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4.07/5 (sur 14 notes)

Nationalité : Italie
Né(e) à : La Spezia , 1959
Biographie :

Fabio Scotto est né à La Spezia en 1959 et vit à Varèse en Italie. Poète, il est l’auteur de huit recueils et de nombreux livres d’artiste et ses poèmes ont été traduits en une dizaine de langues.

Bibliographie
Poésie : quelques ouvrages
. Le Corps du sable, édition bilingue italien-français, préf. de Bernard Noël, L'Amourier, 2006
. Sur cette rive, L'Amourier, 1° trimestre 2011, 01/04/2011
. Bouche secrète, Éditions du Noroît, Montréal (Québec), 31/10/2016


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Bibliographie de Fabio Scotto   (9)Voir plus

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Citations et extraits (57) Voir plus Ajouter une citation
JAN JANSZ VAN DER HEYDEN, CROISÉE DE CHEMINS DANS UN BOIS,


Les hommes sont tout petits
Les arbres sont immenses
Elle le panier sur l’épaule
emmène son fils nu-pieds
au devant d’un gentilhomme à cheval
Deux hommes pêchent à la ligne dans le fleuve
Une rousse s’appuie au rebord de la fenêtre
elle puise
Feuillages blancs de lumière
Le monde qui naît
Qui se peint
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Fabio Scotto
IASI, 16 mars 2022
à Mariana Savka, poétesse ukrainienne


Les heures agrippées aux mains du temps
Iasi, 16 mars 2022
Sur mon vol j’aperçois (je crois) Francesca Mannocchi
avec ses opérateurs, certainement de retour
d’un reportage de guerre

Froid,
demain il fera ici moins douze degrés
pensée pour les amis roumains
qui touchent du regard la frontière moldave
le nain tsariste attaquera-t-il cette nuit
avec ses chars échoués dans la boue
avant que le brouillard des bois ne les engloutisse
proie livrée aux Ukrainiens.

Maria Savka ne m’a pas répondu
je me souviens d’elle souriante en 2010 à Ptuj
elle me parlait de poésie et de théâtre
devant un verre
(sur la place elle chantait comme Esmeralda
en jouant du tambourin…)

Le vent m’entaille le visage
je ne sais dire si c’est la fin d’une époque
mais l’odeur des morts empeste l’air
autour de Kiev
Les soldats russes croyaient naïfs à un exercice
ils sont en vérité de la chair à canon
les civils par centaines croupissent en prison
parce que pour Moscou la dissidence n’a aucun sens
ils arrêtent même les vieilles de quatre-vingt-dix ans.

Quel avenir nous attend ?
Renaîtront-elles les fleurs entre les mines ?
Les enfants massés dans les bunkers, dans les gares
Les femmes enceintes épuisées abandonnent sur des civières
les hôpitaux bombardés
les grappes d’un raisin d’acier brûlent les théâtres
les écoles, sèment la terreur dans les colonnes de réfugiés

Tout perdre

Fuir en cinq minutes
L’histoire ne pardonne pas, elle n’est pas charitable
mais elle se rappelle tout, toujours
Rappelle-toi de moi quand nous ne serons rien
si j’étreins ton ombre parmi la foule
Que le sort te soit miséricordieux
Et que jamais ne l’emporte la mort.

(inédit)

Traduit de l’italien par Sylvie Fabre G.
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L’Intouchable /IX


Je t’embrasse les yeux fermés
L’amour rend ta voix plus enfantine
Ta bouche s’entrouvre peu à peu
Maintenant je connaîtrai ta langue
mais pas le nom
perdu dans ta bouche
Mords ma propre langue
arrache-moi à la condamnation de la parole
fais-moi venir sur ta peau sombre
qui tremble et gémit de peur
qui frémit se donne résiste
et s’offre encore aux doigts
rythmiques tendus
sur l’âme qui brûle
fébrile dans le calme
pour ne pas mourir
pour devenir légère
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NICOLAES MAES, LE TAMBOUR INDISCIPLINÉ, 1655


La mère coud
face au berceau
ses joues sont roses
rouge son caraco
L’enfant dort
près de la fenêtre
feuillages contre les vitres
lumière maladive
et diaphane
Lui droit et bouclé
sous son chapeau gris
refuse d'entendre raison
Il se frotte les yeux
la baguette jetée à terre
Il rêve des prairies
D’autres jeux
D’autres chansons
Une fête
Une guerre
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Fabio Scotto
Gavirate

Clair de lune
sur le lac
à Gavirate
Après la pluie le vent
secoue les branches
des peupliers nus
près de la plage
Lido
les drapeaux du camping
flottent aux rafales
Clair de nuit
lumière crue
sur l'argent des vagues
algues mortes
Bateaux abandonnés
souvenirs d'été
épaves
Une balançoire dans le noir
Là je t'ai vue
Je t'ai perdue

Cahier préalpin (1999)
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I

Tu as perdu tes pages
Ne t’habite plus que le vent
Ta peau est sèche
Tu dors dans le tronc
lamelles du non-écrit
cachées dans le coeur du bois
Ses mains sur toi, frère
L’ivre qui ne sait lire ta peine
a ses yeux d’aveugle
au bout des doigts
Il se lit en toi
Il prononce ton absence
Son regard s’émiette à chaque pas

II

Ils sont venus de loin
De mots pleine la bouche
sans mémoire
Le soir, une vierge couchée
parmi les herbes folles
depuis l’origine du temps
Ils ont des forêts et des diables
Elle a le sable et la foudre
Ils veulent habiter son ventre
Elle chasse les abeilles
Elle s’envole avec l’ange
Ils butinent le vide

III

Il a dormi là
Ses pieds ont laissé des traces
sur la voie des moineaux
Le chant des cigales fort dans les champs
Les rayons du soleil,
ces contre-ombres du ciel partout
sur les choses de la terre
Une paupière s’ouvre
et c’est la grâce du vu
dans la forêt sidérale
Te parler, te lire
à l’aube des pensées sauvages
buvant ton encre vermoulu, tes ronces
fleuris d’un sourire doux
Plus rien dans la vue
Un creux dans le mot

IV

Il ignore tout sens
Les sens l’envoûtent
Son corps écartelé
montre le creux de ses entrailles
La fée habite dans son foie
Il ne sait mourir
Sans prononcer le mot mort
Livre, tu as tous les mots
tout le temps, tout le sang blanc
d’avant l’encre
La nuit écrit
de ses ailes de corbeau
une litanie sur tes hanches

V

Ce qui gicle du vu
quand les mots s’éteignent
serait-il la chose même
dépouillée de sa carapace de lettres
pur souffle de la matière
surgi des lèvres mouillées
de pluie si l’air de tête
annonce aux blancheurs assises
sur tes genoux la venue muette
d’un chant de disparition

VI

Il marche seul
sous le ciel étoilé
Le soleil écoute l’aphonie des champs
Partout le sang
partout des maisons détruites
par la folie humaine
Il pense à l’arbre
aux feuilles qu’il offre
au baiser de la lumière
Le coeur bat
ses pas défient la nuit
L’obscurité s’ouvre
Les mots tracent
leur parole de feu sous ses semelles
Au loin des vagues sauvages
dansent sous l’écume du temps
Leur cri érigé contre les ténèbres
L’écrit quelque part en lui
comme une promesse nue

VII

Livre, ces jasmins qui poussent de tes mains
Ces vers bleus au fond de tes entrailles
Livre, tes côtes, tes vertèbres
qu’une bouture d’air empale
ce sont les touches d’un orgue de jade
qu’aucune musique ne retient
Il écoute ta voix vibrer
le vent d’août comme un peigne sur les prés
Lépreux, ses plaies fleurissent sur son front fade
Il vient d’où? D’où cette fatigue d’esclave
à l’heure où les guêpes bourdonnent
parmi les ronces l’instant d’un souffle?
L’air le respire, le tient
Ses mots de chair au bout de sa bouche
dévorent son destin
Un parfum de thym
Une page pousse de ses mains
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Sere a Lione
Le luci morte del Centro Commerciale
poco prima di Natale
(male che non perdona)
Tra il Rodano e la Saona
il vento gelido sul viso
La notte impiccata ai lampioni
Sei tu dietro i miei passi?
Quante ore a domani?
Non chiami
Ho dentro un peso
Vorrei che fosse solo bene
l'ala che mi spunta
sotto i tuoi occhi
se solo mi tocchi
Ma il peggio deve ancora venire
Conto le nubi
nella quiete d'un viale
che hai abitato
Ti penso a casa
con i figli
premurosa col tuo primo amore
Grazie di tutto
Anche del dolore
*

Soirées de Lyon
Les lumières mortes du Centre commercial
peu avant Noël
(mal qui ne pardonne pas)
Entre Rhône et Saône
un vent glacé sur le visage
La nuit pendue aux réverbères
Me suis-tu pas à pas?
Combien d’heures jusqu’à demain?
Tu n’appelles pas
J’ai en moi un poids
Si seulement c’était un bien
L’aile qui pointe en moi
sous ton regard
rien qu’à ton toucher
Mais le pire est encore à venir
Je compte les nuages
dans l’avenue paisible
que tu as habitée
Je te vois chez toi
entourée d’enfance
couvant ton premier amour
Merci pour tout
Même pour la souffrance

*

Le luci sul lungolago
verso il nuovo porto
Sembra che viva
in una deriva
cullato da questo vento
un altro tempo
Tornavi
ora mia
come mai prima
(... le salite in bicicletta
sognando di vederti...
... gli sguardi rubati
nell'atrio delle Elementari...)
Ora c'eri
e mi baciavi
gli occhi più belli
per le lacrime
china su di me
bevendo il mio tormento
Seme dei nostri dodici anni
Speme che ancora m'inganni
Lento
*

Les lumières au bord du lac
vers le nouveau port
Il semble que vive
à la dérive
bercé par ce vent
un autre temps
Tu revenais
mienne désormais
comme jamais auparavant
(…les montées à bicyclette,
rêvant de te voir…
…regards à la dérobée
dans le préau de l’école…)
Tu étais là
tu m’embrassais
les yeux embellis
par les larmes
penchée sur moi
buvant mon tourment
Blé en herbe de nos douze ans
Espoir encor m’illusionnant
Lentement

*



So che sei lì
sdraiata sul divano
nel libro
la tua mano
mi sorprende

Ci scriviamo (ci scrivi «amo»...)

La luce sarà poi
dagli occhi
di smeraldo
voce rotta
dal pianto
di ogni febbre

Penso a te
che mi cresci sul ventre
nel buio senza sonno
Bianca parola
sul nero niente

*

Je sais que tu es là
allongée sur le divan
dans le livre
ta main
me surprend

Nous nous écrivons (nous «écrivaimons»)

Et la lumière viendra
de tes yeux
d’émeraude
voix entrecoupée
de pleurs
enfiévrés

Je pense à toi
foison sur mon ventre
dans l’ombre sans sommeil
Parole blanche
Sur le noir néant
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EN REGARDANT UN TABLEAU DE KANDINSKY SUR UN MUR D’HÔPITAL AVEC L’INFIRMIÈRE MARINA


« Dites-moi ce que vous voyez »
– je demande à Marina
infirmière de garde
blonde toute timide de Belluno
de blanc vêtue
en ce juin torride
« Je vois une maison, la lune…
Des pyramides, non, des voiles, peut-être le soleil
dans l’obscurité… »
Sur un fond noir
disposées en éventail
des figures géométriques
comme des lambeaux apolliniens
d’un esprit qui a explosé
du côté de Dada, en ‘17.
Là, derrière la vitre
le va et vient des docteurs
l’énième gastroscopie d’un père maigre
qui depuis quelques jours perd du sang de son rectum
« Michele, comment va Michele?...
C’est vous Monsieur Michele?... »
Michele va où le destin le veut
Les yeux brouillés par l’anesthésie
presque souriants lorsqu’il tousse tout à coup
au tube retiré de l’œsophage
épuisé et sans défense
comme un cri primal
faisant oui de la tête
sereinement vivant dans la mort
« Oui, je suis Michele…
77 ans…
Je me trouve dans la demeure de ce monsieur-là… »
Mais quel monsieur?
Étrange que je n’arrive pas même à pleurer
en caressant ton visage tiré
les cheveux trempés de sueur, les jambes nues
attachées à sa grosse couche
en cette impitoyable saison

En revanche les yeux grands et clairs de montagnarde
la peur, l’embarras
la belle ingénuité, la bêtise flaubertienne
de Marina si loin
si près de moi ne se sachant pas
si fragilement meilleure que les autres
tandis que nous te ramenons à la chambre ensemble
via couloirs et ascenseurs
tout en poussant doucement le lit à roulettes
elle devant, moi derrière
dans les méandres souterrains du ventre de Paris
Et c’est ici à Varèse
en ce sixième mois non pas de grossesse
que je voudrais la déshabiller devant toi
jusqu’à frémir à l’intérieur d’elle
tout mon souffle
pour te redonner vie à travers elle
si elle me sourit éperdue
la tache foncée qui assombrit
ton sang
Père, mourant en toi
en toi renaissant
dans le désir muet
et vain
Dans la sombre tiédeur dialysée
de ta chambre
plus personne je n’aime
plus personne je n’appelle
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Le lac dans le lac


Extrait2/3

Puis l’eau commence – mais nulle pureté d’eau de source – poussée vers le large. Non, elle est comme prisonnière d’une autre barrière de bois qui en fait un lac dans le lac, avec des algues longues comme des cheveux qui ondulent en transparence, tels des serpents sur le bord, dans l’attente du vent.
Tout près se trouve une espèce de cabane sur pilotis, ouverte de divers côtés. Au-dessus, un toit rudimentaire couvert de poils cotonneux comme du raphia ; d’un côté, une planche rugueuse portant plusieurs trous, sur laquelle se détache, peinte en rouge à la main, une pancarte avec ces mots : “ Atten/Dang ”, en une langue abrégée trahissant la maladresse du scribe….
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Futur, ancien, fugitif / Futuro, antico, fuggitivo



extrait 3

un homme dont la taille dépasse de beaucoup la moyenne est
    un homme resté aussi petit qu’un enfant est  un
homme qui n’a qu’un œil est   un homme privé d’yeux est
    un homme qui ne peut bouger est     un homme
qui ne peut pas entendre est  un homme qui ne peut pas
parler est    un homme privé d’une main est    un
homme dont les deux jambes sont inégales


// Olivier Cadiot

/ Traduzioni di Fabio Scotto e Fabio Pusterla
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