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Critiques de Fabienne Périneau (38)
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Je ne veux pas être jolie



Le récit sensible et poignant d’un drame intime aggravé par le poids du silence.

« ...ne le dis à personne. C’est un secret ». Quand Georgia entend ces paroles chuchotées dans l’obscurité elle a huit ans et en quelques minutes vieillit d’une dizaine d’années. Aujourd’hui adulte ces choses tues ont laissé en suspens une souffrance non résolue chez « Jo » ce surnom réducteur qu’elle déteste. C’est au décès de sa mère que va ressurgir ce « sale secret », ce traumatisme enfoui ouvrant enfin une voie à la libération de parole. L’annonce de sa mort la laisse sans larmes entre réminiscences, préparatifs de l’enterrement et retour à l’hôtel du bord des vagues de son enfance chez son oncle et sa tante elle lutte pour chasser le spectre de sa mère omniprésent « ...je ne veux ni d’elle ni de sa mort ». Sa mort physique est moins douloureuse que la mort affective qu’elle lui a infligée de son vivant. A travers la narratrice-victime l’écrivaine révèle les dégâts causés par les non-dits intrafamiliaux qui pèsent sur plusieurs générations et condamnent à la perpétuation du mal si la parole ne vient pas briser la fatalité. Le choix maternel du déni alimente la souffrance de sa fille car elle choisit un autre camp que celui de son enfant. Sans le soutien parental le silence prend le pouvoir et devient pilote de la destinée de Giorgia, sa toxicité poursuivant son œuvre dans le temps. Questions évitées, réprimandes, rejet sont le quotidien de cette petite depuis le secret et la séparation de ses parents qui a mis à mal sa mère, peu attentive à elle depuis. Ne pointant que ses insuffisances, sa beauté est la seule qualité qu’elle lui consent. Malgré les signaux de souffrances allant de l’énurésie nocturne aux claquements de portes personne ne cherche à comprendre Giorgia. Un « chut, surtout tais-toi » flotte tacitement. Même après ses révélations chocs sa famille esquive car il faut garder la face et puis « La famille perdrait l’équilibre si ... La famille ne doit pas disparaître. » Le déni du clan familial trace sa route. Ici la prise de parole est moins réparatrice que libératrice. Elle se reconstruit auprès de ses deux enfants, des arbres qu’elle soigne et de son nouvel amour, non sans difficultés.

Dans une écriture percutante l’écrivaine retranscrit avec véracité le ressenti de cette enfant meurtrie mais combative tiraillée entre la peur et un conflit de loyauté paralysant. Au fil des pages une petite fille silencieuse et courageuse vous prend par la main pour vous montrer ce qu’elle ne pouvait dire faisant du lecteur un témoin et, souhaitons-le, un transmetteur.

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Je ne veux pas être jolie

Il suffit d’une étincelle pour allumer un feu, d’une seule goutte pour faire déborder un vase. Pour Georgia, ce sera au décès de sa mère. L’enfance de ses huit ans lui claque en pleine figure. Georgia, on l’appelle Jo ce qui l’énerve, Jo c’est le nom d’un chien, Georgia on lui demande d’être polie, Georgia on lui parle pour dire quoi faire ou ne pas faire. Mais l’amour, les sentiments, elle ne connaît pas Georgia. A ses huit ans, un drame est survenu et sa vie a volé en éclats. Parce que Georgia, c’était une très jolie petite fille. Je ne veux pas être jolie. C’est tout ce qu’elle aimerait. Une petite fille, jolie, innocente, naïve, gentille sans protection de deux parents aimants, c’est jeter un chaton aux fauves affamés.



Fabienne Perineau dénude la politesse dans ce roman, elle balance la souffrance d’une gamine parce que les adultes ça se tait pour faire bonne figure. Parce que la famille c’est important. Tellement important que les priorités ne sont plus au bon endroit. On sourit pour faire bonne figure mais pour Georgia, c’en est trop.



Les souvenirs dégoulinent, avec eux, la honte, l’incompréhension, le désir d’être entendue. La mère est morte. Ne reste plus qu’un frère et une sœur. Mais Georgia, tu es grande, c’était il y a longtemps, n’en parlons plus.



Trop de victimes de ce type sont rabaissées au rang du silence, incomprises, non tolérées, rejetées. Ce roman a ce mérite qu’il écrit bien fort et bien haut les coulisses d’une famille bien pensante. Mais combien pesante. Dans un style autocentré sur la narratrice, non censuré, j’ai parfois frôlé l’indigestion, le ton est tantôt lourd tantôt incroyablement juste et sensible.



Un roman oui, qui sonne juste dans cette société de regards baissés et éteints.
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Je ne veux pas être jolie

C'est une lecture un tout petit peu en demi-teinte pour moi... elle s'est faite sans déplaisir, mais sans y croire tout à fait non plus.



J'ai bien aimé l'écriture qui dédouble les dialogues des pensées de Georgia. J'ai aimé parcourir ses pensées, nous ramenant à son ressenti mais aussi à des flashbacks qui éclairent le présent.



Je n'ai par contre pas été touchée au-delà de la forme (quand bien même celle-ci m'est apparue un peu incohérente par moment).

Peut être que, étant une habituée des témoignages, je ne peux trouver la fiction qu'assez terne émotionnellement pour des sujets comme ceux-là.



Le livre aborde (même s'il ne la creuse pas vraiment) une notion importante des abus sexuels, c'est-à-dire la mémoire traumatique. Autrement dit, le refoulement du trauma, sachant que celui-ci marque une empreinte sur la personne mais de manière détournée (somatisations, comportements compulsifs souvent auto-destructeurs,...) et ressurgit par bribes ou éclate à la conscience comme une bombe. L'actualité nous en abreuve malheureusement régulièrement d'exemples.



C'est un livre plaisant, mais il m'a manqué plus de profondeur et l'histoire d'amour m'a donné un goût de chamallow dans la bouche assez inutile... Mais tout dépend ce que l'on recherche. Soit une vérité nue et crue qui bouleverse ou une histoire édulcorée plus confortable...



Si vous préférez comme moi plus d'authenticité, je vous conseille alors la lecture de "La petite fille sur la banquise" de Adélaïde Bon.

Quoi qu'il en soit Je ne veux pas être jolie, reste un roman agréable à lire et très "soft" sur le sujet.
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Je ne veux pas être jolie

Giorgia est une jeune femme aimante mais révoltée, à vif.

Elle aime tendrement ses deux enfants, passionnément son amoureux, énormément son travail.

Mais en elle, une grande colère est tapie.

Contre qui ?

Sa mère vient de mourir et remontent en elle les souvenirs de l’été de ses huit ans.

Que s’est-il passé ?

Elle en veut terriblement à sa mère, à sa famille.

Mais de quoi ?

J’ai beaucoup aimé Georgia, sa souffrance, sa force de vie.

Elle mène son combat seule, envers et contre tout.

C’est bien écrit

C’est bien construit.

C’est émouvant, poignant.

Les réponses à nos questions ne viennent qu’en fin de livre.

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Je ne veux pas être jolie

Au décès de sa mère, qui était malade, les yeux de Georgia restent secs. Jusqu’au bout, la jeune femme a espéré un geste, une écoute, une reconnaissance, mais rien n’est venu. Avec la mort de sa mère, s’éteint la possibilité de parler de ce lourd secret. Ce non-dit remonte à la mémoire de Georgia, elle laisse la place à la petite fille de huit ans. Elle la laisse enfin parler, elle que personne n’a écoutée. Elle tente de se confier à son frère et à sa sœur, mais ils ne veulent pas entendre : pourquoi le dire maintenant ? C’était il y a si longtemps. Non, non et non, Georgia rompt le silence, elle révèle le secret familial, elle brise les chaînes, elle empêche que les faits se reproduisent d’une génération à l’autre. On veut encore la faire taire, Georgia, on le sait, dans la famille, elle est toujours en train de se plaindre. Elle a des éclats, mais elle revient toujours.





Ne les écoute pas, Georgia. Fabienne Périneau montre que c’est toi qui es courageuse, tu es une battante et tu es lumineuse. Tout ce que tu fais, tu le fais avec passion : aimer tes enfants, sauver les arbres, tomber amoureuse. Malgré ce poids que tu portes, tu as construit ta vie, tu n’as pas eu de conduites destructrices envers toi-même. Tu es une vraie maman, même si, toi, tu n’en as plus depuis le jour où elle n’a pas choisi son enfant.





J’en avais eu l’intuition en lisant la quatrième de couverture : dès les premières pages, ce texte a fait désespérément résonance en moi. Fabienne Périneau, à quelques « détails » près, raconte mon histoire avec des mots superbes que je n’aurais jamais su écrire. Plusieurs fois, il m’a fallu reprendre ma respiration et laisser refluer mes émotions. Hélas, nous serons nombreux à nous retrouver en Georgia, Fabienne Périneau parle de nous de manière poétique et magnifique, aussi, ceux qui ne se reconnaîtront pas nous entendront. Je n’ai pas pleuré en lisant Je ne veux pas être jolie, mais je le fais en écrivant ma chronique.





Conclusion





Ce roman est bouleversant et d’une grande beauté. Avec une écriture poétique et brûlante de vérité, Fabienne Périneau traite des relations fille-mère et celles entre frères et sœurs et délivre Georgia du secret. Elle fait entrer la lumière dans sa vie, car oui, ce texte est lumineux et il est, également, empli d’espoir et de tendresse.





Pour le moment, c’est mon plus gros coup de cœur de cette rentrée littéraire.





Je remercie sincèrement les Éditions Plon pour ce service presse.
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Je ne veux pas être jolie

C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai lu le nouveau roman de Fabienne Périneau, son deuxième "Je ne veux pas être jolie". Découvrir un ouvrage en avant-première a cette saveur particulière du terrain vierge, de la neige fraîche que l’on foule en premier, de la forêt que l’on devine un matin dans la brume.



C’est donc dépourvue de toute information, de tout point de vue, de toute réflexion que je me suis plongée dans l’histoire de Georgia, Jo pour les intimes, ce qui d’ailleurs a le don de l’agacer "Jo, c’est un raccourci pour ne pas flâner en chemin, c’est le dernier des frères Dalton, un boxeur, une peluche, un chien, mais ce n’est pas Georgia". Le ton est donné d’une écriture alerte, simple, vive, sans concession, sans fioriture, parfois drôle et souvent grave. Mais revenons à Georgia qui apprend de son Oncle Franck, la mort de sa mère. Pas de larmes. Georgia est séparée de Romain, le père de ses enfants Anaïs et Pablo. Georgia a une sœur, Marie-Eve, et un frère Antoine qui vit aux Etats-Unis. Elle a aussi un nouvel amoureux : Raphaël. Elle a, elle a…



Et Georgia pense, elle pense à sa vie, sa vie d’avant, son enfance, sa jeunesse. Elle nous raconte entre passé et présent, elle nous parle des arbres qu’elle soigne – c’est son métier – de sa vie d’adulte, pas toujours facile, mais aussi de ses huit ans, pas faciles non plus. Et puis au fur et à mesure, on comprend, on comprend que des secrets traînent dans les tiroirs. Alors, oui, j’ai envie de dire que le sujet a déjà été traité, oui j’aurais envie d’ajouter qu’on a déjà lu des écrits similaires et pourtant je préfère y trouver quelque chose, non pas de nouveau, mais de différent. Différente est la manière d’en parler, différente est l’écriture, différente aussi les émotions ressenties.



J’ai beaucoup aimé cette façon d’aborder un sujet aussi difficile, d’en parler par petites touches, de l’évoquer plutôt que de l’avouer. Il y a dans ce texte une tristesse latente, de l’amour mais aussi de la crainte. Il y a toutes ces choses qui détruisent une vie, les familles, il y a les non-dits, les difficultés de communication, les jalousies et tant d'autres actes qui restent tus et dévastent. Il y a ces relations mère/fille si souvent délicates.



En un mot, j’ai apprécié ce roman facile à lire, émouvant, convaincant et, au final, lumineux.


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Je ne veux pas être jolie

Au décès de sa mère, Georgia se reveille. Non, elle ne l'aura pas aidée, jusqu'au bout, rien ! Pas un mot, pas un soutien.



Alors les secrets et les oublis ne tiennent plus, ce n’est plus possible, les cris et les douleurs enfouies doivent sortir, elle doit être entendue. Mais que vont en faire sa soeur, son frère et son amant ?



Un livre très bien construit, qui commence sans trop en dire et qui m’a laissé choqué, stupéfait



Une femme seule avec sa douleur et sa colère
Lien : https://www.noid.ch/je-ne-ve..
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Je ne veux pas être jolie

Romancière sage et intrépide, Fabienne Périneau l’est car elle s’applique à retranscrire avec une humilité terrifiante l’histoire de Jo qui ne voulait pas être jolie ou plus exactement qui voulait être protégée par les siens. L’auteure brouille les cartes dans ce roman qui lève un coin de voile sur les coulisses d’une famille comme il faut. Par le biais du personnage de Jo, la romancière révèle des secrets intimes. Et ce livre qui est à la fois sincère, rigoureux, redoutable et enflammé se révèle être un roman touchant et de plus tout à fait d’actualité. Un style à la fois souple et tendre, sensuel et sec si nécessaire. Le rare détachement, la non compréhension et le silence d’une mère, d’une famille, le combat sans faille d’une jeune femme qui clame à tous la vérité. Les échanges vides de sens, de clairvoyance et d’empathie entre les frères et sœurs. Un état de choc qu’il faut étouffer, occulter pour ne pas être ennuyeuse, pour ne pas déranger, le déni des uns et des autres, des secrets de famille bien gardés. Tout cela est extrêmement bien écrit et je suis rentrée dans l’histoire avec une grande facilité. L’auteure a su me propulser dans un monde pathologiquement clos sur lui-même et dont la façade policée dissimule une propension dramatique et refoulée à la brutalité psychologique la plus extrême. Voilà mon ressenti en lisant ce livre. Il m’a bousculée en me heurtant et je suis restée sans voix. Merci à Fabienne Périneau d’avoir écrit ce livre pour toutes celles et ceux qu’on muselle pour les réduire au silence et pour ne pas qu’ils dérangent.
Lien : https://leschroniquesdecoco2..
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Je ne veux pas être jolie

"Je ne veux pas être jolie" est une lecture à l'aveugle : j'ai répondu à une proposition de lecture commune car le titre et la photo de la couverture de ce livre m'ont attirée.

La 4e de couverture est assez vague : une (petite ?) fille ne veut plus qu'on la surnomme"Jo"...

Ceci laisse penser à un livre traitant de l'identité, de l'affirmation de soi, de la féminité...



Mais la lecture du roman est troublante : Georgia, maman divorcée, apprend le décès de sa mère, dont elle a attendu, en vain, une réponse ; et c'est avec froideur et distance qu'elle réagit à la nouvelle de ce décès.

Pour quelle raison ? Que s'est il passé pour troubler si profondément la relation entre la mère et la fille ?!?

Peu à peu les personnalités de ces 2 personnages se révèlent , amenant le lecteur à comprendre leur histoire, jusqu'au dénouement final.

Difficile d'en dire plus sans révéler le sujet principal de ce roman.

La filiation, l'amour maternel, les liens familiaux sont quelques thèmes abordés.



Ce livre se lit d'une traite, glace le sang et se referme, le cœur emplie d'émotion.

Un roman à lire, une auteur à découvrir !



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Un si long chemin jusqu'à moi

Arielle ne se remet pas de la mort de son frère jumeau, Daniel, survenu quelques mois auparavant.

Arielle est mariée à Mathieu, obstétricien renommé, qui, au nom de l'amour qu'il porte à sa femme, en a fait sa "chose", la séparant de ses amis, la poussant à quitter un métier qu'elle aimait: restaurer des tableaux anciens.

Arielle n'a plus goût à rien, Mathieu soigne sa dépression à coup de comprimés qu'il la conjure d'avaler.

Mais lors d'un embarquement pour Tokyo raté en raison de l'éruption de l'Eyjafjöll, Arielle rencontre Jack.

Voilà ce que je retiens de cette lecture. J'ai trouvé le roman agréable à lire, mais les personnages un peu caricaturés: le vilain mari macho, la petite femme fragile et dépressive, le bel anglais séducteur...

Cependant j'aimerais découvrir les autres ouvrages de cette auteure.



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Je ne veux pas être jolie

Sa mère est morte. "Jo, reste, ta mère est morte." Non merci. Non, elle ne restera pas, et non, elle ne pleurera pas non plus. Parce qu'en partant, la mère lui a tout renvoyé. Ses souvenirs de petite fille, ses huit ans, sa vie, avant. Avant qu'elle ne meure un peu, beaucoup. Avant qu'un été à la mer, sans la mère, ne la fasse vieillir au-delà du dicible. Sa mère est morte et ce qui sort ce ne sont pas les larmes, c'est le passé qui remonte, c'est le sable qui s'envole et qui laisse au jour ce qu'elle avait enfoui, profond, loin, au cœur.

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Un mois d'été chez l'oncle et la tante. Un mois, si long. Un mois qui fait prendre des années. Et puis la mère revient, et on repart, presque, pas vraiment. On y a laissé quelque chose là-bas, quelque chose qui ne se récupère pas.

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Les mots tus, cachés, pendant si longtemps, se réveillent. Tant d'années sans pouvoir dire, mais aujourd'hui encore, on ne veut pas entendre, on n'a rien vu. Les trois singes pour protéger celui-qui et tant pis pour celle-qui. Parce que ça cache le soleil les petites filles parfois, et puis ça se noie. Alors ça gêne, ça gâche. Un été, une famille, des vies, une seule. Chut, on te dit... Dis merci, sois polie, tais-toi. Tais-toi. Terre ça. Maintenant, demain, toujours. Il y a des maux qu'on ne dit pas. Les mots, c'est comme les petites filles, il y en a qui gênent, qui cassent, qui noient. Alors oui, tant pis pour celle-qui. Oui, tais-toi. Toujours. Ne dis pas le mari. Ne dis pas tes 8 ans. Ne dis pas certaines nuits. Ne dis rien sauf merci. Sois polie.

.

Tout est toujours question de silence n'est-ce pas ? On nous l'apprend depuis toujours, il vaut cher. Peu importe ce qu'il coûte, on veut ses lingots. Mais aujourd'hui, alors qu'on enterre la mère, la parole veut s'exhumer. Sa parole à elle. Non, pas de merci cette fois-ci. Pour panser il faut parler. Oui, la parole a des elles. Elles ont la parole. On a la parole. Peu importe quand, peu importe qui, peu importe à quel prix. Peu importe ceux qu'on perdra et le mal que ça fera.

.

Vous dire que ce livre m'a bouleversée serait bien réducteur. Il a pris mon cœur, l'a serré entre ses points, tordu entre ses lignes, gonflé de ses mots. Il y a des thèmes plus difficiles que d'autres, mais plus forts aussi. Et le talent d'un.e auteur.e se révèle souvent dans ceux-là, quand il/elle arrive à nous prendre au creux de sa main, contre sa plume, et que nous n'y sommes pas protégés, mais capturés. Fabienne Périneau a réussi ça. Elle m'a emmenée dans le cœur et la tête de cette femme à petits pas. Sans savoir, je savais déjà. Et à tâtons, au fil de la parole qui naît, j'ai écouté, révoltée comme si c'était vrai. Parce que oui, ça l'est, quelque part, un jour, trop souvent. Et que ce soit à travers une histoire ou un témoignage, c'est important de le lire, de le dire. Merci Mme Périneau, pour tout ça. Et merci Valmyvoyou_lit, parce que c'est ton retour qui m'a fait découvrir ce livre.

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Je ne veux pas être jolie

C'est un roman qui commence tout en finesse, comme une plume qui se pose à la surface d'un lac trop calme et qui en ride légèrement la surface. Une petite ride par là, une autre par ici. La mère de la narratrice vient de mourir et celle-ci n'est pas triste, bien au contraire. Et on sent qu'un petit quelque-chose a coincé entre elle et sa mère. Ce petit quelque-chose, on comprendra que ce n'est peut-être pas juste une petite plume, ou bien une plume de plomb.

Petit à petit, souvenir par souvenir qui lui reviennent dans la tronche, on démêle, lentement, l'écheveau de ce qu'a pu être l'enfance de la narratrice. On croit d'abord comprendre que... puis non, on comprend encore autre chose, on reconstitue petit à petit. Et c'en est encore plus marquant. On comprend aussi, petit à petit, que cette mère a elle aussi souffert () bien que rien ne l'excuse pour autant.

Tout est dit d'une langue à la fois légère et tranchante, pertinente et percutante. Les réactions des membres de la famille, qui au lieu d'être un soutien, ne pensent qu'à leur propre petite vie et leur confort, sont tellement justes de réalisme, malheureusement.

C'est un roman qui émeut, qui remue en profondeur, et qui vise dans le mille en ce qui concerne les sentiments et les non-dits.
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Je ne veux pas être jolie



Des mots qui glissent sur le papier, une histoire qui prend aux tripes.

Je suis allée à la rencontre de Fabienne Périneau à la librairie Hisler de Metz et elle nous a fait découvrir son dernier roman en nous lisant un passage, ce qui m'a vraiment donné envie de le lire très vite.



C'était un moment très agréable rempli de joie et d'émotions, une auteure et comédienne de talent qui a beaucoup de sensibilité et de gentillesse à partager avec ses lecteurs.

Nous en avons profité pour débattre un peu sur divers sujets interpellés dans son livre.



C'est une histoire de famille, de retrouvailles, des mots qui enfin doivent sortir de la bouche de Jo qui trop longtemps a gardé un secret caché au plus profond de son être.

Des choix difficiles qui enfin lui permettront de se libérer et de vivre, un grand pas pour commencer enfin à vivre et aimer.

Georgia se sent un peu comme le vilain petit canard de cette famille de trois enfants, sa mère se remet très difficilement du départ précipité de son mari, alors elle devra grandir avec une boule au ventre, son frère et sa sœur devront faire face à l'explosion de la vérité.

Je pense qu'en lisant ce roman, chaque lecteur sera touché par cette histoire de famille, chacun le prendra pour en faire un pansement pour des blessures internes qui ne sont pas refermées.

Jo et sa mère avait beaucoup de choses en communs mais jamais Jo ne voulut lui ressembler, c'est souvent quand il est trop tard qu'on découvre des choses inavouables sur une maman trop distante avec sa fille qui était tellement jolie et avide de câlins.

Difficile d'être une petite fille jolie dans cette histoire c'est un véritable drame planqué au fond d'une personne brisée par des secrets trop longtemps cachés.

Ce roman c'est aussi une belle histoire qui parle d'amour, Georgia est une mère maintenant qui réussit surmonter et protéger les siens face à un obscur danger qui rôde depuis longtemps autour de cette famille.

Je vous conseille vivement de découvrir ce très beau roman qui m'a vraiment fait de l'effet, la plume de Fabienne Périneau est vraiment très délicate et poétique.

C'est encore un roman rempli d'émotions édité chez Plon.
Lien : https://sabineremy.blogspot...
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Je ne veux pas être jolie

Un livre extrêmement bien écrit et très bien construit.

Un livre tout en retenu et bouleversant de justesse.

Un livre tout en sensibilité qui raconte le poids du drame silencieux.

Un livre percutant qui dit toute la meurtrissure d’une enfant blessée au plus profond d’elle même.

Un livre tout en poésie qui fait de nous le témoin de ce secret.

Un livre lumineusement sombre.

Un livre d’une beauté brûlante.
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Je ne veux pas être jolie

Un roman court d'un auteur que je ne connais pas, mais un prénom Georgia, qui lui me parle tout de suite à cause de la chanson "Georgia on my mind" et de son interprétation unique par Ray Charles (même si en l'occurrence la chanson parle de l'état de Georgie aux Etats Unis).

C'est l'histoire d'une jeune femme, mère de famille de deux enfants, Anaïs et Pablo. Elle a chassé son conjoint, Romain, du domicile familial, récemment et a rencontré Raphaël avec lequel elle vit une douce histoire d'amour, une bulle d'oxygène dans une vie de mère de famille qui court. Les relations avec Romain, stewart, sont complexes : il a tout du gendre idéal, mais s'est révélé un individu méprisable dans la réalité. Georgia dite Jo par tous les membres de sa fille, apprend le décès de sa mère, Elisabeth et ne ressent rien. Sa mère est morte d'une longue maladie, mais les liens entre Georgia et celle qui lui a donné la vie sont mort alors que Georgia avait 8 ans. La mort de sa mère fait ressurgir le hideux passé de Georgia, comme on soulève le couvercle d'une cocotte dont l'eau bout.

Ce n'est bien sûr pas un livre gai, mais il est plein de vie : celle de Georgia, celle de ses enfants, celle des arbres dont elle soigne les maladies. Les arbres sont la victoire de Georgia sur l'horreur de l'acte qu'elle a subi, sur le silence familial soigneusement entretenu (maternel d'abord, fraternel ensuite). Georgia ou la grâce de l'enfance abîmée par un monstre contre lequel elle n'avait pas de défense, une enfance qui se répète de mère en fille, un silence assourdissant, qui se brise quand on casse le lien avec ce qui est toxique : conjoint, famille, amis ...
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Je ne veux pas être jolie

Quel événement pourrait bien faire qu'une petite fille ne veuille plus être jolie ? Rien qu'au titre on sent qu'on va droit vers un sujet oppressant...



A la mort de sa mère, Georgia – Jo pour les faux intimes – a une réaction qu'on pourrait qualifier d'étrange. Elle ne pleure pas, ne semble pas même émue, mais qu'aurait-elle pu faire d'autre ? Au fond d'elle, un verrou a sauté, son enfance lui saute au visage. L'été de ses 8 ans. Et le regard de sa mère, froid. Distant. Ses émotions, cela fait une vie qu'elle les masque : la chape de plomb imposée en silence, la bienséance et les non-dits qui écrasent, la honte qu'on enfouit au fond de soi, là où personne n'osera aller la chercher. La lecture de ce livre m'a donné la sensation d'un poignard qui s'enfoncerait, très, vraiment très lentement dans mon estomac.



Fabienne Périnaud a pris le parti de s'attarder sur Georgia, laissant dans l'ombre cet autre pourtant à l'origine de tout. Je trouve ce choix très judicieux : libérer plutôt que punir. Dans une époque où pointer du doigt les fautifs semble parfois plus important que de choyer les victimes, entendre la douleur sans chercher en écho une inutile vengeance est un message puissant. Merci Madame, d'avoir su traiter avec autant de justesse d'un sujet si déchirant.
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Je ne veux pas être jolie

- C’est un roman de dénonciation du silence des familles, tout à fait dans l'air du temps. Et il faut bien avouer que ce que l’on découvre au fur et à mesure de la lecture était prévisible, pour ne pas dire convenu.

- La question de la résilience est fondamentale puisque c'est bien de cela dont il s'agit ici, même si l'auteur ne le dit pas : comment vivre après ? En fait, ce n’est pas un roman psychologique : certains points aveugles le restent ; j’aurais aimé que l’héroïne soit confrontée à son oncle agresseur, soit confrontée à sa mère, désormais décédée et qui elle-même avait vécu des faits équivalents, soit confrontée à ses frère et sœur silencieux dans des échanges un peu plus profonds, épais, soit confrontée également à son rapport à sa propre sexualité d’adulte. L’auteur en reste au stade de la dénonciation et c’est dommage : les tabous ne sont pas tombés !

- l’écriture est très vive, sans recherche littéraire, souvent proche de l’oralité et qui permet une lecture agréable et dans l’élan.

Au bilan, un roman superficiel, dénonçant un problème sans chercher à voir au-delà de ce phénomène, ce qui est pourtant le propre de la littérature .

nb : Nabokov, dans son "Lolita" allait-il au-delà ? Ne l'ayant pas encore lu, je l'ai programmé dans mes lectures.
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Un si long chemin jusqu'à moi

Engluée, empêtrée, envasée dans son couple, soumise à un mari abusif, Arielle trouvera-t-elle la force de s'en sortir. de la triste et morne vie des humiliantes acceptations et de la perte du ressort des manipulés.



Un amant y suffira-t-il ?
Lien : http://noid.ch/un-si-long-ch..
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Je ne veux pas être jolie

J'ai eu le plaisir d'accueillir "Je ne veux pas être jolie" de Fabienne Périneau dans ma bibliothèque !

Ce roman a reçu le prix de l'été. C'est un livre qui ne peut pas laisser indifférent...

Tout d'abord, la couverture, le titre, donne tout de suite le ton. On sait que l'irréparable sera commis. Ce titre a également intrigué ma petite puce de 8 ans et m'a permis de lui rappeler que son corps appartient à elle seule et que personne ne peut y toucher sans son accord. Car en tant que maman, ne devons-nous pas écouter et protéger nos enfants ?

Hélas, ce n'est pas le cas de la maman de "Jo" qui choisi le silence pour protéger toute la famille, qui fera de sa jolie petite fille une enfant vitrine avec toujours de beaux habits fait sur mesure qui les éloignera l'une de l'autre.

Mais si on souffre avec l'héroïne du comportement de sa mère, on se souci de sa cousine, on se désespère des réactions d'incompréhension de sa famille et de tous ces silences volontaires.

Un livre poignant !
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Je ne veux pas être jolie

💗 COUP DE COeUR 💗





Magnifique roman de cette rentrée littéraire dont j'ai très envie de vous parler.





Pourtant, dans ce livre, il est question d'un sujet grave et malheureusement, encore très actuel dans notre société.





La mère de Georgia vient de mourir et sa famille se retrouve pour la sépulture.



Seulement, cet événement va faire remonter des souvenirs insupportables,

un terrible secret inavoué que Georgia a tu pendant toutes ses années.

L'été de ses 8 ans, sa vie bascula.



Pour ne pas spolier l'histoire, je n'en dirai pas plus...





C'est un roman percutant sur les relations familiales et sur des actes inacceptables de la part d'adultes.

Les non-dits et les secrets qui détruisent et anéantissent ceux qui les subissent.



Pour Georgia, nier ou "fermer les yeux" est désormais inacceptable !



↜↝↜↝↝





J'aimerai vous dire combien ce roman est bien écrit, d'une élégance, d'une retenue et d'une émotion rare.



Des thèmes forts et essentiels sont abordés d'une manière très subtile, bouleversante et à la fois criante de vérité.



L'écriture est d'une beauté renversante, poétique et délicate.



C'est un texte puissant et très lumineux, porteur d'espoir...





C'est sans aucun doute, l'un de mes coups de coeur de cette rentrée littéraire et je regrette vivement qu'il ne soit pas mis plus en avant !



J'espère que vous aurez envie de le lire suite à ma chronique.



C'est un texte sur la résilience et sur la renaissance après avoir subi l'indicible.





Vous l'aurez compris, Je ne veux pas être jolie est un ouvrage très réussi et je vous invite vivement à votre tour à le découvrir.





C'est tout ce que j'aime dans la littérature contemporaine !

Une lecture percutante et d'une grande sensibilité.



Je vais m'empresser de lire son premier roman : Un si long chemin jusqu'à moi.
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