Au Brésil, ils ont une façon un peu plus optimiste de parler d'enfant trisomique. Ils disent qu'il s'agit d'un enfant spécial. Spécial au sens exceptionnel. D'ailleurs, quand Julia est née, plusieurs amis de Patricia lui ont dit qu'elle avait de la chance d'avoir un enfant spécial. Pour certains brésiliens, c'est le bébé qui choisit ses parents à la naissance. Dans notre cas, il aurait donc fallu considérer qu'on avait eu de la chance d'être choisis par cet enfant spécial: c'était une preuve de confiance, le signe que nous saurions nous occuper d'elle.
Vos enfants ne sont pas vos enfants, ils sont les filles et les fils de l'appel de la vie à la vie. Ils viennent à travers vous mais non de vous, et bien qu'ils soient avec vous ils ne vous appartiennent pas. Vous pouvez leur donner votre amour mais non point vos pensées, car ils ont leurs propres pensées.
(Â Istanbul, un syrien)
-Tu veux vivre comme nous, comme des rats, toute ta vie ?
(Hakim)
- Mais si on coule, on meurt.
(Le syrien)
- Mais ici, on ne vit pas. On est comme morts !
Ça faisait maintenant presque trois mois que Julia était née et je ne lui avais encore jamais donné de bain, ni ne m'étais vraiment occupé d'elle comme un père s'occupe de son enfant...
Je ne l'avais jamais prise dans mes bras ni ne lui avais chanté de chansons...
Alors que pour Louise, je m'étais impliqué avec bonheur dès sa naissance.
Je me sentais coupable...
[...]
Je n'arrivais pas à ressentir quelque chose pour elle...
Est-ce qu'un jour je l'aimerai comme ma fille ?
Est-ce que j'arriverai à la voir autrement que comme une trisomique ?
Vu mon parcours amoureux, je suis très mal placé pour te donner des conseils. Par contre, je peux te dire, d'expérience, qu'un homme met du temps à penser à autre chose qu'à son nombril. Il y a d'ailleurs une féministe américaine, Gloria Steinem, qui a dit que les hommes commencent leur vie en étant rebelles et deviennent plus sages avec l'âge. Alors que les femmes démarrent dans la vie en étant sages et deviennent rebelles.
- Les enfants trisomiques sont super gentils, affectueux. On les appelle les "enfants bisous".
- Ah oui ? Les enfants bisous ? Moi, j'aurais quand même préféré un "enfant normal qui fait des bisous".
"On a deux vies, et la deuxième commence quand on se rend compte qu'on n'en a qu'une."
Confucius
En allant prendre un train, j’observais les gens autour de moi. Je me disais qu’ils allaient au travail, voir leur famille, des amis. À ce moment-là, je me suis rendu compte que ça faisait des mois, des années, que je ne vivais plus dans la même vie qu’eux.
Je ne sais pas comment expliquer cette sensation mais j’avais l’impression d’être dans un univers parallèle.
(page 200)
Il n'y a pas beaucoup d'avantages à être un réfugié mais s'il y en a bien un, c'est qu'on n'a pas grand-chose à déménager.
Comment pouvait-on passer si vite d'une vie confortable et sans histoire à un tel enfer ? Par quel concours de circonstances me retrouvais-je dans la peau du miséreux fuyant son pays au péril de sa vie ?