Le Chemin des Fées est le second roman de Fabrice Anfosso aux éditions Nestiveqnen après Le Bord du Monde. Le moins que l'on puisse dire est que cet éditeur s'y entend en communication. Belle couverture, couleurs chatoyantes et surtout une quatrième de couverture particulièrement accrocheuse. Jugez plutôt :
Lorsque la première guerre mondiale éclate, Rory o'Donnell, jeune irlandais désabusé, s'engage pour fuir une vie qui le désespère. Le voici donc en France, sous les bannières de l'armée britannique, aux côtés de lutins, de fées et de dragons. La nuit, les pleurs des banshees s'élèvent derrière les tranchées, et l'on murmure que les allemands auraient des bataillons de loup-garous... Mais dans cet enfer de flammes et de sortilèges, Rory rencontrera Sam Tapelton, un compatriote héroïque, muni d'une étrange philosophie....
On s'attend donc à l'évocation uchronique d'une Première Guerre Mondiale agrémentée d'éléments de fantasy. Le programme est alléchant. Sauf que de bataillons de loups-garous nous n'en verront aucun. D'ailleurs la Première Guerre Mondiale ne constitue à peine que le premier tiers de l'ouvrage. En fait, il s'agit de la vie d'un jeune irlandais désabusé qui cherche un sens à sa vie.
On hérite au final d'un ouvrage curieusement bancal. Les deux premières parties sont consacrées respectivement à la Première Guerre Mondiale de ce monde féérique et à la révolte irlandaise qui s'en suivit. La féérie n'est ici qu'une toile de fond, très bien utilisée et totalement au service de l'histoire. Les lutins sont assignés à des missions d'infiltration, les forces aériennes sont constituées de harpies, d'anges...
Les représentants des mythologies celtes, gréco-romaines ou chrétiennes apparaissent régulièrement, sans excès. L'essentiel de l'histoire reste entre les mains de la population humaine dominante. La troisième partie est plus étrange puisqu'elle se situe entièrement dans un monde à part, totalement féérique : le Sidh, monde souterrain des banshees.
La grande force du roman est donc là : un usage limitée de la fantasy, en filigrane, pour se consacrer à l'étude des caractères des personnages. Et c'est là que le bât blesse. La psychologie des personnages varie au fil des pages. Le personnage principal, Rory O'Donnel, change de philosophie de la vie à chaque interlocuteur ou presque ! Il se cherche mais quand même ! De même, avec son ami Sam et sa curieuse philosophie comme le dit la quatrième de couverture. Je ne vois toujours pas en quoi elle consiste.
Edoniste, épicurien, je-m'en-foutiste, lâche, courageux ? On ne saura pas. Certains personnages a priori intéressants apparaissent mais disparaissent aussi vite. Quid du démon ? des anges ? de Tia ?
Bref, tout cela est très frustrant. D'autant plus que les idées de base sont excellentes. Les trois parties auraient largement pu être trois romans. Difficile de ne pas afficher sa déception tant le potentiel était prometteur.
Au fait, il y a bien un loup-garou dans l'histoire, il fait de l'alpinisme. Si, Si.
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