Saccage, La Rouille, Tiger, ou Capitale Songe).





En effet, dans un tel texte (comparable par certains aspects au récent TysT de luvan), le traitement (onirique, pour le dire vite) du récit importe plus que les thèmes les plus directement science-fictifs du roman."
Lien : https://weirdaholic.blogspot..
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Speedboat

« Speed boat » de Fabien Clouette et Quentin Leclerc (2019, Editions de l’Ogre, 48 p.), un petit ouvrage commandé expressément pour, non point renflouer, l’expression est trop forte, mais soutenir une librairie indépendante parisienne. Achat non pas fait au hasard, mais en fonction d’un éditeur « L’Ogre » qui a une politique éditoriale que je soutiens également. Comme quoi, on peut encore lire des livres sans avoir lu les critiques, souvent plates, des magazines soi-disant littéraires (il n’y en a plus beaucoup).

En fait, il y a plusieurs façons de lire ou de consommer du livre. En gardant un peu de temps de cerveau disponible de ce qui n’est pas pollué par la publicité. En se gavant de textes insipides, têtes de gondoles et alibis de machines à cash. Et si cela servait à se façonner une opinion, tout simplement, non pas avec les bons d’un côté et les mauvais de l’autre, mais en appréciant certains auteurs et en se faisant plaisir avec d’autres.

De plus c’est un livre qu’il convient de lire à l’aide des feuillets de plastique transparent rouge permettant, de déchiffrer les deux parties du « Manifeste pour une littérature révolutionnaire et illimitée ». Pour ceux (ou celles ou autres) pour qui les notions de lettres qui se suivent révèlent des formulations magiques issues des axiomes d’Euclide

- 1 un livre a au moins une ligne passant par deux mots ;

- 2 deux lignes dans un livre se rejoignent à l’infini ;

- 3 une page arrachée et pliée peut toujours être mis sous forme de boule ;

- 4 les angles droits naissent et demeurent libres et égaux entre eux (version universelle) ;

- 5 étant donné un mot et une ligne ne passant pas par le mot, mieux vaut changer de ligne (version RATP)

- 6 tout mot peut être rallongé par un autre mot pour en faire une ligne (version germanique)

-7 si deux lignes parallèles se chevauchent, utiliser les transparents rouges (dit également postulat Clouette et Leclerc)

Pourquoi les 48 pages ? Pour n’être pas un livre car celui-ci se définit comme « une publication non périodique imprimée comptant au moins 49 pages, pages de couverture non comprises, éditée dans le pays et offerte au public ». Selon la résolution adoptée lors de la douzième session de l’Unesco, « le dix-neuvième jour de novembre 1964 ». On y apprend donc que « le livre est offert au public ». Nul besoin de le voler ou de le dissimuler dans un manteau à larges et profondes poches. « Prenez et lisez, Ceci est mon œuvre » disent d’ailleurs tous les loufiats libraires. Sur quoi, leurs patrons ajoutent « Et n’oubliez pas de payer ».



« On veut une littérature révolutionnaire et illimitée » je ne sais pas pourquoi, mais cela m’a fait penser à Léo Ferré (excusez du peu) dans l’admirable « Le Chien » « Je parle pour dans dix siècles »

« Des armes et des mots c´est pareil

Ça tue pareil

II faut tuer l´intelligence des mots anciens

Avec des mots tout relatifs, courbes, comme tu voudras



IL FAUT METTRE EUCLIDE DANS UNE POUBELLE »



« Nous ferons un séminaire, particulier avec des grammairiens

particuliers aussi

Et chargés de mettre des perruques aux vieilles pouffiasses

Littéromanes »



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Speedboat

Remplacer le générique du Masque et la Plume par Careless Whisper, adapter Moby Dick en virus informatique, détourner les drones d’Amazon pour qu’ils se crashent dans les vitrines de Drouant, transformer Pierre Michon en personnage de Super Smash Bros... Voilà quelques-uns des désirs exprimés par Fabien Clouette et Quentin Leclerc dans Speedboat, leur “manifeste pour une littérature révolutionnaire et illimitée”. Comme deux gamins turbulents lâchés dans une usine de Lego, Clouette et Leclerc s’amusent à reconfigurer de A à Z la vie littéraire et publique, sans se fixer d’autre limite que celle de leur imagination débordante. Potache et rempli de références à la pop culture, Speedboat n’en est pas moins un texte radical politiquement et artistiquement, prônant une littérature sans but et sans enjeu, sans réponse et sans solution, et ridiculisant le cirque médiatico-littéraire à coups de punchlines bien senties.
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Le bal des ardents

Je dois avouer que j’ai été terriblement déçue par ce livre et cela est entièrement de ma faute. J’aurais dû me renseigner sur l’auteur avant de sélectionner ce livre sur masse critique. Tout d’abord en lisant la quatrième de couverture je pensais que ce roman était un roman historique qui allait nous plonger à l’époque de Charles VI. J’ai été déçue de voir que ce n’était pas le cas. Mais je me serais aisément remise de ce désappointement si je n’avais pas buté sur le style de l’auteur. J’ai recommencé deux fois la lecture des 20 premières pages et puis j’ai continué à le lire tant bien que mal. Cela est sans doute dû à ma formation d’historienne, à mon côté trop classique mais je n’ai pas compris ma lecture. Et puis je me suis demandé, est-ce-que l’auteur voulait vraiment que le lecteur puisse comprendre ce qui se passait. Au fond cette lecture ressemble au carnaval qui est organisé à la suite dans la mort présumée ou fondée du roi. On se laisse embarquer d’un lieu à un autre, de personnages en personnages sans rien y comprendre réellement. Tout est comme flou et indéfini. L’auteur intègre de nouveaux personnages à l’histoire comme si nous étions déjà censés les connaître. Il ne prend pas le temps de les présenter ni de mettre des connexions logiques entre les événements, on glisse de personnages en personnages. On tente de les imaginer, de comprendre et puis on laisse tomber car on est déjà passé à autre chose. L’écriture de Fabien Clouette est tellement particulière que je me suis retrouvée vraiment déstabilisée. C’est sans doute le but recherché par l’auteur et je trouve qu’il y a un réel talent dans ce livre. Mais je ne suis pas le type de lecteur fait pour cet ouvrage et j’en suis désolée. C’est comme pour l’art, je suis une passionnée d’art mais j’ai parfois du mal l’art moderne qui est parfois un peu abscons pour moi qui ne suis pas une initiée. Fabien Clouette est écrivain qui fait de la littérature moderne et qui se permet des transgressions, des distorsions et j’applaudis quand je vois la performance car j’en mesure la complexité mais je n’arrive pas à en aimer le résultat car je ne le comprends pas.

Je tiens donc à m’excuser auprès de l’auteur, aux éditions de l’Ogre, à Babelio mais, à vous aussi cher lecteur car je pense que cet ouvrage aurait mérité un lecteur plus averti que moi. Je ne décourage pas les lecteurs, je les encourage même à tenter l’expérience, ils seront peut-être séduits par ce que je n’ai même pas réussi à saisir.


Lien : http://les-marques-pages-de-..
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Tombant

La veille d’une cérémonie pour leur ami Cosmos péri en mer dans le naufrage d’un chalutier, quatre jeunes roulent de nuit sur une route côtière. Le break chute de la falaise. Cependant qu’il s’enfonce dans l’océan, dans la lente immersion, le conducteur enfermé dans l’habitacle revit les souvenirs de l’été qui vient de se dérouler, près d’un port breton menacé par la montée des eux et des incendies à répétition. Comme les pièces d’un puzzle, « les paysages des souvenirs » s’assemblent dans une « succession d’instantanés » qui surprend par ses infimes détails, minutieusement observés. Dans les pensées du narrateur, passé et présent se mêlent et s’inscrivent en abyme. Les phrases durent le temps d’une respiration en apnée. Les sensations physiques de la noyade s’entremêlent aux souvenirs des leçons de plongée de l’été. Le temps se dilate et s’étire, à mesure que la vie se retire. Dans une syntaxe simple et percutante, riche d’un lexique précis, Fabien Clouette donne forme et épaisseur à cette traversée de la vie à la mort.



Marie-Josée Christien, poète et critique littéraire

Paru dans la revue ArMen n° 249 (Juillet-août 2°22)

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Tombant

« Est-ce le genre d’images qui revient hanter ? » Le télescopage mémoriel de l’ordinaire et du sensé au moment de plonger pour la dernière fois. Fabuleux.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/02/01/note-de-lecture-tombant-fabien-clouette/



Un été en bord de mer, le drame. Quatre jeunes adultes du coin, ensemble en voiture pour une plongée subaquatique bien méritée, manquent un virage et sont précipités du haut de la falaise. Tandis que le véhicule sombre dans l’abîme de plusieurs dizaines de mètres de profondeur, l’un d’eux, qui n’est peut-être déjà plus vivant, mais n’est ni mort sur le coup ni ayant pu s’extraire de justesse par une fenêtre fracassée de l’habitacle, est pris de cette mythique poussée mémorielle des derniers instants, sous une forme néanmoins redoutablement inhabituelle : « Tombant ».



Il ne s’agit pas ici du brutal et célèbre flash-back qui constituait « Les choses de la vie » chez Claude Sautet (que Laurent Banitz avait déjà si magnifiquement transfiguré dans son « Un âne plane » en 2015), mais bien d’une reconstruction extrêmement élaborée – sans aucun reniement de son innocence primordiale – des tenants et aboutissants d’un été ordinaire (supposant de parvenir à reconstituer ce qui fait le banal, le quotidien et le résolument autre), en assemblant les bribes apparemment insensées, ou au contraire beaucoup trop riches de sens (et l’on songera sûrement alors à la Caroline Hoctan de « Dans l’existence de cette vie-là »), qui l’ont jalonné.



Formidable narrateur omniscient disposant de quelques minutes seulement, qu’il peut toutefois subjectivement étirer à l’infini si nécessaire, lui nous raconte donc l’été passé et ce qui l’a précédé lorsque c’est pertinent (pour lui). Extraordinaire flux de conscience qu’il tente pourtant drôlement d’organiser, en limitant les coqs-à-l’âne à l’inévitable rappel du présent en cours de noyade. Son amie d’enfance Stella, star locale du football, sa sœur V., devenue monitrice de plongée après un bref passage par l’armée, et dont il est – sans peut-être en prononcer les mots – très vite tombé amoureux, l’espagnole Isabella, footballeuse de passage d’un petit tournoi international, devenue l’amoureuse à son tour de l’ami Cosmos, pêcheur tout juste disparu en mer, ou même Ponce, le collectionneur de téléviseurs hantise des villas vides, deviennent ainsi les piliers temporaires et solides d’une remémoration active, celle d’un univers à la fois simple et puissamment ramifié, que l’on pourra largement supposer être celui des côtes bretonnes de la Manche, là où les activités touristiques (en y incluant l’atmosphère étrange s’installant volontiers hors de l’été étendu, chère au Sylvain Coher de « Hors saison » et de « Nord-Nord-Ouest ») et les activités halieutiques traditionnelles s’entrechoquent doucement (le sort tragique et mystérieux du chalutier Bugaled Breizh , subitement tombé au fond en 2004 demeure ici un réel traumatisme), et là où les effets tardifs d’une décentralisation et d’un désamour vis-à-vis des grandes villes viennent inscrire dans le quotidien travaillé toute sorte de jobs jadis improbables ici.



Triturant les éléments de vie matérielle, de survie et de subsistance qui constituaient déjà l’essence du « Journal d’un manœuvre » de Thierry Metz ou des « Feuillets d’usine » de Joseph Ponthus, en les passant au prisme du songe, de la rêverie et paradoxalement de l’extrême précision indispensable à la plongée en eau déjà profonde (à l’image des plongeurs de port qui rôdaient à l’arrière-plan de « Quelques rides », son deuxième roman en 2015, et des plongeurs de combat qui jouaient eux un rôle essentiel dans « Le bal des ardents », son troisième en 2016), Fabien Clouette construit ici avec plus de détermination que jamais une littérature poétique de combat, particulièrement emblématique du travail aux éditions de l’Ogre, où ce « Tombant » a été publié en janvier 2022.



Artiste des motifs troublants et judicieux (de l’aquarium local provisoirement transformé en annexe de commissariat, à nettoyer et racler chaque nuit, après l’incendie de celui-ci, aux nombreux et indispensables rituels de sécurité de la plongée sous-marine, soin maniaque et salvateur du matériel comme respect minutieux des paliers de décompression), il nous offre dans le jeu de ces protagonistes en partance pour le fond – ou y échappant de justesse -, entre scansion du travail manuel très matériel et échafaudages vagabonds d’une production intellectuelle et poétique qui demeure le plus souvent rêvée, une formidable tentative d’appréhension d’un assemblage possible de réponses à la question souveraine : qu’est-ce que la vie réelle ? Et les échos de ces réponses liquides nous hanteront longtemps après avoir refermé ce livre.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Tombant

Quelques motifs flottent à la surface comme des corps morts : la mer rejetant sur les rives une énigmatique marée de cassettes VHS ; l’aquarium transformé en commissariat ; les séances de plongées de V. et du narrateur… Ce pourrait être ça, la littérature, ces leitmotivs d’un De profundis noyés dans un océan de petits riens – même si, à la fin, la mer aura le dernier mot.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Speedboat

Le plus drôle et le plus incisif des manifestes littéraires de notre temps.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/06/22/note-de-lecture-speed-boat-fabien-clouette-quentin-leclerc/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Une épidémie

Une citadelle convalescente et mélancolique, une superbe tranche de littérature indicielle et poétique.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2017/11/18/note-de-lecture-une-epidemie-fabien-clouette/
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Quelques rides

Portée par une langue à la fois simple et décalée, cette curiosité littéraire d'une grosse centaine de pages pourrait être lue comme une sorte de Shining revu et corrigé par les Monty Python et Eric Chevillard.


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