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Citations de Fabienne Thomas (33)


Le ciel immense est tout effiloché de nuages. Louis voyage dans l’herbe embuée de rosée, dans le vert soyeux ourlé d’arbustes, le parfum charnel de l’humus et celui plus acidulé des feuillages. Il devine, à leur fragrance délicate, les fleurs d’églantier qui se cachent dans les broussailles. L’air frais ragaillardit ses poumons. À quelques mètres, sur la ligne plus sombre des sous-bois, trois silhouettes graciles. Les museaux frémissent, les oreilles s’agitent. Sans bruit, les jeunes biches se glissent dans l’ombre du bosquet et disparaissent dans les fourrés. Entre les tiges de chardons, l’araignée a tendu sa toile. Les fils de soie filtrent la lumière, en soulignent la transparence. Un piège somptueux, orné de légers duvets et de perles de brume.
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" Ouvre tes ailes, Clara. Ose déployer au grand vent serein tes ailes de fée. L'air chargé d'embruns, de prairies, de rivières, les senteurs du miel et de la forêt, l'air multiple venu de toujours et partout sera ton manteau d'azur, défroissera les voiles. Marche ta route, Clara, pose au son de la Terre les pas de tes pieds nus, sable clair des rivages, mousse douce des sous-bois, terre lourde des sentiers. L'univers accueille tes pas, les guide et les soutient.
Ecoute ton cœur, Clara, tu connais son langage, tu en es l'interprète, traduisant à chacun, sous ton double regard, les harmonies subtiles des mondes inconnus, des mondes à inventer, de la confiance nue.

Vis ta vie, Clara ! "
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Elle se souvient aussi avec émerveillement d'avoir appris à lire, de la féérie des signes noirs qui prenaient vie dans la bouche, les formules magiques révélant leur pouvoir le long des lignes. Les dessins colorés illustrant son livre de lecture se complétaient peu à peu, s'étoffaient de mots qui racontaient des histoires, qui parlaient une autre langue que celle de l'image. Ils gambadaient, se cachaient ou se dévoilaient pour modifier le message comme autant de variations musicales.
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Sa mère l'accueille avec joie.Elle est heureuse et reconnaissante de son retour.Remercie les forces divines.Elle observe son fils pourtant.Tout de suite, elle pressent ses meurtrissures.Elle voudrait le porter, encore.Le protéger.Renouveler l'abri du ventre.C'est une mère.Elle veille sur son enfant devenu adulte, revenu brisé.Les mères ne connaissent pas les champs de bataille.Elles pleurent les morts et pansent les plaies infinies de l'âme des hommes.
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Il a avancé sur les flots tantôt tranquilles tantôt tumultueux de l'existence.Il a dansé comme ses compagnons de fortune le ballet magnifique de la vie.Ce doit être drôle, vu d'en haut.Tout un peuple qui frétille et se croise -bonjour bonsoir -repart, s'arrête, s'interrompt un instant pour courir de plus belle.
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Il sait aussi les coins secrets où nichent les champignons, les coins qui ne se disent pas et qui attisent une rivalité joyeuse entre amateurs.Il a une amitié particulière pour les girolles, couleur de rouille, coeur ouvert, corolle d'effluves boisés.Il les ramasse délicatement, sans abîmer la tendre chair un peu ridée.
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Le malheur donne le droit, donne accès au bizarre, à la frontière de la folie. Le malheur apitoie les excuses. Dédouane l'esprit en désordre.
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L’aurore est là.
Déjà, le noir profond cède place à une clarté laiteuse qui émane des horizons au-delà des reliefs, au-delà de la Terre elle-même. L’atmosphère s’habille de transparence, ressuscite les couleurs et les ombres des arbres avalées par le soir. La limpidité de l’air se pare de rose et d’orangé très pâle rehaussés d’indigo. L’heure bleue. La montagne se dénude de son écharpe de ténèbres. Elle surgit lentement, s’impose en majesté dans le solstice. C’est le commencement du monde, l’infini renouvelé de chaque aurore.
(...)
Louis n’a pas souvenir d’un tel matin. Il éprouve une plénitude tranquille, une vacance sans regret ni projet. L’instant présent le baigne de lumière comme on bénit un nouveau-né au jour de son baptême. Dans ces lieux au goût d’éternité, Louis nettoie son âme et son chagrin. S’allège de sa condition de mortel. L’aube nouvelle est un avènement quotidien et il ne le savait pas.
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La mémoire ravaude ses filets, y noue de nouvelles alliances, invente à rebrousse-temps des motifs inédits et insolites. Un détail parfois diffère, déplace les perspectives sans modifier pour autant la cartographie d’ensemble. C’est le lent travail de réminiscence. Une érosion imperceptible à l’œil nu. Les idées s’emmêlent, se froissent, s’embrouillent dans des faux plis et des chausse-trappes. Elles courent, s’enfuient, s’effarouchent comme une nuée d’oiseaux blessés. Convoquent malgré lui un petit défilé de fantômes.
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Elle sait que chaque pas sur terre a un sens, chaque instant est un acte que l'on pose. Choix de vivre, de continuer à soulever les gravats et les poussières des jours pour réussir à se lever chaque matin. Choix de survivre, de grimper en rappel le long des parois de glace, de ne pas se lâcher dans le vide du précipice malgré la tentation si forte et si vive. Le labyrinthe. Violette ne sait pas encore qu'il débouche sur la lumière.
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A l'échelle d'une éternité, il n'est qu'une poussière dans cet orchestre céleste, un point minuscule dans l'immensité sidérale.Il n'est rien.Rien que l'infiniment précieux d'une vie humaine.
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Extraits : … Dans la bourrasque de ses doutes, une image d'Anna. Elle arrondit ses bras dans un mouvement gracieux qui auréole son visage… Là, dans l'instant, Anna est là. Il la reconnaît.…
… Lorsqu'ils se sont tus tous deux, parce qu'il n'y avait plus de mots, lorsqu'il n'y a plus eu entre eux aucun possible par la parole, ils ont apprivoisé le silence. Redécouvert le dialecte subtil et archaïque du toucher. Tendresse des gestes de la toilette, enveloppe tiède de l'eau sur la peau, glissement léger du peigne sur les boucles blanches, réconfort d'une caresse douce sur le bras, consolation d'une main amie pour tenir la sienne. Au-delà de l'imaginable, l'ultime langage. Quant tout a disparu, il reste la mémoire du cœur…
… Louis a pris la route pour Anna. Comme une offrande, un hommage. Pour ne pas oublier ce qu'ils ont été et ce qu'ils ont accompli à deux. Il est parti pour la rejoindre, pour la retrouver, au bout d'un voyage comme celui qu'elle aurait aimé faire. Louis ne savait pas qu'il partait aussi à la rencontre de lui-même…
… La marche est l'apprivoisement de soi, du corps, de l'espace tout autour… Elle ouvre un territoire neuf de liberté…
… Il y a un soupir au fond de lui. Un apaisement issu de l'évidence.… Il accepte que la vie continue de le porter… Il lui dit la beauté de chaque matin, quand le soleil s'invite entre les fentes du volet et lui fait un clin d'œil pour lui poser, inlassablement, la question essentielle. Es-tu encore capable d'inventer le jour ?…
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Depuis quand ne savent-ils plus se parler ? Depuis quand Jo a-t-il cessé de rire et de jouer avec ses filles, de les emmener avec lui le dimanche matin pour faire son tiercé ? Peut-être simplement ont-elles grandi. Manon et Lise voudraient pouvoir ni l'insidieux changement, le léger déplacement de l'équilibre précaire, elles aiment papa et maman, tous les deux, et elles ne peuvent pas comprendre qu'ils ne s'aiment pas. Alors elles se demandent si aimer c'est crier et se déchirer et probablement cherchent-elles à le croire.
Peut-être qu'aimer fait mal.
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Les premiers souvenirs, les plus anciens, s'amoncellent dans leurs pensées comme des nuages dans un ciel d'orage, ils se déforment, images mouvantes et précipitées. Fragiles et fugaces. Du début, elles ne se souviennent pas, bien sûr. Pas vraiment. Plus que des images sont tapies tout au fond des empreintes sensorielles. Des impressions que le corps garde en mémoire.
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Et puisque , désormais libre,
je ne peux plus rien posséder,
désormais tout m'appartient
et ma richesse intérieure est immense.
Etty Hillesum
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Cet été-là révèle à Lise et Manon des sensations nouvelles, imprègne leurs corps de parfums volatils et d'impressions fugaces qui pourtant s'enracinent, nourrissent une pousse, un fil ténu qui, des années plus tard, au détour d'une peau effleurée, d'une fragrance soufflée par la brise, réveilleront le souvenir de ces instants d'insouciance et de confiance absolue, porteront en elles la preuve qu'elles ont aussi été heureuses dans ce fragile territoire d'enfance.
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A côté d’elle, l’enfant gémit dans son sommeil, intensifie la douloureuse acuité du réel. Violette garde encore un instant les yeux fermés, soupire. Elle sait à présent. Elle comprend le profond remue-ménage de ces mois de grossesse, ce sabbat de sorcières dans son ventre et son âme. Elle comprend qu’elle savait. De tout temps, elle a su.
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Il a senti vibrer en lui cette impression subtile de communion, cette proximité d'âme.Est-ce cela, l'amour ? Est-ce dans ces instants de fulgurante évidence que l'on peut prétendre aimer ?
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Un petit croissant d'or étincelant s'élève à l'horizon.Rose d'aubépine, violet d'améthyste, bleu de lavande et brun d'argile, l'aube magicienne accomplit ses prodiges.En quelques minutes, le cercle du soleil apparaît, s'arrondit au-dessus des collines.Il s'étire et prend ses aises.
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L'enfant pleure dans ses bras. Violette sent bien sa détresse, son indicible angoisse, son appel au secours. Elle ne sait pas comment y répondre. Il y a un cri en elle. Au-dedans de son ventre, ça mord et ça broie. Elle vomit les bons manuels d'allaitement parfait, les livres rose et blanc qui donnent des solutions infaillibles. Elle abhorre les paroles collantes des gens bien intentionnés sur l'instinct maternel. Non, elle n'a pas d'instinct. Elle ne sait pas faire. Elle a peur, elle panique, elle se fige pour éviter à l'effroi de faire le siège de son corps amaigri, pour empêcher cette sournoise inquiétude de la secouer de tremblements incoercibles.
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